JOURNAL D'YPRES ET DE ^'ARRONDISSEMENT. No 3363. 33me année. VÉRITÉ ET JUSTICE. On s'abonne Y près, rue de Lille, 10, près la Grande Place et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'AIIOIVENEIT, par trimestre, Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° a5>. te Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne.) 7??.2S, 22 Décembre. LES LIBÉRAUX ET LES ÉCONOMIES. Les fauteurs de la politique actuel le ont toujours eu soin de promettre un gouvernement bon marche', un système d'administration basé sur l'é conomie la plus stricte et la plus sévère, alors qu'il s'agissait de faire prévaloir les hommes et les idées du soi-disant libéralisme; sûrs qu'ils étaient que c'était prendre l'opinion par son coté le plus faible. Les contribuables pourraient nous dire sur quels projets éblouissants, sur quelles épargnes possibles les courtiers électoraux s'appuyaient devant la bourgeoisie, afin de faire échouer au jour des comices, la candidature de celui de nos concitoyens dont le beau taleut porte ombrage h plus d'une médiocrité ambitieuse. Rien qu'a entendre les dis cours séducteurs de nos Arislides modernes, chacun n'était-il tenté de croire, que du moment où le libéralisme arriverait au pinacle, le trésor public se verrait débarrassé de ses rouages nombreux; que les fonctionnaires serviraient l'État, pour le seul honneur de lui être utile, sans songer seule ment être rétribués; que la bourgeoisie enfin, succombant sous le fardeau des charges pécuniaires réclamées par le fisc, ne tarderait point h être soulagée, et h reprendre une vie nouvelle? Qu'est-i! résulté de tout ce fatras, de tous ces projets, de toutes ces pompeuses représentations du soi-disant libéralisme? déceptions! déceptions! Évidemment le fait est que, hormis l'Archevêque de Malines, auquel on a jugé bon de réduire jes appointements dont le pauvre naguère recevait le superflu, les fonctionnaires libérâtres, sont autant rétribués qu'a l'époque du 12 Août 1847 de ri dicule mémoire; que le nombre des employés pu blics, loin d'être diminué, a été multiplié considé rablement par l'institution des comités agricoles et autres; et par de nombreuses mises h la retraite; qu'en somme, les dépenses au lieu d'être simpli fiées et rétrécies s'en voDt en augmentant, grâce la Garde Civique et aux autres bienfaits de nos incomparables D'aguesseaus et Colberts. Cependant le désir de voir effectuer des épar gnes, la soif des économies ne tourmente pas moins la foule. C'est au cri d'Économie que la majeure partie des chambres doit son mandat de l'opinion générale. Nos représentants le reconnaissent et semblables a ces menteurs de profession qui, h force de se jouer de la vérité finissent par ajouter foi 'a leurs propres babioles fourberies et men songes, ils prétendent dégrever nos budgets d'une dizaine de millions sans s'arrêter la possibilité de rabattre raisonnablement ce poiut le chiffre des dépenses. C'est sur le budget de la guerre que se forment les principaux projets de réduction, probablement parce que l'armée, par les frais con sidérables qu'elle nécessite, pèse le plus sur le contribuable. Convaincus de la gêne, où se trouvent bien des habitants de nos provinces, nous n'hésitons guère nous prononcer contre toute nouvelle aggra vation d'impôts et autres taxes, eu même temps que nous nous sentons portés ^'approuver toutes les économies raisonnables. C'e$t sous l'influence de ce principe que nous applaudissons de tout notre pouvoir'a la résolution que vient de prendre une partie de l'Assemblée législative, l'égard de l'armée, pour autant que la sanction du système que l'on formule ne compromette en rien La paix et la sécurité publiques. Carquelques soient nos intérêts particuliers, quelques soient nos motifs individuels, nous aimons mille fois mieux sup porter les impôts qui nous resserrent que de voir, au prix d'une économie opérée sur notre belle institution militaire, péricliter notre indépendance, notre nationalité. Dans une société remuée sans cesse par les pas sions les plus abjectes et les plus turbulentes; dans un siècle surtout débordé par tant de doc trines funestes et corruptricesle soldat comme le prêtre est appelle a rendre d'éininents services a sa patrie. A ce titre l'un et l'autre doivent captiver l'estime et la sympathie générale. Le clergé par sa vertu, par sa charité, par son dévouement a droit notre respect, et notre vénération. Nous nous plaisons en même temps de témoigner notre vive rebonnaissance l'égard de notre armée brave et fidèle, qui a su si bien conserver, le sacré dépôt, de notre liberté glorieuse, en protestant contre tonte innovation qui porterait atteinte sa disci pline son honneur, sa force et sa dignité. Nous sommes heureux de nous trouver d'accord sur la question de l'armée avec un journal de cette ville dont les élus locaux figurent néanmoins sur les bancs de ce parti qui semble avoir juré la dis location de notre établissement militaire. Cette conformité de vue, quant au problème dont la solution peut avoir une si forte influence sur nos destinées, ne sera-t-elie point troublée alors qu'il s'agira d'asseoir notre éducation primaire et moy enne sur des bases qui comme celles de l'armée servent de support h notre édifice social? Fasse le ciel que tout en voulant maintenir le soldat pour défendre dos frontières, nos adversaires politiques comprennent aussi qu'il est utile et indispensable pour la stabilité et le repos social, que le prêtre soit posté en sentinelle l'entrée des établisse ments d'instruction publique, et qu'appuyée sur la bravoure et le patriotisme brûlant de nos guer rier? valeureux, comme sur la morale du clergé belge, notre patrie verra sans crainte les éléments révolutionnaires se conjurer pour sa ruine! Un accident dont les suites auraient pu être des plus funestes vient d'arriver mercredi en notre ville. Pendant que l'abbé Vauderbeke célébrait le Saint sacrifice 11 heures l'autel de St-Donat placé sous l'une des arcades qui relient la nef principale de l'église de St-Marlin une partie du plafond de la cornichecouronnant les galeries s'est abîmée tout coup avec un fracas épouvan table sur les marches de l'autel. On frémit l'idée du danger qu'ont couru eu cette circonstance, le célébrant et principalement l'acolyte, qu'un seul doigt de distance a providentiellement préservé d'une mort instantanée. Inutile d'ajouter qu'au choc produit parla matière affaissée un mouvement d'épouvante s'est emparé des fidèles qui assistaient h la messe, et en particulier du prêtre et de l'aco lyte qui se trouvent heureux d'avoir été quittes pour la peur. Effrayés du danger qui résulte de l'état de délabremest d'un édifice public, nous engageons vivement la commission chargée du soin des travaux de réparation h notre ancienne cathédrale, de vouloir examiner minutieusement les parties les plus menaçantes de cet édifice afin d'épargner le chagrin d'avoir un jour un malheur déplorer. Le Progrès croit sans doute en imposer ses lecteurs bénévoles qnarid il leur déclare que tous les émoluments ensemble de tons les membres de la coterie cartonnée charges déduites ne peuvent équivaloir au produit d'une seule sinécure de M. Malou, rétribuée comme uu caoonicat. Pour oser en conter de pareilles Mylord doit croire ses abonnés, quelque peu rares, aussi niais qu'il voudrait les rendre. Car ne sait-on pas que le très houorable qui est allé mendier la place de M. Deneckere, figure sur le grand livre des charges du contribuable pour un item de 6,000 francs? En déduisantde la pension de certains fonc tionnaires, les charges qui leur incombent, le journal cartonné entend-il parler des frais de route qu'entrainent les courses électorales des commissaires d'arrondissemeDtpour faire pré valoir les candidats libérâtres? En ce cas nous trouvons qu'il y aurait de quoi opérer une éco nomie sur ce chapitre, en enjoignant h ces digni taires de faire ces voyages pied. Le journal de Pouff, Pouffé, tout en faisant ressouvenir au public qu'il y a des ecclésiastiques qui se sont distingués par la débauche, semble prendre plaisir vilipender de nouveau tout le corps sacerdotal en masse. S'il faut, comme le Progrès tend le faire accroire, que tous les Apôtres soient des traîtres pour la faute d'un Judas, nous devrions donc en tirer pour conséquence que, par le fait qu'un seul membre mérite de se trouver parmi les pensionnaires de Cbarenton, toute sa famille est folle ou en voie de le devenir telle Ce raisonnement ne sera jamais le notre. Plus d'une fois déjà, on a observé qu'un fonc tionnaire haut placéau lieu d'assister aux Te Deum chantés a l'occasion d'une fête nationale, en habit officiel, n'y figure que comme personnage privé. Ce dignitaire reconnait-il peut-être que les insignes dont on dégage les épaules d'antrui, pour se créer un étrenne de 6,000 francs, quelques luisants qu'ils soient, ne brillent jamais devant l'opinioD publique

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Le Propagateur (1818-1871) | 1849 | | pagina 1