No 3551
35me année
9
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
7PKSS, H Octobre.
DES ÉLECTIONS COMMUNALES.
MM. ALPHONSE VANDENPEEREBOOM,
échevin
THÉODORE VANDENBOGAERDE,
négociant; f
SARTEL, juge;
VANDENDR1ESSCHE, fabricant;
CARDINAEL, brasseur;
LEGRAYERAND, propriétaire;
_YANDERMEERSCH, ajfoien notaire,
ou son (ils.
LES TARTUFFES DU LIBÉRALISME.
Tels gens, que nous savons, trouvent
parfaitement juste et licite qu'on vive sans
religion et sans culte, qu'on haïsse les
prêtres, qu'on méprise le catholicisme.
Un malade rejette-t-il an lit de mort IÇsr
secours religieux; renie-t-il celte heure
suprême la foi qu'il a reniée sa vie durant;
et nos libres penseurs se pâmeront d'aise
devant un si beau trépas. Mais le prêtre
refuse-t-il de faire intervenir dans les fu
nérailles la religion que le défunt a aban-
donnéeel qui, parconséquent,nelecompte
plus parmi ses membres; ces mêmes in
crédules n'auront pas de mots assez durs
pour stigmatiser convenablement ce qu'ils
appelleront intolérance monacale, fana
tisme de la pire espèce. Alors, non seule
ment ils trouvent bon que le culte, que la
religion leur prête son ministère, mais ils
l'exigent avec emportement et fureur. Ces
gens, ce sont les tartuffes du libéralisme.
Qui sont-ils ceux qui bannirent le prêtre
des collèges de l'État Qui sont-ils ceux qui
traitent les plus minces concessions faites
au cultedans l'intérêt de la jeunesse,d'actes
de faiblesse, d'abdication honteuse, et qui
ricanent tout propos contre les empiéte
ments prétendus du clergé, afin de cacher
leurs propres empiétements dans le do
maine des libertés publiques? Ce sont tou
jours les mêmes hommes qui trouvent
aujourd'hui mauvais que le clergé prenne
enfin son parti en brave (qu'on nous passe
le mol), et s'abstienne d'intervenir là où
l'on ne veut pas de lui; ce sont ceux-là
même, qui délirent de fureur parce que le
clergé ne veut plus rien avoir de commun
avec les institutions du gouvernement,
après qu'ils ont si longtemps déliré de fu-
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez, les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° 25 c.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MEKCREDi
de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligne.
Durant beaucoup d'anne'es le peuple d'Ypres a
dû expier chèrement, durement, le chapeau dans
une main, et la bourse ouverte dans l'autre, sa trop
grande confiance ou plutôt sa trop grande indiffé
rence h l'endroit des affaires publiques. Tandis
qu'on s'abandonnait a quelques ambitions hautai
nes, et qu'on allait servilement déposer dans l'urne
le billet imposé par les séïdes des triumvirs, un
parti exclusif s'empara de toutes les issues du pou
voir, et a établi son règne en maître absolu. Une
fois assis son aise, il a chassé de toutes les ad
ministrations, privé de tous les avantages commu
naux, exclu de tous les profils, que les entreprises,
les travaux publics, les bureaux ou les antres
emplois pouvaient procurer, quiconque se permet
tait d'avoir une opinion personnelle, quiconque
aurait laissé échapper la moindre critique, quicon
que aurait été soupçouné de posséder une certaine
indépendance de caractère, quiconque peu s'en
faut se fût révendiqué la liberté de pourvoir
comme il l'entendait l'éducation de ses enfants.
Si bas a été retenue sous le joug une population
généreuse, réduite ne plus tousser plus haut ni
autrement que ne le permettaient les maîtres, en
plein dix neuvième siècle, et avec la constitution la
plus libérale de l'Europe!
Trop tendus, les ressorts s'usent vite. En dépit
du club Carton et de ses intrigues, en dépit des
déclamations de son méprisable journal, en dépit
de l'intimidationdes sarcasmes et des coups de
sifflet, l'esprit public s'est fait jour. A son reveil,
devant sa marche ascendente et rapide, il fait
trembler déjà les soutiens d'un libéralisme faux et
vermoulu.
Toutefois les aspirations unanimes de l'état ac
tuel des esprits ne tendent guère la substitution
d'un exclusivisme par un autre. Nullement la plus
grande modération doit au contraire présider des
efforts qui ne s'annoncent que comme une main
tendue l'harmonie, la conciliation, l'union et
h la bonne entente entre tous les bons citoyens.
Cette main amie, qu'on prenne garde de la re
pousser ou de la méconnaître, pour tomber encore
plus bas, après une si longue épreuve, sous l'avi
lissant régime de clubistes extravagants.
C'est sous l'empire de ces idées que des Électeurs
influents se sont livrés une étude consciencieuse
pour trouver les candidats qui réuniraient dans un
but éminemment patriotique et de réhabilitation
le plus de chances de succès. Us ont ensuite com
muniqué leurs convictions d'autres, toujours
attentifs néanmoins aux manifestations spontanées
de l'opinion publique dans les masses, manifesta
tions précieuses, qui caractérisent le véritable régi
me populaire, et qu'un libéralisme bâtard foulait
trop aux pieds pour se donner la peine de les ho
norer d'un regard.
De ces discussions, de ces investigations sincères
et désintéressées, de ces considérations de mérite,
de talent, dcservices rendus, de position sociale;
et par dessus tout Gela du malaise et du méconten
tement qu'il est impossible de nier, sont issues les
candidatures qu'on nous prie de faire connaître
comme définitivement adoptées, et qui sont en
effet juste titre sanctionnées par les sympathies
générales qui nous dévancent.
Nous voulons parler des candidatures au Con
seil communal de MM. Sartel et Vandendries-
sche et du remplacement de M. le chevalier
Vandermeersch par son fils.
Le renouvellement partiel du Conseil communal
aura ainsi pour résultat les nominations suivantes:
Ce qui frappe au premier regard, c'est qu'une
large part demeure assurément faite au libéralisme
sans distinction de nuance car il ne faut pas perdre
de vue qu'à côté des noms que nous venons d'é
noncer, continueront figurer encore au Conseil
ceux de MM. Annoot,Boedt, avocat, Boedt, notaire,
Iweins-Fonteyne, Pierre Beke et Vandebroucke
ces honorables membres n'étant pas sujets la
réélection. De sorte que ce n'est pas une exclusion
de parti qui est recherchée, ni même une prépon
dérance, mais un gage de modération et d'équité,
une garantie d'administration dorénavant sagement
libérale, sans désaffection et sans partialité. Les
citoyens d'une même ville ne doivent pas être par
qués en béats et en parias, en pourvus et en dupes
spoliées, en enfants de la lumière seuls admissibles
partout et en proscrits sans place au soleil la
signification de la liste n'a pas une autre portée.
Voilà pourquoi les trois candidats libéraux MM.
VandenpeereboomLegraverand et Vandenbo-
gaerde ne sont l'objet d'aucune objection. M. Car-
dinael a déjà précédemment réuni les suffrages de
toutes les opinions. Personne apparemment ne sera
surpris, après tout ce qui s'est passé, après ce qui
s'est passé en dernier lieu lors de l'élection pour le
Sénat, de l'omission de M. Merghelynck. Le passer
sous silence est le moins qu'on puisse faire avec
quelque liste qu'on ait un succès électoral en vue.
C'est là au fond le sentiment de tout le monde, tous
les libéraux raisonnables compris.On a cru que
l'époque orageuse de i8Ô2, que le libéralisme sur
tout a officiellement dépeinte comme sujette des
agitations et des éventualités redoutables, récla
mait une administration rajeunie, forteet vigoureuse
et marquait par suite le moment d'une honorable re
traite ceux que l'âge avait trop affaiblis. C'était
ce qu'il paraît leur propre projet, mais depuis nous
avons appris que l'esprit de parti, inexorable et
cruel, cherchait détourner d'estimables vieillards
du repos émérite qui leur est dû, au risque de les
déconsidérer comme d'inutiles figurants après une
si longue carrière. Mais l'esprit exclusif de parti est
avant tout égoïste, il veut qu'on s'immole sans
réserve ses exigences, il ne connait ni les ména
gements envers les personnes, ni l'utilité.ni l'in
térêt public, pas plus que les concessions envers
ceux qui supportent impatiemment sa domination.
Le club Carton craint l'impossibilité de faire réus
sir de nouveaux candidats de son bord, et dès lors
il faut que la vieillesse elle-même reste attelée
son char, dut-elle succomber la tâche. Par une
attention spéciale, la liste modérée ne porte MM.
Vandermeersch que d'une manière alternative,
afin de laisser se vider en quelque sorte au gré de
ces Messieurs une question de famille, qui du reste
ne pourra tarder être tranchée.
ii n'est personne qui confonde, ainsi que le font mé
chamment les orgaiies du parti anti-catholique, les collèges
considérés comme institution du gouvernement, avec les
jeunes gens que leurs parents y envoient.