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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3552.
35me année.
7PR.3S, 15 Octobre.
DES ÉLECTIONS COMMUN AXÉS,
TURPITUDES LIBERALISTES.
L'outrecuidance du Progrès, l'impertur
bable saag-froi dont il débite ses ^balivernes
nous confondent.
Nous avons récemment entretenu nos
lecteurs des manœuvres électorales de M.
le commissaire d'arrondissement; nous
avons été jusqu'à préciser les faits. Le con
frère, que rien n'étonne, réfuté aussitôt
nos allégations en les traitant de calomnies.
Ce qui est fort aisé dire, mais ce que
l'bounète journal ne prouvera pas. Au
reste, si nous comprenons bien sa pensée;
il nous faudrait pour le satisfaire, produire
nos témoins et signaler nous-même la
vindicte de ses patrons tel garde cham
pêtre, tel locataire, tel fermier, de qui
nous tenons les faits incriminés.
Mais écoutons le confrère A la diffé-
rence de nos adversaires, dit-il, nous ne
nous bornons pas des allégations vagues
a et indéterminées, nous précisons les faits,
nous pouvons même indiquer les person-
nés. Et là-dessus que fait le Progrès?
Il cite tout simplement trois ecclésiasti
ques, qui, l'en croire, ont prêché contre
la candidature de M. Boedt, et un curé qui
se serait entretenu dans la sacristie avec
des électeurs!!! -
Eh! confrère, vous citez les noms pro
pres de ceux que vous attaquez; fort bien;
mais n'avons nous pas fait de même? Vous
dites vaguement; oui très vaguement, que
certain curé, certains vicaires ont com
battu en chaire votre candidat, M. Boedt;
mais vous ne précisez rien; et si en défini
tive ces prédicateurs avaient tout simple
ment engagé leurs ouailles ne consulter
jamais que le cri de leur conscience, et
se souvenir, dans l'exercice de leurs droits
électoraux, de leurs devoirs de chrétiens
et de citoyens; que trouverait-on redire
un pareil langage? quel mal peut-il y
avoir encourager les gens bien faire,
agir d'après leurs convictions? Voilà
pourtant ce qui fait dire au folliculaire li-
béraliste que le clergé est intervenu dans
la lutte électorale de la manière la plus
ouverte et la plus scandaleuse. Or, il
est constant que M. le vicaire de Poelca-
pelle que le Progrès signale avec deux au
tres prêtres, n'a fait que lire en chaire
une ancienne lettre pastorale, entièrement
conçue dans le sens de notre précédente
supposition. En définitive, le Progrès ne
détermine donc absolument rien; il se re
tranche dans un vague déclamatoire; tan
dis que nous qui il adresse ces mêmes
reproches, avons au moins déterminé les
faits, avons dit comme quoi M. Carton
convoqua certains conseillers communaux,
comme quoi il dépêcha les gardes cham
pêtres en courtiers électoraux, (1) etc.
Aujourd'hui de nouveaux rensignements
nous sont parvenus sur les manœuvres in
dignes des gros bonnets du parti despotique.
Ainsi, nous savons de source certaine que
M. Carton père, en sa qualité de trésorier
des hospices, a expédié de droite et de
gauche leur messager, l'effet de signifier
aux ténanciers des biens du pauvre, qu'ils
eussent voter pour M. Boedt; tout en leur
imposant des bulletins revêtus de marques
cognilives, et en les prévenant qu'on en
avait pris bonne note. (2)
Voilà, ce nous semble, pour le Progrès,
une juste raison d'exhaler sa noire bile;
et, sans doute, le confrère qui trouve
scandaleux que le prêtre, qui a charge
dames, se permette de donner des avis
ses ouailles, trouvera tout autrement re-
préhensibles les actes de ces meneurs, qui
ne craignent pas de violenter la conscience
de leurs subordonnés par une contrainte
matérielle; de ceux surtout qui n'ont pas
honte de s'étayèr cette fin du pouvoir
d'emprunt qu'ils puisent dans /adminis
tration de biens que les donateurs avaient
destinés un tout autre usage.
Qu'un propriétaire oblige de force son
fermier émettre un vote contraire sa
conscience; c'est déjà fort. Mais n'est-il pas
tout-à-fait intolérable qu'un pareil acte de
despotisme vienne de la part d'un simple
administrateur? Et de quelle épithèle le
Progrès décorera-t-il ce libéral, que nous
savons, qui chargé de l'administration des
biens d'une dame, religieuse dans une ville
voisine, obligea dernièrement ses fermiers
voter pour M. Boedt? Le Progrès se
gardera bien de toucher ce point délicat.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIX DE L'ABO*NEMEft*T, par trimestre,
Yprés fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° 25 C.
K,e Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligne.
Les données qui ont fait la matière de notre
dernier article n'avaient été ni négligemment re
cueillies, ni destinées h la légère au grand jour de
la presse. Une sollicitude aussi attentive qu'é
clairée, aussi calme que mûrie, avait présidé aux
méditations, aux démarches, aux communications
réciproques. L'opinion publique avait été soudée h
fond, interrogée, pressée,avant que d'un pressen
timent on passât k une idée vague, d'une idée k
une délibération, k une proposition, k une déter
mination. Cette sagesse de procédés, symbole du
respect pour l'opinion, en même temps que la
marque d'un calme digDe d'esprits sérieux, peut
rarement manquer son effet. Aussi les candida
tures qu'énonçait le numéro de Samedi ont-elles
été saluées d'une approbation universelle dans tons
les endroits de la cité, daus les sociétés, daDS les
réunions particulières, dans les estaminets, dans
les familles. Les résistances ouvertes sont rares:
elles ne savent que balbutier. Elles auraient un air
d'envie plutôt que de libéralisme k un degré quel
conque: si bien toutes les susceptibilités, toutes les
convenances, toutes les prédilections, tous les in
térêts, sout-ils pondérés et ménagés. Tellement
que les propositions dont nous avons été l'écho
opt dans l'intervalle de samedi k aujourd'hui acquis
une solidité et une fixité qui excluent dorénavant
tout partage des convictions flottantes. Les libéraux
rencontrent dans MM. Vandenpeereboom, Van-
denbogaerde et Legraverand toutes les garanties
qu'ils souhaitent. C'est avec une satisfaction ou
blieuse du passé que les Conservateurs, après tant
d'années d'abaissement verront assis k leurs cotés
MM. CardiDael, Sartel et Vandendriessche. Une
question doit se résoudre encore comme nous l'a
vons fait présager. M. le chevalier Vaudermeersch
se retire définitivement k cause de son grand âge.
La retraite d'un vieillard a toujours quelque chose
de solenuel, qu'elle émane de sa volonté spon
tanée, ou qu'elle soit plutôt entraînée et nécessitée
par les circonstances. Si le vieillard se retire vo
lontairement des affaires, il emporte des regrets
d'autaut plus grands, k cause de cette sublime dé
fiance de lui-même s'il est emporté comme malgré
lui par les conjonctures de l'époque, ses propres re
grets sont un dernier éclat d'énergie louable, con
sultant plus ses intentions que ses forces.
Les sombres éventualités de i85i ont frappé
les esprits: cette perspective dangereuse dans une
place forte et k proximité des frontières exige une
administration au grand complet, vigoureuse dans
tous ses membres, aussi forte et aussi active que
possible., La crise de i852 s'annonce peut-être
dans de trop vastes proportionscependant une
fois que le ministère a sonné a cet égard le tocsin
d'alarme en demandant des provisions extraordi-
nairesd'impôts et de travaux, qui se prétendra plus
assuré de l'avenir que ceux qui tenant la boussole
de l'État, sont plus k même de signaler les tempêtes
k l'horizon
Mais peut-on nourrir l'espoir que M. Vander-
nieersch sera remplacé par un de ses fils? Une
légère incompatibilité, plutôt de délicatesse que
de rigueur écarte l'un l'autre, le notaire, celui
sur qui les yeux s'étaient fixés encore plus, parait
éprouver des répugnances qu'il s'exagère trop pour
qu'ou parvienne aisément k les dissiper. Celui qui
remporterait ce succès, celui qui a cinquante an
nées de services réussirait a rattacher une carrière
jeune et nouvelle daus la magistrature, celui Ik
aurait assurément bien mérité de la ville. Quoi
qu'il en soit, k coté du zèle qui doit faire concourir
tous les bons citoyens k renforcer les candidatures
nouvelles de MM. Sartel et Vandendriessche, le
parti k prendre au sujet du remplacement de M.
Vaudermeersch doit être en ce momeDt le sujet des
plus sérieuses réflexions.
Le Progrès, malgré la preuve du contraire,
dénie que M. Carton ait intimé k des bourgmestres
(1) Nous possédons même quelques billets distribués par
celte entremise.
(a) Il n'est donc pas étonnantsi un si grand nombre de
bulletins, portaient avec le nom de M. Boedt un autre nom
qui permit de constater si le votant avait fidèlement observé
sa consigne,