9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3408. 33me année. 7P3.SS, 29 Mai. Un point sur lequel le Progrès se plait fixer l'attention de ses lecteurs, c'est l'abs tention du clergé dans la lutte électorale de 1848 et le résultat heureux pour les clubs que cette abstention produisit. Ne prendre aucune part dans les affaires élec torales, c'est là, selon le Progrès, pour le clergé le vrai moyen d'acquérir des litres l'estime publique, voir même celle des hommes aux principes libéralistes. Ah! si force de cajoleries, l'organe du despotisme yprois pouvait tromper ou faus ser la conscience du corps ecclésiastique, quant l'exercice de ses droits civiques; si l'aide de paroles mielleuses et phari- saïques il pouvait parvenir faire accrçire au prêtre Belge, qu'en lui octroyant la fa culté de jouir des libertés de 1830, comme tout autre citoyen; qu'en lui donnant le droit de voter comme tout autre contri buable, la Constitution entendit qu'il ne prit aucune part aux luttes politiques, et qu'il n'usât de son influence pour confier les destinées de sa patrie, de mandataires dévoués, intègres, Belges de cœur et d'àrae, alors la joie du Progrès serait au comble, alors l'espoir qu'il nourrit, de voir mettre en pratique les principes délétères du li béralisme voltairien n'aurait bientôt plus de bornes. Pour prêter l'oreille aux déclamations perfides, et insidieuses du Progrès, le clergé éprouve trop bien le sentiment de son de voir, oui; cette époque malheureuse, où la religion et la société sont battues en brèche par les sectaires du faux libéra lisme, le clergé est trop intiraément pé nétré de l'importance de sa mission sociale pour n'oser point mettre son poids légal dans la balance commune; et si sa trop grande confiance aux promesses libéra- listes le rendit spectateur passif de nos dernières luttes; si sa prudence, dans un moment où les préjugés les plus odieux et les plus injustes s'accréditaient contre sa personne, lui commandaient de baisser la tête devant ce parti antinational qui osa proclamer, par un de ses organes, que la Constitution serait changée légalement, ou qu'elle serait abattue révolulionnairement aujourd'hui son rôle n'est plus le même; non; non hier des motifs les plus persants lui conseillaient le quiétisme; mais cette heure son devoir, la religion, la patrie l'appellent vaillamment au combat! En effet, une expérience fatale vient de lui prouver quoi se réduisent les pro messes inscrites la tête du programme de la politique nouvelle; la loi sur l'en seignement moyen est là qui, la face de l'Europe étonnée, jémoigne des desseins pervers de ces hommes qui osèrent graver dans leur coran politique ces paroles dé risoires respect pour la foi et les dogmes, protection pour les pratiques de l'ordre reli gieux, justice et bienveillance pour les mi nistres des cultes! Et c'est après un acte aussi criant que le -vple sur l'enseignement moyen, loi qui foule aux pieds, les intérêts sacrés de la religion et de la patrie que le prêtre devrait se tenir les bras croisés devant nos enva hisseurs, politiques-barbares? et c'est lors que l'Europe entière ébranlée, convulsive, appelle la religion comme dernière plan che de salut pour la société en naufrage, que le prêtre devrait opposer un misérable laissez-faireaux projets révolutionnaires de ceux qui voudraient bannir la religion de notre patrie, en lui refusant dans les écoles la place qu'on accorde la danse et a la gymnastique? non, jamais l'histoire n'aura infliger au prêtre Belge un pareil blâme; non, jamais la postérité n'aura lui adresser le juste reproche d'avoir laissé briser le trône élinceïant qu'il contribua pour une grande part fonder sur la re ligion et la liberté! En dehors des intérêts sociaux et reli gieux il est un autre mobile qui enjoint au prêtre d'user de toute son influence pour emmener le triomphe des principes de conservation et de bien-être personnifiés dans nos candidats MM. Jules Malou, et Charles Van Renynghe, ce mobile c'est le besoin généralement senti de mettre un frein aux mesures ruineuses prises par les dominateurs du jour. Évidemment,comme citoyen, comme contribuable, comme en fant du peuple, le prêtre n'aurait-il le droit de se plaindre de ces hommes qui, après avoir semé raille promesses fantastiques et éblouissants; qui, après avoir pris sur eux la tâche de sauver les Flandres, appau vrissent nos provinces, ruinent le com merce et l'industrie par l'augmentation croissante sans cesse d'impôts et de char ges de toute sorte? n'aurait-il, le prêlre le droit de désigner ses paroissiens étran gers aux débats parlementaires, attaché par position et par caractère au succès de l'agriculture, les députés qui appuyèrent de leur vote la loi sur la libre entrée des céréales, comme ceux qui s'opposèrent ce projet désastreux pour le travail agri cole: n'a-t-il le droit de leur dire, qu'il dépend de l'entrée aux chambres d'hom mes comme MM. Malou, Van Renynghe et Léandre Desmaizières, qu'il soit jamais fini, du projet d'imposer le tabac; d'établir un droit de succession en ligne directe, d'élever les contributions foncières d'un million ou plus encore? Sans doute, le prêtre comme tout Belgç, a le droit de traiter des faits et gestes de nos législateurs, en présence de ses amis. Menacé dans ses affections les plus chères et dans ses intérêts copirauns tout ci toyen Belge; courbant sous l'arrêt qui Iqi enlève son héritage légitime, l'éducation •de la jeunesse, il y va de son honneur, de sa dignitéde son patriotisme de paraître sur la scène électorale et de prendre une part honorable la lutte qui s'engage. Ah! que dirait-on si, sourd la voix de la patrie et de la religion, le clergé ne descendait point dans l'arène? que dirait-on?... si ce n'est que le clergé n'est plus ce clergé Belge qui toujours et toutes les époques se montra le défenseur héroïque de notre Religion et de nos libertés! Voilàsans aucun doute le reproche que l'avenir formulerait contre le corps ecclé siastique, si par son inaction et son indif férence, les principes libéralistes menaient un jour notre patrie jusqu'à l'abyme où la France et tant de peuples se déroulent. Cette vérité est incontestable et universel lement reconnue. Le Progrès et ses aco- lytes, sont les seuls dans notre district qui refusent de l'admettre, et qui contestent au prêtre le droit de faire en matière^lec- torale, la centième partie des démarches auxquelles se livre un commissaire de dis trict ou tout autre fonctionnaire. On sait du reste quoi tendent ces pro testations du Progrès l'encontre de la participation cléricale dans les luttes élec torales. Le clergé, mieux que personne doit savoir le fin mot de l'énigme; le passé le proclame; tout le verbiage des clubs, tendant éloigner le prêtre de l'urne se traduit par cet adage faites vous moutons M" les ecclésiastiques, et le loup vous mangera. LES ÉLECTIONS PROCHAINES. VF. m TÉ ET JUSTICE. Ou a'abouue \pres, rue de Lille, 10, près U Gr.ude Place, et cheï les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE LMIMllEMeiV, par trimestre, Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° ?5. Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligne). LA GUERRE EST DÉCLARÉE AU CLERGÉ, IL FAUT QU'IL ME DECES DE t Nous sommes heureux de constater l'union tou jours de plus en plus compacte qui garantit et rend désormais inattaquables les candidatures de MM. Jules Malou et Charles Van Renynghe. Le Progrès a timidement avancé que l'e'lection de M. le sénateur Malou n'avait été qu'un ballon d'essai pour voir quelle serait la force du clergé. Il

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Le Propagateur (1818-1871) | 1850 | | pagina 1