9 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3550. 35me année. LES MESSES DE S' ESPRIT. Lors de la discussion de la loi sur l'en seignement moyen, les journaux libérâtres se défendirent avec emportement contre les représentants courageux qui osèrent prétendre que la religion, au moins tout aussi bien que la danse méritait une place dans le programme des études; les organes du ministère on s'en souvient, incriminè rent avec mechancheté les députés indé- fiendants qui refusèrent leur suffrage la oi, pour le juste motif qu'elle n'offrait point de garanties religieuses. Alors il ne fallait plus de religion, plus de prêtres dans les collèges; la loi s'en passe comme les sectaires des loges l'exi geaient. Aujourd'hui les choses sont changées. On a vu que les collèges, sans étude de la religion, sans enseignement religieux donné par un ecclésiastique, ne sauraient mériter la confiance des pères et mères de familles. Que font dès lors les organes du ministère? Après s'être moqués des prêtres; après avoir ravalé la religion audessous de la gymnastique, ils se livrent de pieuses colères, et Oe pour le motif, qu'un ordre vient d'être donné par les Prélats du pays, en vertu du quel il est défendu de célébrer des messes du S' Esprit pour les établisse ments soumis au régime de la loi Rogier- Frère. L'hypocrisie, de fait est trop flagrante! Quoi, on célébrerait des messes du S' Es prit pour les collèges qui n'admettent ni prêtre ni religion? On croit implorer les dons du Ciel pour des établissements qui s'insurgent contre Dieu et ses ministres? ce serait déraisonnable, absurde! Les Evêques, du reste, peuvent-ils, en couvrant du manteau religieux des col lèges où l'on voit s'asseoir des professeurs immoraux, blasphémateurs et impies, peu- vent-ilsornerd'un brillant dehors des lieux qui respirent un air pestilentiel pour les jeunes générations? Non cette conduite serait coupable, puisqu'elle induirait en erreur bien des familles vertueuses, qui attachent un prix important l'éducation de leurs enfants, leur plus doux espoir. Non mille fois, les Evêques Belges ne sau raient sans se compromettre devant Dieu, et devant la société, donner une fausse ap parence des institutions qui déflorent par leur irréligion et leur enseignement scep tique, le beau cœur de la jeunesse. Nous le savons; une objection se pré sente sous la plume de nos adversaires: pourquoi disent-ils ce changement subit? passéesquelquesannées nos collèges étaient ce qu'ils sont aujourd'hui, et le prêtre y était admis, et l'on ne réfusait pas la célé bration de la messe du S' Esprit la rentrée des classes. Il est vrai, passées des années quelques collèges ministériels étaient ce qu'ils sont aujourd'hui; mais alors on n'é tait pas sans espoir de voir l'autorité civile se mettre d'accord avec l'autorité religieuse. Aujourd'hui toute espérance est perdue. Le ministère a rompu avec le bon sens; il a fait divorce avec la religion il a déclaré la guerre l'enseignement religieux. Il faut donc que le clergé accepte le combat; il faut qu'il se défende; il faut qu'il indique aux pères et mères en quels lieux leurs enfants sont en danger ou non de perdre leur religion. Ce devoir la reli gion le prescrit aux Evêques; ils sauront le remplir. Il paraît que le camouflet qu'a reçu M. Carton du corps électoral lui semble bien significatif, vu que le Progrès cherche au tant qu'il entre dans ses moyens, faire accroire que le commissaire du district n'a point eu recours aux intrigues qu'on lui attribue. Malgré les dénégations du Progrès, le fait est, que M. Carton a fait jouer tous les ressorts possibles dans le* but de faire échouer la candidature de M. Malou. Nous rapportons, au sujet de son intervention dans les comices du 27 septembre, une épisode, qui, comme bien d'autres, a son côté bien comique. Peu de jours avant l'élection, M. Carton, en apôtre fervent du soi-disant libéralisme, éci'ivit l'administration communale de Lqu'elle avait se trouver tel jour, telle heure, au cabaret N..., l'effet de lui rendre compte de la marche des affaires électorales et d'arrêter quelques petits moyens tendants assurer le succès de M. Boedt. Au jour convenu, le commissaire monte en chaise et prend courageusement le chemin de LArrivé au lieu indi qué, une cabaretière sortit obligeamment pour recevoir son voyageur; mais, des membres de l'administration communale aucun n'était présent au rendez-vous! Le cœur ne battait point en faveur de M. Boedt chez ces braves fonctionnaires. Au premier instant, M. le commissaire fut loin de se croire l'objet d'une mystifi cation; il s'assit près d'une table, fumant un cigarre, et savourant un verre de bière, en attendant que les personnes citées com parussent. Une heure, deux heures s'écou lèrent dans cette attente; enfin M. Carton, pestant entre cuir et chair, fait appeler son cocher, pour atteler! Par une fatalité rare, le cocher avait Lune bonne amie, et pendant que M. Carton prenait son aise, le bon garçon lui fut présenter ses hommages, sans rien dire personne. On l'appela donc en vain; le bon acceuil lui avait fait oublier les heures. Que faire dans cette circonstance? M. Carton ne se montra guère disposé d'at tendre de plus belle. 11 paya son écot, et s'en revint tout chagrin en se promenant vers Ypres, jetant maint regard en arrière, jusqu'à ce qu'enfin le conducteur rattrapât sa pratique. Voilà une aménité électorale s'il en fut bien au monde; nous la publions sous ré serve, nous engageant la démentir, si l'on nous prouve que le récit en est erroné. Lors des élections du 27 nous avan çâmes que M. Carton, le commissaire de district, avait intimé l'ordre des gardes champêtres de remettre au domicile des électeurs de leur commune, des bulletins portant le nom de M. Boedt. Le Progrès dénie hautement cette manœuvre électo rale en faisant un appel toutes les admi nistrations communales. Nous maintenons néanmoins notre assertion, en faisant un appel aux bourgmestres ruraux, l'effet de savoir s'il n'est point avéré, que le com missaire Carton les a cités devant sa barre, et que là il leur a ordonné de mettre tout en œuvre pour assurer le triomphe de M. Boedt, et de transformer cette fin les gardes champêtres en courtiers électo raux. Que M. Carton rougit d'avoir usé de moyens aussi scandaleux, nous concevons sa honte; mais que le Progrès ose mentir sciemment et dénier des faits connus, nous ne pouvons comprendre son effronterie. C'est mardi, 7 de ce mois, qu'a eu lieu, avec la célébration de la messe du S1 Es prit, l'ouverture des cours, au collège S' Vincent de Paul. Nous nousplaisons le constater; depuis le jour de sa fondation la confiance des pères de famille n'a cessé de s'accroître en faveur de cette maison'd'éducation. L'in ternat prend chaque nouvelle période scolaire des proportions plus vastes; et la veille de la rentrée des cours le nombre des jeunes gens qui les suivent, était près d'atteindre le chiffre de 150 élèves. Nous apprenons que divers travaux, devenus indispensables par suite de l'a grandissement numérique du personnel enseignant et de la jeunesse qui fréquente l'institution, viennent d'être exécutés l'intérieur du bâtiment. Déjà notre collège épiscopal a formé aux études supérieures des sujets nombreux et distingués, et les élèves sortis de son sein ont comparu avec avantage devant les di vers jurys universitaires. Sans doute la réorganisation qu'il a subie depuis un an, imprimera encore une nouvelle et puis sante impulsion aux études, et ce n'est pas en vain que l'auguste Prélat, qui a pris le collège S1 Vincent sous ses auspices, aura TÉRITK ET JUSTICE. On s'abonne Y près, rue de Lille, 10, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX WE L'ABONNEMENT, par trimestre, Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° a5 c. Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI de chaque semaine, (insertions 19 centimes la ligne.) 7 P S S8 Octobre.

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Le Propagateur (1818-1871) | 1851 | | pagina 1