et de liberté publiques nous nous empres
sons de souscrire cordialement la pro
position qui nous est faite d'envoyer siéger
aux Chambres belges, un homme qui tou
jours a tenu ferme le drapeau glorieux de
la Constitution de 1830; un homme qui
jamais n'obéit aux funestes injonctions de
la coterie libéraliste, et qui les lâches
manœuvres de ses adversaires n'ont fait
qu'ajouter son auréole de gloire.
A coté de cette candidature, nous osons
inscrire sur notre liste, avec une entière
confiance, le nom d'un de nos représen
tants, M. Charles VanRenynghe, dont la
conduite et les efforts ont constamment
tendu la défense des intérêts matériels
et moraux de ceux dont il reçut le mandat.
Electeurs! voilà pour le moment, les
candidats sur lesquels notre choix est
arrêté, et au triomphe desquels nous con
vions votre coopération active. Un troi
sième mandat reste encore déférer; nous
attendons le vole de la grave question sur
l'enseignement moyen, avant que de nous
prononcer.
Parmi les discours prononcés la Cham
bre des représentants contre la loi sur l'en
seignement moyen nous remarquons celui
de M. Osy, député d'Anvers. Partisan du
libéralisme sage et modéré M. Osy, par des
considérations dictées par la raison, la jus
tice et un amour sincère de nos libertés,
a donné de quoi réfléchir au parti qui
comme lui s'intitule de libéral, mais qui
ne comprend guère la signification du vrai
libéralismecommelereprésentantd'Anvers
l'interprète.
Voici quelques passages les plus saillants
de son discours.
C'est fait, Monseigneur, répondit le trésorier.
Après avoir émis ces remarques judi
cieuses, que la Belgique entière reconnaîtra
sages, et qui ne contribueront pas peu
éclairer les députés de l'opinion du repré
sentant d'Anvers, M. Osy continue comme
suit l'appréciation de la loi présentée.
L'accomplissement de la pre'diction que
fait M. Osy quant l'athénée d'Anvers, se
voit dans la ville d'Ypres. Combien de fa
milles notables mettent leurs enfants au
collège communal où les garanties reli
gieuses ne sont point suffisamment recon
nues? Les étudiants qui fréquentent cet
établissement ne sont-ils des victimes, ou
de la contrainte de certaine coterie, ou des
menées de ces mêmes gens qui envoient
leurs fils dans un établissement étranger
la ville? Quel serait l'état de notre col
lège communal, où jamais un prêtre ne
met le pied, si parmi les élèves qui le fré
quentent, il n'en était peut-être une cin
quantaine qui ne payent guère une obole
pour l'instruction qu'ils y reçoivent?
-IHOIIII-
M. OsyJ'avais espéré que la modération
du ministère depuis les événements de février au
rait contribué, que la loi aurait été conciliante et
qu'elle aurait pu être acceptée par tout le monde;
mais a mon grand regret on fait le coutraire de ce
que la prudence commandait, on va aux extrêmes,
-on dépouille les communes, on veut une centrali
sation et doraiuation ministérielles, et on refuse aux
parents toute garantie de voir donner la jeunesse
une instruction qui nous préserve des principes
révolutionnaires et subversifs que nous voyons chez
nos voisins et qui sont provenus du monopole uni
versitaire; aussi tandis que les hommes les plus
conséquents en France et qui étaient les plus avan
cés pour soutenir l'ancien système, donnent la main
ceux qui l'ont combattu pendant tant d'années,
i sac=s=
Que me demandez-vouslà? dit-il a son chan
celier.
Je demande que votre altesse signe.
J'ai la main une crampe ou un froid qui ne
me permet guère de tenir la plume, dit adroitement
"Willem. Signez pour moi si la chose presse, ou
remettons cela a un autre jour dans tous les cas,
j'aimerais assez qu'on me lût ces actes avant de
parler de signature un prince, si je ne me trompe,
n'est pas plus dispensé qu'on autre de savoir ce
qu'il fait.
On lut un arrêté du bon duc qui accordait di
verses petites pensions h de pauvres gens.
Ajoutez, dit-il, une rente de cent florins h
cet ami dont je vous parlais.
Quel ami votre altesse veut-elle désigner?
Mais vous le savez bien, Willem le savetier,
au Korte-Poote.
Il est modeste, dit Philippe le Bon tout bas, il
aura cette pension.
On annonça, en cérémonie que le dîner était
servi. Avant de se lever, Willem demanda si on
était allé payer les onze florins. On lui présenta la
quittance.
Et les deux cents florins que j'envoyais au
pauvre Willem, avec vingt-cinq bouteilles de
ce vin....
2
on nous propose de décréter ce qu'on abandonne
en France,et la conséquence inévitable, c'est tandis
qu'en France les partis les plus avancés tâchent de
se rapprocher, nous allons de nouveau nous dé
chirer et renouveler les antipathies de nos anciens
partis, et cela au détriment de l'avenir de la tran
quillité du pays, et de la bonne instruction de la
jeunesse.
Dès le jour que j'avais bien approfondi le sys
tème présenté, je n'ai pas hésité un instant pour
combattre la gauche, comme dans le temps j'avais
combattu la droite, décidé de n'être chacun parti
extrême et de m'opposer tout empiétement, de
quelque côté qu'il pourrait venir; comme je vous
l'ai souvent dit, je ne vois pas les hommesqui sout
devant moi, mais seulement les principes, et vous
ine verrez toujours allié ceux qui veulent faire
des lois justes et raisonnables pour tout le monde,
c'est-à-dire que je veux la conciliation et que je
combattrai toujours tout système de domination; au
lieu de continuer d'être modérés, vous voulez pro
filer de votre victoire électorale de 1847 et i848
pour opprimer, dépouiller les communes et dé
clarer une guerre 'a mort au clergé et aux établis
sements libres, tandis que nous devrions créer une
noble émulation entre l'instruction privée et l'in
struction publique, respecter les droits des commu
nes et repousser toute centralisation ministérielle.
Par la création de vos dix athénées et cinquaote
collèges, vous enlevez nos communes leur plus
belle prérogative de pouvoir donner l'iuslruciion
la jeunesse, d'après le désir des pères de famille,
soyez persuadés qu'ou aura beaucoup plus de con
fiance dans vos conseillers communaux que dans
votre conseil supérieur ou de perfectionnement,
car s'il y a des abus ou des lacunes, en s'adressant
aux autorités communales on les redressera de suite,
tandis que si tout dépent d'un ministre qui aura la
nomination des professeurs, même sans coulrôle du
conseil supérieur, vous ne donnez aucune garantie;
le mql n'ira qu'en empiraut, vos établissements
seront déserts et vous ne laisserez plus le choix aux
parents de mettre leurs enfants l'a où ils désirent
les voir élever.
Je vois ce qui se passe dans ma commune; h
Anvers, notre athénée va très-bien sous le rapport
de l'instruction et nous y avons un digne ecclésias
tique qui assure notre jeunesse une bonne in
struction morale et religieuse.
Faites diriger cet établissement par le gouver
nement, avec le programme qu'on nous propose,
Vous avez un reçu? demanda-t-il avec une
certaine curiosité qui n'était pas dépourvue de
quelque malice.
Un reçu de la mère du jeune homme, Mon
seigneur. Il parait que Willem ne sait pas signer.
Le savetier rougit en prenant la pièce qu'on lui
présentait. Il parut un instant préoccupé, mais se
secouant bientôt, il se remit dans son personnage
et se laissa conduire a table.
Le dîner se présentait plus appétissant encore
que le déjeûner. Willem ne tarda pas h s'en don
ner de tout cœur, il se montra fort joyeux de re
trouver Godelive, la femme de chambre qu'on loi
disait être sa royale épouse ej qui faisait le rôle
d'Isabelle de Portugal. Soit h cause de son air de
princesse et de la richesse de son costume, soit h
cause de la confusion de ses idées, il lui témoignait
tant de respect, qu'il n'osait pas même lui toucher
la main.
A la suite du diaer qui dura longtemps, un bal
brillant viut encore varier l'étonnement de Wil
lem. Il était enchanté de la société, du luxe, de la
musique, du bon ton, de l'atmosphère embaumé
dans laquelle il se trouvait. A sept heures du soir,
on acheva de ravir Willem en le plaçant devant
une table où éclatait, autour d'un surtout de fleurs
choisies, le souper le plus délicat. Jamais il n'avait
soupçonné de pareilles joies.
et avant un an cet établissement perdra au moins
les trois quarts de ses élèves et les parents qui n'ont
pas voulu, jusqu'à présent, placer leurs enfants
chez les jésuites, seront forcés de les y envoyer,
n'ayant plus de choix; alors toute concurrence
d'émulation cessera et ce sera votre œuvre et vous
allez juste l'encontre du but que vous proposez.
Avec la liberté d'instruction décrété par la Consti
tution je veux des établissements publics dirigés
Itar nos communes et chacun pourra ce qu'il croit
e plus utile pour ses enfants.
Ce que je trouve le plus odieux dans le projet de
loic'est de décréter que le gouvernement et les
communes ne pourront nommer que des professeurs
qui ont étudié dans les établissements du gouver-r
nement, et cela dans un pays où nous avons dé
crété l'instruction libre, de manière que vous
mettez l'index tous ceux qui ont fait leurs éludes
dans les établissements privés. Je suis vraiment
étonné que le gouvernement s'arrête en si beau
chemin et qu'il ne propose pas qu'aucune fonc
tion publique ne pourra être remplie que par ceux
qui auront fait leurs études dans les établissements
et universités de l'État. Ce n'est que le premier
pas qui coûte, et une fois que vous aurez décrété
cette monstruosité, le gouvernement aura un an
técédent pour faire tomber tous les établissements
rivaux. On dirait qu'on cherche faire oublier
tous les antécédents de notre histoire.
Si le gouvernement obtient la loi de monopole
présentée, il aura uue nouvelle armée de trois
quatre cents fonctionnaires sa disposition.
Ils seront tous, daus les mains du gouvernement,
des hommes politiques; on regardera moins aux
bons principes et la bonne instruction, on pren
dra des hommes dévoués la politique ministérielle,
et comme on le fait aujourd'hui pour toutes les
fonctions, même jusqu'à des candidats de juges de
paix (je pense que M. le ministre de l'intérieur ne
niera pas le fait) qui on demande leurs opinions
Ou lui avait ménagé le vin aux précédents re
pas. A celui-là, Philippe le Bon, qui avait ses
projets et qui s'était complètement réjoui, donna de
secrètes instructions. On le fit boire si adroitement
et on l'enivra peu peu de telle sorte, qu'il s'en
dormit de nouveau comme on criait onze heures,
et se mit ronfler aussi magnifiquement que lors
qu'on l'avait ramassé sous l'arbre du Voorhout;
c'est ce qu'attendait Philippe. Il le fit remettre
dans son vêlement de savetier, et ordonna qu'on le
reportât au lieu même où on l'avait rencontré la
veille. Isabelle de Portugal, que le brave garçon
avait fort divertie, en eut compassion et demanda
qu'on le remit au moins dans un lit. Le désir de
la princesse fut écouté. Après qu'on eut recouvert
Willem de ses habits, Jacot de Roussay et Jean de
Berghe, vêtus eux-mêmes en simples bourgeois,
le reportèrent au Korte-Poote; ils firent lever sa
vieille mère:
Voila, I ui dirent-ils, votre fils que nous avons
trouvé sous un arbre du Voorhout et que nous vous
ramenons.
Ils le mirent sur son grabat.
Grand merci! mes bons Messieurs, dit la
vieille; le pauvre enfant se sera diverti encore. Il
est absent depuis avant-hier.
(La fin au prochain n'.)