JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. 9 «o 3436. 34me année 7?;.ÎS, 4 Septembue. LOUIS-PHILIPPE En face du trépas les inimitiés, les récriminations doivent se taire; défaut de regrets un respectueux silence doit seul régner autour d'un cercueil. Ainsi en est-il pour le commun des hommes; mais il est des noms qui appartiennent l'his toire, des noms personnifiant tout un sys tème. Louis-Philippe a présidé, pendant près de dix-huit ans, au sort d'un grand royaume. En lui semblaient s eu e incarnés les principes du libéralisme doctrinaire; el la révolution de février en reuversant son trône n'a fait que démontrer le néant d'une creuse théorie. Lorsqu'en juillet 1850 la bourgeoisie pa risienne saisie du vertige du libéralisme eut follement renversé le trône de S' Louis, les esprits étaient loin d'être mûrs pour la république. Vainement le parti doctrinaire s'étail-il efforcé de pousser la restauration des concessions qui l'eussent rapidement minée en préparaul les voies aux utopies révolutionnaires; il s'aperçut bientôt que les Bourbons n'étaient guère disposés donner dans ce funeste panneau. Dès lors il eut recours la force ouverte, el les la ineuses ordonnances de juillet ne furent que le signal d'une explosion depuis long temps combinée. Ces faits ne sont plus un mystère pour personne. Les meneurs avaient soulevé le peuple au nom de la liberté et le peuple s'était laissé prendre cette amorce grossière. Mais au jour de la victoire, le pseudo-libé ralisme songea mettre son rêve en pra tique, c'est dire s'emparer du pouvoir, livrer les postes les plus lucratifs ses créatures, détourner les réclamations po pulaires en vociférant contre le clérical et en livrant en pâture la foule indignement abusée tout ce que le culte et la religion ont de plus intime et de plus connexe. Le duc d'Orléans prêta son nom et sa pro fonde politique aux calculs intéressés du libéralisme. Sous son règne l'on veillât avec une admirable vigilance ce que la religion catholique n'empiétât en France sur le yoltairianisme, en Algérie sur le inahométisme. L'on sacrifiât des ran cunes surannées la liberté de l'enseigne ment formellement garantie par la charte, et ce pouvoir que sapaient de toute part les sectes les plus antisociales, semblait ne tenir dans ses mains le glaive de la justice que pour en frapper ceux-là seuls qui auraient pu le sauver. Aussi les idées subversives poussaient-elles de profondes racines sur le sol français, lorsque la révolution de février (coup providentiel puisqu'il fit avorter l'amère fruit de la révolte avant qu'il eut mûri) vint sillonner d'un éclair sinistre le gouffre immense où l'on courait grands pas s'engloutir. La nation ennivrée jusqu'alors d'orgueil et d'incrédulité se réveilla de son hallucina tion comme d'un long sommeil; car elle avait vu, pareille ce roi de Babylone, dans l'orgie du festin, une main vengeresse tracer de prophétiques caractères: Marie (vos jours sont comptés), Ihecel (vous avez été pesé et trouvé trop léger), Pharès (votre royaume a été divisé entre vos ennemis).... Loin de nous de confondre l'homme privé avec l'homme politique; loin de nous de suspecter dans les actes de l'ex-roi la droiture d'intention; mais les actes en eux- mêmes, nous avons droit les juger. De puis qu'une politique nouvelle préside aux destinées de notre patrie; depuis qu'on s'efforce de nous entraîner dans les mêmes errements, qui pour la France constitu tionnelle ont abouti la république, il nous appartient de peser ce système en celui qui l'a représenté. En effet, que d'intimes rapports entre la politique qui, au 12 août, s'est assise chez nous au timon des affaires, el celle qui gouverna la France sous l'influence des hommes dè'juillel. Nos libéralisles, il est vrai, pour arriver au pouvoir n'ont pas du recourir une révolution les élections de 47 les y ont installés; mais eussent-ils bien reculé devant ce moyen extrême ces gens qui clans leurs organes osèrent parler d'abattre révolulionnairemenl la constitution Ainsi que les hommes du gouvernement de Louis-Philippe, le libéralisme ministé riel n'aperçoit de péril pour la société que dans l'influence religieuse. Comme eux, il tend au monopole de l'enseignement el ne sait transiger qu'avec les exigences anti- ealholiques. Comme eux, pour détourner l'attention publique de ses. lendanèes des potiques, il simule de feintes terreurs l'endroit du clergé et entretient dans les esprits une inquiétude aussi injuste que ridicule. Puisse au moins le parallèle ne pas s'étendre davantage; puissent les mê mes doctrines ne pas entraîner les mêmes conséquences. YÉIllTÉ ET JUSTICE. Oïl s'aboiiue Y près, rue de Lille, io, près la Giande Place, el chez les Percepteurs des Postes du P.Oyaume. PRIY m: L'ARO^HT.NEST, par trimestre, Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° 25. Le Propagateur paraît lë S IMKIII et le HIFJICRRDI de chaque semaine (insertions 19 centimes la ligne). ET SA POMTIQHE. Ah souvenez-vous donc d'hier Mgr. l'archevêque de Paris vient de publier un mandement pour la promulgation du décret du dernier concile de Paris touchant les écrivains qui traitent des matières ecclésiastiques, ce mandement se termine par les dispositions suivantes Art. i°r. Le décret du concile de Paris de 1849 touchant les écrivains qui traitent des ma tières ecclésiastiques, promulgué par nous aujour d'hui est et demeure obligatoire pour tous les fidèles, clercs ou laïques, de notre diocèse. Art. 2. Nous confirmons dans tontes ses attri butions la commission pour l'examen des livres établie par notre vénérable prédécesseur et recon stituée par nous. Art. 5. Tout écrivain ecclésiastique, vivant sous notre juridiction, qui publiera un livre ou un écrit quelconque,exposant docirinalement un point de la foi, ou traitant des autres matières prévues par le décret précité, sans l'avoir préalablement soumis notre commission, moins qu'il n'ait obtenu de nous une dispense spéciale a ce sujet, sera, suivant la diversité des cas et du rang qu'il occupera dans la hiérarchie, ou réprimandé, soit en particulier, soit publiquement, ou frappé des cen sures de l'Église. Art. 4. Si quelqu'un croit découvrir dans les livres ou écrits déjà approuvés des passages répré- hensibles et qui auraient pu échapper l'attention ou la censure de la commission, nous lui en joignons, pour sauvegarder les droits de l'ordinaire, et comme l'exige le respect dû l'autorité, de nous les signaler, nous et non au public, afin que nous puissions ordonner, s'il y a lieu, un nouvel examen et une correction plus sévère. Art. 5. 11 est enjoint aux écrivains laïques de se conformer aux prescriptions dudit décret tou chant le respect et la soumission dus l'autorité de l'ordinaire, en ce qui regarde la publication des écrits en matières ecclésiastiques. Art. 6. A défaut par eux de respecter cette autorité et de s'y soumettre, après les avertissements préalables, ils seront frappés des peines canoniques. Art. 7. Nous recommandons particulièrement aux fidèles de ne pas oublier que ce n'est point, aux termes mèines du décret, dans des écrits particulier, périodiques ou non périodiques, qu'ils connaîtront l'esprit, la doctrine et le gou- veruemeui de l Égiise, mais seulement par les actes, les documens el les décrets authentiques du Saint Siège et des évêqnes. m S. S. Pie IX vient d'envoyer l'évêque de Ri- tnini un bref par lequel il est accordé celui ci d'offiir au nom et avec la faculté do Saint Père, une couronne d'orà l'image de la liés Sainte-Vierge honorée Rimini sous le titre de mère de miséri corde. Ce même bref accorde aux conditions ordi naires une indulgence plénière et la rémission de tous les péchés ceux qui visiteront dévotement la Sainte-Vierge le jour où cette couronne lui seTa offert ou pendant la quinzaine suivante. On lit dans le Courrier de Louvain: L'affaire concernant les scènes de désordre qui ont eu lieu Louvain le 26 juin, est terminée. Le tribunal correctionnel de celte ville dans son audience du 3t août a condamné: Les sieurs Wets, commis de négociant, 'a deux mois de prison, 16 francs d'amende et aux frais Ronsmans, garçon tailleur, un mois de prison, 16 francs d'amende et aux frais; Berger, commis de négociant, 20 francs d'amende. Les sieurs Evrard, Robyns, Mommaels, Htty- gens et Letnmens, ont été acquittés. Au moment de mettre sous presse, on nous as sure que le ministère public a interjeté appel de ce jugement. La chambre du conseil, par ordonnance ren due le 23 août 18Û0, a renvoyé devant le tribunal correctionnel de Louvain, pour les désordres qui ont eu lieu Diesl propos des élections et des mauvais traitements exercés contre M. Havermans, rédacteur du Demerbode, les sieurs Jean-André Vauorhoveus, nég1 Charles Dewinter, impi imeiir; Jean-Louis Dewinter, écrivain; Adrien-Joseph- Eugène Cools, étudiant; Pierre-Emmanuel Vari- baesendonck, Loucher.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1850 | | pagina 1