NOUVELLES DIVERSES.
On écrit de Gand, le 9: a Hier, M.
Green a fait sa seconde ascension. Malgré
l'incertitude du temps un public nombreux
s'était rendu au Casino pour assister ce
spectacle émouvant. Au dehors, la foule
inondait la Coupure, les remparts, la plaine
du Casino, et toutes les rues environnantes.
M. Green est parti du Casino cinq heures
et demie du soir; il ne devait être accom
pagné que de MM. Colson-Verslraele et
Edouard Duchaussois, concierge de la So
ciété, mais au moment du départ, M. Green
ayant invité M. de Hemptinne, qui se trou
vait parmi les spectateurs, prendre place
dans la nacelle, celui-ci s'est rendu cette
courtoise invitation. Puis le ballon s'est
élevé avec beaucoup de rapidité, et est
resté eu vue pendant plus d'une demi-
heure.
A 6 heures 3/4, il planait majestueu
sement entre Ellezelle et Renaix, une
hauteur d'environ 3 mille mètres. Là M.
Green, après avoir demandé ses com
pagnons s'ils étaient satisfaits du voyage,
a opéré sa descente dans des prairies si
tuées près d'Ellezelles et appartenant M.
l'avocat Van den Fias, de Gand.
Descendu quelques centaines de pieds
du sol, le célèbre aéronaule a jeté sa corde,
que les campagnards et les habitants de
Kenaix, accourus la vue du ballon, se
sont empressés de saisir. Quelques mi
nutes après, les voyageurs touchaient
terre. Conduits Kenaix, où un souper
fut improvisé, ils restèrent dans celle ville
jusqu'à minuit, puis revinrent Gand dans
une diligence. Ils sont arrivés ici 5 1/2
heures du malin.
Dès hier soir une lettre était arrivée
au Casino, annonçant le passage du ballon
au-dessus d'Audenarde.
Le Musée de Londres vient de rece
voir les tableaux et dessins achetés la
vente du Roi de Hollande. Parmi ces nou
velles acquisitionson cite avant tout un
tableau circulaire de Pérugin, représentant
une madone tenant sur ses genoux l'Enfant
Jésus, et ayant près d'elle deux anges et
deux figures symboliques. Ce tableau a été
payé 53,000 fr. On remarque ensuite un
tableau de Rubens, peint sur panneau
d'acajou, peut-être le plus beau portrait
qu'ait fait ce maître; il représente le baron
de Wick, ambassadeur de Hollande, il a
été acheté 15,000 fr. On exposera inces
samment, en même temps que ces deux
chefs-d'œuvre, une série de dessins des
plus grands maîtres six Raphaël, trois
Michel-Ange, quatre André del Sarle, dont
un double; un Léonard de Vinci et deux
Fra Bartholomeo. Ces ouvrages provien
nent également de la vente du Roi Guil
laume.
FRANCE. Paris, 8 septembre.
Un arrêté royal accorde au sieur E. De Ryc-
kere, fabricant de poterie, domicilié a Courtrai, un
brevet de perfectionnement de dix années pour uu
filtre perfectionné.
Uu journal annonce que le nom de M. Cbarles
Rogier vieut d'être dcmné a une locomotive belge,
construite d'après uu nouveau système.
Nous apprenons que le général Haiuau, ac
compagné de ses aides-de-camp, a traversé hier la
ville de Verviers, retournant en Allemagne. L'ex-
gouverneur de la Hongrie était en habit de ville.
11 paraissait souffrant. Journde Brux.)
Un service régulier de messageries vient
d'être établi entre Namur et Cbâtelet pour la durée
de l'interruption des communications par le chemin
de fer. Le départ de Châtelet aura lieu quatre
heures et demie du matin avec retour a deux heu
res et demie de relevée.
Les prix des transports sont fixés pour les per
sonnes a 5o centimes par lieue parcourue, pour les
marchandises 3 fr. par too kilogrammes et pour
les espèces i 172 parmille.
Contrairement ce qu'ont annoncé les jour
naux hollandais, le Journal du Limbourg assure
que les eaux arrivées dans le canal de Maestricht a
Liège jusqu'à la hauteur nécessaire pour la navi
gation, il est probable que cette nouvelle voie de
communication sera incessamment livrée au com
merce. Du 20 au 25 de ce mois, la navigation serait
ouverte sur ce canal sans aucune solennité.
Les nouvelles de la foire d'autome de Franc
fort sont très-favorables. Les articles manufacturés,
notamment, se vendent mieux que dans aucune des
dernières années. Le commerce des cuirs est très-
actif; les articles de Mahnédy et de Luxembourg
étaient vendus presqu'en totalité avant le com
mencement de la foire et avec une hausse de trois
thalers par cenlner sur les prix de l'année dernière.
O11 écrit d'Avignon Dans quinze jours
peine, nous avons eu le bonheur de voir dans nos
murs deux enfants de la Grande Bretagne renoncer
aux erreurs du protestantisme et entrer dans le ber
cail de la sainte Eglise catholique, apostolique et
romaiue.
Le t5 août, Miss Jenny-Maria Pitts, épouse
du comte espagnol de la Huerta, a fait abjuration
daus l'église des Dames du Sacré-Cœur, dont le
ciel s'était servi pour être les instruments de sa
conversion; M. et Mm° Pierron lui ont servi de
parrain et de marraine.
C'est assurément uu beau spectacle que le re
tour la vérité d'une personne qui ne connaissait
que l'erreur. Mais il est bien plus beau eucore,
quand un homme dont la position est relevée par
la science et les talents, un homme envoyé pour
fonder une église de sa secte, uu homme pour qui
son ministère, au point de vue humain, devait de-
venir la source d'une fortune brillante, renonce
toutes ces espérances, se voue en quelque sorte
la pauvreté, afin de suivre la voix de Dieu, et,
comme un autre Saul, éclairé par la lumière d'en
haut, ne demande plus qu'à connaître la volonté
divine sur lui.
Le docteur Simon-John Boyhmie, ministre
presbytérieu de l'Uuiversité d'Edimbourg, avait
été député pour travailler faire des prosélytes
dans le midi de la Frauce et fonder une église
Marseille. Son profond savoir et ses talents incon
testables l'avaient fait choisir pour cette mission,
laquelle on avait attaché un traitement de deux
raille livres sterling (5o,000 francs environ). Tout
semblait promettre un succès assuré: le Ciel en
avait ordonné autrement. A peine arrivé Mar
seille, M. Boyhmie sent l'influence du catholi
cisme; ses doutes, qui s'élèvent de jour en jour
plus pressants, le portent s'adresser un prêtre
catholique, le R. P. Ferrand. A celte âme droite et
élevée, ces rapports firent luire bientôt la vérité.
11 part pour Avignon, où, après quelques semaines
passées dans le silence et la retraite, il a fait abju
ration solennelle de ses erreurs entre les mains de
Mgr. l'Archevêque.
Le 3t juillet dernier, fête de Saint-Ignace,
cette cérémonie eut lieu dans la chapelle des Jé
suites de la rue Saint-Marc, trop étroite ce jour-là
pour contenir la foule qui se pressait autour de sa
modeste enceinte. Mgr. Debelay administra le sa
crement, de baptême M Boyhmie, que lui pré
sentaient le parrain, M. de Saiut-Coux, et la mar
raine, Mm° de Jonc, née des Isnards; et après lui
avoir adressé, au milieu de l'émotion générale, une
allocution admirable de pensées et de sentiments,
le prélat l'admit la table sainte et lui conféra le
sacrement de confirmation.
M. Boyhmie vient de partir pour Londres: il
va entrer chez les RR. PP. de l'Oratoiie, et s'y
préparer l'apostolat catholique, sous la direction
du R. D. Newman.
On éct it de Rome, que le vieux général Zuc-
cbisera vraisemblablement appelé de hautes fonc
tions; il contiuue de recevoir sa maison de cam
pagne beaucoup d'officiers de l'armée pontificale.
Suivant des lettres de Varsovie, le Czar et la
Czariue sont attendus dans celte ville. Cette der
nière, suivant le conseil de ses médecins, passera
l'hiver dans un pays méridional, peut-être Venise.
chronique judiciaire.
La cour de cassation a, dans son audience du 6,
rejeté les pourvois suivants:
i° De Ë.-A. Paul,homme de lettres Bruxelles,
âgé de 4i ans, condamné par arrêt de la cour d'as
sises du Brabant, en date du 20 juillet i85o, 5
années de travaux forcés, l'exposition et une
amende de 100 fr. pour faux en écriture de com
merce commis en 1847
20 De J.-J. Bertrand âgé de 21 ans, employé,
né Houtain-St-Siméon et demeurant Ixelles,
condamné, par arrêt de la même cour, en date du
22 juillet, 7 années de réclusion et too fr. d'a
mende, comme coupable d'avoir en i85o fabriqué
frauduleusement un mandat de 8,700 fr.
nowr
détail sur l'attentat
contre le général haynau du 4.
Hier vers midi, trois étrangers, dont l'un fort
âgé portant de longues moustaches, se présentèrent
la brasserie de MM. Barclay et Compagnie, de
mandant visiter l'établissement ou les pria, selon
la coutume de signer sur le registre, après quoi ils
traversèrent la cour, accompagnés d'un des commis.
En regardant le registre, un employé lut le nom du
général Haynau. Au bout de deux minutes, toute
la brasserie savait le nom du visiteur et avant que
le général et ses compagnons eussent traversé la
cour, les ouvriers sortirent des bâtiments armés de
balais et de projectiles, criant: A bas le bourreau
de la Hongrie et autres paroles peu flatteuses pour
le visiteur.
Bientôt le général fut couvert de boue; quel
ques individus même firent mine de s'élancer sur
lui. Haynau effrayé se sauva dans la rue, où les ou
vriers le suivirent brandissant leurs armes et con
tinuant leurs exclamations menaçantes. Le général
courut toutes jambes le long de Bandsike jus
qu'à la place Sl-Georges, où il se jeta dans une
porte ouverte par hasard, monta l'escalier et arriva
dans une chambre, où la maîtresse de la maison,
miss Benfield, fut fort étonnée de le voir entrer. Il
lui apprit son nom et le motif de sa visite inat
tendue.
La populace furieuse s'élança après lui, criant
qu elle allait en finir avec le boucher autrichien.
Heureusement pour le général, ja maison avait une
foule de portes intérieures et il put se sauver de
chambre en chambre, échappant ainsi la rage des
assiégeants. La foule grossissait toujours et Mm*
Benfield, saisie de terreur, envoya chercher la po
lice de Southwark, qui dissipa avec peine les ras
semblements, et fit sortir le général de la maison.
Une barque de la police se trouvait amarrée au
quai, llayuau y descendit et fut conduit Somerset-
House escorté par les menaces furieuses de la foule.
MM. Barclay sont indignés de la conduite de leurs
ouvriers et vont ouvrir une enquête sur la source
de ces violences.
Ces détails sont emprunlésau Globe. L'Express
en donne de plus complets. D'après ce journal on
jeta la tête du général des bottes de paille, on lui
eufonça son chapeau sur les yeux, on lui arracha
ses habits, on lui arracha sa barbe, tout cela dans
la cour de la brasserie.
Les deux compagnons du général étaient un
aide-de-camp et un interprète. Il avait présenté
une lettre d'introduction du baron Rotscbild, qui
le désignait comme un ami.
Aussitôt après la mort de Louis-Philippe une
estafette a été expédiée de Claremont en Espagne
pour faire connaître ce douloureux événemeut au
duc et la duchesse de Montpensier. On croit que
le duc va se rendre immédiatement en Angleterre
pour conférer avec les autres membres de sa fa
mille sur la situation politique du parti orléaniste.
Le mardi 3 septembre, la ville de Sens a vu
commencer dans son église métropolitaine une de
ces cérémonies religieuses qui laissent un long sou
venir dans la mémoire des populations c'était l'ou
verture du concile provincial.