Le soir Langennck revintse demanda ce qu'il
ferait maintenant de sa femme et de sa fille et se
décida bientôt.
Quelques heures lui suffirent pour enlever le
carrelage de l'unique place du logis, pour creuser
une excavation, enterrer les mortes et remettre les
briquettes en place. Langenack était habile, et
comme la journée avait eu un surcroît de besogne,
il s'endormit bientôt, et le lendemain de même, et
le jour après encore, et de suite pendant un an.
Rien ne parait modifié dans les habitudes, dans le
caractère et dans l'humeur du maçon. Il n'avait
que deux femmes de moins.
Depuis k peu près deux ans Langenack avait
délogé et sans doute il ne songeait plus a rien,
quand le bruit de la démolition de son ancienne
demeure l'inquiéta. 11 vint s'assurer du fait et s'en
fuit, mais bientôt, entraîné par cette espèce d'hal-
lucination qui pousse les grands coupables vers
l'abime, il revint sur ses pas et fut pris.
La justice suit avec activité l'instruction de ce
drame affreux, qui eut pu rester dans l'oubli, sans
les circonstances providentielles qui sont venues
mettre le meurtrier entre les mains de la justice.
-- On écrit de Bois-le-Duc que suivant les
sommes parvenues jusqu'à ce jour au gouverne
ment, la collecte faite dans tout le royaume pour
les victimes des dernières inondatious a produit la
somme de fl. 278,170 86 172.
Si h cette somme on ajoute le produit de la vente
de diverses brochures, de concerts et de représen
tations théâtrales donnés au profit des inondés et
surtout les dons de diverses sociétés de bienfaisance
et d'institutions religieuses dont le chiffre n'est pas
encore connu aujourd'huion peut dire en toute
assurance que cette collecte générale aura dépassé
la somme de fl. 3oo,ooo.
Le Slaata-Courant publie le relevé général
des personnes qui ont été attaquées du choléra
pendant les années i848 et 1849 dans le royaume
des Pays-Bas; 43,860 personnes ont été atteintes
par l'épidémie, le nombre s'en répartie ainsi
25,715 dans les villes et i8,t45 dans les cam
pagnes; 23,258 sont mortes du choléra (12,892
dans les villes et 10,356 dans les campagnes).
Dans le chiffre total des personnes qui ont été at
teintes par le choléra ne sont pas compris les
militaires traités par les officiers de santé.
L'Académie française a élu pour son direc
teur M. de Salvandy, et pour son chancelier M.
Alexis de Saint-Priest.
Les préparatifs pour nne expérience d'une
haute importance sont en train de se faire h Paris.
Il s'agit, au moyen d'un ballon captif qui s'élèvera
une hauteur de 3oo mètres, de tenir suspendu,
comme un petit soleil, au-dessus de la capitale, un
puissant phare électrique organisé d'après les belles
découvertes modernes. On espère avec cet appa
reil, quand le temps sera calme, pouvoir illuminer
nn quart des quartiers de la rive droite de Paris.
Vendredi matin, vers neuf heures, un in
cendie d'ane violence extrême s'est déclaré dans
le temple anglican de Sainte-Anne, Limehouse,
faubourg de Londres. Avant que les secours fussent
arrivés tout l'édifice était en flammes et au bout
d'nne demi-heure la toiture et le clocher s'écrou
laient avec un fracas épouvantable. Ce n'a été que
vers midi qu'on a pu se rendre maître des flammes.
A l'heure qu'il est il ne reste plus debout que les
murs de l'édifice. On évalue les dommages maté
riels a 3o,ooo liv. sterl. On dit que quelques per
sonnes ont été blessées par le plomb fondu qui
coulait du faite du temple.
actes du gouvernement.
Par arrêté royal du 28 mars, le service des postes
est réparti en quatre directions territoriales formées
de la manière suivante
1" direction provinces d'Anvers et de Brabant.
2m° direction provinces de la Flandre occi
dentale et de la Flandre orientale.
3m° direction provinces de Hainaut et de Namur.
4m" direction provinces de Liège, de Limbourg
et de Luxembourg.
Les directeurs des postes actuellement établies
dans les provinces d'Anvers, de Luxembourg et
de Namur sont supprimées.
Par arrêté royal de la même date, le sieur
Charles Bossaert, actuellement directeur des postes
des deux Flandres formant la deuxième direction
territoriale, est confirmé dans ses fonctions.
Sa résidence reste fixée Gand.
FRANCE. Paris, 31 mars.
11 existe dans le midi de la France une société
révolutionnaire dite des Montagnardsqui n'est
autre que la suite de la Solidarité républicaine.
Celte société est organisée dans toute la Provence
elle a ses ramifications Lyon,'a Saint-Etienne, h
Grenoble; et si un signal insurrectionnel partait de
Marseille, de Toulonde Lyon soit pour le refus
de l'impôt, soit pour tout autre moyen, on agirait
immédiatement sur les deux rives du Rhône. Les
principaux chefs sont connus de l'autorité dans les
villes où leur action est la plus dangereuse.
[Napoléon.)
Les meilleures maisons de Paris ne reçoivent
aucune commande des départements, qui sont en
core sous l'impression de la panique causée par les
élections du 10 mars. [Le Napoléon.)
Un assez grand nombre d'étrangers et de re
pris de justice out volé Paris, dans les élections
du 10 mars, malgré leur incapacité électorale. On
recherche en ce moment les auteurs de ces fraudes.
Plusieurs d'entre eux ont été déjà déférés a la jus
tice. [Idem.)
La police surveille toujours beaucoup les
étrangers qui sont Paris.
La solennité de Pâques, a été célébrée avec
la pompe ordiuaire aux grandes églises de Paris. Il
y a eu beaucoup de communiants, et il y avait foule
partout, pour voir les belles cérémonies et entendre
la musique.
La Patrie d'hier au soir, contenait une série
d'articles contre les hommes d'État qui dirigent les
affaires, ce fait a vivement impressionné le public,
On dit que M. Garnier de Cassagnac est défi
nitivement attaché au cabinet de M. le Président
de la République.
On lit dans le Vœu national: Lundi 25, les
personnes qui assistaient a la première messe de
l'église Saint-Martin, ont été émues et édifiées par
la scène suivante: Deux militaires condamnés au
boulet et portant le triste costume et la lourde
chaîne de leur condamnation, étaient sortis k 6
heures du matin de la prison militaire, accom
pagnés par quatre soldats du poste, sans armes;
ils entrèrent k l'église, assistèrent aU saint sacrifice
et reçurent la communion des mains du prêtre en
même temps que d'autres fidèles; en sortant de la
messe, ils furent reconduits la prison d'où une
heure après, la gendarmerie les extrayait pour les
conduire au lieu où ils doivent subir leur peine.
M. le duc Decaze et M. le géuéral Regnault
de Saint-Jean-d'Augely, représentant du peuple,
viennent d'être élus k une immense majorité mem
bres du conseil général de la Charente-Inférieure.
Il est une autre mesure que le Ministre s'est
résolu k appliquer. Elle consiste dans l'augmenta
tion du nombre des aumôniers embarqués Ce nom
bre vaêtreportéde i3 k 25 pour nosdivers navires.
- Une hausse notable et subite vient de se dé
clarer k la halle aux farines de Paris. Le cours
moyen d'hier s'est élevé k 29 fr. 8 c. le quintal
métrique, tandis que la taxe moyenne des mercu
riales précédentes du mois ne donne que 27 fr. 68.
La hausse depuis quelques jours a été de 2 fr. par
quintal.
On lit dans le Charentais du 27 mars: Les
incendies se multiplient dans notre département
d'une façon réellement désastreuse; le 2x de ce
mois, un bois taillis situé k Poulaillier, commune
de Saint-Romain, est devenu la proie des flammes.
Le meuie jour, le feu a consumé une partie de la
forêt d'Elagnac. On ne sait a quelle cause attribuer
ces sinistres.
On lit dans la Gazette des Tribunaux
Le 29 au matin, k sept heures cinquante-cinq
minutes, le nommé Roulette (Barthélémy), con
damné k la peine de mort par la cour d'assises de
la Seine le 8 février dernier, pour assassinat com
mis sur un chemin public, qf suivi de vol,-a été
exécuté k la barrière S'-Jacques.
Ce n'est que le 28, k une heure avancée de la
soirée, que M. le procureur général avait transmis
k la préfecture de police l'ordre d'exécution; aussi
cet ordre n'ayant pas transpiré, et i'échafaucl
n'ayant été dressé que ce matink six heures, un
très-petit nombre de spectateurs assistait-il au
supplice.
a Hier encore Barthélémy Roulette ignorait
le rejet de son pourvoi en cassation; et, d'après
l'altitude qu'on lui voyait hier dans la cellule de la
prison de la rue de la Roquette, où il avait été
transféré après sa condamnation, on devait penser
qu'il se croyait assuré d'obtenir une commutation
de peine.
Agé de quarante-deux ans seulement, petit de
taille, d'une constitution grêle, d'une physionomie
repoussante et d'une intelligence peu développée,
cet homme avait cependant fait preuve aux débats
d'une certaine fermeté de caractère en refusant
obstinément, malgré les preuves accablantes qui se
réunissaient contre lui, d'avouer son crime. Après
le verdict du jury, et le prononcé de l'arrêt, qui le
condamnait k mort, il s'était contenté de dire Je
n'ai pas d'observation k faire; on ne m'a pas fait
voir l'individu assassiné ni rien du tout. Alors vous
me condamnez innocent comme l'enfant qui vient
de naître.
Jamais peut-êtrecependantcrime plus
odieux n'avait été démontré aveb autant d'évi^
dence. Ouvrier maçon de son état, il avait accom
pagné, le dimanche 8 juillet précédent, le nommé
Antoine Coucauxavec lequel il travaillait au
pont de Sèvres, dans un petit voyage que celui-ti
avait fait k Paris, pour recevoir du sieur Barde,
entrepreneur de maçonnerie, une somme de 88
francs qui était due a celui-ci, et qu'il avait effec
tivement touchée vers midi.
Le reste de la journée se passa, entre Antoine
Coucaux et Roulette, k visiter les cabaréts de Paris
et de la banlieue; k sept heures du soir, ils buvaient
ensemble chez un sieur Chantereau, marchand dq
vins k Montrouge; k deux heures de Ik, vers neuf
heures; ils buvaient encore chacun un litre chez
la femme Lesnier, cabaretière, rue de Châtillbn.
Lk, on perd leurs traces; mais, le lendemain lundi,
au point du jour, des ouvriers trouvent gisant sut
un tas de furtiierk demi-portéte de fnsil de cette
même roule de Châtillou, le Coi'ps horriblement
mutilé d'Antoine CoucaUi.
La gendarmerie, appelée, constata que ce
malheureux avait eu la tête et la poitrine broyées
sous les coups redoublés de pavés de grés; il fut
transporté dans une maison voisine où, recevrant
momentanément connaissance, il déclara que c'était
Barthélémy Roulette qui l'avait assassiné et qui lui
avait volé la petite somme d'argent dont il était
porteur.
Pendant ce temps, Barthélémy Roulette, qui
n'était pas rentré de la nuit a son domicile, par
courait les lieux de débauche et se livrait dans les
cabarets de la Cité a des dépenses dont le total
réuni s'élève k 90 fr. environ. Le mardi 9, il fut
arrêté.
Lorsque ce matin, k cinq heures, le directeur
et le greffier de la prison des condamnés sont entrés
dans sa cellule pour lui annoncer que son pourvoi
était rejeté et qu'il fallait se préparer k mourir,
Roulette, qui d'abord parut ne pas comprendre,
pâlit ensuite extrêmement, s'affaissa sur lui-même
en perdit connaissance. De prompts secours le fi
rent revenir, et au même moment M. l'abbé Montés
entra pour lui donner les consolations de la religion;
mais longtemps les efforts du vénérable aumônier
des prisons furent inutiles, car le condamné parais
sait ne rien entendre, ne rien voir.
Enfin il demanda un verre d'eauauquel ou
ajouta quelques gouttes d'un cordial qui parut le
ranimer un peu. On le fil alors passer dans l'avanl-
grefle, où quelques secondes suffirent pour les
funèbres apprêts. Merci, dit-il k l'abbé Montés,
quand celui-ci, qui ne l'avait pas quitté, l'aida a se
lever pour sortir du greffe et gagner la porte exté
rieure, devant laquelle attendait, escortée d'un