NOUVELLES DIVERSES.
Au dire du Progrès, le parti catholique
en votant le budget de la guerre, n'a agi
qu'en vue de ses intérêts privés. Certes
nous accordons volontiers au confrère,
qu'une belle passion envers le ministère
Rogier-Frère n'a pas été le mobile de cet
acte. Mais la raison qu'il allègue ne nous
semble guère sérieuse de sa part; moins
qu'une de ces distractions où se fourvoie
si fréquemment son intelligence nourrie
de mensonges, ne lui ait fait oublier sa
fameuse coalition démocratico-calholique.
Ce monstre éclos un beau malin du crâne
fêlé de quelque libéral, portait en un si
haut point le cachet du ridicule, que le
Progrès lui-même se voit réduit l'aban
donner. Il est de fait cependant, quoiqu'en
dise cette fois ce journal, que si nous
ne consultions que nos intérêts de parti,
l'avènement d'un ministère plus démo
cratique peut-être, mais aussi plus fran
chement libéral, n'aurait rien qui dût
nous effrayer. Alors du moins, il nous
serait permis d'espérer quelque satisfac
tion nos justes exigences en matière de
bienfaisance et d'enseignement. C'est ainsi
que la France républicaine rend enfin aux
catholiques, bien incomplètement il est
vrai, une justice que le libéralisme doc
trinaire, au pouvoir sous Louis-Philippe,
n'a cessé de leur dénier.
INous avons su néanmoins faire taire
nos vœux et nos ressentiments légitimes,
devant les inspirations de notreconscience.
Mais qu'importe la feuille pseudo-libé
rale? Organe d'une coterie, le Progrès
n'entend rien aux idées larges et géné
reuses; habitué aux mesquines roueries
d'une vulgaire ambition, son esprit ne
s'étendit jamais au-delà de l'intérêt per
sonnel, et ne peut concevoir que le parti
catholique résume ses intérêts privés dans
le bien général.
S'il faut en croire la réponse du Progrès
notre article relatif aux élections de
Namur, l'Êctaireur ne serait point une
feuille républicaine. Comment se fait-il
donc Progrès de carton, que lors de l'en
trée de Sa Majesté, dans la ville de Namur,
il y a quelques mois, l'Éclaireur s'est re
fusé crier Vive le Iloi! Vivent les Princes!
avec la population Namuroise enthousias
mée? et comment, avez vous pu si facile
ment oublier l'accusation que le Journal
de Namur lui-même a lancée contre son
confrère?
Certain organe du ministère trouve 18
membres conservateurs delà Chambre qui
ont voté pour le budget de la guerre. Le
Progrès, mieux instruit en arithmétique
politique n'en compte que 13. Toutefois
quoique différents en calculs, tous les
organes du cabinet sont d'accords pour
délarer qu'ils n'avaient que faire du con
cours des conservateurs pour faire passer
le budget. Le Progrès comme ses confrères
avant le vote, ne tenaient point ce langage.
La peur d'être entraînés avec le cabinet
dans sa chute le faisaient tenir une con
duite tout différent. A présent que l'horison
s'est éclairci, les insultes et les sarcasmes
pleuvent sur nos têtes. Que le Progrès nous
injurie, nous et notre opinion, nous ne de
mandons point ses éloges. 11 suffît que nos
amis aient la conviction d'avoir rempli
leur dette la patrie; et pour le reste
qu'on nous poursuive de huées et de lazzi.
Le pays et l'armée sauront si nous n'avons
pas lieu de tirer quelque vanité de cette
manière d'agir.
Le Progrès feignant d'oublier que la
fameuse pièce orthographique donnée en
guise de circulaire, appartient l'un de
ses amis, semble vouloir faire accroire
que c'est M. Deneckere qu'en revient la
propriété et l'honneur. Ne l'en déplaise,
Mylord, c'est au successeur de M. De
neckere, M. Carton que nous sommes
redevables de ces nouvelles sciences gram
maticales, que le public n'oubliera jamais.
On dit que Dimanche dans la soirée des
sous-officiers ont pris querelle avec un ca-
barelier de cette ville, auquel ils refusè
rent de payer leur écot. Des voies de fait
auraient suivi la dispute, et l'on assure
que ce n'est qu'à l'arrivée de la patrouille
que ces militaires imbus auraient quittés
l'estaminet.
cette salle et l'avait laissé la; mais il rentra bientôt
et fit signe au jeune homme de le suivre. Ils tra
versèrent une galerie remplie de cardinaux, de
seigneurs et de moines; et quand ils furent au bout
de cette galerie, le cardinal indiquant au jeune
honrme une tapisserie qui recouvrait une porte:
C'est lè, lui dit-il.
Par le ciel! devant qui me conduisez-vous?
balbutia le jeune homme.
Devant Sa Sainteté le pape Benoît XII, ré
pondit le cardinal.
Le jeune homme pâlit, son guide le poussa dou
cement dans la pièce qu'il lui avait indiquée et
laissa retomber la portière.
Une demi-heure après, quand le jeune homme
sortit, il avait repris ses belles couleurs, et l'on put
même entendre, pendant que la tapisserie se soule
vait pour le laisser passer, ces paroles que le pape
lui dit d'un ton paternel
Rassurez-vous, mon fils, je vous promets
que vous serez content de moi.
Le jeune homme traversa la galerie et disparut.
Le jour même, maître Claude, embarrassé dans un
beau costume de velours, Guillemette, parée comme
la femme d'un seigneur châtelain, et Blanche plus
belle de sa beauté que de la riche parure qu'elle
portait, vinrent se ranger dans cette même galerie
attendant le passage du pape. Le cardinal qui, le
riiiifiw-W-'iTT
matin, avait servi de guide au jeune homme, s'ap
procha de maître Claude et s'en éloigna bientôt,
après lui avoir parlé quelque temps voix basse.
Bientôt une légère rumeur et un mouvement
dans la foule des seigneurs et des moines, annon
cèrent l'arrivée du pape. Benoît XII passa au mi
lieu de tout ce monde, saluant l'un, parlant h
l'autre et quand il fut arrivé devant son frère
Quel est cet homme? demauda-t-il au cardinal
sur le bras duquel il s'appuyait.
C'est le seigneur Claude Fournier, votre
frère, répondit respectueusement le cardinal.
Vous vons trompez sans doute, Laurentino,
reprit le Saint-Père, mon frère est boulanger, et ce
ne peut être lui que je vois sons ce costume qui ne
doit appartenir qu'à un gentilhomme.
Puis il passa outre, laissant maître Claude tout
étourdi du coup qu'il venait de recevoir. Lui qui
avait dépensé tant de bons écus pour se vêtir digne
ment Enfin, revenu un peu de son étourdissenient,
il retourne tristement son logis. C'était une des
plus belles hôtelleries d'Avignon.
Voyez, disait-il Guillemette, chemin fai
sant, moi qui comptais sur mon frère pour le bon
heur de celte pauvre Blanche, il n'a pas seulement
voulu me reconnaître.
A peine était-il rentré qu'il reçut du pape un
message ainsi conçu
On lit dans les journaux de Saint-Quentin
M11" Robichon, rentière S'-Quenlin, qui vient
de mourir l'âge de ans et qui laissé une grande
fortune, a légué plusieurs maisons d'une valeur de
5o 60,000 fr., pour l'établissement S' Quentin
d'une Congrégation de Sœurs gardes-malades. Les
legs est fait au nom de la supérieure de la com
munauté-mère résidaut Bordeaux.»
Quel bonheur pour les pauvres infirmes de S'-
Quenlin de ne pas appartenir la Belgique! M.
de Haussy les aurait privés du bénéfice des 5o 6o
mille francs dont il s'agit.
Le collège des bourgmestre et échevins de la
ville de Bruges, fait porter la connaissance des
cnltivateurs, distillateurs et éleveurs, qu'un con
cours annuel de bétail aura lieu a Bruges, comme
les aunées précédentes, le samedi qui précède la
semaine sainte.
Le 27 au matin, le cnltivateur Joseph Van
Clooster, h Thourout, est tombé dans une fosse
d'aisance et y est mort asphyxié.
M. l'abbé Feye, actuellement professeur au
collège de Warmond, ancien élève de l'Université
de Louvain, qui cjrtint, il y a quelques années,
avec tant de distinction le grade de docteur en
droit canon, paraît être destiné remplir le poste
de professeur de droit canon vacant par la mort
de M. l'abbé Verhoven, h la faculté de théologie
de la dite Université. Organe des Flandres.)
D'après le règlement qui vient d'être arrêté,
l'ouverture de l'exposition triennale des beaux-
arts Gand aura lieu le 3o juin prochain. Le salon
restera ouvert pendant six semaines. Les produc
tions devront être envoyées au concierge de l'A
cadémie au moins cinq jours avant l'ouverture du
salon.
La Bibliothèque royale a acquis la vente de
feu M. Brisarta Gand, un curieux petit volume
qui est maintenant déposé parmi les raretés biblio
graphiques. C'est un exemplaire, imprimé sur satin,
de la seconde édition de l'ouvrage intitulé: Maxi
mes morales et politiquestirées de Téléwaque,
sur la science des Rois et le bonheur des peu
ples, imprimées en 1766 par Louis-Auguste
Si maître Claude Fournier veut voirson frère
Jacques, qu'il vienne demain, non vêtu comme
un grand seigneur, mais bien comme un frère doit
l'être pour visiter son frère.
Ce billet ranima l'espérance du boulanger, et le
lendemain il reprit son justaucorps de drap brun
et la mante grise que nous lui avons vu le jour où
il devait marier sa fille au pauvre Germain. Guil
lemette et Blanche étant parées l'avenant, ils
retournèrent tous trois an palais papal. A peine
arrivés ils furent introduits devant un vieillard
portant l'habit des moines de Cîteaux.
Eh bien, frère, dit celui-ci dès qu'il vit en
trer maître Claude, tu ne me donnes pas l'embras
sade fraternelle? Claude était un peu embarrassé
d'abord; mais son frère lui tendait les bras, il s'y
précipita. Ce fut tout-à-fait une scène de famille;
là, rien qui rappelât le pape, et quand Jacques
Fournier, car je ne veux pas l'appeler autre
ment, puisqu'il s'est dépouillé de sa grandeur,
se fut informé de ce qui s'était passé dans la
maison de Saverdun depuis son départ, qu'il eut
donné une larme son père et salué Guillemette
comme femme de son frère
dit-il, quelle est cette gracieuse enfant?
C'est ta nièce, répondit Claude qui s'était
enfin mis son aise, c'est ma fille, ma Blanche
bien-aimée. {La suite au prochain n°.)