ITALIE. Rome, juillet.
La Gazette de Mons nous donne les détails
suivants sur les derniers moments du comte de
Bocarmé
Quand il s'agît de procéder b la fatale toilette,
le bourreau alla chercher le condamné qui se trou
vait dans l'un des préaux et lui dit: Venez avec,
moi mon bon ami. Bocarmé rentra grands pas
dans sa cellule accompagné d'un garde de la pri
son, de l'exécuteur et de deux aides.
Durant toute l'opération, Bocarmé ne pro
nonça pas un mot et resta immobile. Quand ce fut
fini, et quand on lui eût ôté la camisole de force,
le condamné tira sa montre et la donna Mgr de
Cincinnati en lui disant: Vous la remettrez a
mon père, elle me vient de lui Mgr Purcel le
lui promit. Bocat tué ne put alors retenir ses larmes.
Ce malin a en lieu au cimetière, l'exhumation
des dépouilles mortelles du comte Hippolyte Visart
de Bocarmé. Elles doivent, nous assure-t-on, être
transportées au châieau de Bury.
L'Ami de l'Ordre publie de son côté plusieurs
détails qu'il «lit tenir de Mgr Purcel, archevêque
de Cincinnati a Le comte demanda au prélat le
scapulaii e de Mat ie, il le reçut avec les sentiments
les plus vifs de piété et d'espérance, et pria qu'on
ne les lui ôiat point aptes sa mort. Il en fut de
même d'une médaille bénite que lui offrit le prélat
et que celui-ci avait obtenu de notre Saint-Père
le Pape dans son récent voyage a Rome.
Le comte demanda l'archevêque d'envoyer
trois médailles pareilles ses enfants. Tout le
reste de la nuit se passa ainsi en prières.
Nous empruntons au Courrier de l'Escaut le
récit d'une touchante entrevue qui a eu lieu entre
S. G. l'Archevêque de Cincinnati et la comtesse
Ida de Bocarmé. On écrit de Bruxelles, le 22 juil
let, h ce journal
Hier soirhuit heures, une scène des plus
émouvantes a vivement impressionné de nombreux
spectateurs dans la salle du chemin de fer de Brux
elles b Cologne. Mma la comtesse Ida de Bocarmé,
mère du comte Hippolyte, venait de quitter VHôtel
de Russie où elle était retirée depuis le jour de
l'exécution, ne voyant que M° De Paepe, son parent
le prince deReina Wolbeck,etdeux amis dévoués.
Avant son départ, Mm° de Bocarmé témoigna
vivement son regret de n'avoir pas eu le bonheur
de dire elle-même a l'Archevêque de Cincinnati sa
gratitude de mère et de chrétienne pour les soios
suprêmes que le saint Prélat avait prodigués son
fils, la veille et le jour de cette fin malheureuse...
Au moment où la comtesse allait partirentre
dans la salle d'attente un prélat en soutane violette,
qui attire soudain les regards des voyageurs. C'était
l'Archevêque, se rendant Anvers où il devait
s'embarquer, le lendemain, pour l'Amérique... Il
est aussitôt indiqué a la comtesse qui se précipite a
ses pieds, réclame sa bénédiction, et, d'une voix
entrecoupée de sanglots déchirants, le remercie de
sa providentielle assistance. L'Archevêque, sous le
coup d'une indicible émotion, l'eût reconnue, dit-
il, ses larmes et aux sentiments qu'elle lui mani
festait avec tant de naturel et de désolation. Il
s'empressa de la relever, après l'avoir bénie de la
main qui avait béni son fils sa dernière minute,
et lui retraça, en termes énergiques et touchants,
son admiration pour cette mort si courageuse, si
édifiante, précédée de tant de traits qui devaient a
la fois la consoler sur son sort.
Il est au Ciellui dit-il, Madame, croyez-le;
il prie pour vous et pour moi... J'ai appris qu'on
allait le transporter près des tombeaux de sa fa-
mille... Oh vous lui deviez bien cela lui qui
vous aimait tant, vous qui il m'a chargé de
recommander ses pauvres enfants; et, d'ailleurs,
sa résignation de son calme devant le supplice
l'ont rendu digne de rester au milieu des siens...»
Il est impossible de raconter l'effet produit
par la rencontre, encore providentielle, de cette
mère retrouvant celui que Dieu avait envoyé pour
faciliter son fils le passage de l'éternité, et l'aider
boire jusqu'à la lie le calice dont elle n'avait pu
lui adoucir l'amertume. Tous les spectateurs se
découvrirent reepectueusementquand le Prélat
conduisit la voiture la comtesse qui, s'ageuouil-
lant encore sous sa bénédiction, partit après lui
avoir dit que, désormais, elle consacrerait le travail
de ses mains des ornements pour les églises fon
dées, chaque année, par l'infatigable apôtre au
milieu des peuplades sauvages, où Hippolyte était
né et où il aurait dû mourir.
La comtesse Ida n'a pas quitté Bruxelles sans
obéir aux dernières volontés de son fils, pour l'âme
duquel, chaque matin 7 heures, elle entendait, en
grand deuil, une messe l'église du Finistère, rue
Neuve.
Quelques instants avant sou départ, elle a
prescrit des annuels de messes en divers lieux,
et fait d'intelligentes charités.
M. Devrière, gouverneur de la Flandre oc
cidentale, une députation de notables de cette pro
vince le conseil communal et la chambre de
commerce de Bruges, ainsi que le conseil com
munal d'Ostende, sont arrivés Bruxelles pour
solliciter dit gouvernement l'approfondissement du
canal d'Ostende Bruges et b Gand.
Lundi dernier, le fils du jardinier Van Ren-
terghem, b Assebroucke, est tombé dans un fossé et
s'y est noyé.
Le notnmé Henri Van den Abeele, âgé de 7
ans, est tombé sous les roues d'un charriot, b
Zevecote, et a été écrasé.
La belle plaine de S' Denis b Gand, est
transformée depuis quelques jours en un véritable
camp. Tout b l'entour sont dressées de nombreuses
tentes et des baraques où le promeneur fatigué
peut se reposer et se désaltérer.
Depuis dimanche, escadrons et batteries, toutes
les troupes en un mol, qui doivent prendre part
aux grandes manœuvres de cette semaine, sont
rassemblées en cette ville, et avant-hier les exer
cices ont commencé.
Les examens pour l'admission b l'école spé
ciale du génie civil, en qualité d'aspirant élève
ingénieur, d'élève ingénieur et d'élève conducteur,
aurout lieu b Gand, au local de l'école, le 3o sep
tembre prochain, b midi, et jours suivants, s'il est
nécessaire, conformément aux programmes n°* 1,
2 et 3 annexés au Moniteur.
Les examens pour l'obtention des grades de
conducteur et de sous ingénieur des ponts et chaus
sées aurout lieu, b Gand, au palais de l'Université,
le i4 octobre prochain b midiet jours suivants,
's'il est nécessaire, conformément aux programmes
n05 1 et 2, annexés au Moniteur.
La pose de la première pierre du pont sur
le Rupel b Boom qui a eu lieu lundi a été signalée
par un accident qui aurait pu changer cette fêle en
un drame effroyable
Un plancher provisoire placé sur la maçonnerie
du pont n'ayant pu résister b la pression de tout le
monde s'est en partie écroulé avec un craquement
terrible et toutes les personnes qui s'y trouvaient
ont été précipitées dans un gouffre de fange de
plusieurs mètres de profondeur. De prompts se
cours ont été portés b l'aide d'échelles et tout le
inonde a pu être sauvé sans qu'on ait b déplorer de
grands malheurs. Plusieurs personues ont éprouvé
de fortes contusions.
MM. le baron Diert et Cuylils ont eu le pied
foulé. M. Pycke, membre de la députation a subi
b la tête des contusions assez graves pour nécessiter
un repos de quelques jours. M. le conseiller Fris
a couru un danger véritable; ou a eu les plus gran
des peines b le retirer de la vase. M. de Bos, con
seiller communal de Willebrouck a eu l'avant bras
droit cassé, mais c'est une fracture simple.
On nous assure que jusqu'ici M. de Guetryest
alité b Boom, et. quoique son état n'inspire aucune
inquiétude, on a trouvé convenable de ne point
encore le transporter b Anvers.
MM. Weremans, capitaine et Van Es pilote du
bateau b vapeur Klein Anlwerpen, et Janssens
pilote du pilotage d'Anvers se sont particulièrement
distingués dans le sauvetage.
M. Thielens, secrétaire de M. le gouverneur,
quoique se trouvant également dans une situation
fort critique a eu le bonheur de porter les premiers
secours b ce haut fonctionnaire, en le retirant de
la vase qui le couvrait entièrement. M. le gouver
neur se porte parfaitement bien. Il asssislait au
jourd'hui b la séance du conseil provincial et disait
ne ressentir qu'un peu de fatigue.
S'il y avait eu un pied d'eau seulement entre
les étais, on aurait eu a déplorer une catastrophe
terrible. Encore aujourd'hui on peut considérer
comme un bonheur providentiel que dans ce cahos,
il n'y ait pas eu mort d'homme.
Parmi les nombreux habitants de Boom, qui se
sont empressés de mettre leur maison a la dispo
sition des victimes de ce déplorable accident, je
dois citer en première ligne M. L. Picksaunier,
quia mis, non seulement sa maisonmais encore
sa garde-robe et son linge b la disposition des
personnes qui avaient été englouties dans la vase,
ce qui a permis b plusieurs d'entr'elles de changer
de vêtements.
Les journaux anglais ayant annoncé que
l'exposition universelle se prolongerait probable
ment jusqu'au 16 octobre, les exposons français se
montrent fort mécontents de cette résolution, la
plupart désirent retirer leurs produits b la fin
d'août, ainsi qu'il avait été primitivement décidé.
Quelques uns ont b Londres pour des sommes im
portantes des marchandises qu'ils ne peuvent pas
en retirer, et il est question d'une pétition adressée
au commissaire général de la F'rance b Londres
afin de reclamer ses bons offices pour hâter le mo
ment de la clôture des galeries de Heyde Park.
linT J f T rr~Tr~w
On lit dans la Liberté d'Arras, du 22
Monseigneur de la Tour-d'Auvergne est mort
dimanche matin, b neuf heures trois quarts.
La journée de samedi avait été excellente;
Monseigneur se proposait d'entendre la messe le
leudemain dans sa chapelle. La nuit de samedi b
dimanche détruisit toutes les espérances qu'on avait
pu former. Vers une heure, une crise légère se fit
sentir, mais dura peu.
A quatre heures, les médecins furent appelés
et ne reconnurent rien de très alarmant dans l'état
du malade.
Vers quatre heures, Monseigneur, se leva, et
resta dans son fauteuil près d'une heure et demie.
A six heures, ses forces le trahirent, et quoique
aidé par son valet de chambre il eut peine b rega
gner son lit.
M. Bailly, vicaire général, fut immédiatement
prévenu et se rendit b l'évêché. Mais les médecins,
ne reconnaissant pas dans la crise les symptômes
d'une fin prochaine, engagèrent les personnes qui
avaient été appelées b ajourner de quelques heures
leur visite afin de permettre au malade de reposer.
A neufheures, Monseigneur se trouvant mieux,
voulut se lever et se fit habiller. Une demi-heure
après, le vénérable prélat essaya de marcher jus
qu'à son fauteuil. Il n'avait pas fait trois pas qu'il
s'affaissait tout b coup malgré les efforts du domes
tique qui le soutenait.
Cette chute fatale détermina des accidens inté
rieurs, mais n'enleva pas au malade toute l'admi
rable présence d'esprit qu'il a conservée jusqu'à la
dernière heure de sa longue carrière.
M. Dubois, doyen du chapitre, arriva en toute
hâte, et M. l'abbé de la Tonr d'Auvergne donna
l'extrême-onction b Son Éminence avant qu'on
eût pu la transporter de nouveau sur son lit. A
neuf heures trois quarts, Monseigneur avait reudu
le dernier soupir, et sa mort, dont la nouvelle se
répandit instantanément, causait partout la plus
profonde et la plus douloureuse sensation.
S. E. Mgr le cardinal de la Tour d'Auvergne
était né au cbàieau d'Auzeville, près de Toulouse,
le 1A août 1709, il avait été nommé b l'évêché
d'Arras le 6 avril 1802, sacré le 16 mai suivant,
installé le 5 juin, créé cardinal le 25 décembre
1859, et décoré du Pallium le 16"avril 1846.
Mgr de la Tour-d'Auvergne était le doyen des
évêques de France et de la chrétienté.
1 1 -
Mm' Lœtitia Bonaparte, morte b Rome, le 13
février i836,a été déposée b Corneto, dans l'église
des religieuses de la Passion. A côté du tombeau
contenant ses restes, a été placé celui du cardinal
Fesch son frère ultérinégalement mort b Rome
le i3 mai 1839.