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JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N<> 3506.
Mercredi, 7 Mai 1851.
34me année.
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Que nous veut !e Progrès avec ses grands
airs d'indignation? La vertueuse feuille pa
rait tout hors d'elle même: c'est incroyable,
c'est indigne, répéte-t-elle en nous toisant!
Voyons un peu de quoi il est question.
Aucun de nos lecteurs n'ignore que le
délai accordé la société concessionnaire
Richards pour l'exécution du chemin de
fer d'Ypres Courlrai, est expiré. Or, la
société consent accomplir celle partie de
son engagement, pourvu qu'on la décharge
de la construction du rail-way de Thielt.
A celle nouvelle, ce dernier arrondisse
ment, craignant de voir ses inlérêls com
promis, proposa comme terme moyen de
joindre notre ville la ligne de Courtrai-
Bruges, en passant par Roulers, et de là
Thielt et Deynze.
Un tel projet devait, au premier abord,
paraître contraire aux intérêts de notre
arrondissement, puisqu'il privait Wervicq
de la-voie ferrée qui devait traverser cette
commune, et ce titre l'adoption du projet
que nous mentionnons, nous paraîtrait des
plus regrettables. Considérée sous ce point
de vue la question était comprise de tout
le monde: nous n'avions donc pas nous
en mêler pour la mettre en lumière.
Mais voici que d'autre part, on prétend
que l'exécution du rail-way qui doit relier
Ypres et Poperinghe Thielt et Deynze, est
l'unique remède pour sauver l'industrie
linière, et bien que cette industrie soit peu
cultivée dans notre arrondissement, per
sonne, croyons-nous, ne songera denier
les résultats favorables ou désastreux, qui
doivent indirectement découler pour nous
de l'état prospère ou misérable d'une in
dustrie vitale pour notre province. D'ail
leurs, on ajoutait encore que ce second
projet moins coûteux était seul réalisable,
vu les résultats peu brillants que promet
tait la société concessionnaire l'exploita
tion du chemin de fer de notre Flandre.
Au surplus, si d'après ce nouveau plan
nous n'étions plus reliés aussi directement
au centre du royaume, du moins ce détour
était peu considérable. Hàtons-nous d'a
jouter que nous n'émîmes aucun mot dans
Je sens de cette proposition: seulement il
parut dans nos colonnes un article em
prunté la Patrie de Bruges, où la ligne
d'Ypres Thielt était représentée comme
la plus favorable aux intérêts communs
de la province. C'était là une question en
litige. Aussi, l'éditeur de ce journal juga-
t-il avec raison propos de publier les
reflexions de la feuille brugeoise, non
comme article de fonds, mais parmi des nou
velles diverses, ainsi qu'une pièce bonne
consulter et exposant des idées neuves sur
la matière.
C'est pourtant là le prétexte des hauts
cris que pousse contre nous la feuille
orangiste de cette ville; c'est là ce qui
nous vaut les qualifications les plus ou
trageantes de sa part. 11 ne tiendrait pas
ce mauvais drôle de nous attribuer les
plus sinistres complots contre le bien-être
de notre ville natale; de nous faire passer,
en un mot, pour des Coriolan, des Catilina.
Toutefois cette étrange colère du Pro
grès, si elle s'adressait nous seuls, ne
serait que ridicule; mais chez lui il faut
que tout tourne l'odieux. Ainsi ce n'est
pas nous seuls, l'en croire, qui trahis
sons les intérêts de la cité; c'est le parti
conservateur tout entier. Nous le deman
dons: jamais pareille impudence souilla-
t-elle les colonnes d'un journal, quelque
libéralisle qu'il fut? Où a-l-il vu, le Pro
grès, que le parti modéré soit contraire
la construction de notre chemin de fer
vers Courlrai (puisque c'est bien ce projet
là, qui dans sa manière de voir, est l'in
faillible pierre de touche du patriotisme
civique)? Nos représentants MM. Malou et
Van Renynghe n'en ont-ils pas appuyé la
mise exécution de tout leur pouvoir? Les
amis politiques que nous comptons la
chambre de commerce agissent de même.
Et nos concitoyens du parti conservateur
signent l'envi la pétition qui circule en
ce sens dans nos murs.
Voilà ce que le Progrès sait mieux que
qui que ce soit. Mais les élections commu
nales approchent, et nefaut-il pas préparer
le terrain, force de mensonges et de ca
lomnies? C'est une spéculation qu'il est
permis d'attribuer au confrère, sans trop
préjuger de lui; puisqu'enfin il n'en est
plus son début. Du reste, il nous serait
facile de démontrer combien le civisme
ardent qu'il étale aujourd'hui, s'accorde
mal avec ses antécédents. Peut-être y re
viendrons-nous.
UN NOUVEL IMPOT.
La séance de la Chambre des Représen
tants, du 2 Mai, a été signalée par un re
marquable incident. M. le Ministre des
finances en présentant son projet d'impôt
sur la succession en ligne collatérale, des
tiné subvenir, d'après les déclarations
ministérielles, l'exécution de travaux
importants, a refusé néanmoins de faire
connaître en quoi ces travaux devaient con
sister. Une pareille reticence a vivement
impressionné la Chambre. Ainsi qu'un
journal le remarque avec raison, elle est
contraire tous nos précédents histori
ques; jamais gouvernement, fut-il espagnol
ou autrichien, dans des temps où le pou
voir monarchique était dans toute sa force,
n'eut entrepris d'obtenir de nos pères une
levée d'impôts, sans désigner l'emploi qu'il
en comptait faire.
Nous ignorons ce qui fait dire au Pro
grès, d'après un de ses pareils, que les
catholiques politiques ne veulent la liberté
en matière d'enseignement que pour les
pères de famille qui sont leurs dociles
instruments, et qu'ils veulent dépouiller
de cette liberté tous les autres.
Cette allégation est d'une mauvaise foi
inqualifiable. Les catholiques n'ont jamais
cessé de défendre et d'exiger la liberté de
l'enseignement, en faveur de tout le monde,
quelqu'habit que l'on porte, quelqu'opinion
que l'on professe. C'est en vertu de ce même
principe qu'ils s'opposent ce que l'Etat
se déclarele champion d'un parti, en adop
tant exclusivement ses idées en matière
d'instruction puplique; puisqu'en ce cas,
la liberté d'action du parti adverse se trou
verai t gravement resserrée et compromise.
Alors surtout que l'opinion publique se
trouve divisée entre deux camps de force
peu près égale, il serait infidèle sa
mission le gouvernement qui croirait de
voir régir l'État, au nom d'un parti, du
parti qui l'éleva sur le pavois; puisque
après tout le gouvernement, l'Etat repré
sente,-non pas une coterie, une faction;
mais la nation toute entière.
Depuis quelque temps, et ces derniers
jours surtout, il n'a cessé de pleuvoir avec
abondance. Déjà les prairies basses qui
avoisinent la porte de Lille, sont inondées
comme en plein hiver. Le long de la route
de Boesinghe, les eaux de l'Yperlée débor
dent dans la campagne; en un mot, on
se croirait au beau milieu de février. Di
manche dernier, une trombe entremêlée
de grêle et de neige passa sur notre ville
avec fracas. C'était, pour nous servir d'une
expression consacrée, une véritable gouver
neur s-vlaeghe, et des mieux conditionnées.
Avant hier la société des anciens frères
d'armes de l'Empire français, s'est rendue
en cortège de son local l'Aigle d'Or, l'é
glise de S1 Martin, afin d'assister une
messe solennelle de requiem en commé
moration du 50me anniversaire de la mort
de Napoléon et la mémoire des frères
appartenant cette société.
VÉRITÉ ET JGSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, io, près la Giânde
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE li'ABO.HEIIEiT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. \Jn n° 25.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine (insertions 19 centimes la ligne).
7 Mai.
une colère telle Qu'll y en a peu.
COMMENT LES CATHOLIQUES ENTENDENT
LA LIBERTÉ DE L'ENSEIGNEMENT.
M. le ministre des affaires étrangères vient de
faire parvenir, dans les localités intéressés, des do
cuments qui annoncent l'aplanissement des diffi
cultés opposées dernièrement par la douane de
Lille l'entrée en France des toiles écrus belges,
et les nombreux obstacles qu'il a fallu vaincre
pour mener lin celte affaire; ces documents sont
accompagnés d'un échantillon de toile conforme au
nouveau type pour les toiles écrues admis par la