JOURNAL D YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
N° 3561. Samedi, 15 Novembre 1851. 35me année.
LE MINISTÈKE. M. MALOU.
L'AGRICULTURE.
La discussion de l'adresse en réponse au
discours du Trône, a fourni l'occasion,
différents membres de la chambre des re
présentants d'appeller l'attention du gou
vernement sur l'immense- préjudice que
cause l'agriculture la concurrence étran
gère, en matière de bétail et des céréales.
Notre député M. Malou de concert avec M.
Coomans, se sont particulièrement distin
gués combattre le système d'ostracisme
ruineux suivi par le ministère l'égard
de l'agriculture. Appelé dévélopper un
amendement qui était une franche protes
tation contre la marche suivie par le gou
vernement en fait de taxes publiques, M.
Coomans a signalé sommairement les prin
cipales causes des souffrances de l'agri
culture. Ce sont l'importation exagérée
des céréales étrangères;
La concurrence ruineuse que le bétail
hollandais fait nos éleveurs;
Et l'augmentation croissante des impôts
et des droits urbains prélevés sur les den
rées alimentaires.
Tous ces faits sont de notoriété publique,
et c'est bon droit que MM. Malou et Ro-
denbach se sont plaints tour tour de la
partialité inique dont l'agriculture est vic
time.
Depuis plusieurs années le ministère
Rogier-Frère a promis l'agriculture des
bienfaits innombrables, et tout ce qu'il a
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donné jusqu'à présent cette branche im
portante de la richesse publique, ce sont
des écoles, des expositions, des images, des
chansons, des médailles!!!
Or, ces marques ridicules protection
sont inefficaces et ne sauraient en rien
améliorer le sort de l'industrie agricole.
Ce que l'agriculture réclame ce qui peut la
sauver, c'est la protection douanière c'est
l'égalité devant la douane vis'à-vis des au
tres industries.
Quand on accorde une taxe de 100 pour
cent de protection sur la houille, et de
150 sur les fers n'est-il pas réellement in
juste de ne donner l'agriculture que 2
3 p. c. de protection?
Le ministère libéral a beau faire obstacle
aux courageux efforts des défenseurs du
travail agricole; il a beau proclamer que
grâce ses principes bienfaisants et pro
gressifs, l'agriculture belge a acquis un
degré de prospérité supérieure aux autres
peuples; ses pompeuses paroles ne par
viendront jamais tourner la tète de nos
habitants de la campagne, fau point de
leur faire admettre que, grâces au gouver
nement libéral, tout va au mieux dans les
affaires commerciales.
Depuis 1847 le jour s'est fait dans les
compagnes éclairées sur leurs véritables
intérêts, mieux que nos hommes du minis
tère, les campagnards sont umnimes pour
reconnaître que la politique suivie par le
ministère leur égard, est parfaitement
ruineuse et ridicule, et qu'ils n'ont que
faire des expositions et des médailles, si
on leur refuse une protection douanière.
Les agriculteurs, les ouvriers ruraux,
par leur nombre constituent les trois
quarts des travailleurs nationaux; dès lors
n'est-il pas radicalement injuste d'imposer
l'agriculture la concurrence étrangère
alors qu'on met l'abri de cette concur
rence le quart restant, alors qu'on met les
travailleurs manufacturiers si bien l'abri
de la concurrence exotique qu'on leur ac
corde jusqu'à 150 p. c. de protection doua
nière? Ainsi encore, n'est-il pas inique
d'obliger les agriculteurs se défaire
bas prix de leurs denrées quand on les
oblige en même temps acheter les vêle
ments, les fers, la houille et cent autres
objets plus cher qu'ils ne pourraient se les
procurer, si l'importation des produits
similaires de l'étranger était libre?
Non; un état de choses aussi désastreux
ne peut raisonnablement se prolonger, et
tous les amis de l'agriculture attendent
qu'il soit fait droit aux réclamations fon
dées et raisonnables de ceux qui désirent
accorder au travail agricole la protection
qu'il mérite. Dans l'espoir que justice se
fasse nous tenons fixer l'esprit des ha
bitants des campagnes sur le profond dé
dain qu'affiche envers eux M. Rogier et sa
séquelle moutonnière, de race libérale, en
même temps que nous nous plaisonâ
constater avec quelle sagesse, quelle fer
meté, et quelle persévérance, notre émi-
nent député M. Jules Malou, et son digne
collègue M. Van Renynghe défendent les
intérêts de l'agriculture, et s'opposent
toutes aggravations d'impôts charge des
contribuables. En comparant leur conduite
avec celle des ja knikkers du ministère il
est facile de reconnaître quels sont les vé
ritables mandataires du peuple, et quels
sontau contraire les mandataires des clubs
et des loges maçonniques.
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t f VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, io, près la Grande
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Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions f centimes la ligne.
I??.SS, 15 Novembre.
FEUILLETON.
(Suite.)
Trois mois se passèrent ainsi, et je vous laisse a
penser si Victor fut heureux. 11 ne pleurait plus
devant ses camarades, mais il attendait qu'il fût
seul; et alors il s'abandonnaità toute sa douleur. Plus
le temps s'écoulait, plus elle devenait poignante:
depuis le jour terrible de la séparation, Victor n'a
vait pas reçu tft nouvelles de sa mère. Les pensées
les plus sombres lui traversèrent l'esprit était-
elle morte de chagrin? était-elle malade, et, par
conséquent, incapable d'écrire? La tête du mal
heureux conscrit était constamment occupée de
cette idée, qui, joiute au tourment que lui faisaient
endurer ses camarades, altérait insensiblement sa
santé.
Cependant, un jour, la division dont Victor fai
sait partie, et qui, depuis quelque temps, restait
cautounée dans un village d'Allemagne, reçut
ordre de se mettre en marche. Cette circonstance
eut un heureux résultat pour le jeune soldat. On
savait que l'année ennemie s'approchait, et tout
faisait présumer qu'une bataille était prochaine.
Pendant la marche, on achevait l'éducation mi
litaire des conscrits confiés aux soins de vieux
instructeurs. Un d'eux, le sergent Raymond, était
chargé de Victor et de plusieurs autres la figure
du jeune homtue, sur laquelle se peignait une tris
tesse profonde, intéressa le vieux militaire; il
voulut savoir si les camarades de Victor ne se
trompaient pas en l'accusant de lâcheté il s'ap
procha de lui et entama la conversation.
Eh bien, garçon, lui dit-il, tu es donc
toujours triste?.... est-ce que tu ne te trouves pas
bien parmi nous?
Non, sergent, répondit franchement
Victor.
Tu as tort, mille-z-yeux l'état de soldat
est le plus beau que l'on puisse exercer pour le
quart d'heure.
C'est vraisergent mais il y a de ces cha
grins qu'on n'oublie pas.
Possible!,., possible mais aussi, vois donc
quel avantage pour toi d'arriver dans un si bon
moment!... Tu peux te vanter d'avoir du bon
WBtO
Le sénat s'est ajourné mardi après avoir voté
plusieurs projets de loi d'intérêt secondaire.
Le rapport sur les droits de successioo en ligne
directe sera prêt lundi. M. Délia Faille est le rap
porteur de la commission qui est chargée d'exa
miner cette loi.
M. le ministre des finances sera appelé dans le
heur... il ne se passera peut-être pas deux jours
avant que nous ne nous battions comme des en
ragés.
Je le sais bien, et voilà ce qui me peine...
Est-ce qu'ils auraient dit vrai?s'écria
Raymond, en reculant de quelques pas;est-ce
que tu aurais peur morbleu
Oui, sergent, oui, j'ai peur que la nouvelle
de la bataille ne parvienne jusqu'à ma mère... ma
lade, peut-être... et ne la tue... J'ai peur de mourir
moi-mèine avant d'avoir reçu de lettre d'elle.
Pauvre garçon fil Raymond, en se rap
prochant; lu as doue laissé la mère au pays?
Oui, je l'ai laissée évanouie!... morte, sans
doute...
Allons donc!... allons donc!... pas de ces
idées-là
Si vous saviez comme je suis inquiet depnis
cinq mois bientôt... ne pas savoir seulement si elle
existe Oh j'ai bien pleuré et je pleurerais
encore, si je ne craignais de vous voir rire.
Veux-tu bien te taire me moquer... quand
je suis près d'en faire autant Tiens, ça me fait
de la peine de penser tout ce que t'ont fait souf
frir les autres, maintenant que je sais... Non, tu