JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3427.
34me année.
7PPLES, 3 AOÛT.
LA TUYNDAG.
Tuyndagillustre et pieux souvenir!
C'était un grand peuple en eiïet que le
peuple d'Ypres au moyen âge. A son in
dustrie il éleva le vaste édifice des Halles,
plus imposant que la demeure des Rois,
et tout près de là la magnifique Église
de S( Martin témoigne de ses sentiments
religieux. Chaque âge lui apporta sa pierre,
depuis l'âge qui vit pour la première fois
l'Occident se précipiter la défense des
saints lieux, jusqu'à celui où le Flamand
Charles-Quint commandait l'Europe en
tière.
Libre et opulente, Ypres marchait au
premier rang parmi les villes de Flandre;
plusieurs fois elle fut la résidence du comte
souverain, et nos milices communales rat
tachèrent noblement leur nom et leur mé
moire tous les hauts faits qui signalèrent
la luttp héroïque que les Flamands soutin
rent contre la France.
Aussi, lorsqu'en 1383, les Gantois ré
voltés et leurs alliés les Anglais vinrent
mettre le siège devant la cité fidèle au
comte de Flandre, la bourgeoisie armée
résista avec gloire cette formidable agres
sion. Dans ces siècles de foi et de cheva
lerie on ne rougissait pas de chercher aide
et secours ailleurs que dans la force bru
tale. Les assiégés se mirent sous la puis
sante protection de la Reine des cieux.
Animés du feu sacré qui brûlait dans leurs
veines, la victoire couronna leurs efforts,
et le 11 août vit s'éloigner de nos remparts
les bandes indomptables qui nous tenaient
investis.
C'est en l'honneur de la Vierge, qui en-
ceignit la ville, comme d'une clôture tuyn
infranchissable, c'est en mémoire de la va
leur de nos ayeux, que, par suite d'une
généreuse pensée, le glorieux anniversaire
de notre délivrance fut converti en une
époque de réjouissance communale. An
tique souvenir de Religion, de patriotisme,
d'un pouvoir qui n'est plus, de vertu ci
vique et guerrière, héritage sacré des ancê
tres, puisse-t-il apprendre nos concitoyens
ce qu'ils se doivent eux-même, s'ils veu
lent sauver leur nom du mépris qui s'at
tache aux nations dégénérées. Pour les
peuples, aussi bien que pour les individus,
il est permis de dire: Noblesse oblige!
Un dernier mot sur le présent: Que sont-
ils devenus ces temps, si rapprochés de
nous cependant, où une félicité commune
réunissait en ce jour comme des frères les
heureux habitants de la cité? Pourquoi la
défiance et la discorde ont-elles si déplora-
blement brisé les liens qui nous unissaient
tous? Qui ne le sait? Un parti qui jamais
ne sut que désunir a profondément poussé
sur ce sol ses vénéneuses racines. Des
hommes, qui n'ont d'Yprois que le nom,
puisqu'ils conspuent celte foi vive qui
seule inspire les nobles actionset qui nous
valut tout ce que nous acquîmes de gloire
et de grandeûr, des hommes ont fondé
leur puissance sur nos dissensions civiles,
car ce qu'ils ont en vue, ce n'est pas de
concilier les intérêts et les exigences con
traires, leur rêve, c'est d'écraser les uns
afin de régner par les autres!
LA THÏNDAC.
C'est une coutume bien ancienne, bien
universelle pour les villes d'organiser des
fêtes l'époque de leurs kermesses. L'a
musement public, le désir de populariser
ou d'immortaliser un nom, un événement
et d'attirer l'étranger dont la présence est
toujours avantageuse pour les arts, le com
merce, et l'industrie voilà ce semble le but
des autorités dans l'organisation des ré
jouissances populaires.
Depuis quelques temps, l'idée de décréter
des divertissements publics a reçu une ap
plication progressive et croissante en Bel-
gique aussi bien qu'en France: Bruxelles
a eu des fêtes telles qu'on en vit rarement;
Gand, Liège, Bruges, Tournai imitent
l'exemple de la capitale; les villes secon
daires telles que Verviers, Spa, Courtrai,
Roubaix leur tour nous envoient leurs
programmes grandioses et attrayants. Par
tout les autorités ont soin de provoquer
le contact des villes et communes avoisi-
nantes et même étrangères, par l'appat du
divertissement et du plaisir.
Ypres sous ce rapport semblait arriérée
d'un demi siècle; par bonheur l'astre du
progrès a lui dans la salle de délibérations
de l'hôtel de ville. La cité des comtes de
Flandres a vu partout décréter des fêtes,
elle en a ordonnées son tour. Dimanche
4 Août, jour de notre fête patronnale ces
réjouissances doivent commencer: une af
fiche longue de quatre pieds, et signée par
un échevin et le noble seigneur secrétaire
Decodt qui honore l'administration com
munale de ses talents moyennant la baga
telle annuelle de 2539 francs,une affiche
disons nous, publie la série des divertis
sements qui marqueront notre kermesse
dite Tuyndag de cette année. Oh! les belles
fêtes!! Sont-ce un feu d'artifice, un tir la
cible, un festival, un carroussel? Point du
tout; pour des amusements de cette caté
gorie, il ne fallait point la dépense d'un
programme, il eut suffi d'une flûte et d'un
tambour pour les annoncer aux coins des
rues de la localité, et chacun le sait, le
mur des hôtels de ville d'Ypres et de la
plupart des cités de notre pays, étalent un
beau programme concernant notre ker
messe. Quelle joyeuse kermesse; quel dé
licieux programme! l'étranger ne l'aura
vu sans tressaillir; rien qu'à sa lecture
tous les amateurs de spectacles et de jeux
divertissants feront leur malle, et remplip
ront leurs bourses d'écus l'effet de passer
une huitaine Ypres. Bravo! Bravo! Mes
sieurs les hôteliers, les cabaretiers, les
boulangers, les charcutiers, garnissez vos
caves, vos boutiques; faites provisions.....
de patience et de toutes sortes de pâtées
endurantes; Dimanche prochain nous cé
lébrons la Tuyndag, un programme
l'annonce, et jugez en par ce même pro
gramme, la ville regorgera de visiteurs, et
de curieux.
Parmi les réjouissances que publie l'af
fiche,réjouissances qui certes vaudront
présent ou jamais ceux qui les ont dé
crétées le titre glorieux d'enfants de la ville
d'Ypres, nous devons citer en première
ligne le jeu de Cartes qui entre autres sin
gularités aura sans doute celle de voir
réunis beaucoup de dames de Trèfles et
de valets de Piques.
Le jeu des Ciseaux, attirera comme de
coutume la noblesse du populeux quartier
de S1 Pierre.
Les jeux de Bague et du Seau amuseront
les étrangers venus ces spectacles de 50
lieues la ronde.
Le Blanc ou le Noir et le tir la Sarba
cane sont également dignes de figurer sur
notre programme. Espérons qu'une es
trade sera dressée sur la Place afin que
les curieux puissent se divertir leur aise.
Espérons encore que le fameux Milord,
pour rehausser la fête voudra bien faire
une course d'honneur sur le cheval tour
niquet pour lequel on le dit vouer une
sympathie particulière.
A l'énumération de ces divertissements,
il est superflu de dire que la Tuyndag,
sera pour Ypres une brillante fête! Avec
quelques économies opérées sur les 18,850
francs que la régence accorde au collège
communal et quelque ménagement dans
les dépenses qu'ont entrainées l'école com
munale, et l'embellissement de la Salle de
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ou s'abonne Ypres, rue de Lille, io, près la Giande
Place, et chei les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'IMIIEMEIIT, par trtriientre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° a5.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligne).
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