9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3422. 7PP.2S, 17 Juillet. ENCORE LE POUVOIR FORT DE LA POLITIQUE NOUVELLE. La résolution prise par M. le ministre de la guerre d'offrir sa démission au Roi, a diversement ému l'opinion publique. D'une part quelques bonnes gens courte vue s'applaudiront peut-être de l'éclatante réparation qu'a su imposer au ministère une partie de la garde civique trop vive ment préoccupée d'une brochure inju rieuse, dont le mépris public eut seul diguement fait justice. (Sans doute encore, nous aimons le reconnaître, avait-on en vue de prolester en général contre l'inva sion souvent criante et scandaleuse des étrangers dans les postes les plus lucratifs et les plus honorables du royaume.) Mais d'autre part, qu'augurer des dé marches inconstitutionnelles de la garde civique se posant en corps politique, fidèle la pression des journaux démocrates et sans doute encore de quelques tapageurs aussi obscurs que prétentieux? Qu'augurer d'un ministère, grand rêveur de pouvoir fort, mais qui au moindre grain d'orage s'efface honteusement dans fa poussière. Pilote pusillanime, au premier souffle de la tourmente, il abandonne le gouvernail et laisse la tempête se jouer du vaisseau de l'Etat. CONSEIL PROVINCIAL FLANDRE ORIENTALE. Discours prononcé par M. de Jaegher, gouverneur de la province. Mercredi, 17 Juillet 1850. Par ses talents et par sori caractère, M. le général Chazal honorait le ministère dont il faisait partie. Ce n'est pas lui qui eut racheté son porte-feuille au prix d'une bassesse. L'honorable général désapprouva hautement les incartades ridicules de l'au teur de la brochure incriminée et lui in fligea un blâme sévère; mais il ne crut pas devoir reconnaître les prétentions hau taines de quelques gardes civiques. Son collègue de l'intérieur n'en a pas jugé de même. D'abord, la vérité, il se rendit aux raisons que lui alléguait M. Chazal, comme au chef de la garde civique. Mais cramponné au pouvoir, il n'psa guère tenir tête au mécontentement de quelques bour geois de Bruxelles, de Gand, parlant au nom de cette institution. Successivement libéral-modéré, doctrinaire, anti-catholi que, ce nouveau pas vers la démagogie devait coûter bien peu un homme que dévore la soif d'une popularité puérile. M. Rogier s'est donc séparé de son collègue du département de la guerre, et le pouvoir fort a souffert une nouvelle avanie. Du reste, ce n'est pas de cette fois que les hommes du pouvoir sacrifient M. Cha zal aux exigences de leur propre position le haut patronage dont le cabinet couvrit, lors des éleclious de juin, les plus chauds antogonisles du budjet de la guerre, au détriment de ses défenseurs, rendirent dès lors la présence de M. Chazal dans le ca binet incompatible avec sa dignité. Dans la retraite où le confine l'invasion de la démocratie révolutionnaire dans la politique nouvelle, l'honorable général em portera les regrets des véritables amis du 33me année. trône, de la patrie, de sa prospérité et de l'honneur national. Le pays, qui trouvera dans le ministère un gage de confiance de moins, saura se souvenir qu'il n'a pas dé pendu de M. Chazal d'arrêter le char de l'Etat dans la voie funeste où tous les jours il s'enfonce davantage. Vendredi 5 h. aura lieu l'Établissement de la S1* Famille, rue au Beurre, la proces sion en l'honneur de S' Vincent de Paul. Elle fera le tour des vastes jardins de l'In stitution, et sera composée entr autres des enfants des salles d'asile dont le Saint curé de Élichy est le patron. Le public sera ad mis cette intéressante cérémonie, dont il est désirable de rehausser autant que pos sible l'éclat. Ou s'abouue Yprès, rue de Lille, 10, près la «Grande Place, et chez, les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE LMBOIXEMEXT, par trimestre, Ypres fr 3. Les autres localités fr 3-5o. Un n° a5. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne). DE L4 session de l85o. un wallon de la politique nouvelle. Oui, le ministère de la Politique Nouvelle a grandement raison de supprimer le flamand, et d'introduire dans les asseinble'es délibérantes et dans les débats judiciaires, a l'université gantoise et ayx écoles d'agriculture, dans les châteaux et les chaumières, la langue, la belle laDgue de Vol taire et d'Eugène Sue, ces deux gloires de toute Politique nouvelle. un flamand de la politique ancienne. Je sais depuis longtemps que M. le ministre de l'intérieur n'a rien moins que des sympathies pour la vieille langue nationale il a ses raisons pour cela. le wallon. D'ailleurs vous n'êtes pas gênés de parler fran çais, surtout depuis que la Politique Nouvelle a placé aux gouvernements de province et dans les commissariats d'arrondissement des hommes aussi habiles dans la littérature que dans l'adminis tration. le flamand. En effet ce moyen est intelligent: ûous avons maintenant dans nos gouverneurs des modèles lit téraires; témoins M. de Jaegher et son illustre cousin M. de Vrière. le wallon. Ce sont deux célébrités de la Nouvelle. M. de Jaegher surtout honore singulièrement les Flan dres et le gouvernement de votre province auquel il a bien voulu descendre des hauteurs de la diplo matie où il brillait avec uu éclat incomparable. Ambassadeur a Copenhague, ambassadeur au Bré sil, ambassadeur eu Espagne: voilà une car rière! Auriez-vous trouvé ça sous la politique ancienne le flamand. Vous pouvez bien le vanter M. notre gouver neur le wallon. C'est un personnage distingué, uu esprit rare, uu génie transcendant, un administrateur d'une rare habilité, un orateur... VÉRITÉ ET JUSTICE. iJOBOT On lit dans le Journal de Liège Un jury d'honneur a été, paraît-il, constitué, h la demande de M. Alvin, pour porter un juge ment sur sa brochure et pour en apprécier le carac tère au point de vue de l'institution de la garde civique. Le jury, qui remplissait une mission tout-a-fait officieuse, puisqu'il n'a été choisi que par M. Alviu et par un seul officier supérieur de la garde civi que, sans qu'il en fût, au préalable, référé la commission nommée dans la réuuion tenue ven dredi l'Hôtel de-Ville, était composé de citoyens qu'enviroune la considération publique. Après quelques explications échangées sur le mode de sa formation et sur la portée de la décision qu'il pourrait rendre, les membres de la commis sion des officiers de la garde civique ont déclaré, dit-on, que personnellement ils ne s'opposaient pas ce que le jury, qui leur inspire toute confiance, se livrât l'appréciation de la brochure Alvin. Le jury est donc entré en délibération, et son jugement a eu pour résultat l'invitation faite M. le flamand. Un orateur?... Vous n'avez donc jamais lu ses discours le wallon. Non, je l'avoue mais je ne retracte rien de mes éloges. Je juge en homme de parti: nos chefs di sent: nn tel est la vertu même; c'est un génie. Je répète: un tel est la vertu même; c'est un génie. Peu m'importe qu'il eu soit autrement: il me suffit que l'intérêt de mon partique son honneur soit intéressé accréditer et h maintenir cette bonne opinion de nos gens. le flamand. Je serais cependant curieux de vous voir ap prouver le discours que notre illustre de Jaegher a prononcé le 2 de ce mois, en ouvrant la session du conseil provincial. le wallon. Ce doit être un excellent discours, un chef- d'œuvre de l'art: cela est impossible autrement chez un homme qui a représenté le pays dans trois ambassades. le flamand. Cela devrait être mais jugez-en vous-même.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1850 | | pagina 1