JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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34me année.
Partout dans le pays, les personnes dé
vouées la cause de la justice et de la mo
dération attachent un vif intérêtà l'élection
qui aura lieu le 12 Décembre Dixmude.
Dans le résultat de la lutte qui s'engage,
11 ne s'agit évidemment point d'y voir un
triomphe de noms propres, ou la victoire
d'un candidat sur tel autre, mais toute la
question se résume savoir si le corps
électoral de Dixmude, acceptant l'affront
que le ministère vient de lui infliger en
déclarant nulle la nomination de M. Des
maisières, pour le seul motif que cet hom
me d'Etat distingué ne fléchit point les
genoux devant les clubs et les loges ma
çonniques, renverra Cinnoffensif M. De
Breyne siéger au palais législatif, pour
augmenter le troupeau des moutons de
MM. Rogier-Frère. Non, la nouvelle que le
12 Décembre portera toutes les provinces
Belges ne sera point la nomination de M.
Desmaisières ou de M. De Breyne, mais le
grand enseignement tirer de l'acte que
le district de Dixmude est appellé poser,
sera de constater si les Belges, si les braves
populations flamandes surtout approuvent
les entraves portées la liberté de l'ensei
gnement catholique, s'ils applaudissent
aux molestations odieuses suscitées contre
la charité chrétienne, contre ces religieu
ses héroïnes, sur la poitrine des quelles
brille la croix d'honneur nationale et qu'un
sectaire de la politique nouvelle ose néan
moins qualiûer de fainéants! il s'agit en un
mot de connaître si les braves et catholi
ques électeurs de Dixmude ratifient la po
litique ruineuse en matière de commerce,
despotique en matière de liberté vexatoire
en matière de religion et de charité inau
gurée par le ministère libérâtre et person
nifiée dans M. De Breyne, ou bien si le
corps électoral n'admet pas plutôt la poli
tique unioniste et modérée basée non sur
les décrets des franc-maçons, mais sur les
conseils et les inspirations de la sagesse et
de la religion, la politique de 1830, per
sonnifiée dans M. Desmaisières.
Les habitants de Dixmude et les électeurs
des campagnes dont le bon sens s'est déjà
révélé en juin dernier, sauront se pénétrer
de la grandeur de la mission que le 12
Décembre les appelle remplir. Ils savent
que toute la Belgique bien-pensante et mo
dérée a les regards fixés sur eux. Us sont
convaincus, nous en avons l'espoir, que
chaque bulletin portant le nom de l'adver
saire de M. De Breyne est un poids posé
dans la balance des véritables intérêts de
la religion, de la liberté, de la patrie, et
ces considérations puissantes la grande
majorité d'entre eux accordera ses suffra
ges M. Desmaisières.
On nous rapporte que M. Carton rece
veur des hospices d'Ypres, bat depuis quel
ques jours la campagne dans l'arrondisse
ment de Dixmude, recrutant des suffrages
en faveur de M. De Breyne. Le commissaire
de district d'Ypres M. Henri Carton fils,
exercerait aussi, son influence en faveur
du candidat libéraliste. Si ces faits se trou
vent confirmés ne faudrait-il point que
l'administration des hospicesvote une
augmentation de traitement au profit de
son receveur, pour le zèle qu'il déploie en
faveur du libéralisme? 2,000 francs, cela
peut-il suffire entretenir le pot, quand
on a des courses faire dans un district
étranger? Quant M. Carton fils, nous
pensons que ses frais de roule et sa pen
sion modique de 6,000 francs peuvent bien
lui permettre de faire un voyage électoral,
sans que le gouvernement lui accorde une
indemnité de voyage. Quoiqu'il en soit
nous avons lieu de croire que ces fervents
apôtres du libéralisme ne feront point
grand nombre de prosélytes. A Dixmude,
comme Ypres le hareng que ces courtiers
électoraux débitent commence sentir par
trop la caque.
Pour qualifier les moines et les reli
gieuses, Al. De Perceval n'a su trouver
dans sa besace libéraliste de plus juste ex
pression que celle de fainéants. Fainéants!
c'est le terme dont s'est servi le député de
Malines l'adresse des religieux et des re
ligieuses, dans la discussion relative la
charité dont la chambre s'est occupée der
nièrement. Pour faire ressortir l'inconve
nance, l'injustice du coup de pied lancé
par M. De Perceval aux ordres religieux,
nous rappelerons seulement au public les
services nombreux rendus par les religieux
et les religieuses l'époque de la dernière
calamité qui est venue fondre sur notre
patrie. Mais quoi! on ose titrer de fainéants
ces hommes, ces personnes héroïques qui
sacrifient leurs biens leur santé leur vie
au soulagement des malades, l'éducation
de la jeunesse, au soutien des infirmes,
au bonheur des malheureux! C'est une
honte, c'est une infamie! de pareilles ex
travagances doivent infliger un juste blâme
au parti auquel appartient celui qui s'en
estrenducoupable. Aussi le Progrès d'Ypres
cet organe avoué du libéralisme, n'ose-t-il
faire mention de la sortie scandaleuse de
M. De Perceval.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume*
PRIX DE L'AROXKEMENT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Un n° a5.
Ce Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligue).
7? 1RES7 Décembre.
LISTE DE SOUSCRIPTION
pour l'érection a ostende d'une église, a la
mémoire de la reine des belges.
M"" veuve Provoostfr. 20-00.
La discussion a la chambre sur le chap. i5 du
budjet de l'intérieur Agriculturea élé des plus
remarquables. Des orateurs de la droite et de la
gauche, MM. Rodenbach, de Liedekerque, de
Steenhault, de Man, d'autres encore, ont signalé
avec force^ les vices radicaux des fameuses écoles
d'agriculture, innovation ridicule, comme tout ce
qu'enfantèrent jamais les creuses théories du libé
ralisme doctrinaire.
Un des membres les plus marquants de la cham-
•bre, l'honorable M. Coomans a ensuite appelé
l'atteution du ministère sur la question de l'octroi.
On comprendra tout d'abord l'immense portée qui
s'y rattache au point de vue de l'agriculture; cette
importante branche d'industrie, resserrée, pour
ainsi dire, entre deux feux a l'extérieur, la con
currence des denrées exotiques; a l'intérieur, les
impôts et le système prohibitif de l'octroi com
munal. Or, que l'on maintienne, que l'on aggrave
même cette dernière taxe sur les articles de luxe;
rien de plus juste, de plus raisonnable; mais il est
remarquer que dans un grand nombre de localités
(et ce ne sont pas celles où le libéralisme est le
moins florissant) les charges que l'on prélève, ne
retombent de tout leur poids que sur les matières
de première nécessité, sur les denrées du peuple.
Dès lors, qu'augurer des belles protestations de dé
vouement aux classes pauvres et ouvrières, dont le
libéralisme, n'importe de quelle contrée se targue
sans vergogne; leurre impudente, absurde préten
tion dont il couvrit constamment son avide égoïsme
et ces défiances, ces haines instinctives qui l'ani
ment a l'encontre de tout ce que la religiou a de
plus intimement lié. L'honorable représentant de
Turnhout a vivement pressé le ministère de pren
dre l'initiative d'une mesure aussi éminemment
libérale. Je prendrais volontiers, a-t-il dit,
l'initiative d'un projet de réorganisation du
système d'octrois, mais 'a quoi bon Ma propo-
sitiou serait pour le moins ajournée. La majorité,
et ceci soit dit sans offenser personne, ne trouve
pas bon que nous voulions nous mêler de la
conduite des affaires, (i) C'est'a peine si parfois
elle souffre notre concours. (2) Soit. Mais alors
qu'elle prenne les devants, qu'elle provoque la
réduction du droit d'entrée sur la viande, et je
ne dédaignerais pas moi, de me joindre a elle.
Nous le répétons; nos honnêtes libéraux ne se
sentent guère disposés en venir cette extrémité;
il s'en tiendront prudemment leurs menteuses
élégies sur les misères du peuple, tout en encais
sant sans remords de lourdes taxes sur les produits
du travailleur des campagnes, et la nourriture de
première nécessité du travailleur urbain. Ainsi le
conseil communal de Gand, administration libérale,
s'il en fut, prélève annuellement sur le pain de ses
ouvriers, quelque chose comme environ les 200,000
fraocs Et l'on ne viendra pas nous objecter que
les besoins financiers justifient ces énormes contri
butions, alors que l'on saura que le subside accordé
par celte dernière ville au théâtre français absorbe
le revenu d'un capital de 2,000,000 de francs! A
Anvers (encore une régence libérale) se passent
des faits analogues. Ainsi le prix des sueurs du
pauvre laborieux affecté aux plaisirs de quelques
riches, devient la proie d'une gente tarée, d'un
déclaraatenr de théâtre, d'une femme perdue de
mœurs. O libéralisme! O impudence!
Aussi est-ce avec un parfait â-propos que l'ora
teur s'est écrié vers la fin de son discours
Vraiment, Messieurs, je suis émerveillé de me
voir accusé d'être inhumain et rétrograde, partisan
de la famine, ennemi des bonnes récoltes, adver-
(1) Ainsi du projet de lor-Dumortier,en faveur de la liberté
des œuvres de bienfaisance.
(a) Hors du vote du budget de la guerre*