JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3371 33me année. L'ÉDUCATION ET LA SOCIÉTÉ ACTUELLES. S'il est une vérité saillante aux yeux de tout homme qui observe les mouvements convulsifs de la civilisation présente, c'est bien coup sûr la nécessité de rasseoir l'éducation sur des bases plus solides et plus suffisantes que celles qui lui servent aujourd'hui de supports. Bien que l'Europe entière, ébranlée, vacillante se lève pour désigner les écoles publiques comme les fléaux les plus terribles, et comme les foyers promoteurs des commotions intes tines, la France en particulier rend un hommage éclatant aux plaintes fondées que soulève partout l'état incomplet de l'éducation des masses. Jetons un instant les regards sur cette vaste République et voyons ce qui s'y passe dans la région des écoles ici c'est un pré cepteur qui, reniant Dieu et sa religion divine, est choisi pour former une jeunesse appelée conduire un jour les destinées communes; là, c'est un chef d'institution imbu des maximes les plus subversives, les plus immorales, enivrant l'enfant du peuple de ses principes corrupteur et per vers; ailleurs c'est le suicide, le duel, le crime, stigmatisant le front du mentor de l'enfance; partout ce sont des graines d'abrutissement, des germes de révolution répandus dans le champ fertile de la jeu nesse. Avec une telle direction dans l'en seignement public que pouvait devenir la France, si ce n'est ce qu'elle est aujour d'hui? Que pouvait devenir l'attachement domestique, la piété filiale, si non ce qu'ils se sont montrés dans l'esprit d'un .Sue libidineux, dans la conduite d'un Godart parricide? Fidèlement attachés au bien-être de nos alliés de 1830, les malheurs, l'infortune de la France nous émeuvent et nous affligent toujours. Volontiers même aux cris plain tifs de ses échos nous arroserions ses fron tières de nos larmes; si au sein même de notre patrie nous ne trouvions un puissant sujet de pleurs! Oui, en Belgique les vives alarmes que cause un citoyen dévoué son Dieu et son Roi une éducation ma térialiste et viciée, ne sont plus une crainte éphémère et chimérique! Des mains sacri lèges ont touché le dépôt sacré du jeune âge; et dans plus d'un endroit de notre royaume le Belge naissant au lieu d'être confié des hommes dont la pureté de la vie entraîne si souvent la perfection du ca ractère, tombe entre les mains de maîtres que n'anime aucunement le sentiment de leurs devoirs insignes. Hélas! hélas! le fait est avéré, l'impiété a rompu les digues qui la séparaient de l'école belge; la licence, le libertinage, l'in- conduite conjugale infectent les lieux con sacrés l'enfance; le blasphème a noirci la langue de celui qui moralise le jeune âge! L'instituteur dans nos provinces, ose vomir des paroles de haine contre une société qui toujours et encore s'est signalée parles plus éminenls services rendus la chose publique! Le vice, en un mot, s'est assis insultant, dans ce cœur même auquel les générations nouvelles doivent emprun ter leur forme, leur exemple et leurs ver tus!! En présence de cet état misérable des choses quel bien faut-il attendre de l'épo que future; déjà le monde n'est plus un monde, et la société se décompose et se meurt! Si du moins en face des ravages pro duits par le matérialisme de l'éducation chez les nations voisines, l'autorité chez nous réculait d'épouvante devant ses pro jets et son œuvre insensés; si au lieu de fortifier par sa conduite, l'action d'une presse blasphématrice et déréglée elle cé dait une bonne fois aux désirs, aux justes réclames, de tant d'amis du bien public, et laissait la religion réparer le mal que la licence a produit, nos clameurs ne seraient point si vives, et l'espoir d'un meilleur aveuir soulagerait notre âme attristée. Mais quel esprit que celui du siècle qui se déroule! Le silence, l'indifférence, l'inac tion des hommes chargés des affaires pu bliques, ne semblent-ils point nous dire que les reproches que nous formulons ne sont que des griefs suscités par l'esprit de )arli? ou que les défauts que nous signa- ons ne sont que des progrès de l'époque? dais peut-on trouver de vaines déclama tions quand la vérité par mille preuves accable l'hypocrisie et l'oubli du devoir? Progrès du siècle! quand des maîtres n'en tendent par liberté, que le droit et la faculté de ne reconnaître d'autre divinité que leur intérêt; d'autre morale que leur irréligion; d'autre culte que celui de leurs passions? Progrès du siècle! oui en voilà; et nous le croyons même si rapide, que si la lèpre dont la France et d'autres pays sont infectés, gagne plus avant dans nos villes et bourgades, la Belgique tôt ou tard se verra réduite étaler ses misères so ciales, comme maint peuple de l'Europe et tendre la main, pour se tirer de l'abî me, cette même religion qu'elle bannit aujourd'hui, en certains endroits de ses écoles, et de ses institutions communales. Le Progrès qui, mieux que personne connait, que le salut des Flandres figurait dans le programme du ministère soi-disant libéral, ne peut souffrir qu'on touche la corde sensible de la prospérité que le ca binet Rogier a promise ces provinces; prospérité, qui n'est autre qu'une affreuse misère l'époque présente. S'inscrimant de ce chef, contre le chiffre des morts que nous avons constaté dans l'espace de quelques années, le journal cartonné se demande comment 500,000 flamands seraient morts, sans laisser dépeuplées les Flandres? Mais! Progrès où sont donc ces centaines de mendiants qui par couraient nos villes? où sont ces milliers de malheureux qui frappaient nos portes où sont-ils? parcourez les champs de repos de nos infortunées Flandres, et là vous verrez si la misère qui a sévi depuis J'a- vênement du sauveur Rogier, n'a point été telle qu'il soit permis de constater que les Flandres s'éteiguent et se dépeuplent. t De tout ce qui concerne les Flandres, le journal de Mylord Pouff n'admet qu'une seule chose: c'est que le ministère Detheux doit s'imputer d'avoir laissé mourir ces contrées. La feuille libérâtre niera-t-elle aussi que Rogier ait déclaré qu'il était de l'honneur du libéralisme de sauver nos provinces? Cependant qu'à fait, dans ce but la politique actuelle? pour nous, nous ne connaissons pour seuls remèdes in ventés par le ministère du 12 Août 1847 que: destitutions, mises la retraite, em prunts forcés, demandes tendantes aug menter les impots, entraves apportées la charité Belge et mille choses de ce genre. Comment qualifier cette manière de faire? n'a-t-elle point quelque traits de ressem blance avec la conduite de tels charlatans qui sous prétexte, de mieux traiter les malades que les médécins locaux, leur administrent parfois des remèdes qui les conduisent tout droit la tombe? Le Pro grès nous dira si nous nous trompons. -otoim» S'il faut en croire certaine correspon dance de VIndépendance la dame de M. Rogier, le ministère serait son agonie. Probablement que la politique avant de donner le dernier soupir aura eu soin d'é crire ses dispositions testamentaires. Nous voudrions que pour leur part dans la suc cession, le marquis de la patate et des 12 petites parcelles, et le preux Mylord Pouff, obtinssent le spécifique pour guérir les Flan dres dont Frère-Rogier se sont déclarés Eossesseurs, au son du fibre et du lam- our. Ceci nous vaudrait mieux que la garde civique et l'exposition des choux- cartons et des carottes. On assure que Mr Moerman Chef de musique de notre garde urbaine assisté par la musique sous sa direction donnera le Dimanche 17 Février, un grand Concert au bénéfice des indigens de la ville. VÉRITÉ ET JUSTICE. Oïl s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande Placeet chez les Percepteurs des Postes du Pioyaume, PRIX DE L'ARO.VYEMEH'T, par trlmeatre, Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° a5. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine, (insertions II centimes la ligne.) 7P3.SS, 19 Janvier. On écrit de Moorslede L'administration communale de Moorslede, qui ne néglige rien pour soigner les intérêts de ses habitants, emploie tous les moyens pour y faire revivre le marché, devenu depuis quelques années sans importance; pour y attirer le public, elle avait accordé des médailles, savoir, k celui qui aurait apporté au

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Le Propagateur (1818-1871) | 1850 | | pagina 1