JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N°3549
35mc année.
Il existe dans notre villeun êtreinfortuné
et disgrâciéauquel la naturea refuséles dons
qu'elle accorde au commun des hommes.
Courant les rues, tantôt fredonnant une
chansonnette, tantôt imitant des pas re
doublés coup de sifflet, il sert de loup-
garou aux enfants, en même temps qu'il
fait l'objet de la raillerie ou de la commi
sération des personnes sensées. Ce mal
heureux, on le nomme déjà, s'appelle
vulgairement Zolten Kotten.
Sans être modélé tout juste sur l'indi
vidu dont il s'agit, un membre de l'adminis
tration communale d'Ypres, on ne saurait
le nier, se trouve en communauté de per
fections avec notre drôle, en ce que, comme
lui, il manie le sifflet d'une manière admi
rable.
Déjà les journaux ont signalé le fait et
de centaines de témoins pourraient l'at
tester; au moment où donnant le résultat
du scrutin du 27 M. le Président Biebuyck,
proclama Sénateur l'honorable M. Malou-
Vandenpeereboom, le sieur E.... M
conseiller communalet membre de la
députation de la provinceassistant
l'opération électorale comme scrutateur,
se permit de mettre les doigts la bouche
et d'accueillir les bravos unanimes par un
concert de coups de sifflets.
Nous ne pouvons stigmatiser d'une ma
nière convenable la conduite de l'extra
vagant rédacteur de la feuille Voltairienne
de notre ville, et les expressions nous man
quent pour flétrir comme il convient le
conseiller communal qui s'est rendu cou
pable de l'exentricité qui fait le'sujet de
tous les entretiens.
Tout ce que nous disons c'est qu'aux
yeux de tout homme qui se respecte,
E.... Ms'est ravalé en cette circons
tance audessous des polissons de rué,
audessous des butors de sinte pielers-boven,
audessous de Zotten Kotten, puisqu'après
tout Zotten Kotten est dûment reconnu
comme insensé.
En vérité n'esl-il pas scandaleux, n'est-il
fias révoltant de voir un personnage que
a voix de l'élection a désigné comme de
vant être le gardien des lois; n'est-il pas
insupportable que celui qui devrait être le
premier observateur des convenances soit
tout juste celui qui les viole?
Où donc M. E.... Ma-t-il appris
cette délicate et édifiante manière d'agir?
où a-t-il appris se gonfler le corps,
comme la grenouille qui veut se faire aussi
grosse que le bœuf; où a-t-il appris se
conduire comme un vacher et siffler sur
les doigts comme un gamin de carrefour?
Assurément ce n'est poin^dans un col
lège clérical que M. E.... s'est
acquis ce savoir faire. Homme digne du
soi-disant libéralisme, il ne fréquenta que
le collège des 18,850 francs, institution qui
au témoignage du Sieur Gorrissen, n'est
point une école de Jésuites.
Honneur au collège communal d'avoir
produit des spécialités de cette trempe!
honneur aux potentats qui jadis ont im
posé aux électeurs le fameux Ernest Mer-
ghelynck. Aux élections prochaines s'ils
persistent porter encore son nom sur la
liste, qu'ils lui adjoignent Zotten Kotten,
pour compagnie. Ainsi; quand il s'agira
de siffler M. E..!. Maura un excellent
camarade.
L'ÉCOLE LA MOTTE.
Dans tout le pays les journaux libérâtres
ne font que vouer les prêtrps au mépris
des masses. Dans notre ville en particulier,
le Progrès, organe clubiste maçonnique ne
cesse un seul jour d'aboyer icontre le tri
corne ecclésiastique, et de représenter les
ministres de l'autel comme d$s ennemis du
peuple. C'est au moment où notre ville est
témoin de ces désolants scaflwales; c'est au
moment, disons-nous, où des énergumènes
sans cœur déclament contre le clergé,
qu'un membre de ce corps respectable,
qu'un digne vicaire vient de poser un acte
de haute charité chrétienne, et d'une phi
lanthropie généreuse. Nous voulons parler
de la distribution des prix qui se fera
l'école dite La Motte, grâce l'initiative de
M. le vicaire Hocke.
Instituée en 1752 par la bienfaisance et
les libéralités de la noble demoiselle Claire-
FrançoiseVanZuutpeeneLaMotle,etlecon-
cours de l'immortel abbé Van Roo, l'école
qui porte juste litre le nom de sa fonda
trice, a pour but d'élever les filles du peu
ple, dans la crainte du Seigneur, tout en
leur assurant une honnête existence par
la fabrication des dentelles.
C'est pour assurer cette intéressante (i)
population de jeunes ouvrières le double
bienfait d'une bonne éducation et de l'a
mour du travail qu'une corporation de
religieuses se dévoue noblement.
M. l'abbé Hocke, dont la voix éloquente
et persuasive retentit tant de fois dans no
tre ancienne cathédrale, et dont l'amour
pour les pauvres lui a acquis tant de titres
l'estime publique, s'associe avec une ar
deur évangelique ces pieuses maîtresses,
pour former le cœur de leurs élèves la
vertu.
Longtemps la misère, l'indigence des
enfants de La Motte lui avaient fait saigner
le cœur.
La volonté de subvenir de légitimes
besoins animait le pieux successeur de
l'abbé Van Roo; mais les moyens lui man
quaient pour y remédier, quand soudain
le hasard lui indique un noble rejeton de
la vertueuse fondatrice, le marquis de Ju
melles. Heureux de posséder cette res
source, le digne abbé fait un appel au cœur
du neveu de Mlle Van Zuutpeene, en faveur
de celles dont sa vénérable parente s'était
constituée la tendre mère. L'appel fut
écouté l'héritier du nom se montra fier
d'être en même temps l'héritier des vertus
de sa tante, et sur son ordre environ 800
francs furent remis l'abbé Hocke, pour
être affectés la distribution d'objets d'ha
billements aux pauvres enfants de La Motte.
C'est grâce ce don généreux et aux of
frandes de plusieurs dames de notre ville
que M. Hocke est parvenu réaliser ses
vœux charitables, et secourir les enfants
dont il souffrait de voir l'indigence.
Honneur notre digne vicaire! Recon
naissance l'illustre marquis, aux bonnes
dames qui prêtent leur concours une
œuvre de haute philanthropie. Honte mille
fois ces écrivains sans cœur qui décla
ment contre les prêtres, et insurgent le
pauvre contre la religion.
Dans un de nos derniers articles, intitulé:
Yappel au pays, nous avons, en rendant
compte du résultat des élections, envisagé
tort l'élimination de M. Vilain XII1I
Saint-Nicolas, comme un triomphe pour
le cabinet. Les élections dans cette localité
ont au contraire tourné entièrement con
tre lui, puisque le nouvel, élu, M. de
Munck, est un conservateur, et que M.
Cassiers, dont le ministère combattait la
candidature, a été réélu une imposante
majorité. En rapprochant ce fait des chif
fres que nous fournissons, on verra qu'en
définitive le ministère a perdu au Sénat
une voix amie, qued'opposilion conserva
trice et libérale a, par contre, gagné une
voix, que les conservateurs en ont acquis
deux et parmi ces derniers les catholiques
proprement dits, trois ou quatre suffrages!
C'est un joli résultat pour la politique
nouvelle.
Nous apprenons avec un sensible plaisir
que notre concitoyen le Sieur Joseph Mie-
roo, lieutenant au corps des Sapeurs Pom
piers de celte ville, vient d'être nommé
chevalier de l'ordre de la légion d'honneur;
hier soir une brillante sérénade lui a été
donnée par la musique du dit corps.
Hier dans l'après-diner a eu lieu l'instal
lation du nouveau Régent de l'école des
orphelins de cette ville; c'est Monsieur
l'abbé Gravet, qui remplace Monsieur De
Block, présentement vicaire l'église de
Saint-Pierre.
VÉRITÉ ET JESTICE.
On s'abonue Ypres, rue de Lille, io, près la Grande
Place, et chei les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX UE IMni)\\l <lt:\Tpar trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. TJu n° a5 c.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions M 9 centimes la ligne.)
7PRES4 Octobre.
(i) Plus de 3oo pauvres enfants fréquentent l'école La Motte.