CHEMIN DE FER DE L'ETAT. les tailleurs et les cordonniers, cet artisan prend en général sa revanche par la veillée du soir en y raccrochant encore la journée du Lundi. Le bou tiquier d'Ypres qui ouvre ses vitrines le Dimanche, étale autant qu'il peut ses marchandises, et vend toute la jourtiée travers inesse et service divin, se plaint ses connaissances et ses voisins de son étal d'esclavage, tout en l'attribuant l'activité d'une concurrence ennemie, aux besoins d'une nombreuse famille, la hauteur des loyers et des impositions publiques, au mince profit des ventes, la situation languissante des affaires et au danger de perdre des pratiques, difficiles. Il se trompe assurément en donnant trop de puissance des considérations qui devraient fléchir devant d'au tres, les unes balançant, les autres dépassant incommensurablement les objections qui le péoc- cupent. Mais quoi qu'il en soit, tàujonrs est-il que les plaintes mêmes du marchand prévaricateur envers le précepte dominical sont un aveu du malaise et du dérangement que cette transgression lui coûte, des ennuis qu'elle {ui cause et du bon heur de famille qu'elle lui enlève. Celui que la cupidité exagérée du gain pousserait un travail trop continu, sentirait bientôt par le déclin de ses forces et de sa santé quelle brèche cette ardeur déplacée porterait a la durée de son existence. Comme mesure purement politique, d'utilité générale et de police civile, l'observation du Di manche devrait doue être facilement admise d'un commun accord sans distinction d'opinion ni de parti.'L'expérience a suffisamment démontré que l'intervalle de dix jours que voulut introduire la première Republique française était trop long: et nul n'a prétendu jamais que l'espace de six jours dut être raccourci. Mais l'instinct mystérieux des peuples n'accepte pas un dimanche de repos purement civil, une puis sance invisible et providentielle l'empêche, l'idée religieuse de consécration la divinité s'y mêle naturellement, forcément, inséparablement, uni versellement. En sorte qu'il est impossible de faire prévaloir l'idée accessoire et concomitante de repos sur l'idée principale et fondamentale de religion. Quoi qu'on fasse, le Dimanche est toujours aux yeux des peuples un jour sacré. Or c'est précisé ment cette circonstance qui ameute l'impiété contre le Dimanche, et qui la met en contradiction avec elle-même, puisque d'un coté elle prétend recher cher jusqu'à l'exagération le bien être matériel des masses, et que d'un autre coté elle refuse de ga rantir aux pauvres travailleurs la halte hebdoma daire qui résume pour eux plus de jouissances que toute autre mesure imaginable sans rien coûter aux caisses de l'état. La pernicieuse influence des doc trines subversives qui ont labouré le sol de la France est encore trop vivace, pour qu'une loi sur le Dimanche n'y soulève toujours une foule d'hos tilités. Passé quelques jours la maison publique le Lion rouge a été le théâtre de quelques désordres: dans la rixe une porte aété enfoncée et des vitres brisées. Quelques jours après, les habitants de la rue S1 Jacques furent inquiétés dans la nuit par le va carme de militaires attardés qui allèrent frapper sur des portes, sans se livrer d'autres voies de fait qu'un tapage désordonné. Dès avant cinq heures du matin, toutes les Eglises étaient remplies de monde le saint jour de Noël. On eut dit que toute la ville était sur pied comme en plein jour l'heure de la grand'messe. On remarque depuis plusieurs jours une altéra tion sensible aux eaux des pompes publiques ali mentées par l'étang de Zillebeke. Les eaux sont troubles et sablonneuses. ■wmjstkik mes ninécutiix fermants. (.a maréchale) ie est dans ce inotneut dans un étal péuible de souffrance Ypres. Ce qui y con tribue le plus, c'est la liberté qu'a le maréchal fer rant de l'école d'équitaiion d'exercer sou métier la barbe des maréchaux de la ville, qui payent de forts loyers et des contributions importantes, outre les frais elevés de leurs gens de service, tandis que le maréchal de l'école militaire profite des locaux mis sa disposition pour les besoins du corps, et occupe une foule de personnes sans leur devoir ni entretien ni journées. Ou comprend que la lutte des conditions si énormément divergentes n'est guère souteuable. Déjà un maréchal de la rue de Thouroul a du quitter la ville de détresse, et l'a telier demeure fermé, personne n'osant s'exposer une ruine presque certaine. La Régence fournit le casernement pour l'usage de la troupe, avec tous les accessoires nécessaires tels qu'une maréchalerie; mais c'est détourner le local de sa destination évi dente, que de faire servir une partie intégrante des casernes une industrie privée s'etendant dans des proportions telles qu'un préjudice notable eu ré sulte pour des habitants établis. Il suffira l'admi nistration communale nous en sommes convaincu, de faire de légitimes réclamations, pour que l'abus, dont on se plaiut avec raison selon nous, vienne cesser. La discussion, close tout récemment la Cham bre, du budget des travaux publics a porté tout particulièrement sur l'exploitation du chemin de fer par l'État. D'importantes vérités ont été mises en évidence. Ainsi, il demeure constaté que Ifr tarif du 1" septembre i84ff a produit sur les revenues du chemin de fer une perte annuelle de plus de un million, cinq-cent-mille francs, et par une con séquence nécessaire de ce tarif, les péages du canal de Charleroi offrent une perte de cinq-cent-mille francs. Remarquons ici par parenthèse que la réforme postale et la suppression du timbre des journaux occasionnent un découvert de plus d'un million. Voilà donc nos recettes baissées de trois millions. D'autre part, il est plus que temps d'obvier d'une manière efficace au déficit creusé dans nos finances par la perle annuelle de plusieurs millions qu'en- traine la grande entreprise des voies ferrées de l'État. Ce fut M. Rogier, qui en i834 dota le pays de cette innovation malheureuse, promettant un revenu de neuf pour cent au moins. Or, le railway Belge ne produit qu'à peine un p. cent (amortis sement déduit), et la loi exigeant que le chemin de fer se suffise lui-même est restée lettre morte. Quoi d'étonnant, alors qu'on examine la gestion de nos intérêts financiers, quoi d'étonnant si la situation est empirée depuis trois ans d'une qua rantaine de millions? Espérerait-on par hasard légitimer d'aussi énormes sacrifices, en se prévalant de l'utilité publique? Mais la pénurie du trésor et la nécessité proclamée par le ministère d'établir de nouvelles charges, mesure odieuse autaut que lourde, n'interdisent que trop sévèrement des largesses excessives, plus propres compromettre le bien-être public qu'à le consolider. L'on sait la nomination de M. Jacques, repré sentant de Marche, la place de conseiller la cour des comptes. La Chambre, en posant cet acte, n'a vait pas craint de se soustraire la haute direc tion du ministère, et tout le monde de s'étonner de tant de présomption. Nos hommes du pouvoir ne se tinrent pas pour battus. Déjà avaient eu lieu quelques votes partiels, et les chances de l'hono rable M. Jacques augmentaient, lorsqu'on se mit évoquer contre lui la loi des incompatibilités; le nouveau conseiller n'ayant pas renoncé la repré sentation nationale depuis un an. Il est vrai que cette dernière clause de la loi ne se rapporte qu'aux nominations faites par le gouvernement, tandis que la place qu'il s'agissait de conférer était du domaine de la Chambre. Mais n'importe, le ministère soutint l'incompa tibilité du représentant de Marche la continuation des débats fut remise au lendemain, et, la nuit portant conseil, la Chambre se déjugea et s'appliqua elle-même la loi de suspicion destinée prévenir la corruption gouvernementale. Eh de vait-elle se montrer plus zélée, plus rigide que le défenseur en titre de ses droits et de sa dignité, M. Verhaegen, son président, qui crut devoir des cendre de son siège pour l'engager sanctionner ces sacrifices? Ainsi se déroula cet incident re marquable, qui a ému a tant de titres l'opinion publique. Or, que l'on juge, si nous pensâmes tomber de notre haut en lisant dans une feuille de cette ville des facéties telles que celles-ci L'hono- rable président de l'assemblée a compris que, dans une question où se trouvaient engagées la dignité et la bonne renommée de la Chambre, il ne lui était pas permis de garder le silenceLa manière dont il s'est acquitté de sa tâche doit faire regretter vivement la Chambre que ses fonctions de président ne permettent pas M. Verhaegen d'apporter plus souvent dans la dis— cussion le tribut de ses lumières et de soq expé- rience. Risum teneatis amici Et nous en citerions bien d'autres encore de cette force; mais c'est assez nous occuper d'un journal qui semble avoir pris tâcbe de se moquer impudemment de ses lecteurs. Des explications fournies au Sénat par M. Cas- siers, il ressort que des cinq individus inscrits tort sur les listes électorales de Dixmude, lors de l'é lection du 11 juin trois au moius étaient des créatures de la famille Debreyne. Ainsi, la cir constance même qui fit annuler l'élection de M. Desmaisières, loin de valoir ce dernier le succès de sa candidature, lui fut au contraire des plus défavorables. Et de rechef constatons que la négligence senle des agents du pouvoir maintint les cinq électeurs sur les listes. Sous ce titre La charité est elle libre en BelgiqueM. le baron d'Anethan vient de publier pour la défense de la liberté des bonnes œuvres, un nouvel écrit, digne en tous points de l'auteur des Lettres M. le ministre de la justice sur l'existence légale des institutions charitables créées par des particuliers. Jamais on n'a su refuter sérieusement ce dernier travail. Le nouvel opuscule du sénateur de Thielt restera pareillement sans réplique. Dans un langage constamment élevé, armé d'une dialectique solide et convaincante, M. d'Anethan discute et resoud cette double question i° Les lois sur la bienfaisance ont-elles été sai nement interprétées et appliquées n° La doctrine ministérielle sur l'exercice de la charité est-elle basée sur les principes de la justice et de la raison; et fournit-elle la société des élé ments de stabilité et de bien-être? Nous regrettons vivement que le cadre de notre journal ne nous permette pas d'offrir nos lecteurs l'analyse au moins de ce remarquable plaidoyer, où se décèle tout la fois l'homme d'état, l'orateur et le philosophe. Les députés conservateurs et quelques libéraux indé pendants persisterent seuls dans la résolution primitive»

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Le Propagateur (1818-1871) | 1850 | | pagina 2