AVIS. PRONONCE PAR M. VAN IiENYNGHE, dans la discussion do projet de loi sur l'enseignement moyen. La question soumise vos délibérations, est une des plus graves, des plus impor tantes et des plus délicates qui aient été soulevées depuis la révolution de 1850; elle rappelle, en effet, nos longs et orageux débats contre le système hollandais et lou che nos intérêts les plus précieux et les plus cbers. Ce qui m'a frappé tout d'abord dans le nouveau projet de loi, c'est la doctrine étrange qu'il renferme sur les attributions de l'Etat. Cette doctrine n'est pas neuve, toutefois; elle remonte bien haut, elle est aussi vieille que le despotisme. L'État, en effet, y est représentécomme l'organisation par excellence, comme devant absorber, ou, du moins, dominer tous les autres élé ments, toutes les autres institutions de la société. Et cette doctrine, on veut la faire prévaloir chez nous, c'est-à-dire dans le pays le moins centralisé et le moins cen tralisateur de l'Europe et cela une époque où partout se manifestent les tendances pour le développement le plus large, le plus libre et le plus indépendant de l'in struction publique. J'ai suivi avec la plus sérieuse attention les récentes discussions de l'assemblée législative de France sur la loi organique de renseignement; et le di- rai-je? j'y ai vu les hommes les plus avancés réclamer ce que nous voulons, ce que nous avons toujours voulu; liberté absolue, point d'intervention directe de l'État, si ce n'est titre d'encouragement et de secours, tan dis qu'au contraire les esprits les moins progressifs y ont soutenu des systèmes analogues celui de M. le ministre de l'in térieur, avec accompagnement de préfets et de sous-préfets, comme le veut l'art. H du projet de loi. Croyez-moi, M. le ministre, et c'est un des vôtres, M. Ancillon, qui l'a dit: Les sciences et les arts prospèrent beaucoup mieux quand l'Etat se borne exclusive ment protéger la liberté et qu'il lui aban donne le reste. L'action de l'Etat, surtout dans les pays constitutionnels, est devenue essentielle ment politique, et voilà pourquoi notre immortel Congrès national,en proclamant la liberté de l'enseignement, lui a ravi ce monopole que les articles 6, 7, 8, 9, 10, 50 et 52 du projet ont pour but évident de lui rendre. D'après l'esprit de notre pacte fondamental, l'instruction est une institu tion de liberté, et non pas une machine administrative, une agence de police. J'in siste sur ce point, parce que je redoute les ombrageuses susceptibilités du pouvoir, intolérant de sa nature, envers ceux qui pensent ou agissent autrement que lui. Messieurs, je vois dans le système mi- nistériel des tendances, plus ou moins déguisées, la domination absolue de l'instruction publique. Ces tendances, je les avais déjà remarquées dans les opinions émises par M. le ministre de l'intérieur sur lacollation des bourses universitaires. Vous les avez sanctionnées, ces opinions, par la majorité de vos suffrages; mais enfin, je vous le demande, messieurs, te talent mal heureux suffit-il encore pour avoir droit aux faveurs de la nation? Non, il faut qu'il soit formé dans les doctrines des univer sités de l'Etat. Si ce n'est pas là une viola tion patente de la liberté de conscience, qu'est-ce? Mais c'est plus que cela, c'est la plus flagrante des injustices. Voici un jeune homme pauvre, mais doué de fa cultés éminentes; ses sympathies et celles de sa famille l'entraînent vers l'université de Louvain ou vers celle de Bruxelles.: Non, lui dit l'Etat, tu iras Gand ou Liège; sans cela, point de bourse. Et le jeune homme, qui promettait les plus chères espérances se trouve dans la plus cruelle des alternatives: celle de faire vio lence ses sentiments intimes ou de laisser là ses éludes. Mais où je vois, messieurs, le plus grand attentat la Constitution, (c'est dans celle doctrine exorbitante ainsi formulée par le ministère page 7 de l'exposé des motifs) Si le gouvernement n'intervient en au cune manière dans les frais d'érection et d'entretien, il n'exerce plus sur l'établisse ment qu'une sorte de tutelle, commandée par l'intérêt général qu'il a mission de sau vegarder. Messieurs, lors de la discussion de l'art. 7 de la Constitution, plusieurs membres du Congrès national avaient voulu confier l'Etat non-seulement un droit de répres sion sur l'enseignement libre, mais encore de surveillance, en d'autres termes, de pa tronage, que le ministère prétend posséder actuellement en vertu de ce même art. 17. Eh bien! ce mot de surveillance fut rejeté comme conduisant au monopole de l'an cien gouvernement, et nonobstant que, dans un amendement, M. Fleussu eût pro posé celle disposition démocratique que ladite surveillance ne pourrait être exercée que par des autorités élues directement par la nation. Ce qui est noter, c'est que, parmi ceux qui votèrent contre cet amen dement, se trouvent les honorables MM. Lebeau, Devaux et Rogier. Je déclare donc les articles 30 et 52 du projet de loi subversifs d'une des libertés les plus précieuses de notre pacte fonda mental, et empruntés aux plus funestes traditions du despotisme impérial et bol- landais. La vraie doctrine, comme on l'a dit dans l'importante discussion que je viens de rappeler, la vraie doctriue est celle-ci Le gouvernement ne peut avoir aucun patro nage sur les établissements auxquels il ne fournit aucun subside. Ainsi les communes qui voudraient en tretenir leurs frais ou avec l'aide de la province un établissement d'instruction moyenne, n'ont pas besoin d'être autorisées cet effet par une loi. Cette autorisation elles l'ont, elles la tiennent de la loi des lois, de la Constitution. Comment, d'ailleurs, mettrez-vous d'ac cord l'art. 11 du projet, qui abandonne au gouvernement la nomination du personnel des athénées et des écoles moyennes, avec l'art. 84, n* 6 de la loi communale, d'après laquelle les professeurs et les instituteurs attachés aux établissements communaux d'instruction publique doivent être nom més par le conseil communal? Foulerez- vous aux pieds nos privilèges municipaux comme vous voulez frapper la liberté de l'enseignement, la plus fondamentale de toutes nos libertés? Messieurs, le projet de loi et l'exposé des motifs qui l'accompagne m'ont assez révélé la pensée du ministère: il veut, par des voies détournées, nous imposer ce que les Belges ne supporteront jamais, un en seignement officiel il veut faire adopter cet enseignement comme le meilleur et le plus conforme aux vrais principes, tandis que cet euseignement serait aussi chan geant, aussi variable que le sont les mi nistères: aujourd'hui métis, noir demain et qui sait? peut-être rouge après-demain. Je suis toujours me demander: Mais dans un pays où la presse et la religion sont ehtièrement libres, au nom de quel principe supérieur le ministère veut-il im poser son système d'enseignement, ses rè gles, ses livres ceux qui refusent de les accepter? Vainement argumenterait-il de la dispo sition finale de l'article 17 de la Constitu tion. Cette d isposition n'a été créée que pour donner au gouvernement le droit de pour voir aux besoins de l'instruction publique, alors que l'enseignement libre serait in suffisant. Messieurs, nous nous montrons toujours si fiers, la face de l'europe, de nos insti tutions républicaines, et nous voulons met tre nous-mêmes la hache dans celle que nous envie et que n'aura jamais peut-être la soi-disant république de nos voisins. Partisan de toutes les libertés, je voterai contre le projet de loi, moins que, dans le cours de la discussion, on n'y introduise desmodificalions auxquelles ma conscience me permet et de me rallier. J'ai dit. L'administration DES CHEMINS DE FER, de la Flandre-Occidentale, a l'hon neur d'informer le Public, qu'à l'occasion des Fêtes du S'-Sang, qui auront lieu Les RR. PP. Carmes annoncent par des avis affichés qu'ils célébreront de nouveau le mois de Mai dédié h la Mère de Dieu avec toute la solen nité possible. Les messes se succéderont a partir de 4 172 heures du matinpour la commodité de chacun. L'office du soir est fixé h 7 1/2 heures et les Dimanches 7 heures. Ces pieux exercices sont toujours suivis avec empressement, par certaines classes de personnes cependant beaucoup plus que par d'autres. Les jeunes gens, les pauvres, les da mes, les petits bourgeois donnent h cet égarti un exemple louable, mais pourquoi y fait-on plus généralement défaut dans les classes élevées des commerçants, des officiers et des fonctionnaires. 11 ne peut coûter de se lever un peu tôt ceux qui n'ont point effrayés la vie des campsles soins infinis des affaires, la surveillance des intérêts pu blic. Le manque de temps est une illusion qu'à eux seuls les estaminets contredisent. Après une si longue époque de somnolence religieuse, il est désirer que l'ardeur se réveille, ne fût-ce que pour répondre l'esprit général de progrès. -'MB1 Le barreau vient de faire une grande perte. M. l'avocat Vandaele président des Hospices, vient de succomber une maladie du cœur l'âge de 55 ans. Peu d'hommes ont déployé une activité aussi prodigieuse que lui dans les affaires. Vers la fin de sa carrière, il sacrifia généreusement une notable partie de son temps aux intérêts des pauvres. La nature de sa maladie, dont on lui dissimulait la gravité, fesait craindre qu'il ne fut surpris au mi lieu de ses préoccupations professionnelles sans être muni des secours spirituels. Mais en s'inclinant vers les pauvres, il avait approché Dieu de lui. Les prières de tant d'institutions pieuses dont il était devenu le chef temporel ne pouvaient rester sans fruit. M. Vandaele a reçu le saint viatique et l'extrême onction plein de connaissance, dans les dispositions les plus, consolantes, et s'est éteint deux jours après; c'est-à-dire cette nuit deux heures.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1850 | | pagina 2