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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N<> 3519.
34me année.
'iil ii
7PP.SD, 21 JUIN.
Après avoir joué plus d'un mois la co
médie (i) dans le but de conserver leurs
portefeuilles, les hommes faisant partie du
ministère, sont enfin appelés se mettre
le 23 courant de nouveau en scène pour
traiter des intérêts et des besoins de la
patrie. Se disant enfants de la nécessité
on sait que pour condition essentielle de
leur maintien aux affaires gouvernemen
tales MM. Kogier et Frère, veulent imposer
aux chambres une série de nouveaux im
pôts destinés faire face aux dépenses que
nécessitera une avalanche de travaux pu
blics, dont comme d'ordinaire les provinces
wallonnes retireront le principal profit.
En tête des charges que médite le ca
binet figure le projet d'impôt sur les suc
cessions, système odieux et vexatoire qui
souleva l'indignation publique une épo
que passée et qui servit de grand et juste
inolif pour rompre les derniers fils qui unis
saient la Belgique la maison d'Orange.
En vérité nous ne savons quel mauvais
génie travaille le ministère, pour qu'il ne
recule point d'exiger de la majorité, en
forme de capitulation, titre d'amende
honorable pour le vote condamnant le
serment, l'adoption d'un principe tout
puant d'antinalionalilé, d'injustice, d'ar-,
bitraire. Pour oser en venir ce point,
certes, le cabinet doit trouver la chambre
bien vile, bien dégénérée, bien abâtardie.
Evidemment; si le lendemain de la mé
morable séance de l'exclusion des Nassau
si le lendemain de l'adoption de notre loi
constitutionnelle on était venu proposer
de souscrire au projet honteux qui sera
soumis aux chambres, avec quelle indigna
tion patriotique, avec quelle manifestation
de noble dédain, n'eut pas étéacceuilli l'au
teur téméraire d'un semblable conseil!
Cependant c'est cette même doctrine que les
Belges ont proscrite et flétrie c'est ce grief
que la Belgique a démolie que l'on veut
rétablir au sein de la patrie; c'est cette
fiscalité tracassière déloyale, et contraire
nos usages, que l'on prétend rétablir.
En quelles mains sont donc tombés les
rênes du pouvoir, et que s'esl-il passé pour
qu'on ose aujourd'hui solliciter les manda
taires du peuple au renversement d'un des
plus brillants trophées de notre victoire?
Que s'est-il passé?... depuis 1830 jus
qu'en 1851 le caractère des masses est resté
le même;lesentiment national l'enconire
d'une loi perfide et immorale est le même
qu'au premier jour de la conquête de notre
indépendance et de nos libertés; c'est bien
là ce que prouvent ces innombrables péti
tions déposées la chambre, et tendantes
obtenir le rejet de cette conception ré
trograde la pensée de la quelle la Bel
gique s'émeut, s'indigne et s'alarme.
Que s'èst-il passé...? l'esprit de vestige
s'est emparé du pouvoir; des hommes gou
vernant au gré des clubs et des loges ma
çonniques plus qu'à l'avantage de la géné
ralité occupent le pinacle des affaires; au
lieu de la raison, de la logique, de l'im
partialité, de la justice, les passions poli
tiques, les rivalités mesquines, l'ambition
la haine, la jolousie, sont parvenus gui
der le ministère, et pour comble de mal
heur, par servilisme, par sujétion, par
esclavage, par peur ou par calcul une frac-
lion notable du parlement se traine la
suite de cette politique d'espèce étrange
ment nouvelle.
L'honneur national, l'intérêt public, la
dignité et la noblesse parlementaires exi
gent qu'il soit mis fin ce spectacle déplo
rable. Le rejet de la loi sur les successions
directes relèverait notre pays de l'abaisse
ment où il se trouve réduit par suite des
exigences ministérielles; nous espérons
qu'une imposante majorité reléguera ce
projet pour toujours dans l'oubii; nous
attendons celle manifestation surtout de
la part des nobles députés des Flandres,
qui par le rejet du serment se sont acquis
une belle place dans l'histoire nationale,
et un impérissable monument de recon
naissance dans le cœur de leurs commet
tants.
Ce n'est pas sans quelque étonneraent
que dans une feuille libéralisle de celle
ville nous trouvons émise l'idée étrange
que le calme, en d'autres termes, l'indif
férence de l'opinion publique durant la
crise ministérielle est une preuve de sym
pathie et de confiance l'égard du cabinet
Kogier-Frère. Cette conclusion de l'hon
nête journal nous semble passablement
forcée. Evidemment le calme, l'indifférence
du pays en celte circonstance doit provenir
de toute autre chose. Elle atteste, ou bien
que l'on se souciait peu de voir nos mi
nistres poursuivre leur gestion, ou bien
que leur retraite ne fut jamais regardée
comme sincère et sérieuse; les feuilles du
parti indépendant l'ont toujours soutenue,
ce n'était qu'une comédie.
Hier dans l'après diner, un sergent-
fourrier du 12"" régiment en garnison en
cette ville, s'est noyé en se baignant dans
le canal de Boesinghe, près du moulin du
Sieur Sonneville. On dit qu'il n'avait plus
que quelques jours servir.
Mercredi un vacarme extraordinaire at
tirait leurs portes les habitants de la rue
de Lille. Cette grande alfiuence de monde
était occasionnée par un homme ivre, qui
transportail un cochon sur une brouette,
avec laquelle il serpentait de telle sorte,
que la rue la plus large de la ville pa
raissait trop étroite en ce moment: Des
passants qui s'esquivaient pour éviter les
éclaboussures disaient d'autres qui s'ar
rêtaient que perdez-vous votre temps
voir deux porcs ensemble.
||9|
1 UH»'
VÉRITÉ ET JUSTICE.
Ou (j'abonue Y près, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
IMtll ne L'ABOWEMEXT, par trimestre,
Ypres fr 3. Les autres localités ,fr 3 5o. Un n° a5.
Le Propagateur parait le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine (insertions 19 centimes la ligne).
(i) Cette faroe ne sera comédie que pour le ministère. Le
pays y verra toute autre chose, puisqu'il aura solder pour
frais la représentation ualiouale la somme de 39,114
fronts 99 etntimes!!!
"~i rr-an i -
On écrit de Dixmude Dimanche dernier, vers
7 heures du soir, S. G. Mgr Malou, en tournée
pour conférer la confirmation, a fait son entrée
dans nos murs, ha ville entière avait un air de
fête, tous les habitants ayant rivalisé de zèle pour
recevoir dignement notre vénérable et savant évê-
que. Dans la soirée, toutes les maisons furent
illuminées, et nous sommes heureux de pouvoir
constater que les Dixmudois sont aujourd'hui ani
més des sentiments religieux de leurs aïeux sen
timents auxquels rendent hommageet notre magni
fique église, et notre hôpital et nos refuges et nos
asyles pour les orphelins et les restes des nombreux
monastères qui autrefois s'élevaient dans notre
contrée.
A Eessen, on a fait Mgr un accueil tout aussi,
cordial, toat aussi brillaDt.
On écrit de Boescbepe Les houblons de 1«
dernière récolle se vendent aujourd'hui Boescbepe
70 fr. les 5o kilog. un cultivateur de Poperiaghe
en a veudu, il y a dix jours, une quantité assez
forte, moyennant 60 fr. les 5o kilogrammes. Les
houblons de i85o étant devenus très-rares, ceux
de 1849 et »848 ont pris une certaine vogue, il
s'en est vendu assez bien depuis quelque temps et
k des prix raisonnables.
Les plantations de cette année offrent la pins
belle apparence a Boeschepe, Poperinghe,
Walou, a l'Abeele; si les pucerons les préservent
de leurs ravages, nous aurons encore quantité et
qualité.
Les dernières pluies ont fait le plus grand bien
non-seulement aux houblons, mais toutes les
céréales et surtout au lin.
Une députation de Conrtray s'est rendue a
Bruxelles auprès du Ministre des travaux publics,
pour conférer avec lui sur le projet du canal de
jonction de l'Escaut k la Lys entre Bossuyt et
Courtrai.
On lit dans la Flandre maritime d'Os-
tende S. M. le Roi et LL. AA. RR. les princes
et la princesse, sont arrivés hier k midi par un
convoi spécial du chemin de fer. MM. de Moer-
kerke et de Briey accompagnent la famille royale.
Le mauvais temps a empêché ces augustes voya-
gehrs de partir pour Londres.
La famille royale est restée k Ostende pendant
tonte la journée d'hier, le mauvais temps l'a em
pêchée de prendre la mer; pendant ce temps lé
Roi s'est promené en ville et sur la digue. Ce ma
tin, k 6 heures, toute la famille s'est embarquée k
bord du uavire anglais Vivid, cap. Sinitthet, en-