FRANCE. Paiiis, le 31 août. traces des coupables. On a interrogé tous les domes tiques de la fermé et tous les ouvriers qui depuis cinq ou six ans travaillaient pour le compte des Hocedez, et cette première enquête est restée sans résultat. On écrit de Bruxelles, ier septembre. Le Roi n'est pas venu hier au palais. Il y a eu un dîner de famille au château de Laeken l'oc casion de la présence de Mme la duchesse d'Orléans. Aujourd'hui, 9 heures, la duchesse d'Orléans, accompagnée de ses eufants, a visité, dans l'église de Laeken, le tombeau de la Reine des belges, sa belle-sœur. Elle était en deuil ainsi que ses deux fils. Il est probable que la duchesse partira pour Aix-la-Chapelle, avant midi. L'état de l'honorable M. Van Muyssen ne présentait aucun changement sensible; il ne s'em pire pas, mais ne s'améliore guère. Les médecins n'ont pas encore permis k M. Van Muyssen d'ap procher du lit de son mari. Vendredi dernier un accident, qui aurait pu avoir les suites les plus déplorables, est venu jeter le désaroi dans le convoi funèbre de Mm° veuve d'Onyn de Chastre, a Louvain. Au moment où le clergé suivi du cercueil, et d'une multitude de pa rents et amis de la défunte, entrait dans la rue des Dominicains, un cheval attelé k un tilbury et ayant pris lé mors aux dents, s'est jeté au milieu du convoi les porteurs laissèrent choir le cercueil, tout le monde prit la fuite et le cheval s'abattit k quelques pas plus loin. L'on n'a heureusement qu'un seul accident a déplorer, l'une des sœurs- noires, qui suivaient immédiatement après le cer cueil, a été blessée k la ligure, mais ses contusions sont très-légères. Dans la nuit du 22 au 23 août, un horrible assassinat a été commis sur la chaussée de Tongres k Liège. Vers dix heures du soir, le nommé Laron- delle, natif de Keruiel et domicilié k Tongres, re venait seul de Liège, lorsqu'arrivé k Juprelle, il fut.assailli par plusieurs hommes armés de bâtons noueux qui le renversèrent, lui enlevèrent tout l'argent dont il était porteur et l'abandonnèrent meurtri et ensanglanté après l'avoir jeté dans un fossé qui longe la route. Un violent iucendie vient de réduire en cen dres une maison servant de barrière, située près de Barvaux. Une jeune fille de 25 ans est restée dans les flammes. Le bâtiment est assuré. Les meubles, les marchandises et les récoltes n'étaient pas as- endroit qu'elle lui indiqua. Elle comptait, disait- elle, abréger sa route par un chemin de traverse et jouir en même temps de la vue du paysage. Raisons insignifiantes; mais elle était alors sous le charme qu'avait jeté sur elle la chevrière. Depuis le moment où elle quitta sa voiture, on ne sait pas ce qui lui arriva. Cependant un témoin assure l'a voir vue entrer dans la cabane de Lucette, où Lu cien attendait avec les marques de la plus vive impatience. Le lendemain, l'intendant de la daine, qui avait pris les devants, revint, effaré, pour avoir des nouvelles de sa maîtresse: il ne l'avait pas vue au lieu où il devait la trouver. On fit des recher ches; et, non loin de la cabane des chevriers, on trouva un mouchoir ensanglanté, ayant appartenu k la dame, ainsi que des lambeaux de sa robe ac crochés aux branches d'un buisson. Evidemment il y avait l'a un crime, mais quels en étaient les au teurs? L'intendant déposa sa plaiute, et partit en toute hâte pour veiller aux intérêts de son jeune maître, sur le compte duquel il voulait k tout prix se procurer des renseignements; car rien ne prou vait qu'il eût partagé le sort de sa malheureuse mère. Nécessairement les soupçons devaient se porter sur Lucette et Lucienet ces soupçons de- surés, de ce chef la perte est évaluée k 1,800 fr. Le fameux coureur anglais Searles vient de renouveler avec succès sa célèbre gageure de par courir la distance de mille milles en milles heures successives. Le chanoine Marzolini, qui vient d'être l'ob jet d'une tentative d'assassinat,k Rome, était chargé d'affaires de Parme auprès du Saint-Siège pour les affaires ecclésiastiques. La reine d'Angleterre est en ce moment en Écosse. Lord John Russel accompagne Sa Majesté. Le Sun annonce qu'un petit neveu de Nelson est entré au service comme cadet, et qu'il se trouve sur la Victoire ancien vaisseau de Nelson lui-même. La Gazelle de Lyon publie une lettre de Naples, en date du 21 août, laquelle affirme que la petite ville de Barile, dans le royaume de Naples, vient d'être détruite par un tremblement de terre. A l'heure qu'on écrivait cette lettre, toutes les maisons étaient détruites ou englouties, et l'on avait déjà retiré sept cents cadavres de dessous les dé combres. Un crime dont les circonstances sont encore entourées de mystère, vient d'être découvert k Montmorency, près Paris. Des ouvriers travaillant dans une sablonnière située sur le territoire de cette commune, ont mis k jour le cadavre d'un homme enfoui k environ deux mètres de profondeur. Les terrains sablon neux ont, comme on sait, la propriété de produire la momification des corps humains, aussi a-t-on trouvé celui dont il s'agit dans un état de parfaite conservation. Cette circonstance a permis k la jus tice de constater que cet individu avait péri victime d'un assassinat. Ce cadavre paraît être celui d'un ouvrier âgé de trente k trente-cinq ans, de haute taille. Ses vête- mens se composent d'une chemise de toile sans marque, d'une blouse bleue, d'un pantalon en laine grise, d'une casquette en drap noir, de bottes et d'une ceinture en cuir bouclée autour des reins. Dans les poches des vêtements étaient une bourse vide, une tabatière dite queue de rat et une petite pierre k repasser les outils. Sur la réquisition de l'autorité judiciaire, un médecin a constaté que cet individu avait dû être assommé k l'aide d'un instrument contondant. Le crâne est brisé; le bras droit est fracturé en deux endroits; les os de la mâchoire inférieure sont en partie broyés. Selon l'avis de l'homine de l'art, la mort decet individu remonterait kenviron troisans. vinrent presque une certitude lorsque après une perquisition faite dans la demeure des jeunes che vriers, on eut trouvé une chaîne, reconnue par l'aubergiste et tous ceux qui avaient vu la dame, pour lui avoir appartenu. Interrogée k plusieurs reprises, Lucette a gardé un silence obstiné; mais ses traits âpres et empreints' de fausseté parlent pour elle. Toujours sombre, taciturne, depuis longtemps Lucette s'éloignait de ses compagnes et quelques jours avant le fatal événement, on re marqua qu'elle était très-pâle, et qu'elle était prise parfois de tremblements nerveux, ce qui impli querait une préméditation car le passage de cette dame était annoncé, et des chevaux étaient retenus depuis longtemps. Une autre circonstance non moins fatale aux accusés, c'est que Lucien se pré senta chez le maître de poste, et qu'il sollicita de lui, avec les plus vives instances, la permission de servir de postillon k Mm8 de S***, ce qui lui fut heureusement refusé, etc. Quand j'eus lu ces détails, je fus surpris de me trouver plus intéressé que jamais k cette jeune fille en effet, je ne voyais pas là de preuves suffisantes, et je ne concevais pas comment la laideur de cette malheureuse devenait une preuve de son crime, i A Sorrente (près Naples), il y a eu le i4, une secousse très forte qui a duré une seconde. La secousse venait du Vésuve et suivait une direction sud-est. La secousse a été si violente que dans l'hôtel de Cocuuiella, deux personnes malades au lit se sont levées d'effroi, et qu'un miroir a oscillé pendant deux minutes. Une odeur de soufre s'est répandue dans l'air au moment de la secousse; mais elle s'est dissipée un instant après. Des élections municipales viennent d'avoir lieu k Viévigue (Côte-d'Or), par suite de la démission du maire et de cinq conseillers municipaux. Ces élections ont été un triomphe complet pour le parti de l'ordre. Sur 62 votans, une majorité de 47 voix a été acquise k sa liste. La cour d'assises de l'Oise, présidée par M. de Grattier, vient de condamner k la peine des tra vaux forcés k perpétuité, Clovis-François Tar- tansonancien instituteur a Ercheux (Somme), comme coupable d'avoir assassiné sa femme. Le conseil municipal de Cambrai avait voté l'exécution et l'érection d'un monument k la mé moire de MM. Edmond Durieux, chef de bataillon de la garde nationale, et François Royaux, grena dier, morts l'un et l'autre k Paris, aux néfastes journées de juin, en combattant pour la défense des lois et de la*sociélé en péril. L'inauguration de ce pieux monument a eu lieu dimanche der nier, au milieu du concouis empressé des gardes nationaux convoqués k cet effet, de détachemens des troupes de la garnison, d'une population nom breuse et des autorités civiles et militaires. Des discours ont été prononcés par M. Philippe, vi caire-général, au nom du clergé, par M. le maire de la ville, et M. Minaugoi, colonel de la garde nationale. Ils ont été écoutés dans le plus profond recueillement. La pensée se reportait tout entière k ces jours d'horrible carnage, où Cambrai a si chèrement payé sa dette k la patrie. Ce monument, d'une forme simple et sévère k la fois, est digne de perpétuer le souvenir du noble dévoûment de ces deuxenfansde la cité. On lit dans le Courrier de la Drôme Le i5 août dernier, trois cents hommes ap partenant au i4° léger devaieut arriver k Largen- tière pour y maintenir l'ordre public, si par hasard quelque tentative insurrectionnelle se manifestait. Vingt de ces braves fantassins parvinrent seuls Oubliant mon déjeuner, je sortis vivement, et me rendis au tribunal: je voulais la voir. J'eus toutes les peines du monde k percer la foule compacte qui entourait le sauctuaire de la justice mais enfin j'y réussis, et, grâce k quelques pièces d'or, je fus in troduit dans l'enceinte. Les juges étaient en train de délibérer; le sort de la malheureuse allait se décider. Je ne fus pas maître de mon émotion un frisson involontaire parcourut tout mon corps, et je portai les yeux sur l'accusée. Elle était calme et résignée; ses traits, que chacun trouvait si repous sants, ne m'inspirèrent que de la pitié, et je vis le malheur inscrit sur ce front où chacun lisait le crime. Après ce court examen, j'étais persuadé de l'innocence de Lucette. Mais pourquoi ne parlait- elle pas? pourquoi ne cherchait-elle pas k se dé fendre? On annonça la rentrée des juges; je voulus sortir pour ne pas entendre un arrêt que tout me disait devoir être injuste; mais je n'opérai pas assez vite ma retraite pour ne pas entendre le mot pen due, qui me serra le cœur. Je rentrai k mon hôtel, triste et pensif, et je ne pus fermer l'œil de la nuit; l'histoire de Calas se représentait toujours k mon esprit. Pour être continué.)

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Le Propagateur (1818-1871) | 1851 | | pagina 3