NOUVELLES DIVERSES.
L'ÉGLISE ANGLICANE.
Les scènes de scandale grossier dont
l'Angleterre vient d'être le théâtre l'oc
casion de la nomination de 1 episcopat
catholique par le souverain Pontife dans
ce pays reportent naturellement l'atten
tion sur l'origine de cette défection déplo
rable qui a fait naître la prétendue église
anglicane, église dont l'évêque protestant
de Londres et lord Russell se posent les
plus ardents champions.
Qui ne le sait? Ce fut en 1526 qué le
Roi Henri VIII ayant des relations crimi
nelles avec Anne de Boulen, Dame d'hon
neur delà reine Calhérine d'Arragon, tenta
de répudier celle dernière, afin de se livrer
sans obstacle sa passion desordonnée.
Pour autoriser ses projets, il prétendit
avoir découvert une nullité dans son ma
riage, et en appela au Pape Clément VII
pour la faire prononcer. 11 ne manquait
paâ au Roi d'adulateurs, de courtisans et
même de jurisconsultes dont les discours
et les mémoires donnaient pleinement
raison au monarque abusé. Le Saint Siège
avait un grand intérêt ne point blesser
la susceptibilité du gouvernement anglais,
tant cause desdifïicultésqui avaient surgi
avec Charles Quint, qu'à raison des ravages
des Luthériens en Allemagne, hérétiques
dont Henri VIII s'était déclaré l'adversaire
zélé. Néanmoins il est évident que le Saint
Siège ne put se rendre complice d'une ac
tion aussi injuste qu'atroce.
Le roi anglais s'en dépita, et se sépara
de Rome. Il trouva le docteur Cranmer,
qu'il avait élevé l'archevêché de Cantor-
bery, pour dissoudre son premier mariage,
et consomma son union sacrilège avec
Anne de Boulen.
D'accord avec un parlement servile, le
roi Henri se fit proclamer lui-même chef
de l'église en Angleterre en remplacement
du pape. Cette nouvelle suprématie dut
être reconnue sous peine de mort, et pour
première conséquence, les biens des mo
nastères furent confisqués. Bientôt l'Angle
terre fut inondée de sang: on décapita 2
cardinaux, 3 archevêques, 18 évéques, 13
abbés, 500 prieurs moines et prêtres, 14
archidiacres, 60 chanoines, 50 docteurs,
12 ducs, marquis ou comtes, 29 barons
et chevaliers, 355 nobles, 124 simples ci
toyens et 110 femmes de condition.
La reine0i Anne de Boulen finit par de
venir elle-même suspecte, et termina ses
jours par la main du bourreau. Henri prit
successivement diverses autres femmes,
et mourut en désespéré en 1547, égale
ment en horreur dans son pays, l'é
tranger et lui-même.
Son successeur Edouard VI et Cranmer
n'ayant pas le courage de revenir l'église
romaine, introduisirent l'hérésie de Lu
ther. Après Edouard, la reine Marie s'ef
força de ramener le pays l'unité catho
lique; mais la persécution protestante fut
reveillée avec un redoublement de fureur
par Elisabeth. Tel est le drame que pour
son honneur, ce semble, l'Angleterre ne
devrait pas célébrer par de grotesques pro
cessions de Guy Fawkes.
La Gazette de Vienne, l'organe du gouverne
ment autrichien, se livre a des considérations im
portantes sur la situation de l'Allemagne. Après
avoir passé en revue les principaux actes du ca
binet de Berlin et rappelé dans quelles circonstances
la restauration de la Diète fédérale a été résolue,
ce journal ajoute
L'Autriche ne peut courber la tête devant son
orgueilleuse rivale, elle doit travailler au rétablis
sement de la paix en Allemagne.
Aussi veut-elle appuyer ses remontrances au
gouvernement prussien en mettant sur pied de
guerre les forces militaires de l'empire.
Une levée de 76,000 hommes vient d'être
décrétée.
On a décidé en même temps la mobilisation
des régiments des frontières et la création de plu
sieurs bataillons de la landwehr.
Une grande armée, pourvue du matériel de
guerre nécessaire, est maintenant réum'e dans des
cantonnements convenables. Un général dont le
nom est le gage de la victoire, a été appelé b
Vienne par S. M. l'Empereur.
Enfin le corps d'armée réuni dans le Vorarl-
berg est placé sous le commandement du feld-ma-
^réchal Legedics est déjà entré en Bavière pour se
joindre en cas de nécessité aux braves soldats de
S. M. le Roi de Bavière, notre fidèle allié.
Dans le Wurtemberg, dans la Saxe et dans
les autres États de la Confédération, on fait des
préparatifs pour maintenir son indépendance, pour
sauvegarder les droits de la Confédération et sa
tisfaire aux devoirs qu'elle impose.
L'Autriche et son allié marchent d'un pas
ferme dans l'accomplissement des décisions fédé
rales, bien résolus respecter les droits des autres
puissances, sans faiblesse; mais aussi a défendre
les leurs, sans se laisser intimider par la menace.
1
La loi civile, la même en Belgique pour la fa
mille royale que pour tous les autres citoyens,
exige la nomination d'un subrogé tuteur, quand
il existe des enfants mineurs la mort de l'un des
conjoints.
Pour obéir cette prescription de la loi en ce
qui concerne les princes et la princesse enfants de
la Reine, un conseil de famille a eu lieu samedi, h
Bruxelles, sous la présidence de M. Peeters, juge
de paix.
Ce conseil de famille était ainsi composé
Du côté maternel
Le duc de Nemours, représenté parM. le prince
de Ligue
Le duc d'Aumale, représenté par M. le général
Jacquetninot
Le prince de Joinville, représenté par M. le gé
néral Evain.
Du côté paternel
Le prince Albert, représenté par M. J. Van Praet;
M. de Gerlache, premier président de la cour
de cassation
M. Leclercq, procureur-général près la même
cour.
Le Roi avait délégué, enfin, M. Conway,
intendant de la liste civile, pour le représenter
personnellement dans cette réunion.
Ce conseil de famille a nommé M. le duc de Ne
mours, subrogé-tuteur, et l'a autorisé h accepter
en cette qualité la succession de la Reine, sous bé
néfice d'inventaire, comme le veut la loi. Indép
Voici la composition de la cour militaire pen
dant le mois de novembre i85o:
Président M. le conseiller Van Camp.
Membres titulaires: MM. Vanderlinden, gé
néral major; Van Rode, colonel; Bouillart et
Guillaume, majors.
Membres suppléants MM. De Cruquembourg,
général major; Servaes, colonel Willems et De-
jaegher, majors.
Le collège des bourgmestre et échevins de
Bruxelles vient de faire afficher dans toute la ville
la circulaire adressée par M. le Ministre de l'inté
rieur aux administrations provinciales et commu
nales, pour les inviter régulariser la souscription
pour la colonne du Congrès.
Un des derniers graciés de l'affaire de Ris-
quons-Tout,le nommé Nonckel,avait été transféré
depuis quelque temps de la citadelle de Huy la
prison de Courtrai. La Chronique rapporte qu'il
a témoigné une joie excessive quand le directeur
de la prison lui dit qu'il était libre. Libre,
s'écria-t-illibre, et c'est le Roi qui me (ait
libre... Eh bien vive le Roi
Aussitôt sa sortie de prison, Nonckel, ajoute le
Journal de Courtrai, a été faire une visite sa
mère, pensionnaire l'hospice des vieillards. En
apercevant son fils qui lui cria de loin: J'ai ma
grâce du Roi, la pauvre vieille mère fondit en lar
mes, tomba genoux et pria Dieu pour les jours
de Sa Majesté.
On lit dans VObservateur Il circule de
singuliers bruits sur une négociation qui serait
suivie par le nonce apostolique, l'effet d'obtenir
du gouvernement belge l'autorisation de lever un
corps de troupes pour le service du Pape. On assure
que la cour de Rome, après s'être vainement
adressée l'Espagne, b Naples et b la Suisse, a jeté
les yeux sur la Belgique.
On écrit de Florennes, le 10 courant, au
Journal de Namur Si l'on devait énumerer
tous les beaux traits de la vie de notre bien-aimée
Reine, on n'en finirait pas. En voici un enlr'autres
qui fera apprécier combien son cœur était bon et
humain: En i85i,au camp de Compiègne, où se
trouvait alors réunie la famille royale, un soldat
du 4e de ligne se trouve tout b coup indisposé dans
les rangs, il chancelle, il tombe; la Reine le voit;
aussitôt poussée par un sentiment de charité, elle
s'élance hors de sa voilure, et court droit au mal
heureux soldat, b qui elle fait prodiguer les soins
les plus empressés. Ce trait est au-dessus de tout
éloge.
On annonçait dernièrement qu'une action en
dommages-intérêts allait être dirigée contre M.
Poitevin, le célèbre aréonaute, par un propriétaire
du canton de Saint-Denis, dans-le champ duquel
il avait opéré l'une de ses périlleuses descentes en
ballon.
Ce champ, au moment où il eut l'honneur d'être
choisi par M. Poitevin pour le terme de son voyage
aérien, était couvert d'une récolte qui eut beau
coup b souffrir, surtout de la part des curieux ac
courus en grand nombre des^ocalités voisines.
Le dommage fut constaté par un procès-verbal
du commissaire de police de la Chapelle Saiut-
Denis, et c'est en s'appuyant sur ce document
officiel, que le propriétaire se présentait hier de
vant M. le juge de paix, et concluait b ce que M.
Poitevin fût condamné b lui payer la somme de
i5o fr. b titre de dommages-intérêts.
A cette demande, M. Poitevin répondait que le
dommage dont se plaignait le propriétaire avait
été causé par les nombreux habitants de la Cha
pelle, venus pour le voir lui et son ballon, et qu'en
conséquence, il ne pouvait en être déclaré respon
sable; que, dans tous les cas, eut-il personnelle
ment occasionné quelque dégât, il avait son excuse
dans la force majeure. En effet, on s'occupe beau
coup aujourd'hui d'aérostation, c'est la chose b la
mode; partout en France, en Espagne, en Angle
terre, l'on cherche le moyen de diriger les bal
lons c'est le problême b l'ordre du jour. Peut-être
parviendra-t-on a le résoudre; peut-être cette
découverte, qui doit changer la face du monde,
sera-t-elle la gloire de notre époque, mais en at
tendant l'homme intrépide qui s'élance actuelle
ment dans les airs, avec les appareils qui lui sont
fournis par un art encore dans l'enfance, est le
jouet des éléments, et il dépend, rarement de sa