mémoire; et que la presse belge en tirant
son sabre du fourreau n'agit point comme
traître, encore moins comme ingrat.
Deux cents pétitions couvertes de nom
breuses signatures, sont parvenues au par
lement Belge demandant protection pour
l'agriculture comme pour les autres in
dustries nationales. Nonobstant co£ dé
monstration significative, le cabinetfKgier
persiste dans sa doctrine ruineuse pour le
travail agricole. Favoriser une partie des
Belges pour ruiner l'autre, c'est là l'im
partialité et la justice administrative du
libéralisme triomphant en 1847.
Dans sa séance du 8 février la Chambre
s'est occupée du projet de loi sur la tari
fication du bétail. Le ministère réclamait
la taxe par tête; les protecteurs de l'agri
culture la taxe au poids. Ce dernier sys
tème l'a emporté. Cependant le chiffre de
10 centimes par kilo, proposé par la sec
tion centrale a-été rejetté; celui de 4 cen
times mis en avant par MM. Liefmans et
Reyntjens a réuni la majorité des suffrages
de l'Assemblée.
Les génisses et les veaux ne payeront
que 2 centimes par kilo.
Dans le cours de ce débat relatif l'a
griculture, nous sommes heureux de faire
connaître nos lecteurs, que nos hono
rables députés présents l'Assemblée lé
gislative, MM. Alph. Vandenpeereboom,
et Van Renynghe ont défendu de tout leur
pouvoir les intérêts de la campagne, en
repoussant de leur vote, les doctrines rui
neuses du cabinet libérâlre, prôné par le
Progrès.
Quand on attribue l'importation étran
gère l'extrême avilissement des grains in
térieurs, les adversaires de l'agriculture,
répondent l'unisson, que la liberté du
commerce des céréales n'est pour rien dans
le prix des mercuriales belges; que toute
la faute en est la Providence qui a béni
nos récoltes d'une manière particulière.
C'est le raisonnement que le Progrès jour
nal libéral principalement envers les cul
tivateurs, tient l'appui des doctrines
ministérielles. L'inconséquence de ce sys
tème doit paraître flagrante quand on sait
que l'année dernière il a été importé de
l'Etranger en Belgique 53 millions de ki-
Iog. de froment et de seigle. Ce chiffre en
dit plus que toute la ribambelle de rap-
sodies agronomiques dont le Journal Pro
gressif et ceux de sa famille regale ses
bien niais lecteurs.
Nous apprenons que plusieurs cultiva
teurs, et amis de l'agriculture, voyant leurs
intérêts les plus pressants méconnus par
l'opiniâtreté du ministère bienfaisant issu
du 12 Août 1847, ont pris la résolution de
fixer un lieu de réunion l'effet de statuer
sur les mesures prendre, contre le mau
vais vouloir du gouvernement. C'est du
Limbourg et du Luxembourg que vient
l'initiative de celte démonstration signifi
cative, motivée sur le refus du cabinet
libérâlre de faire droit aux deux cents
pétitions déposées la Chambre, et ten
dantes réclamer une juste protection
pour l'agriculture. Comme en 1829, on
voit que la nation s'éveille, et que le Belge
recourt confiant son Roi, du moment où
le pouvoir use d'arbitraire et de tyrannie
l'égard des masses. En présence de ce
pétilionnement général l'arrondissement
d'Ypres, qui compte l'assemblée législa
tive, des hommes dévoués la cause agri
cole, ne suivra-t-il point l'exemple des
autres districts et provinces, en protestant
hautement contre la conduite et les actes
du ministère. Afin de donner toute facilité
aux cultivateurs, d'exposer leur plaintes,
leur Souverain, nous joignons ci-contre
le modèle d'une pétition qui circule dans
les deux Flandres et se couvre de nom
breuses adhésions.
A SA MAJESTE LE ROI DES BELGES.
Sire!
2
Nous soussignés électeurs et cultivateurs de la
commune depleins de confiance dans la solli
citude de Votre Majesté pour nos intérêts moraux
et matériels, croyons devoir respectueusement vous
faire connaître combien l'industrie agricole est
lesée par le refus qu'opposent jusqu'ici vos Mi
nistres la juste demande de tous les cultivateurs
de voir l'agriculture protégée comme toutes les
autres industries. C'est un grief relatif nos in
térêts matériels que nous prenons la liberté d'ex
poser Votre Majesté.
Quant nos intérêts moraux, nous nous bor
nerons faire connaître au Roi, que le système
introduit par M. de Haussy, malgré de si nom
breuses réclamations, nous prive d'un droit que
tout homme de bien revendique hautement, celui
ne point céder aux supplications de la pauvre
mère. Tantôt il se courbait sur Marguerite, lui
frappait dans les mains, lui versait de l'eau sur le
front et attendait avec anxiété le résultat de ses
secours; tantôt il se relevait violemment, renon
çait h ces tentatives inutiles et marchait a pas pré
cipités dans la vaste salle, accusant tour-à-tour
Marguerite, son fils et lui-même. Puis il revenait
sa femme, puis il la quittait de nouveau! sans
oser appeler l'aide et la tête presque perdue.
Enfin, il prit la résolution d'emporter Marguerite
dans ses bras, de la déposer sur son lit et d'appeler
ensuite ses caraéristes. Mais ce n'était point chose
facile exécuter pour un vieillard que de soulever
ainsi le fardeau lourd et immobile d'une femme
raidie par les convulsions et peut-être par la mort.
Le front ruisselant d'une sueur glacée, il tenta
plusieurs fois de mettre exécution son projet;
mais le corps, chaque fois qu'il était parvenu après
de longs efiorts l'étreindre, s'échappait de ses
bras et retombait pesamment sur les dalles avec
un bruit sinistre. Enfin, après bien d'inutiles essais
qui durèrent plus d'un quart-d'heure, il réussit,
et courbé sous son fardeau, il allait atteindre la
chambre de Marguerite quand il se trouva tout-à-
coup face face avec Memlinck. A l'aspect inat
tendu de son hôte, Aldovrandt laissa glisser encore
une fois terre Marguerite, qui resta gisante ses
pieds, les cheveux épars et comme un cadavre.
Memlinck portait tour tour ses regards de ce
triste objet au vieillard pâle et les traits décom
posés puis il se pencha sur la malheureuse femme,
interrogea sa respiration au moyen d'un anneau
d'or poli qu'il plaça devant ses lèvres et s'assura
qu'elle vivait encore. Sans proférer une parole, il
enleva facilement ce fardeau sous lequel avait
succombé Aldovrandt, et il le déposa sur un lit
d'une pièce voisine; après quoi il se mit lui pro
diguer des soins actifs et intelligents, sans s'in
quiéter du vieillard resté près de là et qui semblait
frappé d'anéantissement. Au bout de quelques
minutes, un soupir faible sortit de la poitrine de
Marguerite. Memlinck prit la ceinture de la
malade un sifflet d'argent dont il fit sortir un cri
aigu qui remplit la maison entière. Quelques
instants après, deux femmes demi-vêtues et plei
nes de terreur accoururent près de leur maîtresse.
Que l'une de vous délace le corps de dame
Marguerite, dit Memlinck du ton solennel d'un
médecin; pendant ce temps-là, que l'autre bassine
le lit; après quoi vous coucherez votre maîtresse
et viendrez quand tout sera fini uous avertir dans
la salle.
Les femmes s'évertuèrent de telle sorte que
bientôt Memlinck et Aidovrandus rentrèrent. Un
second soupir s'échappa de nouveau de la poitrine
de soulager ses semblables avec une liberté pleine
et entière, soumise seulement, comme toutes les
antres libertés la surveillance de l'autorité pu
blique.
Signaler au Roi un grief, c'est avoir l'assu
rance qu'il sera redressé.
Nous avons l'honneur, etc.,
Suivent les signatures.)
Nous publions ci-après un tableau inséré dans
le Moniteur constatant le mouvement du com
merce de la Belgique avec les pays étrangers pen
dant le mois de Janvier, en ce qui concerne le
bétail et les principales denrées alimentaires. Nous
appelons sur cette pièce l'attention spéciale des
cultivateurs et des amis de l'industrie agricole. Ils
y verront de combien la valeur des importations a
excédé celle des exportations puisque dans le cours
de ce mois il a été importé 3,182,128 kilos de
froment et de seigle et exporté i,86i,o34 kilos
seulement. Pour première conséquence donc,
d'avoir prolongé de six semaines la loi du 3i
décembre i848, et de u'avoir pas mis la nouvelle
loi en vigueur le itr Janvier i85o, le cabinet peut
se flatter d'avoir causé au trésor une perte de
60,000 fr. somme importante sans nu) doute, si le
libéralisme avait quelqu'égard la crise financière
qui nous travaille
Il a été importé en consommation pendant ce
mois 587 têtes de gros bétail 4g6 veaux; 1,91 X
moutons et agneaux; 225 cochons.
L'importation des grains en consommation a
donné les résultats suivants:
Froment2,470,126 kil.
Seigle712,002
Orge et escourgeon. 1,176,754
Fèves et vesces. 208,356
Avoine44i,23i
Farines52.978
Riz. 927* 89 tt
Pommes de terre. 25,060
Il a été exporté pendant ce mois, 761 têtes de
gros bétail, g38 veaux, 1,328 moutons et agneaux,
5,778 cochons.
Voici les chiffres de l'exportation des grains
Froment1,856,075 kil.
Seigle4,959
Orge et escourgeon.
Fèves et vesces. i>925
Avoine. 1,860 r>
Farines15,415
Il a été exporté 764 kilog. de riz et 1,07 i,35o
kil, de pommes de terre, pendant le mois de janvier.
Au 31 janvier, il restait dans les entrepôts
2,184,698 kil. de froment; 155,329 de seigle;
fèves et vesces, 153,589; riz, 827,554.
de Marguerite, et ses lèvres essayèrent de balbutier
quelques mots
Antonius! Antonius!
Puis au milieu d'une secousse convulsive, elle
se leva tout-à-coup sur son séant, aperçut son
mari, lui tendit les bras en criant
Ne me séparez pas de lui
Et retomba évanouie.
Memlinck fit signe au vieillard de sortir, pres
crivit aux femmes ce qu'elles avaient faire pour
secourir leur maîtresse et alla rejoindre Aldovrandt
dans la pièce voisine.
Or ça; mon maître, dit-il, quoiqu'il ne
m'appartienne guère de me mêler de vos affaires de
famille, ne voudriez-vous pas me dire quelles cau
ses ont amené de si déplorables résultats? Songez-y
bien, exposer votre femme encore une fois une
crise semblable, ce serait infailliblement la tuer.
Et cependant, reprit Aldovrandt d'une voix
inflexible, il faut qu'elle cède, il faut qu'elle obéisse.
Qu'exigez-vous d'elle?
Rien d'elle, mais de mon fils je veux qu'il
parte demain pour le Levant afin d'en étudier la
langue, de se mettre au courant desaffaires du pays;
bref, de devenir d'abord un commis intelligent et
plus tard un associé qui me seconde et me remplace
dans les soins de mon commerce.
{Pour être continué.)