0 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3488. 34me année. LE DUEL DU CURÉ. NOUVELLES DIVERSES. TPB.SS, 5 Mars. Un vol a été commis Boesinghe dans le cabaret dit S' Crispin, le long du pavé Pilkem. La seule vache qui restait au pauvre cabaretier, lui a été enlevée dans la nuit du lundi au mardi gras. Des per sonnes disent avoir vu vers minuit, sur la route d'Ypres Zonnebeke, une bête cornes, qui paraissait venir du coté de S' Jean-lez-Ypres. On présume que le voleur aura pris la voie de Roulers, pour l'exposer en vente au marché du mardi gras. VÉRITÉ ET JUSTICE. Ou s'abonne Ypres, rue de Lille, no, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. BMIIV DE L'AIIOI.VEMEIT, par trimestre, Ypres fr 3. Les autres localités fr 3-5o. Un n° 25. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine, (insertions 1? centimes la ligue). Par arrêté royal du 38 février, la démission du sieur Cornette, juge-de-paix a Poperinghe, est acceptée. Un des meetings les plus nombreux qui aient jamais eu lieu Dublin a été tenu mardipar les évêques de la religion catholique romaine en Irlan de, pour délibérer sur la récente position qui vient d'être laite a l'Église de Rome; les quatre archevê ques Cullen Mtfrray, Slattery, Mac Haie et plu sieurs autres hauts dignitaires du clergé y assistaient. Cette assemblée de prélats a décidé unanimement qu'une adresse serait envoyée h la reine et une pétition aux deux chambres du parlement, pour demander qu'une mesure aussi évidemment hos tile a la liberté réligieuse que le bill sur les titres ecclésiastiques, fût écartée de la législation; elle a également décidé que toutes les paroisses d'Irlande pétitionneraient séparément contre la mise en vi gueur de pénalités en matières de prise de posses sion de titres ecclésiastiques. (Suite.) Nous y voilà, se dit en lui-même Valentin Dubreuil, tenons-nous bien. Sa pensée fut interrompue par la voix sonore du maire, qui criait en laissant échapper un gros rire: Si vous êtes encore de ce monde je l'espère bien, corbleu et toute la commune aussi. Sans adieu, monsieur le maire. Au revoir, mon maître, riposta celui-ci avec une sorte d'affectation qui ne laissa pas que d'être remarquée par le jeune homme sans qu'il en com prît la portée. Cette seconde épreuve avait, en partie, réhabi lité le prêtre dans l'estime de Vex-clerc de notaire. Pour la première fois, il se demanda s'il n'était pas allé trop loin. Mais il n'y avait plus reculer. Ces nouvelles impressions furent de courte du rée, attendu qu'on arriva presque aussitôt devant le presbytère. L'instruction de l'affaire Bocarmé sera, dit- on, terminée vers le 25 mars, époqite laquelle M. le juge d'instruction déposera son rapport. Mm° de Bocarmé a maintenant cessé d'êtreinterrogée; mais son mari subit encore chaque jour; la pr$ion des Carmes de Tournai, des interrogàtèires qui se pro longent parfois fort avant dans la [soirée selon le dire de l'un des magistrats, M. de Bocarmé répond avec beaucoup d'esprit et d'adresseanx nombreuses questions qui lui sont posées. Dans le cas probable d'un renvoi devant la cour d'assises, c'est le 25 avril prochain que l'affaire sera appelée Mons; elle durera plus de huit jours. On dit que les Montois, en présence de l'exiguité du local de la cour d'assises et du nombre considérable d'étrangers qui afflueront vers cette ville lors du procès, ont fait des démarches pour obtenir qu'il eut lieu dans le grand salon de l'Hô- tel—de—Ville et que leur demande a été favorable ment accueillie. [Économie.) Un journal de Tournai annonce que Me Chaix-d'Est-Ange viendra présenter la défense de M. et de Mmo de Bocarmé devant les assises du Hainant. Le Courrier du Bas-Rhin du 24 février signale, d'après les journaux suisses, les faits sui- vans Il est tombé deux reprises de la neige ronge dans la vallée de Rheinwald. Le même phénomène a eu lieu dans la vallée d'Urseren dans les pre miers jours de ce mois et encore la semaine dernière. A la même époque, il est tombé de la pluie rouge et jaune dans la Lombardie. Les objets hu mectés de cette pluie restaient, après avoir séché, empreints d'un dépôt coloré. Ou lit dans le Mornirtg-Herald du 27 fé vrier, le fait suivant, qui montre quel degré de misère est arrivée la malheureuse Irlande Une enquête a eu lieu hier la taverne du Joli-Matelot Rotberhithe sur lecorps d'un enfant mâle âgé de quatre semaines. Voici quelle occa sion. Il paraît que certaines paroisses d'Irlande, pour se débarrasser de leurs pauvres, leur paient C'était une maison proprement tenue, presque élégante, située au fond d'une cour, qui était sé parée de la rue par une grille. Il ne fut pas nécessaire d'agiter la sonnette, car on vit aussitôt accourir une jeune fille d'une beauté remarquable, mise avec une simplicité du meilleur goût; sa figure exprimait la joie et la sollicitude. Mou Dieu mon oncle, si tôt de retour; que vous est-il donc arrivé? s'écria-t-elle en appro chant. Mon oncle se dit l'étranger, je devine; une nièce charmante, c'est la compagne obligée de tons les curés. Il fut tiré de sa réflexion par la réponse du pas teur. Il ne m'est rien arrivé tranquillise-toi, chère petite mais j'ai rencontré monsieur avec qui j'ai causer d'affaires. Durant ce pourparler, la grille s'était ouverte; les trois personnages avaient traversé la cour et se trouvaient déjà dans la salle d'entrée. La jeune fille examinait furtivement l'inconnu les frais de transport jusqu'à Londres, où ces mal heureux ne trouvent le plus souvent qu'une misère d'une forme tout aussi hideuse que celle qui les dévore dans leur pays. Une femme irlandaise, âgée de 22 ans, s'étant ainsi embarquée sur le steamer le Pélican, pour aller Londres, au prix de 2 schellings (2 fr. 5o environ) resta trois jours et trois nuits sans abri, sur le pont, au milieu de 750 hommes, femmes et enfans, qui allaient comme elle chercher un meil leur sort. Aussi, même avant d'aborder, son pauvre en fant était mort de froid car elle avait peine de quoi le couvrir, et il était tombé plusieurs grains pendant la traversée. M. Heirçi Gardinier, officier public chargé de réclamer les enquêtes, a déclaré qu'il était sa connaissance que des convois de 1,000 individus avaient été ainsi amenés plusieurs fois d'Irlande, au prix d'un schelling 6 deniers et 2 schellings au plus par tête. Après une courte délibération, le jury d'en quête a rendu, l'unanimité, le verdict suivant L'enfant défunt est mort de froid pour avoir été exposé la rigueur de la saison, sa mère étant passagère sur le pont du steamer le Pélicanvenant d'Irlande Londres; il est profondément regret table que le gouvernement n'ait pas pris des me sures convenables pour empêcher que l'on ne transportât ainsi des personnes d'Irlande sans au cune des précautions nécessaires garantir la vie. Le digne coroner ensuite ordonne M. Gard- ner de faire transporter la pauvre mère au Work- house, et lui a, en outre, donné quelque argent de sa bourse. Il existe Londres un boucher qui possède une fortune de 4 millions. Ses aïeux ont exercé le même état son père l'a laissé pourvu de 2 mil lions, et lui, par modestie, suit la profession de son père un vieil nsage très honnorable. Ce gentle man boucher revient de l'abatoir dans sa voiture et retourne son hôtel. La baisse de l'or aux principales places de commerce de l'Europe a été généralement attribuée la production énorme de ce métal tant en Cali fornie qu'en Russie. Mais, d'après des nouvelles de S'-Pétersbourg la production de l'or a diminué dont la tournure ne la rassurait qu'à moitié, avec d'autant plus de raison que l'air grave de son oncle ne lui avait point échappé. Nonobstant cette en quête rapide, qui est un des instincts de la femme, elle baissait les yeux et semblait attendre un ordre. Presque aussitôt, se ravisant, elle s'écria gra cieusement, comme c'est l'usage la campagne Vous allez vous rafraîchir, messieurs. Pas présent, mon enfant, répondit le curé donne-moi la clef du pavillon, et, en même temps, il faisait signe l'étranger de s'asseoir. La jeune fille s'échappa et reparut bientôt après avec la clef qu'on venait de lui demander, et, s'é tant assurée que sa présence n'était plus nécessaire, elle se retira discrètement, non sans laisser percer un peu d'inquiétude et sans décocher un dernier conp-d'œil sur la mine étrange qu'elle voyait pour la première fois. A peine eut-elle disparu, que l'ex-clerc de no taire se livra derechef la pensée malveillante qui lui était venue en arrivant au presbytère. Ce curé, est, ma foi, bien heureux, se dit-il.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1851 | | pagina 1