JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3447. 34me année. 7??.S£», 12 Octobre. LES LIBÉRAL1STES ET LA. COLONNE DU CONGRÈS. LES EXPOSITIONS AGRICOLES. VÉRITÉ ET JUSTICE. Ou s'abouue Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. Pail RE L'ID«|SEHEiT, par trimestre, Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° a5. I.e Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCItEDI de chaque semaine, (insertions 13 centimes la ligne). La pensée d'élever un monument qui perpélue la mémoire du Congrès national de t83o a paru k tous les fondateurs et amis de nos libertés un projet digne de l'approbation et de l'encouragement pu blic. La colonne dont on vient de jeter la base aux dernières fêtes de septembre sera jamais un sym bole de gloire, un légitime sujet de fierté pour les hommes de notre opinion qui revient surtout l'honneur d'avoir fondé notre charte constitution nelle et d'avoir conservé intact, après une période de dix-sept années, le dépôt sacré des lois et des institutions que notre immortelle Assemblée na tionale nous a légué. Mais, si comme souvenir de l'œuvre du Congrès national le bronze qu'on érige est destiné glorifier nos amis politiques, les adhérents du cabinet actuel eux aussi, peuvent-ils trouver dans celte création historique un motif de s'enorgueillir? ou plutôt MM. Frère, Rogier, Dehaussy et leurs affiliés de la presse libéraliste, des clubs et des loges maçon niques ne trouveront-ils de quoi rougir et de se voiler la face de honte en jetant les regards sur la pyramide monumentale que la Belgique érige k ses arrière-neveux? oui ils le doivent; car la colonne élevée k l'ombre du cénotaphe des martyrs de notre indépendance, en immortalisant les noms des légis lateurs souverains qui composèrent notre Assemblée législative de i83o, transmettra aussi k nos des cendants les noms de ces hommes, qui revendiquent k eux l'honneur d'avoir érigé un monument k la Constitution, alors même qu'on les voit groupés sous le drapeau d'un parti qui afficha tout récem ment cette révoltante dévise ou la Constitution sera changée légalement ou vous serez abattus rêvoluiionnairement Non les Belges seuls de i83o les vrais fils de septembre; le parti de l'opposition d'aujourd'hui, voila les citoyens qui rayonnent sous les fleurons de gloire qui ressortent du monument qu'on vient d'élever. Évidemment ils sont des nôtres les de Gerlache, les Brabant, les Rodenbach, les Raikem, les De Mérode et tous les vieux champions de notre indépendance dont l'histoire a gravé les noms im mortels sur chacune de âes pages; ils sont des nô tres ces patriotes renommés qui votèrent nos quatre libertés fondamentales, celle de la presse, des asso ciations, des cultes et de l'enseignement; ils sont des nôtres en un mot, ces députés au civisme éprouvé, au cœur brûlant d'amour pour la religion et la patrie, qui, après dix-sept années d'adminis tration osèrent dire a leurs successeurs au pouvoir, par la bouche de Jules Malou Nous vous remet tons la Constitution intacte toutes les libertés res pectées, tous les droits maintenus. Nous vous la remettons intacte après une période de dix sept ans; puissent vos successeurs après un égal laps d'années la recevoir de vos mains telle que nous la transmettons. Oui ils sont des nôtres ces hommes, et c'est k leur honneur a leur gloire que la colonne est érigée. En vain le parti Rogier, les clubs et les journaux maçonniques révendiquent-ils une part dans l'hon neur qui découle du marbre qu'on élève. Pro moteurs de cette œuvre nationale k vous revient l'initiative d'avoir dressé l'obélisque du Congrès, mais k vous revient aussi la responsabilité des en tailles qui stigmatiseront ce grandiose monument. Assise sur la colonne, l'inflexible histoire, k la Belgique naissante, tous les jours le proclame: enfants des clubs, auxiliaires des loges, membres du congrès libéral, c'est vous, c'est votre doctrine, ce sont vos partisans, aujourd'hui dépositaires du pouvoir et organisateurs de la démonstration si flatteuse pour notre première assemblée législative, qui avez banni de la chambre, et repoussé du scrutin électoral les personnages aux principes fidèles a la Constitution; vous les avez exclu du pouvoir, des honneurs, des fonctions publiques ces hommes et vous élevez aujourd'hui un monu ment k leur gloire! Partisans du libéralisme men teur et hypocrite comment osez vous consacrer par le marbre et le bronze votre reconnaissance aux législateurs du Congrès? Comment osez vous cou vrir d'un brillant écusson les faces de l'obélisque qui figurent nos libertés? Quoi, vous créez un mo nument k la liberté de l'association et ne sont-ce pas vos Dehaussy qui inventèrent k l'égard des associations hospitalières ce système tracassier qui ruine leur action bienfaisante en les spoliant de leurs propriétés et en leur imposant des conditions qui rendent leur existence impossible? Vous ins crivez sur la colonue en lettres d'or la liberté de l'enseignement et la loi sur l'enseignement moyen de i85o, la loi sur le Jury d'examen, la loi sur les bourses d'études ne tendent-elles pas k miner la liberté de l'instruction, k annihiler l'action de l'in fluence religieuse daus les asiles du jeune âge, et jusqu'à substituer dans un pouvoir purement mé canique au pouvoir divin que représente le prêtre Dominateurs du jour cessez donc de revendiquer une part dans l'honneur qui jaillira de la colonne que vous élevez. Vos actes administratifs et poli tiques contrastent trop singulièrement avec vos paroles et vos démonstrations, pour que le public ne voie dans votre manière de faire une nouvelle simagrée une tartufferie de plus. A nous, k notre parti appartient l'espace qui s'écoule entre i83o et 1847. A vous restent les trois dernières années que nous venons de parcourir. Que la postérité compulse les actes qui caractérisent ces fastes administratifs. Elle verra quelle politique a été la pltis sage, la plus unioniste, la plus conforme k l'esprit du Congrès: ou celle qui traça pendant dix-sept ans sa ligne de conduite, d'après les inspirations du Congrès, ou celle qui ne gouverna qu'au profit et au gré de la faction barriolée de mille couleurs qui compose le pseudo-libéralisme. A l"endroit des expositions agricoles les jour naux rivés au ministère sauveur des Flandres et des finances (le découvert du trésor s'élève aujourd'hui k io5 millions!) entonnent k l'unisson un concerto d'éloges et de félicitations. Parlez-leur des avan tages qui résultent de ces parades, tous d'une voix vous diront, k l'instar du Progrès de la coterie cartonnée d'Ypres, que les expositions sont la source constante de toutes sortes de faveurs pour l'agriculture. Jugeons en par le tintamare laudatif de la presse libéraliste et n'aurait-on pas dit qu'un épi de blé exposé devait produire pour l'exposant cent hectolitres de froment, l'année suivante? n'aurait-on pas cru qu'une pomme de terre mise sur le tréteau public devait se multiplier au point de suffire k l'élève de quatre-vingt porcs eh qu'est- il résulté de toutes les comédies agricoles? Beau coup ont exposé, en sont-ils plus riches, leurs ré coltes sont-elles plus abondantes? acquittent-ils mieux leurs fermages? Des commissaires de district, il est vrai dans les diners agricoles ont bu a la prospérité de l'agricul ture, des médailles ont été distribuées aux vain queurs des carottes et des navets mais le vin en fortifiant l'estomac des commissaires a-t-il fortifié en même temps la bourse des cultivateurs? les médailles décernées ont-elles servi k payer les baux? A la dernière exposition de Bruges, des prix ont été remportés en masse. Aussi, le Progrès le déclare l'exposition a été des plus belles et a dépassé l'attente générale mais encore une fois, qui y gagnera Assurément les filous qui, profitant de la foule curieuse, ont escamoté des montres et des bourses n'y auront point perdu, k voir l'agri culture enfermée dans un salon, mais les fermiers, les contribuables quel bien retireront-ils de l'ex position agricole? Sera-ce peut-être l'honneur de porter une médaille qu'eu grande partie ils ont eux-mêmes payée, ou bien l'avantage de voir renchérir les baux en raison de la prospérité ap parente du travail agricole? toujours est-il que par des centimes additionnels nous payerons tous les 00,000 francs qui figureront sur le budget de la province comme frais de la comedie Brugeoise. Contribuables, examinez vos rôles des contri butions de l'année prochaine et voyez si nous vous avons trompé.. Vivent les expositions agricoles Un drame des plus saisissants se déroulait hier et avant-hier devant le tribunal correctionnelet donnait lieu a une défense développé par M" l'a vocat Carpentier avec autant de talent que de succès. La fourberie raffinée d'une personne restée jusqu'à ce jour inconnue et qu'on désespère en ce moment de découvrir avait fait surgir les débats. Le jeudi 16 mai dernier, une femme se rend chez la veuve Bossaert, horlogère, avec une lettre soi-disant de Mmo Merghelynck-Carton, demandant une montre d'or pour son fils ou son neveu. Par le vu de la lettre, Mmo Bossaert rfemetune montre et une note indicative du prix. L'inconnue s'adresse de Ik k la demeure du commissionnaire Ryckaseys, et charge sa femme de porter la montre de la part d'une personne désignée de la ville au mont-de- piété. Quarante-cinq francs furent prêtés sur ce gage. La femme Ryckaseys remet cette somme k l'inconnuequi dans l'intervallerestée chez elle causait avec son mari.. Le salaire payé, l'étrangère disparut. Plusieurs jours s'étant écoulés, la veuve Bossaert conçut des inquiétudes au sujet de sa montre. Elle alla s'enquérir auprès de Mm' Merghelynckqui n'avait pas écrit de billet et ne savait de rieu. Des recherches nombreuses furent faites inuti lement par la police pour démasquer cette fripon nerie. La femme Ryckaseys fut même détenue préventivement pendant quelques semaines. Enfin la nommée Barbe Seghers, qui d'Ypres était allée demeurer k Menin avec sa famille, se trouva occa sionnellement en cette ville le 11 juillet des soupçons s'éveillèrent sur elle. Confrontée avec la veuve BossaertRyskaseys et sa femme, tons les trois reconnurent en elle la voleuse qui le 16 mai avait reçu la montre et l'avait remise chez Ryc-

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Le Propagateur (1818-1871) | 1850 | | pagina 1