les sommités de la magistrature, de la science et du commerce entourait avec recueillement la chaire chrétienne. Les dignités, la fortune, le rang, l'élégance, toutes les distinctions sociales montraient une avidité égale de méditer les hauts en seignements si anciens, si souvent renou velés sous toutes les formes, et néanmoins toujours féconds et nécessaires, que par un frappant contraste débitait au milieu de ces grandeurs un pauvre religieux; un recollet aux vêlements simples et austères, mais la parole tantôt élevée et tonnante, tantôt irrésistible de raisonnement, tantôt subjugeant les coeurs pris sans défense dans l'étreinte d'une suave sensibilité. Jeudi soir, les églises étaient complète ment remplies. Hier avant le départ des Religieux, les paroissiens de S1 Pierre sont allés leur offrir un souvenir d'adieu, et l'hommage d'une pieuse reconnaissance. Le nommé Fr. Hauwen, natif de Pope- ringhe et y demeurant a été arrêté Ypres sous la prévention d'un vol commis dans l'église de S' Martin Ypres, et d'une autre soustraction d'un linge d'autel qu'on suppose avoir été enlevé par lui l'église de S1 Jean Poperinghe. Du moins le sa cristain de S1 Jean, Michel Visagie a déclaré qu'une nappe d'autel avait disparu, sans qu'on sache de quelle manière elle a pu être retrouvée un temps après. Hauwen a été condamné sept mois d'emprisonne- ment par le tribunal d'Ypres. L'objet du vol S1 Martin, qui seul a été juridique ment constaté était de très peu de valeur. Le condamné appartient une honnête famille. Il s'adonnait la boisson, et par son inconduite était tombé dans l'oisivilé et la misère. Un homme qu'on croyait mort a été trouvé sans mouvement sur la voie pu blique Poperinghe. 11 n'était que dans une profonde ivresse. Pendant qu'il était dans cet état, on lui aurait enlevé, ce qu'il prétendune montre d'or et environ quarante francs. Un règlement sur l'ivres se scandaleuse avec des pénalités graduées mettrait peut être un frein plus ou moins efficace la passion abrutissante de l'ivro gnerie si commune dans nos contrées, malgré tous les inconvénients qui en sont la suite. f, EXÉCUTION DE VAN TROYEN ET DE VAN KEIRSBILCK. Bruges, 9 juillet. L'arrêté royal, rejetant le pourvoi en grâce des condamnés, daté de Laeken le 7 juillet, est arrivé Bruges le même jour avec le dernier convoi. M. le procureur du Roi a donné immédiatement les or dres pour que l'exécution eût lieu ce matin 3 heures. Hier après midi 5 heures, M. Van Troys, com mis-greffier de la cour d'assises, est allé annoncer, en présence de la commission administrative de la prison Van Troeyen et Van Keirsbilck que le pourvoi en cassation du premier et leur demande en grâce avaient été rejelés. Van Troyen, qui cet effet avait été appelé la chapelle, est devenu tout a coup d'une pâleur mortelle, mais il s'est bientôt remis. On l'a conduit dans sa cellule et on lui a mis la camisole de force. On a ensuite donné lecture Van Keirsbilck de l'arrêté royal; quand on lui a fait connaître que l'exécution était fixée "a ce matin je croyais, a-t-il répondu en souriant, qu'on m'aurait accordé trois jours; quand on lui a mis la camisole de force, il a dit, toujours le sourire sur les lèvres Tiens, qu'est-ce cela main tenant? Peu de moments après, le respectable abbé Waele, aumônier de la prison et le R. P. Platteau, de la Compagnie de Jésus, se sont rendus près des patients pour les consoler et les aider mourir. Van Keirsbilck a soupé avec appétit, pris quel ques verres de vin et un verre de bierre, et fumé quelques cigarres, puis il s'est mis au lit et a dormi pendant quatre heures. Van Troyen n'a rien voulu prendre; il a passé toute la nuit avec son confesseur et fait entendre continuellement contre son beau-fils des cris et des imprécations. Ce matin, six heures, Van Keirsbilck a été conduit la chapelle, il s'est approché de la sainte table. Van Troyen est resté dans sa cellule avec le R. P. Platteau et Ik les derniers sacrements lui ont été aussi administrés. C'est la meilleure nouvelle que nous poissons annoncer k nos lecteurs. Mais comment Dieu aurait-il pu ne pas se laisser tou cher par les prières pour la conversion de Van Troyen que toutes les communautés religieuses de la province n'ont cessé d'épancher jour et nuit? Il nous revient de toutes parts a ce sujet des actes touchants de charité chrétienne; hier k la cathé drale on avait annoncé des prières pour Van Troyen, et aujourd'hui a 5 heures du matin cette grande basilique était remplie de fidèles; c'est ainsi encore que les religieuses Collectiues, ont été toute la nuit prosternées sur les dalles du chœur, de mandant k Dieu grâce pour Van Troyen. Ces prières n'ont pas été vaines et les paroles émou vantes du R. P. Platteau ont puissamment aidé k cette transformation du cœur du criminel jusqu'a lors endurci. Pendant qu'on faisait la prière des agonisants, Keirsbilck était calme et recueilli et Van Troyen pâle et agité. La prière terminée, Keirsbilck a demandé une tasse de café et quelques pistolets; ils lui ont été donnés. Van Troyen encore une fois n'a rien voulu prendre. A huit heures moins un quart les exécuteurs de Bruxelles et de Gaud ainsi que leurs aides sont venus k la prisou préparer les condamnés pour le supplice. Pendant celte lugubre opération, Keirsbilck était calme mais un peu plus pâle qu'or dinaire; il a versé quelques larmes dl quand on lui a attaché les mains derrière le dos, il a dit avec douceur il ne faut pas me faire malne ser rez. pas si fort; on s'est empressé de relâcher un peu les cordes. Les exécuteurs se sont ensuite rendus dans la cellule de Van Troyen; celui-ci était visiblement abattu, il redoutait la mort; quand on lui a lié les mains, il a poussé des cris affreux. La toilette terminée, les patients ont été con duits vers les voilures découvertes qui les atten daient dans la cour de la prison. Van Keirsbilck resigné était en avant, ayant k ses côtés. M. l'abbé Waele; Van Troyen, assisté du R. P. Platteau et de M. l'abbé Dujardin, le suivait k une certaine distance. A huit heures le triste cortège accompagné d'une brigade de gendarmerie k cheval, s'est mis en marche pour se rendre au lieu de l'exécution. L'échafaud avait été dressé devant la porte de Gand. A ciuq heures du matin on voyait déjk de nombreux groupes se former autour de l'instru ment du supplice; la plupart appartenaient a la classe ouvrière. Avant leur départ, M. le procureur du roi, Maertens, et M. le juge d'instruction, Vercauteren, se sont transportés près des condamnés ponr ob tenir d'eux, s'il était possible, de nouvelles révéla tions, mais tous deux ont déclaré qu'ils n'avaient rien k ajouter k ce qu'ils avaient déclaré dans le cours de l'instruction. Van Keirsbilck, en versant des larmes, a dit que son beau-père avait commis avec lui l'assassinat. On a procédé ensuite k l'exécution des con damnés; aucun incident ne l'a signalée; quelques minutes ont suffit pour que la justice humaine fut satisfaite.. Patrie On lit dans l'Écho de la frontière La semaine dernière, des ouvriers terrassiers, travaillant k des transports de terre, sur la commune de Pecquen- court et sur l'emplacement de l'ancienne abbaye d'Anchin, propriété qui appartient aujourd'hui a M. Bodouin, notaire k Valenciennes, ont fait sortir du sol un vase en terre cuite contenant 200 k 3oo petites pièces d'argent, gothiques, en général d'un module très-ressemblant. Malheureusement, le pot qui contenait ces vieil les-monnaies a été brisé en mille morceaux, et les pièces d'argent, par leur petite dimension, se sont mêlées dans les terres sans qu'on ait pu les re trouver toutes. Ce dépôt avait été fait derrière le chœur de l'église de l'abbaye depuis environ cinq siècles, car les types retrouvés ne dépassent pas le XIIIm° siècle. Dans un premier aperçu nous avons pu remarquer i° Plusieurs pièces portant le monogramme du Hainaut et frappées k Valenciennes ou k Mons; ces pièces sont muettes; mais les numismates les font remonter k Jeanne de Flandre, qui régna de 1206 k 1244 20 Des petites médailles d'argent fabriquées k Ypres, ainsi que l'indique le mot Jprasar une des faces 3° D'autres frappées k Lille et portant deux triangles clichés 4° Des derniers d'argent arfésiens avec les mots Ârras civilas 5° Des deniers tournois de Philippe-Auguste et de saint Louis, portant les légendes Philippus rex francorum (ce dernier mot dans le champ de la pièce, et Ludovicus Rex, avec ou sans le Turonus dois ou Turones argentum. Cette trouvaille ne sera peut être pas la seule que feront surgir les travaux exécutés sur le sol de l'ancienne et riche abbaye d'Anchin, fondée en l'an 1077 et dotée par Anselme de Ribemont. On lit dans la Libertéde Lille Depuis quelque temps les déserteurs belges arrivent en France en assez grand nombre. Ces militaires, mé contents chez eux, espèrent pouvoir s'enrôler pour l'Afrique dans la légion étrangère, mais ces enga gements n'étant plus reçus, ils sont forcés de re tourner dans leur pays, et souvent ils sont recon duits par la gendarmerie. Avant-hier, quatre sergents-majors belges ve nant, disaient-ils, de Tournai, ne sont présentés au bureau militaire de Lille, demandant k être en voyés en Afrique; il n'a pas été fait d'exception pour leur grade; ils ont essuyé un refus formel et ont dû quitter la ville immédiatement. Le Journal de Tournai annonce que le domaine de Bnry est en vente. M. Hippolyte de Bocarmé, qui n'en avait que l'usufruit, en est devenu propriétaire par suite d'nne cession faite par le comte de Bocarmé son père, au mois de novembre dernier, peu de jours avant son arres tation. C'est pendant les débats, qui ont eu lieu k la cour d'assises de Mons, que M. de Bocarmé a remis k son notaire une procuration qui l'autorise a aliéner ses propriétés pour payer ses créanciers. On lit dans nn journal de Bruxelles M™ de Bocarmé est arrivée hier k Bruxelleset elle est descendue chez une de ses amies, ancienne cama rade de pension. La comtesse de Bocarmé est accompagnée de son fils Gonzalès, âgé de 7 ans, et d'une femme de chambre. Il paraît que son voyage a pour but de se réconcilier avec Mœ* la comtesse Ida, née mar quise de Chasteleer et mère d'Hippolyte de Bo carmé. On annonce aussi la prochaine arrivée de M. Raphaël de Bocarmé, frère du condamné, qui était avec son père aux Arkansas, et de sa sœur qui a épousé le fils cadet du duc de C...., qui habite Naples. Les princes et la princesse, accompagnés de leur suite, vont se rendre aux eaux d'Ems (Alle magne). On lit dans la Tribune du 7 juillet M. Frère était hier k Liège, afin de s'assurer sans doute des mesures prises pour chauffer la manifestation il aura dû être complètement désillusionné sur ses résultats.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1851 | | pagina 2