On écrit de Barcelone, le 22 sep
tembre:
Un ouragan épouvantable vient de ré
pandre la désolation dans toutes les prin
cipautés de Catalogne. Il a duré plus de
quarante heures consécutives, du samedi
soir 14 au lundi 17 midi, sans la moindre
interruption. C'était un vent furieux tout
briser, tout renverser, et une pluie tor
rentielle comme de mémoire d'homme on
n'en avait pas vu de semblable dans ce
pays. Depuis le 16 le vent est tombé, mais
la pluie a continué sans presque cesser
jusqu'au 21.
A Barcelone et dans les environs, les
ravages ont été affreux et les pertes incal
culables. Le viaduc du chemin de fer d'ici
Mataro, sur la petite rivière de Besoz, a
été emporté. A tous ces désastres, déjà si
déplorables, est venue s'ajouter la chute
du pont en pierre de Marlorelle, sur la
route royale de Barcelone Madrid, en
traîné aussi par les eaux.
Le général Brialmont a dignement inau
guré son avènement au déparlement de la
guerre. Il vient d'abolir la censure, cette
dégradante importation de M. de Chazal.
Désormais l'officier aura le droit d'être ci
toyen. 11 jouira de la liberté de penser, de
la liberté d'écrire. Il n'y aura plus incom-
palibilité entre la plume et 1epée. La consti
tution sera une vérité pour tous.
En applaudissant cet acte de justice
et de bon sens, nous n'entendons ni en
faireun mérite exagéré M. de Brialmont,
ni rouvrir chez M. de Chazal des blessures
peine cicatrisées.
M. Brialmont a compris l'esprit de nos
institutions, voilà tout. Peut-être s'est-il
rappelé que sans la liberté de blâmer, il
n'est point d'éloge flatteur; et qu'il n'y a
que les petits hommes qui redoutent les
petits écrits. Mais ce qui perce dans sa
circulaire, c'est le sentiment très-vrai et
très-vif des inconvénients de la censure.
Avec la censure la responsabilité se dé
place: au lieu de peser sur l'écrivain, elle
remonte au ministre. C'est M. Alvin qui a
fait la brochure l'endroit de la garde
civique: C'est M. de Chazal que la répro
bation du pays a renversé, a écrasé. La
grandeur et la décadence de M. de Chazal
a donc servi d'utile avertissement M.
Brialmont. Ajoutons qu'il y a dans sa cir
culaire, publiée hier au Moniteur, des con
seils pleins de convenance et de haute
raison l'adresse de l'armée, que celle-ci,
nous n'en doutons pas, saura apprécier et
suivre. (Messager de Gand.)
FRANCE. Paris, 26 octobre.
Les révélations, dont on parle depuis
deux jours, Paris, sur les circonstances
qui ont précédé la retraite du général
d'Hautpoulsont de la nature la plus com
promettante pour l'Elysée. Le général
d'Hautpoul a voulu pousser le général
Changarnier donner sa démission; il
était d'accord avec le président de la ré
publique; la majorité du conseil des mi
nistres a fait, il est vraiavorter le projet;
M. d'Hautpoul s'est retiré; mais s'il faut
en croire l'affirmation de M. Chambolle,
dans l'Ordre, de M. Chambolle, l'un des
membresde la commission de permanence,
le projet du ministre de la guerre n'est pas
abandonné; il sera repris et l'on ne tardera
pas en avoir la preuve.
ESPAGNE.
ITALIE.
rêtant devant une porte toute déjetée sur ses gonds.
- C'est là, dit-il et il se jeta dans les jupes de sa
bienfaitrice.
Ce que montrait l'enfant était l'entrée d'une
cave. - La Reine descendit un escalier raide et
humide, et quand ses yeux se furent habitués au
jour, elle vit sur un grabat une femme jeune en
core, mais si pâle et si décharnée qu'elle semblait
un cadavre; et, assis sur un mauvais escabaud, un
homme l'air effronté et méchant, augmenté sans
douteencore par le bonnet rouge dont il était coiffé.
La Reine recula en tressaillant. Mais reprenant
courage. - Je vous ramène votre enfant, dit-elle, il
pleure et il souffre de la faiin, n'avez-vous donc
rien lui donuer manger?
Pour toute réponse, la pauvre malade poussa un
douloureux soupir. Quant l'homme, regardant
avec colère celle qui lui parlait ainsi De quel
droit nous faites-vous cette question? demanda-
t-il brusquement.
- Du droit d'une amie qui veut vous secourir,
ht la Reine en lui glissant uue bourse dans la main.
A cette vue les yeux de l'homme brillèrent de
joie, puis laissaut tomber sa tête sur sa poitrine,
tandis que la bourse glissait par terre. - malheu
reux, malheureux... murmura-t-il douloureuse
ment.
- N'avez vous donc pas de travail, que vous
restez ici! demanda la géuéreuse bienfaitrice.-
Non, répondit-il d'une voix brève et comme pour
éviter toute autre question. - Et pourquoi n'en
cherchez vous pas?... Bruxelles est une ville de
ressource... d'ailleurs, vous le savez, dans l'em
barras on écrit la Reine... - A la Reine s'ex
clama l'homme avec fureur, la Reine mais vous
êtes folle est-ce que la Reine s'occupe jamais
du peuple autrement que pour prendre le fruit de
son travail...
- Vous n'êtes donc pas Belge? demanda la douce
femme en tressaillant.
- Et bien non... je suis Français... faites-moi ar
rêter si vous voulez, j'aime autant ça que de vivre
comme un chien dans cette cave.
La pauvre Reine avait devant elle uu de ces
malheureux fanatiques qui, après avoir chassé son
père, venaient pour délrôuer son époux. - Son
premier mouvement fut l'horreur, mais levant les
yeux vers le ciel, elle y puisa l'indulgence et le
pardon, et avec cet air noble et digne d'une Elle de
France
- Dieu m'a conduit vers vous, non pour vous
punir, mais pour vous secourir, dit-elle; je suis la
Reine...
A ces mots, l'ouvrier jeta sur elle un regard
d'arrogance et de dédain, mais en voyant la sainte
femme dont la douce figure rayonnait de charité et
debbuté, il sentit son cœur se fondre en inclinant
la tête avec respect:
- Pardon... oh! pardon, madame, fit-il en joi
gnant les mains, heureusement que vous n'êtes pas
Reine de France, ajouta-t-il eu relevant la tête,
car j'aurais trop de remords d'avoir aidé vous
renverser.
- Que Dieu vous préserve alors de connaître
jamais ina sainte mère, dit la bonne Reine en pous
sant un profond soupir. - Ce fut le seul reproche
qu'elle ht entendre au malheureux égaré et depuis
ce jour .elle devint la bienfaitrice du pauvre mé
nage, l'enfant fut placé dans une école: un lieu
sain et la bonne nourriture mirent promptement
sur pied la pauvre malade.
- On écrit de Neustadt près Vienne, le 18 oc
tobre, VEurope monarchique
<1 Le château de Frohsdorff vient encore d'être
témoin d'un service funèbre. Dès que M. le comte
de Cbambord et Mm° la comtesse de Marnes, ont
appris d'une manière hélas! trop certaine, la mort
de leur parente, la Reine des Belges, une messe
solenuelle a été dite immédiatement la chapelle
du château et dans l'église dt^ village. La petite
colonie française qui entoure cette royale famille
a été invitée et s'est rendue celte triste cérémonie.
Depuis ce moment, les entretiens de M. le comte
de Chainbord, de son auguste compagne et de Mms
la comtesse de Marnes, prouvent combien le nou
veau coup qui vient si subitement de frapper leur
famille a produit sur eux une douloureuse impres
sion.
Un triste accident est arrivé le 24 au soir
la station de Roubaix. Dn voyageur qui venait de
Lille, où il avait passé la journée, ayant voulu
descendre du train avant qu'il fut entièrement ar
rêté, ce malheureux est tombé sous les roues des
waggons, qui l'ont horriblement inutile' nue des
jambes était broyée ce point que le pied s'en
était détaché. On n'a trouvé sur le cadavre aucun
indice qui put le faire reconnaître.
Le Constitutionnel donne les détails suivants
sur la découverte, dans le Midi, d'un complot dont
la nouvelle est arrivée ce matin x
Les prédications des députés montagnards dans
leurs tournées électorales, portent déjà leurs fruits.
Au inoinent où nous écrivions ce qu'on vient de
lire, le bruit courait la bourse, qu'une conspi
ration avait été découverte Lyon, et qu'un ancien
constituant, M. Alphonse Gent, avait été arrêté.
M. Gent a été en effet placé sous la main de la
justice. Cet ex-représentant a été compromis par
suite de la saisie d'une correspondance qui a fourni
des documents sur les inlriguesdu parti rouge, dans
les départements du centre et de l'est. Une réunion
nocturne des chefs influents de la démagogie de
vait avoir lieu dans quelques jours Lyon. Le
complot avait des ramifications Genève et
Londres. On avait semé a Lyon le bruit qu'un
mouvement insurrectionnel allait éclater Paris,
le 10 novembre. On parlait aussi d'une tentative
révolutionnaire dans le département du Var.
L'archevêque de Turin, M. Fransoni, après
un séjour de quelques heures Genève, est revenu
le 22 Lyon, où il doit hxer sa résidence jusqu'à
nouvel ordre.
La santé de Mgr. l'évêque de Saint-Claude
donne les plus graves inquiétudes.
On lit dans la France centralede Blois
La cérémonie des obsèques de Mgr. desEssarls
sera présidée par Mgr. Sibour, archevêque de Paris
et métropolitain de la province ecclésiastique, as
sisté par Mgr. Marlot, archevêque de Tours. Mgr.
Bouvier, évêque du Mans, et Mgr. Dupanloup,
évèque d'Orléans.
L'oraison funèbre sera prononcée par M.
l'abbé Pornin, chanoine théologal du diocèse.
On écrit d'Albi, le 22 octobre:
«Un notaire de l'arrondissement d'Albi, appelé,
il y a quelques jours, au parquet du tribunal de
première instance, a été écroué la maison d'arrêt,
la suite de son interrogatoire. Il y a actuellement
sous les verroux deux uotaires de cet arrondisse
ment.
Le gouvernement a reçu la nouvelle d'une ré
volte qui a éclaté dans le village del Prisar del Rio,
Cuba. Il paraît que dans l'effervescence du mo
ment quelquas individus parlaient hautement du
projet d'annexer cette possession espagnole aux
États-Unis. Ces révoltés sont peu nombreux; ils
ont pour chef le commandant Ramon Sàncheu.
L'ordre n'a pas tardé être rétabli. Roman Sanchen
est destitué.
On lit dans le Journal de Rome, du 18
Le Saint-Père a quitté Rome hier huit heures
et un quart, se rendant Castel Gondolfooù il
est arrivé dix heures et demie du matin.
Sur la place de 1 Église archipétrâle, était rangée
une partie de la garnison française en garnison
Albano ainsi qu'un détachement de dragons fran
çais, qui ont rendu les honneurs au Saint-Père.'