0 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. ]*0 3543. 35™ année. 11 7PF.SS, 13 Septembre. AUX ÉLECTEURS L'ARRONDISSEMENT D'YPRES. Electeurs! Par arrêté royal en date du 4 septembre Sa Majesté vient de dissoudre notre pre mière Chambre. En conséquence vous êtes convoqués au Samedi, 27 courant, l'effet de pourvoir la récomposition du Sénat, par la voie du suffrage. Pour vous faire comprendre le véritable motif de cet appel extraordinaire, et la haute importance qu'il y a pour vous, pour vos familles, pour le pays entier, d'y ré pondre avec énergie el sagesse il est de toute nécessité, de jeter un regard rétros pectif sur les actes posés par nos gouver nants, depuis le jour de leur avènement au pouvoir, jusqu'à l'époque actuelle. A la dernière période de la politique Detheux, vous en avez le souvenir dans l'âme, des hommes mus par la soif de l'or et la convoitise de la domination, tout en cachant des principes détestables, prônè rent daus toutes nos provinces, leurs vertus sociales et leur savoir-faire nouveau. Fascinées par tant de brillants dehors; électrisées par l'appal des plus belles pro messes, les populations Belges dans l'espoir d'un avenir heureux, se laissèrent faire, et livrant leurs prétendus sauveurs les clefs du pouvoir, ils firent retentir les airs des cris mille fois répétés: Diminution des im pôts; économies dans les dépenses. Électeurs! Vous qui, depuis 1847, vous êtes laissés emporter par le flot impétueux du soi-disant libéralisme; vous qui avez sa lués de vos chants d'alégresse l'astre nou veau de la politique actuelle,examinez une bonne fois quelles mains vous avez livré les destinées de votre chère patrie! Tous au nom du bien-être public, tous en vue de votre prospérité individuelle vous reclamâtes constamment des moyens de protection pour le commerce, l'indus trie, el particulièrement pour l'industrie agricole; tous vous exigeâtes un respect sévère pour vos libertés traditionnelles; tous vous voulûtes des économies dans l'emploi des deniers du contribuable. Electeurs! répondez-nous; cette asser tion n'est-elle pas fondée? Et bien quelles faveurs avez-vous recueil lies de la politique libérale?Quel allégement avez-vous ressenti dans les charges publi ques? L'agriculture est ruinée par suite de la libre entrée des céréales étrangères; de l'importation gratuite du bétail de la Hol lande et des frais occasionnés par les pa rades agricoles, justement dits expositions de choux-navels-carottes. Le commerce et l'industrie, végètent sous le poids des impôts sur le tabac, le genièvre, la bière, impôts qui pressureront plus d'un million des contribuables! Le pauvre, l'artisan gémit, la vue des fiscalités qu'on impose sur son modeste plaisir, celui de fumer sa pipe! Le bourgeois supportea vec antipathie lesdépenses qu'en- traine la garde civique. Voilà comment vous a traités Te ministère liogier- Frère! Mais ce n'est pas tout encore, vous le savez: la liberté de la bienfaisance, la liberté de faire l'aumône est disputée aux Belges par un pouvoir despotique; el le plus glo rieux trophée de notre victoire de 1850 la liberté de l'enseignement est sur le point de nous être ravie. Une loi judaïque in- famequi bannit la religion, et ses minisires des collèges et des écoles ne Confirme que trop ce douloureux pressentiment. Electeurs! tant de violalibn» de votre volonté, de vos désirs; tanu de traits en opposition flagrante avec le caractère pai sible el les mœurs des braves populations Ëelges ne suffisaient-ils pas abondamment pour décider vos mandataires opposer une barrière infranchissable, aux excès de cinq dictateurs qui se rnontrèîit ministres, moins du Roi et du peuple, que des loges el des clubs révolutionnaires? Sans doute, les Chambres de plein gré, ne s'inclinèrent guère devant les prélen- lentious de ces despotes. Les moleslalions personnelles; les promesses, les menaces, parvinrent néanmoins jusqu'ici enchaîner la voix de bien des consciences, el malgré les efforts courageux des membres de la droite, joints ceux de quelques libéraux sages, la politique Frère triompha dans sa marche subversive. Electeurs! une mesure fiscale présentée par le ministère a mis halte aujourd'hui ses idées anti-nationales. Cette mesure, la plus inique, la plus vexaloire que le des potisme puisse inventer, c'est le projet de loi, qui frappe d'un droit de 1 pour cent toutes les parts d'héritage évaluées plus de 10U0 francs que les enfants recueillent de leurs père el mère, tout en majorant le droit des lignes collatérales. Soumis jusqu'à deux fois au jugement de la Chambre des représentants, le mi nistère le relira la vue de la répulsion qu'il fit naître. Présentée une troisième fois sur le lapis, la Chambre condamna celle loi inique en condamnant une de ses dispositions essentielles, le serment déri soire. Humilié par sa défaite, le cabinet, en faisant aux divers députés la pari d'une série de travaux publics réclamés par cha que province, et chaque arrondissement, et dont l'exécution coûtera plus de 100 millions aux contribuables, le cabinet di sons-nous parvint enfin faire passer sa loi, devant la Chambre sons prétexte que son rapport était essentiel l'accomplis sement des entreprises projetées. Electeurs; moins servile et plus dévoué aux intérêts publics que la Chambre des Représentants, le Sénat refusa son vote cette œuvre tyrannique; et malgré tous les efforts du ministère, ce pouvoir modé rateur persista ne vouloir point que le fisc s'assît au chevet de l'artisan comme du riche, pour percevoir un impôt contre nature. C'est la suite de ce vote que le Sénat est dissous et que le 27 vous êtes appelés émettre votre jugement sur celte impor tante affaire. Parmi les 55 opposants la loi sur les successions paternelles, électeurs, nous comptons le Sénateur d'Ypres, M. Malou- Vandenpeereboom. Parce vole, votre man dataire a prouvé suffisamment que pour lui, vos intérêts, ceux de vos enfants, pré valent contre les exigences ministérielles; que quelque prix que vous attachiez l'exécution de travaux publics, vous pré férez infiniment mieux conserver l'invio labilité du foyer domestique, votre intérêt, volrehonneur, la réconnaissancevousobli- genl donc de renouveler le mandat de Sé nateur, celui qui a si bien mérité de la patrie el des contribuables. L'arrondisse ment d'Ypres saura accomplir ce noble devoir! Évidemment; ils comptent sans votre bon sens, sans votre sagesse, électeurs, ceux qui, pour vous souleva contre M. Malou, s'en vont répéter sans cesse, que la loi ne frappe que les riches el que c'est pour ce motif que le Sénat l'a répudiée. Aussi bien que le ministre M. Frère, et tous ses satellites vous savez qu'elle frappe infiniment plus de pauvres puisqu'elle at teint les successions de 1000 francs. Sont- ils riches les enfants qui recueillent 1000 francs de leur père? et la mort n'aulori- sera-t-elle le fisc mettre le doigt, sur 99 successions de 1000 jusqu'à 10,000 francs, avant qu'elle lui offrira l'occasion d'inven torier les biens d'un seul millionnaire? Oui; encore une fois, en comptant sans votre clairvoyance, et votre perspicacité ceux qui pour vous souleva contre votre mandataire proclament que c'est de l'a doption de celte loi immorale que dépend l'exécution des travaux publics que vous réclamez; que nous importe bien le che min de fer s'il faut pour l'obtenir, suc comber sous le poids des impôts les plus odieux? Que nous importe, nous le répé tons, cette entreprise si, avant de la voir réaliser, il faut préalablement verser 26 millions aux pieds de la ville de Liège? Que nous importe le chemin de fer, s'il ne nous reste point assez d'argent pour nous en servir? Non; électeurs, vous ne prêterez guère l'oreille aux manœuvres des émissaires li- béralistes tous les efforts des clubs échoue- VÉRITÉ ET JUSTICE. Ou s'aboniie Vprès, rue de Lille, lo, près la Giande Place, el chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX l»E L'.tRIVIEHIiKT, par trimestre, Tpres fr h Les autres localités fi 3 5o. Un 11° a5. le Propagateur parait te SAMEDI et le MERCREDI de oiiaqur seiiiaiiie (insertions IS centimes la ligne), lima i i DR

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Le Propagateur (1818-1871) | 1851 | | pagina 1