Ces déclarations préliminaires doivent vous con
vaincre satiété, Monsieur, que ce n'est point
titre d'homme de parti que je viens vous prier
d'acceuillir ces quelques remarques capables de
froisser peut-être certaines personnes, mais qui n'en
sont pas moins l'expression franche d'un conci
toyen désireux d'amener les diverses opinions h la
conciliation.
J'ai dit que je tiens h n'être enrôlé dans aucune
des phalanges bariolées qui nous divisent, nous
tous, Belges, enfants d'une même patrie, et cet
aveu se trouve au fond de mon cœur, comme il
jaillit du bout de ma plume, moins qu'il faille
appeler sectaire d'une opinion celui qui appar
tient au grand parti nationala qui nous sommes
redevables de notre indépendance, et de notre
nationalité.
Belge unioniste, comme tel j'ai vécu, j'ai agi
toujours; comme tel je vous communique, Mon
sieurquelques considérations touchant les élec
tions communales prochaines.
Élections communales! dans une ville comme
la notre, que de faits elles comportent! a quelles
disputes elles donnerout lieu que de matière h
causer elles offrent aux journalistes! Pour moije
ne me propose que d'en dire quelques mots qui ne
seront peut-être point sans utilité pour les per
sonnes impartiales.
Pour cela jetons un regard rétrospectif sur le
passé le plus récent, et feuilletons rapidement
l'histoire des vingt années que nous venons de
parcourir. Cette période de temps déterminera
l'existence de nos dissentions locales les plus vio
lentes, en même temps qu'elle rappellera les cau
ses qui amenèrent momentanément la paix et
l'union dans notre cité.
En envisageant donc notre situation politique
en 183oil sera démontré qu'à cette époque, un
mécontentement général, se manisfeslait dans tou
tes les classes de la population yproise, l'encontre
de celui qui occupait la première fonction civile de
la cité. Quel sujet de mécontentement avait donné
l'administration communale? M. Carton, alors oc
cupait le fauteuil de bourgmestre; fortement imbu
des principes antinationaux dont les Belges avaient
sécoué lejoug, ce fonctionnaire, au regret de ses ad
ministrés, témoigna dans toute sa conduite, ses goûts
prononcés pour le système du roi Guillaume, dont
le droit sur l'abbatageet l'impôt mouture étaient
du nombre des prescriptions tyraniques. Tant de
manque d'égard envers la volonté publique devait
irriter naturellement la bourgeoisie d'Ypres. Le
cri de la liberté avait retenti d'un bout l'autre de
la patrie, et les yprois, comme leurs compatriotes,
n'entendirent plus qu'on leur rivât les chaînes de
l'esclavage. Un arrêté du gouvernement provisoire,
écarta donc le chevalier Carton, de l'hôtel de ville,
d'après les vœux et les sentiments du grand nombre.
Ce fut alors que M. Vanderstichele, homme
conciliant, et dévoué aux intérêts de sa ville, fut
appel lé présider l'administration communale;
avec lui, la paix, l'union, la concorde, étendirent
leurs bienfaits, et la ville d'Ypres mécontente du
joug de M. Carton se trouva heureuse et satisfaite,
sous l'autorité de son successeur.
Malheureusement l'entente et la bonne harmonie
qui existaient dans la ville ne furent point de lon
gue durée; et un murmure général sur la direction
des affaires communales s'éleva de nouveau dans
les familles; M. Carton il est vrai, était tombé
sous l'improbalion populaire mais par ses intri
gues, et ses ruses, il était parvenu se faire nom
mer receveur des hospices aux appointements de
2,ooo francs, la barbe de plus d'un bourgeois
supérieur lui en mérites; de plus, il avait réussi
faire passer au conseil de la régence, son beau-
fils Ernest Merghelynck, homme en parfaite com
munauté de principes avec l'ex-bourgmestre, et
dont le moindre titre la reconnaissance, est
d'avoir été l'obstacle prépondérant et actif, la
fusion des collèges, dont la double existence est un
continuel brandon de descorde et une source de
ruine pour les contribuables, puisqu'a lui seul le
collège communal absorbe i8,85o francs des de
niers publics.
Non content de ses succès, M. Carton se mit en
tête et réussit prendre une position de plus en
plus belle. La cocarde oraugiste était passée de
mode; il endossa les couleurs libérales; et grâces
de nouveau ses roueries, il ne manqua point
d'ouvrir le chemin de la chambre législative son
neveu M. Alphonse Vandenpeereboomcomme il
ne négligea point de faire nommer, des pratiques
moins loyales, son fils commissaire du district, avec
la pitance annuelle de 6,ooo francs.
Voilà M. le rédacteur, les faits principaux passés
parmi nous. Ils doivent faire comprendre que leur
caractère distinctif a été de semer le désaccord dans
la ville d'Y près, et que si l'on veut réellement faire
disparaître l'avenir tout motif de dispute, il est
de toute importance de faire disparaître certains
hommes de la sphère d'action où les manœuvres
souterraines et raffinées de parti sont seules ca
pables de les avoir placés.
Sans être catholique politique, ni libéral, je
viens donc engager, tous mes concitoyens sages,
et exempts de préjugés, évincer de sa place
l'hôtel de ville, M. Ernest Merghelynck, et dans sa
personne tout le foyer d'influence dont M. Carton
est le centre. Par sa manière d'agir insolente et
hautaine, M. Merghelynck ne saurait plus long
temps mériter les suffrages du corps électoral en
lui donnant son vote, chaque électeur doit même
respectivement faire rejaillir sur sa personne la
désaffection qui stigmatise sa conduite arrogante
et altière. A part les grossièretés et les insultes que
lança M. Merghelynck la partie commerçante et
industrielle de la ville, par la voie de son pam
phlet intitulé le Progrès d'Yprespart les tur
pitudes, les sarcasmes qu'il publia contre tout ce
que l'honnête homme a de plus sacré sur la terre;
il est une considération puissante capable de décider
tout électeur sage, ne point lui accorder son suf
frage, c'est que sa présence l'hôtel de ville est
l'obstacle réel l'accomplissement de toute me-\
sure pratique raisonnable, l'exécution de toute
détermination conciliatrice; c'est qu'en un mot
comme M. Carton en i83o, il est la pierre d'a-
chappement contre la quelle la majorité de la ville
se heurte et se blesse.
Vous venez Monsieur} de proposer pour candi
dats MM. le Juge Sartel et Ignace Vandendrjjessche,
tout eu manifestant la résolution d'appuyer la réé
lection de la plupartl^es conseillers sortants; j'ap
prouve hautement ce projet d'un haute impartialité
et comme moi, j'ai la certitude, que la majorité
électorale suivra votre ligne de conduite. Parmi
les conseillers sortants que vous conserverez il n'en
est aucun, j'aime le croire, chez qui l'intérêt pu
blic, ne prévaille sur l'esprit de parti; et qui ne
soit animé de faire ses commettants tout le
bien dont il est capable; mais plus d'une année
d'éxpériencç a prouvé 'qu'avec la meilleure Vo
lonté, les conseillers communaux se trouvaient
impuissants contre l'intolérance d'Ernest Merghe
lynck, toujours prêt lancer ses foudres contre
ceux qui ne s'inclineraient point sous sa volonté
despotique. Sous ce rapport, il est vrai de dire,
que l'élimination de M. Merghelynck doit être du
goût même de plusieurs membres du conseil com
munal qui la passion poiitque ne sert point d'é-
teignoir la raison et au bon sens.
Si ces réflexions sont justes, et j'aime croire
qu'elles le sont, une grandemajorilé se prononcera
en faveur de MM. Sartelel Vandendriessche, dans
le scrutin du 28. Actifs, habiles, courageux, éner
giques, ces nouveaux représentants de la com
mune, se montreront les fidèles interprètes de
l'intérêt public; ils seront d'excellents mandataires
de la bourgeoisie puisqu'ils sont, et qu'ils se font
gloire d'être des enfants du peuple. Probes, et d'une
intégrité reconnue ils ne dirigeront point leur
conscience, mais ils se laisseront diriger par elle.
Leur boussole, ce sera les justes peusées de leurs
subordonnés; leurs vœux seront les vœux de l'o
pinion publique, et tous leurs actes seront dès
témoignages irrécusables du désir qui les anime,
d'assurer le bonheur, et le bien-être de la ville
d'Ypres.
Pénétré de la justesse de ces motifs, j'adopte M.
le rédacteur, la liste telle que vous venez de la pro
poser, avec l'adjonction de M. le notaire Van-
derraeersch comme digne remplaçant, de M. le
chevalier son père et je me rallie de cœur la
candidature de M. Auguste Sartel, juge et M.
Ignace Vandendriessche, fabricant, en exprimant
le vœu ardent que tous mes concitoyens, fassent de
même, dans l'intérêt public, et en tue de rétablir
la concorde en ville.
Agréez, etc., un électeur
qui n'est d'aucun parti.
A propos des dénonciations faites par l'Obser
vateur contre MM. Smils et Teichmann, le Jour
nal d'Anvers fait les justes réflexions que voici:
Oui, M. Teichmann est coupable de clérica
lisme au premier chef, et nous nous joignons
l'Observateur pour demander sa destitution nous
ferons plus, nous désignerons son successeur. M.
Teichmann destitué pour s'être conduit eu gent
leman l'égard d'un évêque, ne peut être rem
placé que par un rustre incapable de commettre
un si abominable forfait. Ce rustre est tout trouvé;
M. Rogier n'a qu'à nous envoyer Anvers l'en
thousiaste M. De Breyne, de Dixmude.
On sait que ce solide appui de la politique
nouvelle a refusé il y a quelques mois de recevoir
Mgr. l'évêque de Bruges, qui il fit dire par M.
De Breyne fils: Go môr deure, minherre, papa
en es nil Chus. (Allez-vous en, Monsieur, papa
n'y est pas.)
Allons, M. Rogier, voilà une belle occasion
de donner Anvers un gouverneur plus intelligent
encore que M. De Jaegher, mis par vous la tête
de l'administration dans la Flandre orientale
t Si la mesure des évêques de refuser le concours
du clergé aux écoles de l'Etat, avait besoin d'être
justifiée, ce serait VObservateur, l'organe spécial
de M. Frère, qui s'en chargerait. Ce journal con
tient aujourd'hui les sorties les plus plates, les plus
indécentes sur la messe du St-esprit, sur la Ste-
Trinité et sur l'Eucbarestie. El ce même Observa
teur se fâchait cette semaine-ci tout ronge parce
qu'on n'avait pas accordé une messe du St-Esprit
aux collèges de l'Etat. Nos ministériels remplicont-
ils donc toujours le rôle de Tartufe
Organe des Flandres.)
L'avant-dernière nuit est décédé Alost M.
P. de Hert, curé de cette ville et doyen du district
depuis le 29 octobre 1817, sauf 4 ans pendant
lesquels il obtint d'être déchargé de la cure.
Wazemmes. Deux jeunes buveurs dans un
cabaret de Wazemmes, firent dernièrement un pari,
t'un d'eux défiait son camarade de manger un cent
de noix. Le défit^ fut acceptéun déjeûner fut
l'enjeu.
Celui qui s'était engagé manger le cent de noix
et vint bout. Mais le soir, il était en proie aux
douleurs d'une violeute indigestion. En vain, on
lui prodigua tous les secours possibles, le lende-