JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. N° 3444. 34me année VÉRITÉ ET JUSTICE, 7PP.SS, 2 OcTOliKE. Voici ce qu'on lit dans la Nation, feuille assez peu cléricalecomme on sait LA POLITIQUE NOUVELLE JUGÉE PAR DES BELGES. C'est un grand malheur que d'avoir raison trop tôt, et le rôle de prophète a ses désagréments. Pendant deux ans nous avons été a peu près seul pour combattre cette politique vantarde, mesquine et égoïste dont M. Rogier est le père. Pendant deux ans nous avons dévoilé impitoya blement toutes les petites passions de cette coterie qui siège au pouvoir et gaspille le budget pour soutenir l'enthousiasme de ses laquais de plume. Aujourd'hui la lumière s'est faite, et il ne reste plus devant les autels désertés de M. Rogier, qua quelques Gascons faméliques qui l'asphyxient de la poix-résine de leur style d'huissier priseur. Daus l'article suivant, la Nation apprécie fort justement cette politique qui s'entoure de médio crités pour rehausser la vulgarité de ses patrons: Les événements de février avaient (ait sentir la nécessité de la conciliationde l'oubli des ran cunes et des irritations; les élections de i848 étaient un terrain sur lequel tous les partis auraient dû être appelés h la conciliation. - Eh bien! elles ont été dirigées, exploités dans un sens diamétra lement opposé pour les conseils communaux et provinciaux et pour les chambres. - Partout l'in tolérance politique et les passions haineuses les plus mesquines se sont montrées, escortées de tou tes les médiocrités ambitieuses qu'on a ameutées contre les capacités et les vertus civiques les plus incontestables. Il y aurait des volumes h écrire sur ces saturnales électorales. Je ne parlerai pas de ce qu'on appelle le parti avancé, républicain, radical, etc. Je m'ar rête au parti catholique et ne cite qu'un seul fait; il suffira pour mettre en lumière le grand génie qui les a dirigées M. Malou est, sans contredit, une capacité hors ligne et un citoyen dévoué h son pays. Son passage au ministère des finances a été marqué par des travaux utiles; il y a laissé des regrets et des souvenirs honorables. Ses travaux parlementaires attestent son savoir, son expérience et son civisme. Eh bienM. Malou a succombé sur le terrain qui aurait dû être celui de la conciliation des intriguesadministratives l'ont exclu de la chambre? Et pourquoi? - Parce qu'il appartient au parti catholique; parce qu'il est jésuite! voilà le motif ou plutôt le prétexte apparent. - Le motif véri table, c'est que ses capacités portaient ombrage aux jésuites politiques, plus dangereux peut-être, sous leur masque doctrinaire, que ceux dont on nous fait si grande peur. On peut ne pas partager toutes les opinions de M. Malou, comme on peut ne pas partager toutes les opinions d'un royaliste, d'un républicain, d'un juif ou d'un protestant. - On peut même, h mérite égalpréférer tel ou tel citoyen h M. Malou et h tous les hommes qu'on a exclus systématiquement; mais exclure des capacités bien constatées, c'est, dans tous les pays, une grande faute; car les ca pacités sont rares partout. Les exclure en Bel gique, ce n'est pas seulement une grande faute, c'est presque un crime politique; car notre jèune nationalité n'a pas eu le temps de produire beau coup d'hommes d'État. Quel a été le résultat des exclusions de i848? - Elles ont augmenté les irritations, envenimé les rancunes; - elles ont provoqué des réactions qui en i85o, ont condamné les exclusions de 1848 et menacé les exclusifs de la peine du talion Les prétendus modérés ont été jugés par leurs œuvres en Belgique comme en France. Oui, en Belgique comme en France, et peut-être plus qu'en F'rance, les hommes sérieux, les hommes de sens s'aperçoivent enfin qu'ils ont été dupes de quelques jongleurs politiques. - Ils sont fatigués de jouer le rôle de Raton au profit de quelques ambitieux. La Belgique ne veut plus de ces fanfarons en promesses, toujours impuissants a les réaliser. Elle ne veut plus de cette politique qui ne se ré vèle que par des fanfares et des-coups de grosse caisse. La Belgique déteste le bruit et veut des réalités. En un mot, elle veut la liberté en tout et pour tous; elle veut un gouvernement bon mar ché. Elle a fait, en i83o, une révolution pour conquérir l'un et l'autre elle a compris enfin que, pour conserver sa conquête, elle doit administrer par elle-mêmepar elle seule; elle ue veut plus confier ses destinées h des étrangers; elle leur a déclaré la guerre; elle la continuera avec persé vérance, jusqu'à ce qu'ils tombent de la position qu'ils ont usurpée. Les fêtes de Bruges ont commencé le 29 sep tembre. A 10 heures 1/2 le Roi était attendu dans cette ville. L'état-major de la garde civique, toutes les autorités, les corps constitués, les professeurs des différentes écoles, les coufréries, Mgr. l'évêque et le clergé, se trouvaient réunis au débarcadère au milieu d'une foule immense. S. M. le RoiLL. AA. RR. le duc de Brabant et le comte de Flandre, MM. Van Hoorebeke, ministre des travaux publics; Brialmont, ministre de la guerre; le général de Cruquenbourg, aide- de-camp; M. le lieutenant-colonel Vandenburgh, officier d'ordonnance du Roi; M. de Jaegher, gou verneur de la Flandre orientale, M. Masui, direc teur-général de l'administration des chemins de fer; M. Bellefroid, chef de la division de l'agri culture au département de l'intérieur, et M. Bivort, chef du cabinet du ministre de l'intérieur sont arrivés avec le convoi royal. Le Roi était en uniforme de lieutenant-général; le duc de Brabant portait la tenue de son arme. M. le baron de Pélichy Van Huerne, bourgmes tre de Bruges, s'est adressé au Roi et au prince dans les termes suivants Sire, Altesse royale! soyez les bienvenus! Organe, Sire, du conseil communal et des ha bitants de notre ville de Bruges, je viens vous té moigner leur vive reconnaissance de l'insigne fa veur dont V. M. nous honore aujourd'hui, vous présenter leurs respectueux hommages et le senti ment de leur entier dévouement. Sire ce jour fera époque dans notre histoire et nous eu ferons passer le souvenir nos neveux. Il nous rappelle avec bonheur celui où notre ville fut heureuse d'être une des premières que V. M. visita lorsque par le sacrifice de son repos elle vint si généreusement prendre en main les destinées de notre chère patrie. Daignez en recevoir les vifs et profonds remer ciements et entrer dans votre cité l'instar du père de famille s'associant la joie de ses enfauts. S. M. est alors sortie de la station et le cortège s'est formé dans l'ordre suivant Un piquet de gendarmerie,un escadron de cuirassiers, les diverses sociétés et confréries, drapeaux et musique en tête, la voiture du Roi, vingt voitures contenant les Ministres et les autorités; un escadron de cuiras siers fermait la marche. Des acclamations enthou siastes ont accueilli S. M. sur tout le parcours de la station l'hôtel du gouvernement provincialoù devait avoir lieu la réception des différents corps et des personnes présentées. Aucun discours n'a été prononcé. M. le baron de Vrière, gouverneur de la province, avait prié les personnes invitées de se ranger autour du grand salon où S. M. a passé devant elles, s'entretenant avec plusieurs, disant une parole bienveillante chacune. Le Roi s'est rendu alors pied sur la place du Bourg, où se trouvaient la garde civique comman dée par M. le major Vanderplanckeet la garnison sous les ordres de M. le général-major Pletiockx, gouverneur militaire de la province. Le plus grand enthousiasme a accueilli S. M. qui, toujours pied, a continué sa route vers l'Exposition des beaux- arts. Elle y a été reçue par M. l'abbé Carton, vice- président, et les membres de la commission. On écrit d'Ostende, le 28 septembre l'Indé pendance: Un journal de Bruges dit ce soir que les nouvelles de la santé de la Reine sont peu ras surantes; que l'on voudrait transporter l'auguste malade Bruxelles, mais que son état de faiblesse est tel que les médecins n'osent pas permettre ce transport. Il y a une grande exagération dans tout ceci. 11 est très-vrai qu'on veut attendre encore quel ques jours avant de transporter la Reine Brux elles; mais il est également et heureusement vrai qu'il y a une différence sensible en mieux entre l'état actuel de S. M. et ce qu'il était il y a quinze jours. Les symptômes les plus alarmants se sont amendés et grâces en soient rendues au Ciel, l'a mélioration est réelle. Mgr. l'Archevêque de Paris a adressé la circu laire suivante aux membres de sou clergé Paris, le 26 septembre iS5o. Messieurs et très-chers coopérateurs, Notre premier Concile provincial appelle de lui même noire premier Synode diocésain. Cette année-ci donc la retraite pastorale qui va nous réunir sera tenue en forme de synode. Cette sainte assemblée aura pour but spécial la promulgation des décrets du Concile que nous avons célébré l'an dernier. Nous y ferons aussi quelques ordonnances synodales en suite de ces décrets. Nous appelons ce Synode tous nos chers col laborateurs qui n'en seront pas légitimement em pêchés; nous y appelons spécialement MM. les chanoines et les curés. Nous n'avons pas insister sur les devoirs de l'assistance au Synode. Nous sommes certain que la voix du premier pasteur sera écoutée; il n'est jamais plus heureux qu'au sein de sa famille sacerdotale. Nous demandons nos frères et fils bien-aimés de nous apporter l'é dification, l'esprit de conseil et de charilé. C'est ainsi qu'unis dans les mêmes sentiments, ne for mant tous qu'un cœur et qu'une âme, nous pour rons, avec la grâce de Dieu, travailler efficacement notre salut et au salut des âmes qui nous sont confiées. Recevez, messieurs et chers coopérateurs, la nouvelle assurance de notre bien sincère attache ment. MARIE-DOMINIQUE AUGUSTE, Archevêque de Paris.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1850 | | pagina 1