pas en vain que nous formons ce vœu, et que nous attendons un retour vers des idées saines en matière d'éducation, d'hom mes appartenant un parti qui ne craignit jamais de miner sourdement toute idée re ligieuse croyant ainsi assurer son propre triomphe? Oui nous l'avouons; tout sujet d'espérance de ce coté parait perdu pour le moment; cependant il réside dans nous de justes motifs de ne pas tout désespérer de l'avenir de la patrie, et c'est l'acte de protestation l'enconlre du système d'en seignement irréligieux que la grande ma jorité des Belges se montre fière de poser, c'est l'opposition vive et ferme que tant de familles vertueuses font aux funestes ef forts d'un ministère rétrograde, c'est la force decaractère l'excellence de principes dont tant de pères et mères font preuve, en confiant leurs fils chéris, ces tendres fleurs, des mains pures, et en résistant énergiquement la pression qui leur est faite, l'effet de placer leurs enfants dans des établissements privés d'instruction re ligieuse. Puisse cet amour de la religion, précieux héritage de nos ancêtres ne point dispa raître et s'effacer du cœur des masses puissent de plus en plus les chefs de fa- millecomprendre l'importance souveraine qui s'attache la question de l'enseigne ment; puissent-ils, en dépit des machina tions et des efforts d'un parti dangereux, montrer par leur conduite, qu'ils veulent que leurs enfants soient élevés dans la re ligion en même temps qu'ils sont élevés dans les sciences humaines! C'est de la réalisation de ce vœu que dépend le bien- être individuel, celui des familles, et le bonheur de la patrie. i.«W,i L'emplacement assigné aux différents corps d'armée, pour le 1" septembre 1851, n'est point de nature exciter les sympa thies des Yprois envers le ministère libéral Rogier-Frère. Le 2me bataillon avec l'étal- major du 12me régiment, soit en tout 200 hommes seulement nous sont donnés en partage. De plus, il est connu que le dépôt du 5m", source d'un incontestable profit pour notre ville, nous quitte pour se ren dre définitivement Anvers. Ypres, qui possède de si vastes casernes, qui dispose de plaines d'exercices si avan tageuses, si étendues; Ypres qui s'est im- posée tant de sacrifices pour répondre aux besoins que réclamait la présence d'une belle garnison, Ypres aura donc 200 hom mes loger dans ses bâtiments militaires aux mille fenêtres! C'est bien doux, bien consolant pour la bourgeoisie, vivant de livrances, et des bénéfices du louage. Mais, qu'est-ce qui explique la défaveur ministérielle dont notre cité est frappée, et qu'est ce qui peut justifier ce décroisse- ment continuel de nos forces militaires? Passé quelques années, le Progrès, ce noble organe de la bénigne faction libé rale, au départ de notre cavalerie, s'en prit vertement M. Jules Malou, et rendit l'o pinion catholique responsable de cet acte de disgrâce pour notre ville. Aujourd'hui la face du monde est toute changée au gré et désirs de la feuille libéralisle. Le génie du Progrès plane sur la patrie; MM. Frère et Rogier ces thaumaturges de l'époque étendent leurs bienfaits sur les masses comme sur les particuliers; ce qui plus est; Ypres compte la chambre un coryphée parlementaire, un homme digne de repré senter la capitale; car, M. Alphonse Van- denpeereboom n'est-il donc plus cet enfant privilégié, du talent duquel le Progrès at tendait monts et merveille; lui qui vota si lestement l'iqipôt sur les successions et tant d'autres charges onéreuses, qui ne res semblent guère des économies; que n'a- t-il supour prix de sa complaisance obtenir en faveur de sa ville natale, une garnison convenable? M. l'abbé Terrier, aujourd'hui vicaire S'-Jacques Bruges, vient d'être nommé par M8' l'évêque de Bruges, sous-principal du nouvel établissement de S'-Louis et di recteur de l'école moyenne ou des classes françaises, qu'il dirigera de concert avec M. l'abbé Minne, jusqu'ici professeur de rhétorique S'-Louis, et aujourd'hui préfet des études au nouvel établissement d'in struction moyenne. Saint-Claude le regardait avec un air d'incertitude qui prouvait qu'elle n'était pas loin de partager le sentiment de ses filles. Il faut dire aussi que le cos tume plus que néglige de l'inconnu, n'était pas fait pour la rassurer. Que voulez-vous?... que deinandez-vous? s'écria Mmo de Saint-Claude en faisant passer vi vement ses enfants derrière elle. Le vieillard sourit amèrement. Je ne demaude qu'une chose, Madame, reprit-il avec une courtoisie qui contrastait singu lièrement avec son costume, c'est la permission de rassurer ces jeunes filles, et de vous expliquer qui je suis. C'est inutile, Monsieur, dit la mère, se préparant se retirer. Pardonnez-moi, Madame; ces jeunes per sonnes m'ont pris pour un voleur, moi qui me tenais la inoffensif, moi qui n'osais bouger, de peur de les effrayer davantage, vous concevrez donc que j'ai le droit de vous donner une explication. M,n° de Saint-Claude ne répondit pas, et les jeunes filles, étonnées de la dignité des manières de l'étranger, commençaient un peu rougir de leur frayeur. Je suis assez connu dans ce pays, Madame, continua le vieillard; mes malheurs m'y ont P&ge-rjj— Nous publions l'extrait suivant du rapport lu au Sénat par M. Cogelsrelatif l'impôt sur les successious en ligne directe L'inquisition du fisc dans la fortune de toutes les familles; l'obligation pour le fils du négociant de dresser un bilan exact de la situation de son père l'instaut de sa mortd'exposer pour ainsi dire ce acquis une bien triste célébrité. Vous n'êtes pas, je suppose, sans avoir entendu parler du banquier Clairval, possesseur, jadis, de plusieurs millions, et que des revers de fortune ont réduit un état voisin de la misère. Ce triste exemple de l'instabi lité des choses humaines est devant vous, Madame. Ici, Mm° de Saint-Claude leva vers le vieillard des yeux où se lisait le plus vif intérêt les jeunes filles se rapprochèrent de lui. Au temps de la prospérité, alors que j'étais propriétaire de vastes domaines et de brillantes demeures, aucune ne me plaisait plus que celle que vous possédez maintenant... et qui vous appartient, ajouta-t-il avec un soupir; c'était là qu'é tait né raoD père, c'était là que s'était écoulée dans le luxe ma jeunesse, qui. certes était loiu de m'an- noncer une vieillesse pareille. Il fallut les coups les plus rudes de la fortune pour me décider me défaire de celte propriété de famille, et je la gardai longtemps, même après que j'eus été forcé de me dépouiller de tout; mais enfin un dernier malheur me contraignit mettre en vente cette maison, où reposaient les restes de ma mère. Je ne puis vous dire tout ce que j'ai souffert en entendant mar chander par l'homme dont vous l'avez achetée, cette propriété que j'aurais voulu garder au prix de mon sang. Le marché fut conclu; mais je ne pus bilan aux yeux du public; l'évaluation minutieuse de toutes les marchandises du détaillant, des ré coltes, des instruments aratoires, des chevaux, du bétail du cultivateur; voilà, messieurs, des mesures vexatoires qui atteindront les petites fortunes bien plus encore que la grande propriété, d'autant plus que souvent la part héréditaire dans les petites fortunes présentera des doutes, quant l'affran chissement qui lui serait applicable en vertu de l'art. 2, qui exempte de l'impôt toute part au-des sous de mille francs. En effet, messieurs, supposons un cultivateur venant mourir et laissant une veuve et cinq en fants. II s'agit d'abord de déterminer la part de la veuve en vertu de ses droits matrimoniaux. Quelle sera ensuite la part de chaque enfant dans un actif composé d'une foule d'objets, dont l'évaluation est on ne peut plus difficile? Souvent l'héritier, ne calculant que l'actif réalisable, croira n'être pas soumis au droit; mais tel ne sera pas l'avis de l'agent du fisc. De là, contestation, mesures de rigueur, recours des agents d'affaires, expertises et procès ruineux. Mais, nous dira-t-on, tout cela n'existe—l-il pas maintanant pour les successions en ligne col latérale Non pour ces successions là il y a ordi nairement liquidation et vente, ce qui n'existe pour les successions en ligne directe qu'en cas de partage et de séparation de la famille. Or, ces partages, cette séparation il ne faut pas les pro voquer. Il est trop heureux de voir des enfants rester réunis autour d'un père ou d'une mère, l'en tourer de leurs soins et de leurs consolations, et continuer fraternellement, comme par le passé, travailler pour le bien commun, sans s'inquiéter de la part que la loi leur donnerait le droit de ré clamer. On nous oppose la modicité du droit. Mais ce droit, quelque modique qu'il paraisse, ne sera-t-il pas quelquefois très-lourd? Supposons le fils d'un modeste artisan, héritant du petit champ et de la maison de son père, fruit de trente années de la beur et de privations, chargés souvent d'uoe rente, et valant mille quinze cents francs, après dé duction dn passif. Voilà donc, sans tenir compte des frais, quinze vingt francs, le prix de quinze jours de travail payer par celui qui souvent aura déjà épuisé ses dernières économies par suite de la maladie de ce père, et pour les derniers devoirs lui rendre. Eh bien ce cas, ou des cas analogues pourront se présenter fréquemment. N'y aura-t-il pas là de quoi désaffectionner les populations ouvrières, et n'avons-nous pas raison de dire que la petite pro priété sera frappée bien plus durement que les grandes fortunes? La petite propriété aura, du reste, bien plus de peine se soustraire l'impôt par des déclara nte résigner m'éloigner, et je vins habiter une petite maison (si l'on peut donné? ce nom uns humble cabane) sur la lisière du bois. C'est tout ce qui me reste d'une si grande fortune; mais, quelque misérable qu'elle soit, cette demeure m'est chère; car de là je puis apercevoir de temps en temps le lieu de ma naissance; je me promène autour de ces murs, dont je suis exclu pour tou jours, et je parcours ces bois, où, tout vieux que je suis, je me plais rechercher un un tous mes souvenirs de jeunesse. Si vous me demandez pour quoi je me néglige ainsi, pourquoi j'ai laissé croître ma barbe et mes vêtements tomber en lambeaux, je vous répondrai que c'est en témoignage de ina rupture complète avec le monde je ne veux plus le voir, je ne le reverrai jamaisVoilà qui je suis, Madame et maintenant, jeunes filles, rap pelez-vous qu'il ne suffit pas qu'un homme ait des vêtements eu désordre et la barbe longue pour dire c'est un voleur et, si vous m'en croyez, vous lirez une certaine fable de La Fontaine qui commence par ce vers Il ne faut pas juger des gens sur l'apparence. Julie et Louise baissèrent la tête avec confusion leur mère se bata de venir leur secours. [Pour être continué.1

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Le Propagateur (1818-1871) | 1851 | | pagina 2