FRANCE. Paris, 7 mai.
Un soldat, nommé Jonkheere, se trouvait
lundi au faction au 5"" quartier de la maison de
force a Gand son fusil partit par maladresse et
il eut la main gauche traversée de part et d'autre
par une balle. Après qu'on lui eut donné les pre
miers soins, il a été transporté a l'hôpital militaire,
où l'amputation de la main lui a été fait au-dessus
du poignet.
On écrit de Gand le 7 mai Ce matina
quatre heures, le pont sur le ruisseau la Caele,
pour la traversée du chemin de fer, h Laodeghem,
a été enlevé par la violence des eaux. Les voya
geurs qu'amenait le premier convoi d'Ostende ont
traversé le ruisseau en barquette, un convoi de
secours, envoyé de notre station, les a amenés en
suite en ville.
Aux environs de Nevele une digne du canal
de Schipdonck s'est rompue; par suite de cette
rupture les eaux ont envahi les prairies.
A Roulers, le Mandel est également sorti de
son litet les eaux stationnent dans une partie de
la ville, notamment dans les rues d'Ypres et au
nouveau marché; les caves sont remplies d'eau.
Dans les communes d'Ardoye, Cachtem,Emel-
gem, Gits, Hooghlede, Beveren, Ingelmunster, Ise-
ghem, Oost-Nieuwkerke, Ouckene et Rumbeke,
beaucoup de prairies et de terrains sont inondés,
et en généralle colza si beau et si luxiriant ces
jours derniers, est tombé et a beaucoup souffert par
la neige.
La Reine Marie-Amélie, accompagné dè son
fils le prince de Joinvilleest arrivée le 7 a une
heure et quart a la Coupure du chemin de fer par
un convoi spécial. Des voitures de la cour ont con
duit les augustes personnages au château de Laeken.
Le mauvais temps ayant forcé l'ex-Reine des
Français de s'arrêter Douvres, elle n'a pu s'em
barquer que mardi minuit. Le 7 h six heures, elle
se trouvait Oslende où après avoir pris un dé
jeuner a la station elle est partie pour Bruxelles.
Le convoi dans lequel se trouvaient les augustes
voyageurs a dû faire un détour considérable h cause
de la rupture du pont de Landeghetn entre Bruges
et Gand, que la violence des eaux avait emporté. Il
s'est dirigé sur Courtrai pour se rendre a Gand par
une autre voie.
Le convoi ordinaire parti le 7 au matin d'Os
tende a dû s'arrêter avant d'arriver h l'endroit où se
trouve le pont de Landeghem. Les voyageurs ont
dû faire un petit détour pied.
La Reine Marie-Amélie et le prince de Join-
ville se sont rendus le 8 au matin a l'église de
N.-D. de Laeken, pour assister a la messe.
Le départ pour Mous de M. et de Mme de
Ëocarmé a été suivi de l'envoi des pièces de con
viction qui doivent servir au procès. Parmi ces
pièces on remarquait une certaine quantité de
tabac en feuilles. Ces différentes objets remplis
saient les deux tiers d'un waggon de marchandises.
Quatre suicides ont déjà été constatés
Bruxelles cette semaine.
MM. Hannotau, Kensier, Boos, lieutenants
dans l'armée belge, et M. Vandersmissen, sous-
lieutenant de la même nation, viennent d'arriver
Alger. Ces officiers doivent faire partie de l'expé
dition que M. le général de S1-Arnaud va diriger
du côté de Djidjelli.
Le 6, vers 10 172 heures du soir, un com
mencement d'incendie s'est déclaré dans une cham
bre de la maison n° i5, rue Ste-Ursule, Liège.
Une personne morte y avait été ensevelie, et Tes
bougies ayant été trop rapprochées du lit, le feu se
communiqua ce dernier et le consuma en partie.
Heureusement, les pompiers de service furent tout
de suite avertis, vu la proximité des lieux, et cet
incendie fut promplement éteint.
Mardi dernier, dans l'après-dînée, un bateau
descendant la Meuse est venu se heurter contre
l'une des piles du Pont-des-Arches Liège. Le
choc a été tellement violent qu'une voie d'eau s'est
immédiatement déclarée, et que ce bateau a coulé
fond près du port de la Goffe.
Les conducteurs ont pu heureusement gagner le
rivage dans une nacelle.
Il résulte d'une lettre du consul de Belgique
dans les Deux-Siciles que, d'après des nouvelles
arrivées Naples annonçant qu'une maladie grave
a éclaté Gênesdes ordres ont été donnés, le i5
avril dernier, par le gouvernement napolitain, pour
interdire l'entrée du port et le débarquement, aux
navires de toute provenance. Le bateau vapeur la
Ville de Marseille, qui avait touché au port de
Gênes, a été obligé de se retirer.
A la date du 16 avril dernier, aucun avis officiel
n'était encore parvenu aux membres du corps con
sulaire résidant Naples, mais on a su, par le bruit
public, que les navires de diverses provenances
étaient frappés de quarantaine et que les navires
venant de Gênes ne seraient plus admis du tout.
On suppose que l'on refusera également les na
vires venant de l'Amérique méridionale.
Le magistrat sanitaire Naples, a pris, le i4
avril dernier la décision suivante', motivée par les
avis reçus de Rio de Janeiro, où des cas de fièvre
jaune se seraient déclaré bord de quelques navires
l'ancre dans la rade de ce dernier port
i° A partir du i4 avril, tous les navires pro
venant de l'empire du Brésil sont refusés;
2° Ceux provenant de la France et de l'Algérie,
de l'Angleterre, des ports autrichiens, y compris la
Vénétie, et des îles Ioniennes, sont soumis une
quarantaine de vingt-ét-un jour;
3° Ceux provenant de Malte, de Gibraltar et de
tous les ports italiens, sont soumis la quarantaine
de quatorze jours.
Mme la marquise de Livry, née de Monta-
lembert, est décédée le 1r mai au château de Lasson
(Calvados), dans un âge avancé. Les premières an
nées de sa jeunesse avaient été cruellement éprou
vées; en 1795, la tête de son père tomba sous la
hache du bourreau; elle-même, détenue Saint-
Lazare, semblaitdestinéeàune fin semblable quand
a l'aide d'un déguisement elle parvint U s'évader.
Malgré ces cruels souvenirs, Mme de Livry avait
constamment conservé la paix du cœur et la séré
nité de l'esprit, auxquelles se joignait en elle une
bonté sans égale.
M. Jules Favre a plaidé devant la première
chambre un procès fait M,ue d'Angoulème et M.
de Chatnbord, par la veuve et les enfants d'un sieur
Naundorff, ancien horloger prussien, qui jusqu'à sa
mort, arrivée en 184-5a prétendu être le duc de
Normandie, fils de Louis XVI, dont l'acte de décès
a cependant été'dressé au Temple, le a4 prairial,
an III.(i2 juin 1795). La veuve et les enfants
Naundorff demandent la nullité de cet acte de
décès, et revendiquent la qualité de veuve et
d'enfants légitimes du duc de Normandie, fils de
Louis XVI.
C'est en Prusse qu'aurait été couduît le jeune
Dauphin, enlevé de sa prison par des amis dé
voués; quant aux preuves de son indentité, M.
Jules Favre a essayé de les établir par le témoin
guage de plusieurs personnes qui avaient connu
le dauphin, et ceux notamment de Mme de Ram-
baud, berceuse du jeune prince depuis le jour de
sa naissance jusqu'en 1792, et de M. Bremond,
ancien secrétaire intime de Louis XVI.
L'affaire est remise quinzaine.
On écrit de Rhodes, le 16 avril
Des voyageurs arrivés de Maku annoncent
qu'un volcan s'est réellement formé entre Simbours
et Lewis, mais il ne vomit pas de flammes; il n'en
sort qu'une fumée épaisse et blanchâtreque l'on
aperçoit d'ici quand le temps est beau. Le trem
blement de terre continue, et ici même nous éprou
vons chaque jour de petites secousses.
On écrit de Cracovie, le 26 avril
On a tiré tout récemment du fleuve Ibruez,
près de Eembouchure du petit fleuve Guise sous le
village de Linzkowie, une statue de pierre de sept
aunes de haut de Spiatwitz idole des anciens Sta ves,
qui a quatre visages tournés vers les quatre parties
du monde. Des quatre côtés il y a des ornemens
sculptés.
Cette statue était restée près de mille ans dans
le fleuve. C'est dans le domaine du comte Miezyslau
Potocki que la statue a été retirée du fleuve. Le
comte en a fait cadeau l'université de notre ville.»
Lundi, un accident déplorable est arrivé sur
la ligne du chemin de fer d'Epsora, près de Lon
dres; dans un tunnel deux convois ont couru l'un
sur l'autre, il en est résulté un choc terrible il y a
eu quelques blessés et des morts.
On écrit de New-York (États-Unis), le i5
avril Il est certain que l'on construit en ce mo
ment New-York, pour le chemin de fer de l'Erie,
une locomotive d'une nouvelle invention, où l'eau
sera chauffée par l'alcool, au lieu de houille ou de
tout autre combustible solide; mais on garde la-
dessus un secret impénétrable.
On lit dans l'Assemblée nationale
a Les révolutionnaires ont imposé la France
un gouvernement antipathique ses mœurs, ses
intérêts, un gouvernement qui n'a pu conserver au
pouvoir un seul républicain, et qui n'a pu faire
éclore un seul homme capable de le protéger.
On ne croit pas la durée de la forme répu
blicaine, qui peut rétablir la confiance.
Les révolutionnaires ont souvent cité la courte
durée des monarchies depuis un demi siècle. Qu'ils
viennent donc nous démontrer la stabilité de leur
République, la durée de leurs dynastie qui oui paru,
et disparu si rapidement au pouvoir.
En vérité, pour trouver de l'allégresse sincère
dans la population les jours anniversaires de l'éta
blissement de la République, il faudrait au moins
prouver que ce gouvernement est le plus fécond
pour les intérêts du pays, le plus courageux pour
son avenir.
Nous vous avons sommés souvent de nous mon
trer les bienfaits de la République. 11 est vrai que
nous vous avons aussi demandé qu'on nous montrât
en France des républicains. Nous vous l'avons dit
souvent que l'on cherche des républicains dans
les magistrats, dans les chefs des administrations
départementales, dans les propriétaires, dans les
grands manufacturiers, dans les fonctionnaires qui
ont la confiance de leurs administrés, parmi la ma
jorité souveraine, parmi les ministres de la France
l'intérieur, parmi ses représentans au dehors,
et partout l'on trouvera non-seulement de la dé-
fiancemais une antipathie profonde contre la
situation que nous a faite la révolution de Février.
La majorité du pays possèdeon ne le Diera
point, la force et le pouvoir, elle a donné la preuve
d'une longue patience; peut-elle toujours supporter
la tyrannie de la minorité?
Elle aspire vers un pouvoir durable, vers un
gouvernement monarchique. N'est-il pas dans son
droit de rechercher la voie la plus prompte, la plus
sûre pour arriver son but.
On lit dans l'Indépendant de la Moselle
Un crime épouvantable et presqu'inoui, si l'on
considère l'âge de son auteur, a été commis, il y a
quelques jours, Lunéville. Un enfant de douze
ans appartenant une famille très-honorable, mais
enclin, dit on, aux penchaut les plus pervers, venait
d'avoir avec son père une scène, la suite de la
quelle celui-ci s'était retiré empreint d'une tristesse
profonde. Une jeune domestique de la maison vou
lut faire quelques remontrances l'enfant. Ge
n'est pas bien, lui dit-elle, de causer du chagrin
votre père qui vous aime tant.Tais-toi, ou je te
tue, répondit l'enfant furieux la jeune fille; et
comme celui-ci voulait continuern'attachant pas
d'importance une telle menace, l'enfant disparut,
puis revint presqu'aussitôt armé du fusil de son
père, ajusta la servante et l'étendit morte ses
pieds.
Deux brigades de gendarmerie, celle de Cas-
tries et l'autre de Montpellier, se sont rendues
Mauguio (Hérault), pour prêter main-forte M. le
juge de paix, dans différentes visites domiciliaires
opérées par ce magistrat. Ces visites ont amené la
saisies d'un certain nombre d'armes de guerre.
On lit dans le Courrier du Havre, du
«Il faut être juste envers tout le monde. Pas
plus qu'à Paris l'ordre n'a été troublé ici, et l'au
torité n'a pas eu réprimer la moindre manifes
tation. Ni cris séditieux ni chants démagogiques,
rien n'a assombri la cérémonie d'hier; mais il faut
le dire aussi, il y avait absence complète d'enthou
siasme peine a-t-on entendu quelques acclama-