JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
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No 3492.
34me année.
7PB.ES, 19 Mars.
Nous croyons être revenus assez sou
vent sur la question soulevée par la presse
libéraliste propos du mandement de l'ar
chevêque de Paris. Nous croyons avoir suf
fisamment mis en relief le véritable sens;
la vraie portée de cette mesure. Cependant
les interpellations provoquantes que nous
adresse le Progrès nous obligent de revenir
la charge.
Cette fois, nous le constatons avec plaisir,
le confrère, qui s'était retranché constam
ment dans les vagues déclamations, traitant
d'arguties les arguments qu'il ne savait ré
futer, le confrère, disons-nous, se décide
enfin poser la question d'une manière
quelque peu catégorique. Nous nous gar
derons bien de rester sourds son appel.
Voici les quatre interpellations qu'il nous
adresse et ce que nous y repondons.
lère Q. L'orthodoxie des décrets d'un
concile, régulièrement assemblé, est-elle
contestable? R. Un concile provincial,
tel que celui de Paris, n'étend guère ses
prescriptions au delà des bornes de la pro
vince, et partout ailleurs est comme non-
avenue.
2eme Q. Le mandement de l'archevêque
de Paris, a-t-îl, oui ou non, été donné pour
développer et confirmer le décret du con
cile de Paris, relatif l'intervention du
clergé dans les affaires politiques?»
R. Ce mandement a été publié dans ce but;
mais les autres évêques composant le con-
LE DUEL DU CURÉ.
(Suite.)
cile n'ayant pas étendu les mêmes pres
criptions leurs propres diocèses, il est
parfaitement clair que leurs auteurs, Pères
de l'assemblée, ont considéré (ainsi que
nous avons fait) les mesures en question,
comme uniquement appliquables au seul
archevêché de Paris. i
5<"ule Q. L'unité dé l'église catholique
et de ses doctrines peut-elle être mise
en doute? R. Il n'y a que le Pape et
le concile œcuménique dont les décisions
aient force de loi par toute l'Église.
4èmè Et soutenir que ces doctrines
(celles de l'église catholique) varient sui
vantes temps, les lieux et les circonstances,
n'est-ce pas porter une grave atteinte l'u
nité de l'église et fournir un terrible argu
ment ses ennemis? - R. i° s'il existait
une divergence de doctrine entre M*' Sibour
et les évêques Belges c'est au Pape qu'il
appartiendrait de .décider. 2* Il n'est pas
question de doctrinemais seulement de la
conduite qu'il importe au clergé de tenir
dans les circonstances actuelles; or, telle
manière d'agir, efficace et salutaire ici, et
parfaitement légitime en elle-même, pour
rait n'être ailleurs qu'une imprudence fu
neste et déplorablé: il en est ainsi en toutes
choses, dans le civil et le temporel, plus
souvent encore qu'en matière ecclésias
tique.
Yoilà pourtant les grosses difficultés,
qui nous devaient valoir le coup de grâce
ce que s'imaginait modestement la feuille
libéraliste. Sans doute, nous croit-il acculés
au pied du mur. Qu'il n'en ait cure cepen
dant. Noire science tbéologique ou cano-
que (n'importe quel mot il faille employer)
quelque ebétive que nous la reconnais
sions, nous semble de taille lutter contre
la sienne. Simples laïcs, il nous suffit pour
confondre ses attaques d'avoir recours aux
souvenirs scolaires de notre première jeu
nesse. Et de fait il n'est si modeste écolier
qui le catéchisme et l'histoire élémentaire de
l'Église la main n'en remontrerait ces
casuistes, dont les déclamations passion
nées l'encontre de prétendus empiéte
ments dans le domaine civil n'empêchent
pas qu'ils ne s'immiscent effrontément dans
des matières du domaine ecclésiastique.
Le confrère donc, qui n'a pas l'air fort
docte en fait de doctrine chrétienne, ébloui
apparemment des profondes connaissances
tbéolpgiques, dont sa naïve ignorance nous
gratifie bien qu'indignes, ne peut s'imagi
ner qu'une plume laïque recèle les trésors
d'une aussi vaste érudition. Il se gardera
bien cependant, malgré qu'il se vante d'en
posséder les preuves, d'établir la coopéra
tion d'un membre du clergé noire ré
daction. Nous l'en défiâmes, il n'y a pas
longtemps, et nous renouvelons ce défi qui
ne sera jamais relevé.
Nous n'ajouterons plus qu'un mot. Aux
interpellations du Progrès nous avons re
pondu spontanément et d'une manière ca
tégorique. notre tour maintenant de lui
poser une seule en simple question.
Supposons un différent entre deux évê
ques (quoique nous ayons démontré sa
tiété que ce différent n'est pas réel dans le
cas dont il s'agit ici); auquel de ces deux
prélats les fidèles de leur diocèse respectif
doivent-ils obéissance et soumission respec
tueuse, aussi longtemps du moins que le
souverain pontife n'a pas décidé? Que
le Progrès nous réponde catégoriquement.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne ïpres, rue de Lille, io, près là Grande
Place, et cWei les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE OROVKEREKT, par trlmeritre,
ïpres fr 3. Les autres localités fr 3-5o. Un 11» a5.
le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions 13 centimes la ligne).
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EX DERX1ER MOT TOUCHAXT L'AFFAIRE
RU MAX DE M EXT.
L'idée de voir la capitale ne contribua pas peu
me rendre docile aux désirs de ma mère. Arrivé
Paris, mon oncle me fit terminer mes éludes et
faire mon droit; puis, en attendant une autre des
tination, je me mis travailler dans une étude de
notaire.
Toujours préoccupé du désir de vous voir, je fis
de nombreuses recherches pour me mettre sur vos
traces ce fut eu vain. J'appris seulement, au mi
nistère de la guerre, que vous aviez quitté le ser
vice, et je ne pus jamais savoir ce que vous étiez
devenu.
Ici le pasteur sourit avec mélancolie, et laissa
presque échapper un soupir.
Continue,'dit-il, mon ami, comme pour faire
diversion.
J'en étais lh de ma carrière, quand mon oncle
mourut, me laissant pour héritage un assez joli mo-
bilier et quelque argent. H me fut aisé de faire
comprendre ma mère que je pourrais me suffire
Paris, où j'avais déjà un commencement de po
sition pour lui en donner la certitude, je déclarai
n'avoir nullement besoin qu'elle partageât avec
moi son revenu, peine suffisant pour elle-même.
J'avais d'assez nombreuses connaissances; je voyais
quelquefois le monde et j'y étais bien accueilli.
Sur ces entrefaites, arriva la révolution de fé
vrier. Cet événement exalta mon imagination,
naturellement portée aux idées républicaines. Je
fréquentai les clubs; j'y portai la parole et y ob
tins du succès. Des amis me conseillèrent d'écrire
dans un jonrnal, et n'eurent pas de peine a me per
suader.
Dès ce moment, je me jetai avec feu dans la
politique la plus avancée, après avoir quitté mon
notaire, bien entendu.
Ma plume me rapportait d'assez bons produits;
mais les dépenses obligées qu'il me fallait faire
journellement dépassaient mes ressources.
Bientôt les événemens changèrent,de face; mon
Samedi dernier, Mgr l'évêqne de Bruges a or
donné dans l'église du séminaire 10 prêtres, i5
diacres et 9 sous-diacres.
M. Goubau, vicaire Weslnieuwkerkeest
nommé curé Helchio.
M. Van Haverbeke, enréa Moorzeele, y est dé
cédé le i4 de ce mois.
journal tomba, les besoins se firent sentir, et je
dépensai tout ce que j'avais en réserve.
Tu as fait, m'as-tu dit, tes preuves de cou
rage, interrompit le curé, tu ne m'en as pas encore
parlé*
Hélas! j'allais vous le dire, car je suis bien
décidé ne vous rien cacher. J'ai combattu aux
barricades de juin.
Malheureux! s'écria le pasteur en reculant
son siège.
Veuillez m'écouter jusqu'au bout; j'accepte
d'avance tous vos reproches.
Et il continua, pendant que l'abbé promenait
silencieusement sur lui ses regards indignes.
Vous connaissez l'issue de ces fatales jour
nées. Depuis cette époque, 111a position devint de
plus en plus précaire. Pour vivre et secourir mes
amis, je vendis vil prix la plus grande partie de
ce que je possédais.
Enfin, le 13 juin dernier acheva de ruiner notre
cause. A partir de Ik, mon séjour a Paris De fui pas
sans danger je pouvais y être dénoncé, poursuivi.