9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Wo 3469. Samedi, 28 Décembre 1850. - 34me année. VERITK ET JISTICE. 7?3^3S, 28 Décembre. M. DEBREYNE ET SON IMMORTEL DISCOURS. Nous croyons que les scandales électo raux et les hideuses saturnalesqui marquè rent l'élection de M. Debreyné, Dixmude, auront fait triompher suffisamment les ad versaires de M. Desmaisières. Evidemment, c'est bien pour le plus grand plaisir dés amis de M. Debreyne que l'on a vu distri buer ces caricatures ignobles, ces chansons blasphématoires contre la religion et ses ministres; c'est pour i'agrément des amis de M. Debreyneque la canaille Dixraudoise a brisé des vitres, et lancé des pavés la tète des personnes les plus honnêtes et les plus respectables; c'est encore pour la plus grande joie des amis du bourgmestre-re présentant, que pendant plusieurs jours les rues de Dixmude ont retenti de blas phèmes et d'imprécations atroces et que des mannequins représentant des prêtres ont été brûlé par la foule passionnée. Qu'ils triomphent les électeurs qui. par leur vole, ôùt contribué au succès de la cause nalio~ nale, dans la personne de M. Debreyne, pour nous servir des termes du Commis saire du district de Furnes! Qu'ils triom phent! la gloire et l'honneur des faits et gestes qui caractérisent la journée du 12 Décembre leur revient de plein droit. Un autre sujet de fierté que la majorité électorale de Dixmude peut justement re vendiquer, c'est l'incomparable chef-d'œu vre oratoire, le discours tout brillant.... de ridicule que l'élu du 12 Décembre a pro noncé, dans les chambres en réponse aux interpellations de M. DeMérode. Nous en Convenons, un peu tard il est vrai, les élec teurs de Dixmude ont parfaitement bien fait d'envoyer siéger leur Bourgmestre l'assemblée législative. Maintenant qu'il ne s'agit plus, pour la majorité dont M. Rogier dispose bien entendu, de tra vailler la formation de lois utiles, sages, vraiment nationales; maintenant que le mandat de député libéral ne semble plus consister discuter avec impartialité et prudence les mesures les plus propres apporter au commerce, l'industrie, aux intérêts ducontribuable en général, la plus grande somme de bonheur et de prospérité, mais qu'il est convenu entre les Jazeggers du libéralisme d'approuver stupidement toutes les propositions qui émanent du ministère et de condamner tous les con seils que donne l'opposition conservatrice, il fallait bien qu'aux Perceval de Malines, aux Delfossede Liège, Dixmude ajouta un nouveau polichinelle qui put de temps en tempsdivertir la chambre, commeles Pail lasses forains amusent les curieux qui s'at troupent devant leurs loges. Or, M. Desmaisières, homme grave, in dépendant et éclairé ne pavait convenir jouer ce rôle. M. Debreyne, par contre, réunissait toutes les qualités réquises pour servir de nullité amusante.^C'esl ce qu'il a prouvé nettement quand il a pris la parole la séance où il s'est agi de son cheval eu de sa personne. M. Debreyne, comme on sait, n'avait plus pris la parole depuis 1846, alors qu'il s'agissait de défendre les vanneaux contre les dénicheurs. Depuis cet époque où il fut question de l'intérêt des yanneaux, M. le représentant de Dix mude, siégea néanmoinsconslamment dans la chambre pour y défendrë les intérêts de ses commettants, et se distingua par une silencieuse éloquence. A ceux qui éprouvent quelque doute le croire, nous le répétons, foi dû Moni teur, M. Debreyne a parlé^et l'élévation de son style, la facilité de son efoculion, la noblesse de ses gestesùélégraphiques et de ses grimaces, ministçps et représen tants ont pâmé de rire!!! A part le coté comique l'admirable dis cours de l'inoffensif M. De Breyne, renferme un intérêt autrement grave et important; c'est l'endroit où l'orateur1, jiléclare que f>ar l'enthousiasme de son ;omphe il s'est rompé en annonçant ses administrés, par sa proclamation, qu'une lettre signée par M. le minisire de l'intérieur traitait de cerveau malade, le président du bureau électoral, du chef d'avoir requis des trou pes pour reprimer tout désordre. La lettre adressée M, De Breyne, et communiquée aux habitants de Dixmude, comme por tant la signature de M. Rogier, ne venait évidemment pas de ce haut fonctionnaire. M. Rogier l'a désavouée formellement, si non pour le fond au moins pour la forme. En présence de cette déclaration de M. le ministre, et de la proclamation de M. De Breyne il y a évidemment lieu de connaître quel est le faussaire qui a osé apposer la - signature du ministre sur une pièce qui n'émane guère de lui. Ce point doit, pour l'honneur du ministère, être éclairci de vant les Chambres. En attendant que la vétyté se produise, M. De Breyne s'est acquis une place méri tée au temple de la célébrité. Le ministère, et la majorité en fermant l'entrée de la Chambre, M. Desmaisières, ont privé le pays d'un mandataire aussi éclairé que dévoué la patrie et la religion, et grossi en même temps les bancs de la majorité docile d'un représentant de plus qui, comme les Sinave et les Yandenpee- reboom se comptent par trente-six la dou zaine. Le gouvernement avec sa majorité de Jazeggers, vient de faire sanctionner par la Chambre, le projet de loi qui autorise le ministère faire cesser le cours légal des pièces d'or de 25 fr. et de 10 fr. fabriquées en Belgique et celles de 40 fr. et de 20 fr. fabriquées en France. Pour peu que l'on décrète la démonétisation des pièces d'ar gent, il faudra que M. Frère ordonne l'é mission de 50 millions de promesses. Les contribuables s'en serviraient pour acquit ter leurs impôts tout aussi bien que la Politique nouvelle s'en servit pour payer sa dette électorale, au public. On dit que le discours de M. De Breyne, nouvellement élu Dixmude, a tellement échauffé les oreilles de M. Rogier qu'il a fallu frictionner le ministre avec delà glace: r~- La Chambre vient de se séparer jusqu'au 14 janvier. Suivant la déclaration de M. Frère, au Sénat, les contribuables peuvent s'attendre, la reprise des travaux légis latifs, d'avoir pour étrenne du ministère, le projet de loi sur les successions en ligue directe, une augmentation sur la contri bution personnelle et foncière, et quelques autres cadeaux de ce genre. Ah! quel plai sir de vivre sous la politique libéraliste. Dans une séance récente de la Chaire, il a été constaté que depuis 5 années que nous sommes gouvernés par les thauma turges du libéralisme, le déficit de l'Etat s'est accru de 47 rniflwns. Yoilî" Lient eco-* noraie promise. DU DIMANCHE. On s'aboiiuç Ypres, rue de Lille, io, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE EAII01ÎXE.1IE1I, par trimestre, Ypres fr 3. Les autres localités fr 3-5o. Un n° a5. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine, (insertions 11 centimes la ligne). Le rapport de M. de Montalembert sur l'obser vation du Dimanche restera comme un monument de la loyale franchise de l'énergique défenseur du Catholicisme la tribune française, si la majorité irrésolue, suptique, pleine encore de préventions surannées, commet, comme il est k craindre, la déplorable faiblesse de ne point adopter le projet de loi. C'est ainsi que les fautes du commun re haussent l'éclat des illustrations vertueuses. Ordonner par une loi de respecter le Dimanche, c'est proclamer d'une part l'existence d'un Dieu créateur a qui l'homme doit ses hommages, et d'autre part stipuler au profit de la société, prin cipalement au profit des classes industrielles et dépendantes, une garantie d'hygiène et de bonheur domestique. Si ce second motif du repos hebdomadaire exis tait seul, il paraitrait si conforme aux vues des li béraux humanitaires, des théoriciens philanthropes, des philosophes voltairiens, des économistes, des communistes et des socialistes, que tout le monde serait facilement d'accord. Car on ne peut raison nablement contester la nécessité d'une suspension de travail par intervalles: la nature eu donue elle- même l'avertissement par la lassitude et l'épuise ment, et même par le dégoût d'uu labeur trop longtemps prolongé. Aussi l'artisan qui par com plaisance pour des chalands impérieux, ou par indifférence religiense, ou par obstination et mé pris, passe k l'ouvrage une partie de la matinée du Dimanche, comme il arrive dans nos contrées chez

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1850 | | pagina 1