JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. flo 3459. 34mc année 7PP.SS, 23 Novembre. ANNULATION DE L'ÉLECTION DE DIXMUDE. La majorité docile dont le ministre de l'intérieur dispose dans la chambre des représentants vient de donner une preuve nouvelle des, sentiments de dignité et de justice qui l'animent. Un homme émincnt dont le nom s'attache tous les grands actes de la politique nationale, de 1850, un citoyen distingué que de nombreux ser vices rendus la patrie, qu'une carrière administrative des plus honorables rècom- mandentà l'estime de tous, M. Desmaisières lors des dernières élections de juin avait reçu le mandat de député du district de Dixmude, en remplacement de M. De Breyne dont les opinions exaltées, et la servilité aux clubs et aux loges maçonni ques avaient détaché de lui les sympathies publiques. L'élection de M. Desmaisières, selon l'opinion même de M. Lelièvre dont personne ne suspecte le libéralisme, et dont moins encore personne ne conteste les hautes capacités de légiste, s'était ac complie légalement et sans vices capables d'en provoquer l'annulation. Aucune con sidération puissante, ne pouvait invalider les opérations électorales, surtout après les exposés, et les discours concluants et irréfutables de MM. Malou, De Decker, Duinorlier, et principalement du député de Namur. L'esprit de parti, la sujétion aux rancunes et aux vues ministérielles étaient les seuls arguments opposer aux LE DOCTEUR DE LA LOI. preuves étalées en faveur (du maintien de M. Desmaisières dans la fonction que le district de Dixmude lui avait octroyée. Ces arguments indignes des représentants Bel ges, la majorité s'en est servi, pour écarter de la chambre un homme dont le seul tort d'appartenir au parti de flordre et de la modération. 58 membres, exécutant le mot d'ordre intimé par Ie; ministère, ont annulé l'élection de Dixmude, et donné ainsi leur approbation en instituant une enquête, fait inoui dans les annales parle mentaires de l'Europe. Maintenant, quel est le but de l'acte d'iniquité posé par la chambre? évidem ment c'est la nomination de Monsieur De Breyne. Ce but sera-t-iLatteint? et les électeurs de Dixmudese laisseront-ils igno blement souffleter par un ministre! Nous attendons mieux du patriotisme de nos voisins. Comme l'a fort bien dit M. Lelièvre l'injustice produit la réaction. Electeurs de Dixmude, sorties de la bouche de M. Le lièvre déjà ces paroles gravées dans vos cœurs. Dans l'arène électorale vous vous vengerez de l'affront que le ministère vient de vous infliger et faisant sortir le nom de M. Desmaisières vous renverrez la face du cabinet le gant que son étroite partia lité vous a jeté. Nous reproduisons ici le discours mar quant que le représentant de Namur a prononcé sur l'élection de Dixmude VÉRITÉ ET JUSTICE. Ou s'abonne Ypres, rue île Lille, 10, prés la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX ME U'AKOT.VEMETT, par trimestre, Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. XJn n° a5. le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine. (Insertions 11 centimes la ligne). anecdote turque. EE DÉPÔT. Voici ce qui arriva dans la glorieuse ville de Stambool, vers les premiers moments du règne du sullan Ainurath, surnommé le Bras qui châtie. Ce fut par une douce soirée d'été, en la saison des roses, au mois de juin. Depuis que les Osmanlis avaient poussé leurs cavales jusqu'au cœur de l'Eu rope chrétienne, jamais le ciel byzantin ne s'était émaillé d'autant d'étoiles, jamais le Bosphore n'a vait rayonné d'autant de splendeur. On respirait l'ivresse et le repos parmi les cyprès qui couronnent les hauteurs où s'assied magnifique ment le faubourg grec de Péra. Ces Cyprès musul mans boivent, depuis des siècles, la sève d'une forte terre, engraissée par les cadavres que la peste, le typhus et les fièvres contagieuses lui apportent journellement en tribut. Des marbres tumulaires, revêtus d'inscriptions et surmontés de turbans de pierre sculptés, racontent au passant les noms et les titres de ceux dont il foule les os. Par une bi zarrerie qu'on retrouve partout, quand il s'agit de M. Lelièvre. L'objet de la discussion soumise la chambreu'est pasunequestioD de parti. Il est de ces choses sur lesquelles il y a, dans cette enceinte unanimité d'opinion et que nous respectons tous, parce que, quelque soit notre drapeau, nous avons tous un mandat de justice, de loyauté et d'honneur, ce sont les principes éternels du juste. Tel citoyen a-t-il acquit légalement le droit de siéger parmi nous? est-il représentant de la nation l'Orient, ce sont ces champs de morts, séjour de deuil et d'affliction, que les habitants de Constan- tinople ont choisis pour le lieu de leurs promenades et de leurs amusements. Vers le soir, on y voit affluer les nombreuses populations qui composent la grande capitale. Elles montent comme une mer qui se répand sous les frais ombrages, sans qu'un flot se mêle h l'autre. Les Francs se réunissent a leurs compatriotes; les Juifs cherchent dans la foule le turban bleu de leurs frères; l'Arménien se tient a l'Arménien; le Grec au Grec; le Turc, grave et fier, cherche la compagnie des croyants. Cent dialectes Se croisent, les allées tourbillonnent de promeneurs, les cafés s'emplissent de fumeurs qui s'accroupissent solennellement sur des nattes de' jonc ou de mauvais divans. La foule se hérisse d'une forêt de longues pipes de cerisier; des nuages de fumée s'envolent en vaporeuses auréoles, et le paysage est égayé quelquefois par des meneurs d'ours venus de la Crimée. Parmi les nombreux cafés du petit champ des morts, il en était un que fréquentaient de préfé rence a cette époque-lâ les grands dignitaires turcs que leurs affaires ou leurs plaisirs attiraient chaque jour de Stambool au faubourg de Péra. Ce café existe encore. 11 consiste en une petite maison de par la volonté du corps électoral C'est Ik disons le k l'honneur des assemblées législatives qui se sont succédé depuis i83o, une question qui a toujours été résolue sans égard aux opinions politiques du nouvel élu. Elle a, du reste, pour objet de décréter un droit, de maintenir une position acquise Don moins sacrée que les droits les plus importants, et de faire res pecter la volonté du pays, de qui tons les pouvoirs émanent. Aucune considération étrangère ne pour rait certes nous faire écarter de l'esprit d'impar tialité qui doit présider k pareil débat. Il s'agit, Messieurs, d'examiner la validité de l'élection de Dixmude, contestée par une partie des électeurs de l'arrondissement. Votre commission vous propose, d'un avis una nime, d'annuler les opérations. Je me hâte de dire que je ne puis partager cette opinionqui ne me semble pas conforme la loi, et je soumets la Chambre les motifs de mon vote a cet égard. Si nous nous attachons au résultat du scrutin, la majorité absolue est acquise incontestablement a M. Desmaisières^ En faisant k celui-ci la position la plus défavorable et en défalquant de la somme des voix qu'il a obtenues le nombre des bulletins trouvés en trop lors du second dépouillement, il conserve la majorité suffisante pour siéger dans cette enceinte. Il n'est donc pas possible d'argumenter de la circonstance qu'il s'est rencontré au second dé pouillement un nombre de bulletins supérieurs k celui qui avait été constaté lors du premier, puisque ce fait ne détruit pas l'état des choses qui justifie l'admission. Si l'irrégularité qui a été signalée et reconnue sur ce point était de nature a influer sur la majo rité légale, je concevrais qu'elle pût entraîner la nullité des opérations; mais puisque, dans toutes les hypothèses, il reste k l'élu de Dixmude le nom- bois peinte de couleurs vives et jetée sur le bord de la colline qui descend vers la mer. A ses pieds, parmi les cyprès et les jasmins sauvages, se dessi nent, en élégantes découpures, Dolma-Batché et Béchick-Tarch, palais de plaisance du sultan. Plus bas, les eaux bleues du Bosphore balancent les vais seaux et les légers caïcks, qui, en une heure, tou chent d'Europe en Asie. Sur cette terre d'Asie, toute semée d'un sable jaune et doré, on voit de loin s'arrondir les blanches coupoles des mosquées, et se dresser comme des mâts de navire, les roiua- rets de Scutari, couronnés au sud par la chaîne neigeuse du mont Olympe; tandis qu'à l'occident, audelk de Chalcédoine et derrière les îles des Princes, les sinuosités de la côte se perdent dans le soleil. Silence! le chant de Muédzinn se fait entendre du haut des Minarets. Dieu est grand j'atteste qu'il n'y a de Dieu que Dieu J'atteste que Mahomed est son pro- phète! Venez k la prière! venez au temple de salut Dieu est grand Il n'y a de Dieu que Dieu et Mahomed est son prophète! Cette parole d'appel, qui remplace les cloches de nos églises et que le prêtre musulman jette aux passants d'utie voix aigre et Dazillarde, venait d'é-

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1850 | | pagina 1