NOUVELLES DIVERSES. manenles de la France avaient de tout temps accumulés sur notre patrie. Nous cherchâmes alors un soutien en ceux que les traditions du passé, l'instinct de con quête, les antipathies de race, les intérêts puissants de plusieurs branches notables d'industrie devaient également conjurer notre perte. Il importe aujourd'hui d'op poser une digue cet engouement servile, que ne peuvent que rendre de plus en plus fatale la position précaire et agitée de la France et l'influence pernicieuse des doc trines subversives qui s'attachent ses flancs comme une lèpre affreuse. Le Belge a su donner mainte fois les preuves les pluséclalanlesdepatriotisme; il n'oubliera guère que l'amour sincère de la patrie comprend également le respect pour la langue de ses pères. 11 sera beau pour la Belgique indépendante de renouer la chaîne glorieuse qu'interrompit durant deux siè cles et demi le règne d'une dynastie étran gère et que brisèrent plus déplorablement encore l'occupation française et les me sures violentes et exclusives de Guillaume. Alors peut-être surgira-t-il parmi nous une littérature vraiment nationale; car ne l'oublions pas, chaque peuple a son génie particulier qui éclate dans ses productions d'esprit et dont sa langue est la fidèle ex pression. Tout autre idiome au contraire, tel qu'un instrument imparfait, n'obéit qu'incomplètement sa pensée intime. D'ailleurs, que de difficultés pour s'appro prier entièrement une langue étrangère qu'on ne rencontre bien souvent que dans les livres. En présence de cette rénovation émi nemment nationale, il est pénible d'avoir mentionner la malencontreuse pensée de ce Conseil communal d'une antique cité de Flandre, qui mettant son histoire auconcoursimposa cet effet l'emploi delà langue française. Mais l'opinion publique, dont de nombreux symptômes signalent de toute part le réveil, l'opinion publique saura faire bonne justice de ces adminis trateurs, qui n'ont jamais compris les vœux du peuple, guère mieux que ses in térêts. OgQW - Une des tendances les plus fâcheuses du parti ministériel le porte a exagérer sans cesse et en tontes choses la centralisation. Rien de plus con traire a la liberté, rien de plus hostile aux tradi- Van Eyck; Jans fut présenté au comte de Flandre, Philippe le Bon, se vit logé Gand dans le palais du prince, gagna des sommes considérables, voya gea, fut reçu partout comme s'il eût été un haut et puissant seigueur; il finit par amasser des tonnes d'or que vous faites valoir dans votre commerce, maître Aldovrandt, car Jans, le pauvre soldat et le peintre de renom, c'est moi. Voulez vous a présent, dites, voulez-vous que votre fils, mon filleul, de vienne mon élève, habite Gand avec moi et.hérite un jour de ma fortune etje l'espère, de ma re nommée? Car les esquisses que j'ai vues de lui annoncent une vocation de peintre; il est facile reconnaître que saint Luc a mis le feu divin de son art dans le cour de cet enfant. Oui, j'en ai l'espoir, toute la chrétienté saura un jour le nom du peintre Aldovrandt, comme elle sait mon nom, le nom de Memlinck. Marguerite tendit sa main blanche et frêle h Mein- liuck, qui la porta b ses lèvres. Le vieux marchand resta pensif en finit par dire d'un ton brusque Vous avez ma parole, qu'il parte avec vous. Une larme coula sur les joues pâles de la pauvre mere, et elle fit un mouvement comme pour courir a son fils. Memlinck comprit ce qui se passait dans le cœur de Marguerite. Merci nous nous mettrons donc demain tous les trois en route. 2 tions nationales, rien de plus dangereux, rien de plus rétrograde au point de vue de la Constitution belge. En matière d'admiuistration comme en ma tière d'enseignement, la politique de ce parti est aussi étroite que réactionnaire. On connaît la viola tion manifeste de la loi communale que M. le gou verneur De Jaegher s'est permise dans l'affaire de Grammont et que M. le Ministre de l'intérieur maintient avec une déplorable obstination. On sait encore que M. le Ministre de la justice empiète sur les droits des conseils provinciaux en ce qui con cerne laratificationdeslegsdecharité. Le Moniteur nous apporte a chaque instant l'annulation de quel que acte posé sur ce terrain par les députations permanentes. Celles des provinces d'Anvers et de Limbourg sont les moins ménagées. La prétention avouée du cabinet est de restreindre peu peu les limitesque la Constitution et les lois organiques ont données aux pouvoirs provinciaux et communaux. Voyez aussi ce qui se passe dans les questions d'enseignement. Le projet déposé récemment a la Chambre constitue, en fait, une véritable confisca tion de l'initiative des communes, et destitue celles- ci de leurs antiques prérogatives. Dès la fin du i 2° siècle nos communes étaient en possession du droit de régler dans leur sein l'instruction publique elles étaient libres de la donner directement ou de la déléguer et delà subsidier,selon leur bon plaisir. Ce régime véritablement libéral subsista jusqu'à la conquête française. Il est certes conforme l'esprit de notre Charte de i83i. Mais, par un étrange abus de mots, on est parvenu persuader b une foule de libéraux que la liberté est anti-libérale, et que le monopole centralisateur se confond avec le libéralisme. L'hostilité envers les franchises communales est si bien dans la pensée du parti ministériel qn'un de ses organes les plus naïfs, VObservateur, n'hésite pas b flétrir comme insuffisant et anarchique l'en seignement douné sous la direction des communes. Écoutez plutôt ce passage de son dernier article: L'enseignement moyen, dans les collèges et athé- nées communaux subventionnés, ne présente-t il pas l'aspect de l'incohérence et de la confusion, malgré les efforts que le gouvernement a tentés, dans le cercle de sou actioii administrative? Pas d'unité dans l'organisation, etc. Ce langage est très-remarquable, et il n'y a que des sourds volontaires qui puissent ne pas y trouver un utile avertissement. Pour le moment, nous nous contenterons de le signaler l'attention des défen seurs des franchises communales. Dans cette ques tion, comme dans toutes les autres, nous serons pour la liberté contre le monopole, pour les tradi tions nationales contre les folles innovations du pseudo libéralisme, pour l'initiative des individus et des communes contre une centralisation oppres sive. [Journal de Bruxelles.) Tous les trois? fit le marchand. Tous les trois, oui. J'ai besoin de dame Mar guerite pour installer son fils chez moi. Et puis il est nécessaire que l'enfant ne se sépare point tout brus quement et a la fois de sa ville natale et de sa mère. Et comme Aldovrandt hésittait D'ailleurs, continua Memlinck, ne faut-il pas que je donne quelqu'un de confiance, qui vous les rapporte, les parchemins qui doivent établir nos projets d'association pour la lucrative affaire du Levant dont vous m'avez parlé ce matin. En faisant ainsi tinter de l'or aux oreilles du vieillard, le peintre concilia toutes les difficultés, et la mère et le fils partirent avec lui pour Gand au point dn jour. IV. UN CLERC QUI SE MEURT DE FAIM. A mesure que les mules sur lesquelles ils che vauchaient s'éloignaient de Bruges, Antonius et sa mère sentaient qu'un fardeau pesant cessaient de comprimer leur poitrine. Leur imagination, comme un oiseau échappé de la cage qui le retenait captif, se livrait mille ébats joyeux, allait de la terre au ciel et du ciel b la terre, virait, revirait, bondissait dans l'espace, chantait et réchauffait ses ailes a la flamme vivifiante de la liberté. Jamais dame Mar guerite, depuis le jour de sou mariage, n'avait L'enseignement gratuit et obligatoire est l'idée favorite de beaucoup d'utopistes en France et en Belgique. On a déjà fait justice, la tribune fran çaise, de cette fausse et onéreuse philantropie qui se passionne pour un mot sans aller au fond des choses. M. Proudhon, vient b son tour, l'écraser de son sarcasme et de sa logique. Si ce hardi logi cien était catholique, il irait plus loin, et il reconnaî trait que, dans un pays catholique, l'enseignement donné par l'Etal doit être conforme aux croyances religieuses de la nation. Voici comment la Voix du Peuple, organe du fameux démagogue s'ex prime sur la chimère de l'enseignement gratuit Qu'est-ce que l'enseignement gratuit? C'est celui qui coûte plus cher que l'enseignement non gratuit: c'est celui qu'on paie deux fois au lieu d'une. Voyez, en effet, l'ingénieuse invention! On dit au peuple: Tu ne paieras rien b l'instituteur qui enseignera tes fils, mais tu paieras ce traite ment au collecteur d'impôts, au percepteur, au douanier, au gabelou, et ton argent passera des mains de ces sangsues fiscales a cette interminable filière d'administrations, de bureaux et d'agents qui le repartiront b l'instituteur. De sorte que cette plaisante gratuité consiste uniquement b prendre au travailleur, sous forme d'impôt, ce qu'on a l'air de lui donner en cadeau sous forme d'enseignement, et a dissimuler cette odieuse jonglerie en faisant faire a son argent un immense détour, une longue évolntion bureaucra tique. Mais ce détour, celle évnlutiou fiscale, il faut les payer; mais ces collecteurs d'impôts, ces administrations, ces bureaux, ces agents, ces payeurs, tout cet état-major préposé b l'enseigne ment, il faut les payer aussi; et qui ne sait qu'ils absorbent b eux seuls plus que les services produc tifs qu'ils dirigent? Ainsi, cette magnifique gratuité coûte aux travailleurs i° Le prix de l'enseignement que leurs en fants reçoivent 2° Le prix de tout ce parasitisme fiscal, bu reaucratique et fonctionnaire. Avions nous raison de dire que l'enseigne ment gratuit est celui qui coûte deux fois plus cher que l'enseignement payé? Des agents français recrutent en ce moment des ouvrières occupées dans les filatures de nos envi rons. Plusieurs ont déjà pris des engagements pour aller travailler b des conditions plus favorables qu'en Belgique, dans des fabriques établies en France. Déjà maintes fois la presse s'est élevée contre quitté le vieil Aldovrandt; jamais, depuis le jour de sa naissance, Antonius nè s'était éloigné de la maison paternelle! Et les voila maintenant tous les deux affranchis d'un joug sévère et triste Les voilb, près d'un indulgent et tendre ami, qui parcourent la campagne, le cœur inondé de joie, le corps baigné d'air pur et de soleil. Ils avaient fait ainsi quelques •lieues b voir la gaieté folâtre d'Antonius, un étranger n'eût point reconnu en lui l'enfant ma ladif, pour la santé duquel sa mère se trouvait toujours en proie b des transes, par malheur, fon dées. Mais c'était dame Marguerite surtout qui son éclatante sérénité semblait avoir rendu la fraî cheur et la beauté de la jeunesse Une légère ani mation colorait ses joues habituellement pâles elle menait sa mule avec fierté et se plaisait b la faire bondir sous le fouet ou a la sentir mordre impa tiemment le frein. Les cheveux en désordre, il fallait la voir tantôt galoper avec la vitesse de l'éclair, puis s'arrêter tout-b-coup et attendre en riant le vieux peintre et Antonius, qui aurait voulu imiter les jeux de sa mère, mais qu'arrêtait une défiance craintive de son talent en équitation puis quand ils l'avaient rejointe, elle reprenait ses ébats folâtres, souvent même disparaissait b leurs regards et ramenait son ardente monture baignée de sueur et le mors couvert d'écume. [Pour être continué.)

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Le Propagateur (1818-1871) | 1850 | | pagina 2