JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3358.
Mercredi, 5 Décembre 1849.
33me année.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, io, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume,
PRIX DE L'ABdlAEREiT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités, fr 3 5o. Un n° a5.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne.)
7?RSS, 5 Décembre.
^3* Le Receveur des contributions di
rectes de la ville d'Ypres, prie les contri
buables qui sont en retard de payer les
termes échus de leurs contributions, de
vouloir bien les acquitter avant le 15 de
ce mois, en les prévenant que passé ce
délai il commencera les poursuites contre
tous ceux qui auraient négligé de le faire.
Hier, jour de la fête de S"-Barbe, patrône
des artilleurs, notre compagnie spéciale
dArtillerie de la Garde Civique a célébré
cette fête d'une manière inaccoutumée.
Le malin 10 heures une grande Messe a
été chantée l'Église de S'-Martin, où ils
ont été conduits musique en tête; une
heure un splendide diner les attendait
YHôlel de la Tête dOr, où la plus franche
cordialité n'a cessé de regner. Pendant le
festin, plusieurs toasts ont été présentés
ou proposés, entre autres au Major de la
Garde Civique, au Commandant de la bat
terie, au sous-lieutenant et Messieurs les
sous-officiers. Après le dîner, ces Messieurs
se sont rendus sur la Grande Place, afin
de tirer l'oiseau artificiel, ils se sont amu
sés jusqu'à 9 heures et n'ont pu le tirer;
ils ont été obligés de l'allumer. Ensuite
«m a procédé au tir au sort, le sort en est
tombé M. Gervoson, artilleur, qui on a
remis la médaille. L'oiseau artificiel a été
confectionné par M. Devaux, artificier de
la batterie, il ne laissait rien désirer,
sous tous les rapports.
Le journal cartonné de cette ville trouve
parfaitement excentrique, la demande faite
par un habitant de cette ville au gouver
nement, l'effet de secourir le chef de
l'église, qu'une horde scélératesse, chassa
ignoblement de son trône, pour autant
que les ressources publiques l'eussent per
mis. Que les Godefroi, les Baudouin, les
Robert, les Eustache, et toute cette multi
tude de preux chevaliers et de soldats des
provinces Belgiques prirent la croix et
s'armèrent de l'épée, dans le 11°" siècle,
pour arrêter les progrès des Ottomans et
délivrer le tombeau du Christ, voilà des
faits auxquels la bigoterie de l'histoire a
consacrée de la renommée. Mais qu'un
Relge de 1849 animé d'un même sang qui
fit bouillonner nos vaillants ancêtres,
aux cris de détresse poussés par les chré
tiens de la Palestine, ose lever la voix en
faveur de la religion de sâ patrie, persé
cutée indignement dans la personne de
l'immortel Pie IX, voilà aux yeux du
moniteur Voltairien de la Régence d'Ypres,
des traits dignes de faire suite l'histoire
du Don Quichotisme le plus avancé. Elle
appartenait la France, l'Autriche,
l'Espagne la honte de défendre la cause de
Dieu, dans celle de son vicaire; pour le
Progrès et ses nobles suppôts, la gloire
de rester indifférent aux malheurs de l'é
glise, revenait la Belgique soi-disant
libérale.
Il s'en faut de beaucoup, que dans les
écoles où le fifre et le tambour sont la
mode, que les maîtres n'ont qu'à jouer
un petit air pour faire danser leurs élèves.
Nous apprenons que dans une pareille
institution, un précepteur, dont la férule
même n'avait pu percer la peau dure d'un
de ses disciples, pour frapper son opiniâ
treté, s'est fâché contre le récalcitrant, au
point qu'il a été alité pendant plusieurs
jours. 0 autorités, qui connaissez comment
les choses vont dans certaines écoles,
jusqu'à quand direz vous avec le poète
Video meliora, proboque détériora sequor?
Monsieur le Rédacteur du Propagateur.
Tandis que plusieurs peuples de l'Europe civi
lisée considèrent avec chagrin les débris épars de
leurs édifices constitutifs; tandis que mainte nation
s'épanche en pleurs en foulant aux pieds les cen
dres précieuses de sa vieille monarchie, il est un
pays qui promène fièrement ses regards autour de
l'Arche sacrée, gardienne de ses lois et de ses
libertés. Ce pays, cette nation, c'est la Belgique,
notre patrie commune. Ailleurs que chez nous, des
ouvriers sont partout l'œuvre pour rebâtir leur
temple socialruiné de fond en comble. Ici toute
la besogne s'arrête a boucher quelques lézardes,
de petites crévasses, que le temps et la violence
des secousses voisines ont occasionnées. Témoins
de ces plaies extérieures, et contemplant ces
premières brèches, l'œil prévoyant et circonspect
des hommes chargés des soins que réclame le bien-
être des masses, s'est occupé d'examiner les fonde
ments qui nous supportent, afin de les consolider
selon la nature de leurs besoins.
IciMonsieur, il ne saurait paraître de conve
nance qu'une iraosition l'explique; tout esprit
sage et intelligent doit assez me comprendre en
me transportant au pied des murailles qui soutien
nent la société, conjointement avec les architectes
de l'Etat, pour en constater les défectuosités, j'ai
voulu me trouver au cabinet de nos ministres, pour
m'instruiresur les projets qu'ils méditent relative
ment au mode d'élever ta jeunesse, dont la bonne
ou mauvaise éducation est le signe prognostic du
bonheur ou du malheur des siècles et portant le
véritable appui de la société.
Que faut-il dès lors, pour que la base de notre
édifice social garantisse sa durée et sa solidité?
Une seule chose; une seule condition sur laquelle
nous aurions honte d'insister encore, si la ques
tion qui s'y rattache n'était une afiaire de vie
ou de mort pour notre chère patrie que les
générations naissantes soient élevées chrétienne
ment; c'est-'a-dire que la nouvelle loi sur l'in
struction soit religieuse dans ses fins comme dans
ses moyens. En vain l'éducation serait-elle présu
mée bonne pour le simple motif que la présence
d'un catéchisant soit tolérée aux écoles en vain
les familles croiront-elles n'avoir aucun sujet de
crainte par le seul faitque l'ordre d'assister a la
messe figure dans la discipline des institutions
communales. C'est aux maîtres que le législateur
doit exiger de justes titres leur mission sublime;
c'est h eux qu'ils doivent réclamer un compte
minutieux et sévère de leur moralité. Car plus qqe
les lois et ceux qui sont constitués leurs protecteurs,
le maître d'école influe sur le sort des Empires. La
loi ne règle que les actes; le précepteur, s'il est
digne de ce titreen s'adressant au cœur du jeune
homme, y atteint les pensées, les désirs les plus
intimes; la loi attaque les crimes; le vrai précepteur
commande aux premières passions qui les engen
drent en leur opposant la conscience religieuse
pour règle et pour frein. Ce n'est donc point sans
motifs que le prince de Prusse, en gémissant sur
le malaise de la société s'est écriée: Les maîtres
d'école sont en général les auteurs des maux qui
nous accablent, a Paroles vraies et d'autant plus
persuasivesqu'elles découlent d'une bouche royale
De tous les malheurs qui travaillent les masses,
c'est aux instituteurs qu'il est permis d'attribuer le
principe. Le désordre social est le corollaire de la
confusion morale qui règne dans les établissements
consacrés au jeune âge. Ce sont ceux qui, formant
le caractère de l'enfance, disposent le peuple la
révolte ou la soumission, selon les principes
qu'ils implantent la jeunesse. La religion du
reste, est la seule puissance au monde 'a qui il a été
donné déformer l'homme aux vertus tant civiques
que chrétiennes c'est sa morale évangélique qui
donne anx paroles du maître, une autorité qu'il ne
saurait acquérir par d'autres moyens, c'est elle qui
subjugue l'indocilité d'esprit et la ténacité de
volonté si ordinaires au jeune âge; c'est elle qui
dompte enfin ces imaginations ardentes, ces capri-
ces bizarres capables de lever l'étendard de la
révolte, et de faire trôner l'utopie. L'homme sent
très biendit le savant Laurentieque sans la
religion il ne peut parler l'homme un langage
d'autorité et de vertu. Il suffit de se convaincre
de cette vérité pour se figurer ce qui se passe
dans ces écolesoù les maîtres'a un cœur dévoré
par les passions, joignent une indifférence sinon
un esprit d'hostilité contre la religion et ses
ministres. La, de violents accès de colère, des
jurons,et la bastonnade tiendront la place des avis
paternels d'un précepteur que la conviction de ses
devoirs inspire. Tous-Jes vices sont précoces dans
un semblable établissement l'ambition, la convoi
tise un désir insatiable de parvenir consume l'âme