encombraient les rues que devait suivre le
cortège pour arriver l'église. L'affluence
surtout était considérable aux abords de
la demeure du héros de la journée. Unev
belle porte triomphale, portant une ins
cription analogue la circonstance s'éle
vait devant sa demeure; et les habitants
de ce quartier avaient l'envi décorés
leurs façades.
Neuf heures allaient sonner, et les voi
tures renfermant huit vieillards, conviés
au triomphe de leur doyen d'âge, et dont
les années variant de quatre-vingt-cinq
quatre-vingt-dix-huit, constituent le chiffre
de sept-cent-lrenle-cinq, percèrent lente
ment la foule. Deseure, en compagnie de
notre digne Bourgmestre et de M. l'abbé
Bossaert, était placé dans le calèche de ce
haut fonctionnaire. Arrivés au portique de
l'église de S* Martin un mouvement d'ad
miration s'empara de la foule, quand, met
tant le pied de l'équipage, nolrecentenaire,
les bras libres, et d'un pas ferme et marqué
alla suivre ses compagnons de vieillesse qui
pour la plupart marchaient l'aide d'un
bâton.
Par une idée heureuse, l'entrée des
vieillards au temple, les orgues modulè
rent l'air jamais mémorable de I\olre
Dame des Tliuynes. Pendant le saint sacri
fice, bien qu'il fût vers les dix heures, De
seure s'est approché de la table sainte,
avec cet esprit de piété et de religion que
ses parents lui inspirèrent quand, il y a
environ 90 ans, il reçut pour la première
fois le pain des anges. C'est au moment de
cet imposant spectacle que nous admirions
surtout nolrecentenaire, irouvanldans lui
la personnification vivante de celle vieil
lesse dont parle un illustre poète:
Jam senior; sedcrudadeo viridisque senectus!
La messe finie, nos vieillards suivis par
les directeurs de la confrérie de la Miséri
corde dont Deseure fait partie, s'achèmi-
nèrent gravement travers la double haie
de monde qui remplissait la nef principale
de l'église. Inutile de rapporter, qu'en sor
tant du temple, notre centenaire fut ac
cueilli par les vivat les plus chaleureux de
ses concitoyens. Alors surtout les acclama
tions redoublèrent, quand celle démons
tration d'allégresseon vit répondre Deseure,
en agitant lestement son chapeau, du haut
de sa voiture.
Reconduit sa demeure, il y reçut les
félicitations de ses amis et voisins. A 1
heure un banquet splendide, offert par M.
Léon Vandoorne, réunissait le centenaire
et tous ceux qui s'étaient prêtés rehausser
son triomphe jubilaire; pendant le repas
la musique de l'école communale s'est fait
entendre;enfin, une brillante illumination
a terminé, celte belle journée.
En traitant de la fêle consacrée notre
doyen d'âge, il est un vœu que nous aimons
formulera sonadresse; c'est devoir notre
concitoyen Louis Deseure, étaler, des an
nées encore, ses cheveux blancs et ses vé
nérables rides. Par ses traits austères il
apprendra la jeunesse la modération, la
retenue et la tempérance, premiers éche
lons qui conduisent une longueexistence
et le vieil âge dans lui, trouvera constam
ment un sujet d'espoir et de contentement.
Rendons ici un juste tribut d'estime et
de sympathie celui de nos concitoyens
qui depuis de longues années voua au cen
tenaire une amitié généreuse et constante.
Aujourd'hui encore il trouva sa joie se
faire l'ordonnateur d'une fêle où la ville
entière aima s'associer. Personne n'i
gnore en effet quele nom de M. Vandoorne
se trouve mêlé tous les actes de bienfai
sance et de philanthropie.
Des toasts ont été portés
1° Par Monsieur le Baron de Posch.
2° Par Monsieur l'abbé Bossaert.
La chambre des Représentants dans la
séance du 9 février a volé le projet de loi
sur les denrées alimentaires. 80 votants
prennent part au scrutin. 52 répondent
oui; 19 répondent non; 9 s'abstiennent.
Nos deux députés MM. A. Vandenpeere-
boom et Van Renynghe, la satisfaction
générale se sont abstenus de donner leur
adhésion celte œuvre iliibcraleet défavo
rable l'agriculture. Motivant son absten
tion M. A. Vandenpeereboom a déclaré
qu'il s'est abstenu, parceque la loi contient
des dispositions relativement aux bestiaux,
qu'il ne saurait approuver; pareillement
M. Van Renynghe, a déclaré n'avoir pas
voulu voler parceque la loi ne renferme
pas assez de stipulations en faveur de
l'agriculture.
l'étranger... Il la sentit brûlante et convulsive. Son
cœurs'étnut la pensée des souffrances de la pauvre
femme, quoiqu'il ne connût pas encore le motif de
ces souffrances. Infortunée! pensa—t—il, combien
elle paie cher une fortune dont elle ne jouit même
pas I
Mère! mère, ne veux-tu point souper? s'écria
Antonius, qui vint a entrer étourdiment dans la
salle et qui, grâce l'insouciance de son âge, avait
oublié déjb les dures paroles que lui avait dites son
père. Quand il l'aperçut, il s'arrêta court et confus;
mais en aparcevanl Memlinck, il courut se jeter
dans ses bras.
Ah! mon parrain, vous voici de retour! Dieu
soit loué! car j'ai quelque chose vous montrer si
vous promettez de ne pas trop vous railler de moi.
J'ai suivi vos conseils de l'an dernier, j'ai fait de
nouvelles petites peintures l'eau d'œuf.
Ne fatiguez point votre parrain de ces bille
vesées, interrompit avec brusquerie Aldovrandt.
Or, ça, compère, allons nous mettre table.
Memlinck présenta la main a dame Marguerite.
Antonius passa gaiement, d'une façon carressaute,
ses deux bras autour du bras gauche de son par
rain, et tous les quatre prirent place a table. C'était
Messieurs,je propose'a lasautéde notre honorable
Bourgmestre, l'homme respecté, aimé de tous, h
l'homme conciliant et populaire, l'homme de
bien, qui suit la vertu dans toutes les classes de la
société et qui, par sa présence la cérémonie
l'Eglise a voulu rehausser l'éclat de la fête et
ajouter au bonheur de tous eu ce beau jour; que
le ciel nous le conserve encore longtemps pour le
bien-être de ses administrés.
Messieurs, je propose de boire 'a la santé de
Monsieur Pierre Van Hoorebeke, le plus ancien
industriel de la province delà Flandre-Orientale,
ex-membre des états députés de la même proviuce.
C'est encore un de ces hommes de bien qui le
ciel accorde le bienfait de la vie, non pour récom
penser une longue pratique de toutes les vertus,
car cette récompense l'attend ailleurs; mais pour
qu'il serve d'enseigneroeut la société, ses 90 ans
ne l'ont pas empêché de faire 16 lieues pour venir
par sa présence embellir la fête de sou ami Deseure.
urri
quelque chose d'étrange que de voir l'expression
diverse de chacun de ces visages agités par des
sensations différentes. Le vieux Aldovrandus faisait
des efforts laborieux pour paraître gai et l'esprit
dispos; mais les paroles, joyeuses de sens, ne l'é-
taiènt pas d'expression son gros rire manquait de
franchise et sonnait faux. Dame Marguerite tâchait
de faire gracieusement les honneurs de sa table h
l'ami pour lequel elle éprouvait d'autant plus d'af
fection qu'il se montrait tendre et paternel ponr
Antonius, et elle mettait tous ses soins deviser
avec uue apparente liberté d'esprit; mais chaqne
fois que ses regards se portaient sur son fils, le dé
sespoir serrait sa poitrine et venait y étouffer sa
voix. Memlinck s'efforçait de paraître ne pas voir
les larmes qui remplissaient les yeux de la pauvre
femme; mais il se sentait lui-même triste et mal
l'aise; une sorte de gène semblait étreindre tous
ses membres, et quelque appétit qu'il éprouvât en
entrant chez son compère, cet appétit avait dis
paru en prenant place table avec des convives
si peu dispos. Seul, Antonius mangeait avec une
faim de seize ans et ne devinait rieu de la préoc
cupation de son père et de sa mère.
mnaori-i—
NOMINATION DES MEMBRES DU CONSEIL
DE MILICE.
RESSORT D'YPRES.
Président, le sieur baron Vanderstichele de
Maubus, membre du conseil de la province, a
Ypres. Suppléant, le sieur Merghelynck (E),
membre du conseil de la provinceYpres.
Membre, le sieur Iweyns-Fonleyne, membre de
l'administration communale d'Ypres. Suppléant,
le sieur Demade (J.)membre de l'administratiou
communale de Comines.
LISTE DES JURÉS
Pour le premier trimestre 185o, première série.
JURÉS TITULAIRES.
1. J. Cnnt, conseiller a Moorslede.
2. Frennelet, propriétaire Bruges.
3. P. Haghedoorenbourgmestre h Westroo-
sebeke.
4. Berghman-Malou, propriétaire Ypres.
5. Ch. De Moucheron, propriétaire h Ypres.
6. F. Calbert, conseiller communal b Roulers»
7. P.-J. Roramens, notaire b WarnètoD.
8. B. Danneel, négociant b Courtrai.
9. Delvigne-Maes, négociant b Courtrai.
10. B. Moens, brasseur b Dixinude.
1. Th. Geldhof, brasseur et conseiller b S'-André.
12. Lebbe-Van Tours, conseiller communal
Poperingbe.
13. R. Cauwe, brasseur a Roulers.
14. L. Sennys, propriétaire b Moere.
15. L. Courtens, conseiller communal b Lau-
geinarck.
16. Vermeersch Theelen, notaire b Neuve Église.
17. C. Lesaffer, conseiller communal a Moorseele.
18. Fr. Lugue, biasseur b Heule.
19. P. Delpierre, propriétaire b Harlebeke.
Après une longue station b table, durant laquelle
les vins les plus exquis parurent amers a Memlinck,
et ne parvinrent pas b rendre du calme b son hôte,
dame Marguerite fit signe a Antonius de réciter les
grâces. On se leva, et chacun alla s'asseoir b l'en-
tour, ou, pour mieux parler, sons la haute cheminée
dans laquelle brûlait un véritable troue d'arbre.
Antonius, que les caresses incessantes de sa mère
rendaient plus tendre et plus enfant qu'on ne l'est
d'ordinaire b sou âge, s'était câlineinent appuyé
contre la poitrine de son parrain et jouait avec la
chaîne d'or qui pendait sur le pourpoint de ce
dernier. Maître Aldovrandt, sans écouter le gra
cieux bavardage du jeune garçon se laissait aller
b des pensers amers, et Marguerite, la pauvre
Marguerite voyait avec terreur le front de son
mari devenir de plus en plus sombre et menaçant.
Memlinck, tout en paraissant ne s'occuper que de
son filleul, épiait furtivement du regard les deux
époux et ne tarda point a comprendre aux regards
éperdus et de désespoir jetés par Marguerite sur
son fils, que l'enfant était la cause de graves agita
tions domestiques.
Pour être continué.)