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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3516
34me année.
TPPaSS, ii Juin.
DE L'INSTRUCTION SECONDAIRE.
La conduite et les intentions du minis
tère ne sont rien moins que rassurantes
au point de vue des intérêts des pères de
famille pour l'éducation de leurs enfants
dans les écoles publiques. Déjà en voyant
la torpeur avec laquelle l'administration
communale de cette ville laisse l'instruc
tion religieuse dans un état complet d'a
bandon, nous avions signalé les mauvais
effets que la nouvelle loi semble destinée
produire. Un article de Y Indépendance où
la feuille ministérielle s'applaudissait hy
pocritement des efforts du Gouvernement,
nous donna l'occasion d'étendre quelque
peu celte thèse. Mais les paroles prononcées
en dernier lieu par M. Rogier au Sénat dis
sipent désormais toute illusion. Elles enlè
vent jusqu'à la probabilité qu'un texte sur
pris par intrigue dans un intérêt de parti,
soit du moins interprété avec loyauté dans
son application. Nous n'avons plus pour ga
rantie contre l'éventualité de voir l'éduca
tion publique complètement pervertie et
démoralisée, que les sentiments personnels
du ministre, ou l'horreur que doit inspirer
naturellement une âme droite un man
quement direct la bonne foi, ou la ré
pulsion qu'à la longue l'opinion publique
finit par manifester contre une odieuse
déception pratiquée aux dépens de ses in
térêts les plus chers.
M. le ministre de l'intérieur a pris une
habitude de guerroyer contre les intérêts
religieux, contre les Évêqueset le Clergé,
contre tout ce qui de loin ou de près con
cerne l'Eglise, qui diminue le fonds qu'on
pourrait faire sur ses sentiments person
nels. Nous ignorons quel culte il appar
tient. Né français il a probablement été
élevé dans la religion catholique. Nous
n'avons pas appris qu'il ait renié cette
religion. Cependant en plusieurs occa
sions où il eut été de sa franchise de pro
fesser hautement quelle foi il est attaché,
il a été d'une si glissante réserve qu'on ne
sait réellement pas quoi s'en tenir sur
son compte, surtout quand on considère
la coïncidence fréquente de ses vues avec
celles d'hommes tels que M. Verhaeghen,
que la franc-maçonnerie, l'offrande au
graveleux Sue, des déclamations au sujet
desRéliquesel d'autres excentricités main
tiennent dans un esprit permanent d'op
position envers le Catholicisme.
Quoi qu'il en soit, il répugnera toujours
une âme élevée, un caractère noble, de
manquer des promesses solennelles, fai
tes en face du pays. On doit avoir une
aversion encore plus grande contre un
système corrupteur qui serait un vrai fléau
de la jeunesse, le corrupteur et le fléau
de la patrie et des générations futures.
Le projet de loi a été présentée sans que
l'instruction religieuse y figurât: le pays
s'est indigné, et malgré le relâchement ex
trême de l'époque, malgré la docilité alors
sans limites de la Chambre, l'opinion gé
nérale, tant dans la Chambre qu'au dehors,
a forcé le ministère formuler une ga
rantie religieuse quelconque dans la loi.
C'est un fait grave sans doute que le mi
nistère d'un peuple civilisé et chrétien,
l'expression gouvernementale de la majo
rité parlementaire d'une nation librement
catholique, ail dû être contraint d'accorder
un mot en faveur de la religion dans la
loi, aûn que la loi ne parût pas balbutiée
comme par une cohue d'athées; mais enfln
ce mot, accordé contre-coeur, pénible
ment arraché, impérieusement exigé, et
formulé dans l'art. 8, ne doit pas être une
mystification, une déception.
Aussi a-t-il été formellement déclaré que
toute facilité serait donnée pour que l'in
struction religieusefonctionnât dignement.
A cet effet deux choses sont nécessaires
l'admission du prêtreet une organi
sation qui ne contrarie pas l'action de la
doctrine religieuse, en d'autres termes des
garanties de moralité de la part des pro
fesseurs. L'enseignement de la religion,
n'est qu'une parole au vent quand la con
duite de ceux que la jeunesse a pour maî
tres ne correspond pas avec la doctrine
que le ministre du culte s'efforce d'incul
quer. Cette homogénéité que le ministère
a tant voulu dans les conseils du Roi,est in
comparablement plus indispensable dans
les principes avancés et pratiqués au mi
lieu des classes, au dedans et au dehors
d'une maison d'éducation.
Lesadministrations publiques parle temps
qui court peuvent comprendre une foule
de gens déplorables sous le rapport moral et
religieux. Des receveurs, des magistrats,
des employés, des officiers, des profes
seurs, en France et en Belgique, seraient
blasphémateurs, concubinaires, francs-
maçons, sans religion, persécuteurs, fou
lant aux pieds les devoirs les plus simples
du culte on les verrait tapissant leurs
demeures d'impudicités, contestant les
dogmes, fesant gras le vendredi, bravant
couverts le S' Sacrement dans la rue, ca
lomniant les institutions religieuses, tour
nant les cérémonies en dérision toutes
ces choses existeraientque les officiers
n'en resteraient pas moins nantis de leurs
épaulettes, les magistrats maintenus sur
leurs sièges, les receveurs, administra
teurs, employés et autres, assis dans leurs
bureaux.
Dans ce tohu-bohu indéniable du XIX*
siècle, est-ce trop demander que de sup
plier au moins le Gouvernement de ne pas
infecter la jeunesse de nos vices, de les
garder au moins pour nous et de ne pas
les transmettre par un effroyable cynisme
nos descendants?
Au lieu du catéchisme, voulez-vous qu'on
mette un jour les Mystères de Paris et le
Juif Errant la main des enfants? Vous ne
le ferez pas. Que dois-je en croire cepen
dant, lorsque, M. Verhaeghen l'une fois
demande un traitement pour Helsen, l'au-
trefois a des plumes d'or pour les Mystères
et le Juif, et jamais autre chose que des
sarcasmes et des c.hicanés pour les Evêques
qui préconiseD.; le catéchisme? Cet échange
que vous nVffectuerez pas, comment l'em
pêcherez. vons de s'accomplir clandestine
ment? L'enfant, le catéchisme aride la
maiu, d'un œil pénétrant découvre son
professeur absorbé dans ses moments d'in
tervalle par la lecture d'un roman, d'un
feuilleton immonde. Quel scrupule fera-il
de l'imiter la première occasion? Cette
occasion ne sera pas éloignée elle court
les rues, elle s'annonce aux vitrines, elle
s'étale dans les journaux du ministère sur
tout. Et que doit-il penser ensuite de l'aus
térité catholique? La sensualité n'aura-t-
elle pas bientôt fait bon marché de la foi?
Des garanties dans les choix sont donc
absolument nécessaires, plus que jamais;
et l'administration laïque est incapable de
les assurer, tant qu'elle tourne le dos
l'autorité ecclésiastique par entêtement et
par caprice de parti, au lieu de s'entendre
et de marcher d'accord avec elle.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ou s'abouue a Ypres, rue de Lille, 10, piès la Giaade
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIT DE L'IMIIEHEIT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités fr 3 5o. Uu n° a5.
Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine (Insertions 11 centimes la ligne).
Lettre de convocation adressée MM. les mem
bres de la Chambre des Représentants
Bruxelles, le 6 juin ISftfl.
Monsieur et honorable collègue,
Le cabinet m'a fait connaître que les modi
fications qui doivent être introduites dans les pro
jets de loi soumis et a soumettre la législative,
ne lui permettaient pas de reprendre immédiate
ment les travaux et lui faisaient désirer que l'ajour
nement de la Chambre des Représentants fût pro
longé encore pendant un certain temps; dans cette
occurence, usant de la latitude que la Chambre