NOUVELLES DIVERSES. Le Journal du Commerce efAnvers publie un excellent article contre la stérile poli tique de nos ministres dont la science gouvernementale consiste passionner et irriter le pays. C'est un article qui aura l'entière approbation de tous les hommes qui des mots vides de sens n'ont pas eu le pouvoir d'innoculer des haines factices. Nous nous empressons de lui donner une place dans nos colonnes: FRANCE. Paris, 26 juin. Le ministère avait uue admirable position a prendre après la catastrophe de 1848. Il venait de tendre aux vaincus de 1847, une main que ceux- ci avaient loyalement accepte'e, et de proclamer la transformation des partis. Il avait l'unanimité dans les chambres, dans la presse, dans toutes les classes de la population. Jamais ses prédécesseurs n'eurent de pareilles chances pour faire fonctionner la lé gislature dans le sens des grands intérêts nationaux qui sont et resteront toujours le commerce, l'in dustrie et l'agriculture se dévéloppaut l'ombre de la paix publique. De magnifiques promesses avaient été faites, et il en était né de belles espérances. Quelques mécomptes étaient inévitables toutefois, le progrrnme du 12 août n'éût-il été exécuté qu'aux deux tiers, la reconnaissance nationale n'eut pas manqué au cabinet. Eh bien, toutes ces occasions favorables ont été perdues, des millions ont été gaspillés, rien de sérieux ne s'est fait dans le domaine des intérêts matériels, et le fatal esprit de vertige et d'erreur qui souffle sur le ministère l'a entraîné dans une voie périlleuse qui offre beaucoup d'analogie avec l'impasse de 1829, où les fautes du gouvernement avaient acculé deux pays dignes de se comprendre et de se réconcilier. Comme si les intérêts matériels n'étaient pas dignes de préoccuper les hauts et puissants seigneurs du 12 août, nous les avons vus se jeter tête perdue dans les querelles d'une politique quintessenciée, politique qui les a brouillés avec Rome, qui leur vaut la défiance des cours étrangères et qui menace notre patrie de dissentions civiles très-sérieuses. Nos ministres se frottent en ce moment les mains ils sont tout radieux de se trouver en guerre avec Pie IX, et de faire cracher soir et matin, par YInpéqendance, tout le fiel qu'ils nourissent contre lechef de la chrétienté, contre l'épiscopat et contre les catholiques belges. Ils appellent cela de la po litique nouvelle. Erreur, c'est de la vieille poli tique, datant de Joseph II. Pendant que nos ministres se vantent de leurs exploits anti-cléricaux et des éloges que leur pro diguent les démagogues d'Italie, de Suisse et de France, notre diplomatie essuie échecs sur échecs. Elle échoue a La Haye, dans la question de la mon naie d'or, elle échoue misérablement a Romecontre la fermeté d'âme de Pie IX, elle échoue a Berlin où le traité avec le Zollerein est dénoncé, elle est impuissante h Paris, elle est suspectée de déma gogie a Vienne. Le traité galo-anglais qui se pré pare va diminuer nos relations avec la France, et celui que le Zollverein est a la veille de signer avec la Hollande, nous fermera a peu près le dé bouché d'Allemagne. Ces faits sont traités de bagatelles par notre presse ministérielle qui ue songe qu'à courir sus an Pape, aux évêques, aux catholiques, et qui se ligue criminellement avec les révolutionnaires de Turin et de Genève pour écraser les influencs religieuses. Triste campagne, vraiment, dont il sera de mandé compte un jour ceux qui ont dressé le plan et qui en dirigent l'exécution. Nous ne sommes pas de profonds théologiens, nous laissons cette prétention aux canonistes du Précurseurde l'Indépendance et du Messager, mais nous trouvons étrange que des écrivains hos tiles aux dogmes et aux chefs de l'Église déclarent connaître mieux que celle ci les intérêts de la reli gion. 11 est curieux de voir ces messieurs en remon trer au Pape en matière de culte, et lui donner des leçons de la même plume qui trace une chanson grivoise et un compte-rendu de vaudeville. La singularité de ce procédé fait place l'odieux, quand on sait que la plupart des rédacteurs de feuilles ministérielles mangent pleines bouchées au budget, et que la nation paie les efforts dirigés contre son honneur et sa tranquillité. Nous en di rons davantage h ce sujet si VIndépendance le désire. L'Indépendance annonce ce qui suit Samedi expirait le délai accordé par l'arrêté royal du i4 juin, pour l'admission de ces pièces dans les caisses de l'Etat au taux de 20 fr. 90 en paiement d'impôts. Il n'en a pas été versé beaucoup; la somme totale des versements dans les 800 bureaux de recettes diverses du royaume n'est pas supposée, d'après les résultats connus, devoir dépasser deux millions de francs, si même elle atteint ce chiffre. Le fait avancé par Y Indépendance n'est-il pas une preuve nouvelle que le public croit que le gouvernement devra modifier la mesure qu'il a prise et revenir des idées plus justes. Èmancip Une scène de désordre a eu lieu le 26 au matin au port d'Anvers. Le bruit s'était répandu dans les quartiers populeux qu'un Anglais, connu depuis longtemps pour se livrer des accapa rements de pommes de terre, devait de nouveau faire transporter en Angleterre, par le bateau vapeur de Hull, une grande quantité de ce tuber cule. Aussitôt une foule assez considérable se ras sembla devant ce steamer, où quelques gens de la basse classe furent sur le point de maltraiter t'ac- capareur. Mais la police est intervenue aussitôt et a mis fin cette espèce d'émeute en emmenant l'Anglais en question l'amigo, pour le soustraire aux menaces qu'on proférait contre lui, et qui auraient pu dégénérer en voies de fait. Une partie des pommes de terre qui devaient être embarquées étant restée sur le quai, y ont été vendues par leurs propriétaires au prix de 2 fr. le quart d'hectolitre, tandis que le prix de livraison convenu avec l'Anglais était de 4 francs. La commune de Han-les-Juvigny (Meuse) possède un exemple de longévité rémarquable. La dame Wagnon, veuve Prescbair, est né le i3 mai 1747; elle est donc entrée dans sa cent qua trième année. Malgré ce grand âge, cette femme jouit encore de toutes ses facultés. Mariée quatre fois, il n'y a pas longtemps qu'elle voulait convoler un cinquième mariage. Cette année elle fit encore ses pâques et se rendit seule l'église. Sur la recommandation de M. Raulin, député de la Meuse, elle vient d'obtenir du gouvernement un secours de 80 fr., et elle doit la générosité de Cbarleville, d'avoir tous les jours son lever une ration de bonne eau-de-vie qu'elle boit avec plaisir, après quoi elle déjeune avec un appétit étonnant. 176 négociants en laine ont assisté la foire de Breslau: 18 de l'Angleterre, 6 de la France et de la Belgique, 16 de l'Autriche, 28 des pays allemands hors de la Prusse; les fabricants de la Silésie, de Brandebourg et de la Lusace étaient au nombre de 193. Ces jours derniers un incendie a réduit en cendres Sombreffe cinq maisons avec tout ce qu'elles contenaient. On est parvenu éteindre le feu qui menaçait d'autres bâtiments. Complot découvert Oran. On lit dans le Courrier de Marseille Les correspondances d'Afrique nous apportent une nouvelle de la plus haute gravité. Nous n'avons que le temps de recueillir les premiers détails et nous les publions comme venant des sources les plus dignes de foi. Un complot formé dans un but infernal était sur le point d'éclater Oran. Il ne s'agissait de rien moins, pour les auteurs de cette audacieuse machination, que d'assassiner les autorités princi pales de la province, de relâcher tous les prisonniers, de donner en un mot au désordre et au crime les plus effroyables proportions. Tout était organisé pour le massacre. Le jour était fixé, les armes prê tes, l'horrible phalange enrégimentée et disciplinée, et, chose incroyable, si les temps où nous vivons ne semblaient avoir pris lâche de réaliser toutes les invraisemblances, les conjurés comptaient dans leurs rangs des hommes appartenant aux classes éclairées, des hommes auxquels leur position sociale faisait un devoir de soutenir avec dévouement la cause de l'ordre, des avocats, des pères de famille placés dans l'administration, un membre du conseil municipal décoré. Un hasard, ou plutôt une circonstance toute providentielle, a mis subitement obstacle tant d'atrocités. Une lettre adressée un conjuré et tombée aux mains d'un honnête homme, par l'effet d'une similitude de nom, a éventé la mine incen diaire. L'autorité a proiuptement et éoergiquement agi. La justice est tombée comme la foudre sur les criminels factieux. Chefs et soldats de celte abo minable armée ont été saisis. Le nombre en est si grand que les prisons regorgent. Le général Pé- lissier, qui a présidé l'œuvre de salut avec autant d'babileié que de promptitude, a fait venir de Mostaganem, d'Arzew, et autres villes environ nantes, toutes les brigades de gendarmerie dispo nibles. Les trois escadrons de cavalerie qui se trouvaient sur les frontières du Maroc, ont été appelés sur-le-champ. Dieu merci, l'ordre est rétabli mais les ar restations continuent être exécutées en grand nombre, et chaque instant de nouveaux détails, la connaissance de nouveaux noms affiliés la monstrueuse entreprise, viennent de frapper de surprise et d'horreur la pensée des bons citoyens. Le général Pélissier a fait au sujet de cet événement une proclamation pleine d'énergie qui a reçu les applaudissements de toute la partie saine et hon nête de la population. a Tels sont les premiers détails qui nous par viennent sur cet affreux complot. Avons-nous besoin de dire que la France entière s'associera au sentiment de patriotique indigoation qui soulève notre cœur, en donnant une semblable nouvelle? Voici la proclamation du général Pélissier: Quartier-général, Oran le <4 Juin 18S(. Officiers, sous-officiers et soldats, J'ai été informé, il y a trois jours, par le pro cureur de la République au siège d'Oran, que de coupables machinations ont été ourdies dans celte place par de mauvais citoyens nourrissant la pensée impie de porter une inaiu parricide sur le sein de la patrie. Ces calilinas de bas étage concertent leurs efforts avec des sociétés secrètes, fomentant les mêmes desseins dans la métropole, et qui comptent, dans cette province, sur un perfide écho de leurs cris anarchiques, sur uu concours atroce dans leurs projets sacrilèges. Vos frères en maintes occasions, au prix de leur sang, au prix de l'existence de vingt chefs honorés qui vous ont légué ce glorieux exemple,

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Le Propagateur (1818-1871) | 1850 | | pagina 2