JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
J\o 3440.
7PS.ES, 18 Septembre.
34me année.
OU ALLONS NOTSr
Lorsque, il y a bientôt trois années, la
France cédant aux mouvements révolu
tionnaires qu'imprimèrent la presse et les
conciliabules politiques se livra aux rudes
étreintes de l'anarchie et de la guerre ci
vile; lorsque l'Italie séduite parles menées
démagogiques répudia le sceptre paternel
de l'immortel Pie IX, pour se courber sous
le joug pesant et inlàme des Mazzini et des
Garibaldi; lorsque en un mot, l'Europe en
tière ébranlée, convulsive se souleva et
faillit disparaître sous les flots de sang de
son peuple fratricide, il fut une nation qui,
sourde aux mauvais instincts, aux passions
remuantes, conserva son jeune trône intact
et l'ennoblit d'une nouvelle auréole de
spleudeur et de gloire: celte nation, l'his
toire déjà la nomme avec orgueil aux gé
nérations naissantes, c'est la Belgique notre
chère et belle patrie.
On le sait: témoins de la conduite calme
et paciiique des populations Belges au mi
lieu de l'effervescence et de l'agitation; en
présence de l'indignation et du patriotisme
qui accueillirent les appels la révolte et
les provocations au rébellion qui nous fu
rent adressés d'audelà de nos frontières,
les rois comme les peuples, les Étals com
me les particuliers tout en admirant notre
altitude héroïque se plurent demander
quelle est en Belgique celte force bienfai
sante, cette influence lulélaire qui rend les
sujets de Léopold inaccessible tout crime
politique toute tentative régicide, tout
complot séditieux.
Heureuse Belgique! dis-le donc, quelle
est-elle cette main sage qui t'a conduite
saine et sauve au milieu des dangers de
l'époque; quel est ce pilote aux regards
sûrs qui a su mener ton beau vaisseau au
milieu des écueils, sans l'exposer au nau
frage; quelle est cette voix éloquente qui
n'a cessé de dire au peuple assourdi par
les clameurs révolutionnaires des nations
voisines: tu chériras ton Roi; tu veil
leras au maintien de son trône; tu gar
deras les nobles libertés, et lu mourras
sur le champ d'honneur plutôt que de per
mettre que l'étranger franchisse tes fron
tières et mette une main sacrilège sur ton
arche constitutionnelle.
Envieux de notre situation, les divers
Etats de l'Europe par la bouche de leurs cé
lébrités politiques en étudiant nos mœurs,
nos lois, notre caractère ont reconnu dans
leur impartialité et leur sagesse, que le
mal, la plaie générale du siècle c'est l'affai
blissement des croyances religieuses, c'est
le déclin de l'influence morale sur l'esprit
et le cœur des masses. L'ex-ministre M.
Thiers, ce champion du vieux libéralisme
qui a perdu la France, reniant son passé,
et déposant ses principes d'antagonisme
contre la religion et ses ministres en ap
pelle aux prêtres aujourd'hui pour mettre
une digue suffisante contre les déborde
ments de l'époque; Guizot, le protestant
Guizot en déplorant le malaise immense
qui travaille la société s'écrie: la religion
la religion! c'est le seul moyen de tirer le
monde du chaos où il se trouve plongé!
A ces cris témoignages imposants d'autres
voix éloquentes et persuasives sont venues
se joindre. Donozo Corlès du fond de l'Es
pagne; Pie IX du haut de sa chaire apos
tolique appellent l'attention des gouverne
ments sur la nécessité d'étendre l'action
religieuse dans toutes les veines sociales.
Dernièrement encore, après les Molé, les
Montalembert, les Kératry; H. de Salvandy
dans uu discours remarquable qu'il vient
de prononcer l'Académie française est
venu rendre hommage aux bienfaits que
répand la religion sur la société, et l'iin-
perieuse nécessité qu'il y a pour les peuples
de se jeter dans les bras de la loi divine
lorsqu'il proclame: qu'il est des principes
sociaux en dehors desquels on campe, mais
ou ne bâtit point: nous saurons nous y
attacher vaincre en nous mêmes les pas
sions et les préjugés que nous combattons
dans ce qui est audessous de nous; recher
cher en tout le bon et l'honnête comme
les sauvegardes de la société menacée,
vouloir l'empire de la loi morale pour la
première des familles françaises comme
pour la dernière.
Telles sont les maximes que les hommes
les plus honorés de l'Europe ont puisé dans
les événements qui viennent de s'accom
plir; telles sont les leçons que les noms
les plus illustres ont tiré des sentiments
manifestés par les Belges, pendant les der
nières révolutions, que tous sont d'accord
reconnaître que l'autorité morale, les
principes religieux qui forment la base
essentielle du caractère de nos masses
sont l'unique ancre de salut laquelle nous
devons de n'avoir point souffert de la tem
pête, puisque tous ils constatent que c'est
eu rendant l'élément religieux plus actif,
que la société peut nourrir l'espoir de voir
surgir uu avenir moins contagieux etmoins
fécond en calamités.
En faisant cet aveu sont ils dans l'illu
sion ces sommités politiques de la France
et de l'Europe entière. Nous ne le croyons
point et même, adhérant totalement leur
manière de voir nous n'avons point at
tendu l'époque de crise sociale qui se dé
roule, pour reconnaître l'immense pouvoir,
la bienfaisante influence que la religion
exerce sur les destinées d'un peuple.
Malheureusement cette vérité reconnue
et sentie n'entre point dans le cœur de
ceux qui, plus que tous autres devraient
la reconnaître. Peut-on se l'expliquer!
chez nous, en Belgique où la croix res
pectée et honorée du peuple a seule dé
tourné l'orage, les hommes d'État par la
voie dè leurs organes s'arrogent eux,
sectaires du libéralisme l'honneur et la
gloire d'avoir sauvé l'ordre et la paix, et
refusent d'accorder ce pouvoir qui nous
devons tout bien, la part que tous les peu
ples lui assignent, et le respect dont ils
l'entourent l'envi.
Bien autrement, c'est la douleur dans
l'âme que nous nous devons le dire, loin
de mettre la religion au rang qu'elle mé
rite, loin de reconnaître en elle la bien
faitrice du monde social, loin de montrer
au prêtre sa reconnaissance pour les vertus
civiques et morales qu'ils ont su inculquer
aux citoyens de tout rang de toute classe,
le pouvoir, issu des efforts combinés des
franc-maçons et des clubistes de toute es
pèce, s'est armé d'une injuste défiance
envers l'église; sous prétexte d'affranchir
l'autorité civile de l'iuiluence religieuse on
suscite aux membres du clergé toutes sor
tes de tracasseries; on crée des embarras
la sœur hospitalière, dont les barbares
mêmes admirent le dévouement et la cha
rité; on moleste les congrégations religieu
ses de manière lasser leur abnégation
philantrophique, si la charité chrétienne
n'attendait du ciel seul sa récompense.
Ce n'est pas lout;.méconnaiSsant les ser
vices éminents rendus par le corps ecclé
siastique en matière d'éducation de la
jeunesse, on lui ravit sa part légitime dans
l'instruction publique, et par une loi vexa-
toire, liberticide, anti-nationale on établit
une lutte de mort entre les établissements
de l'Etat et les institutions privées et cela
en dépit de la volonté publique, et de la
gêne du trésor.
Un tel état de choses sans doute est dé
plorable; partout la société fait un retour
vers les idées religieuses; partout on fait
appel au concours du prêtre dans l'œuvre
de la formation de la jeunesse, et en Bel
gique seul où le pouvoir est tombé dans
les mains clubistes on inaugure un système
de gouvernement réactionnaire contre le
sacerdoce; la peur du prêtre surnage dans
les mesures politiques, et les préoccupa
tions du clérical et du libéral viennent met
tre obstacle aux convictions, et la sagesse
de l'homme d'État, dans l'organisation des
lois et dans l'interprétation de la législation
existante.
Une telle politique où va-t-elle nous con
duire? La France, l'Italie, l'Allemagne qui
ont suivi la même route que tracent chez
nous les sectaires des clubs, sont là qui
nous le montrent. Les hommes qui tien
nent en main les rênes desaffaires songent-
ils aux conséquences de leurs maximes:
la peute où ils nous mènent conduit l'a
bîme. II est plus que temps de s'y arrêter.
Qu'ils y réfléchissent, et consultant les en
seignements du passé et du présent qu'ils
pourvoient une bonne fois aux besoins
réels de l'époque!
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE U'AKO.VVE.HEXT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° 25.
Ce Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne).