JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Ko 3563.
35me aimée.
7?RS3S, 22 Novembhe.
QUELLE SERA LA DÉCISION?
Au moment où nous traçons ces lignes,
une question d'une importance capitale
pour les contribuables se décide devant le
Sénat. Pour une deuxième fois, il s'agit de
prononcer sur le point de savoir si le droit
de succession en ligne directe, prendra
place dans le système de législation belge.
Quel sera l'arrêt de notre première cham
bre sur ce projet fatal et spoliateur? L'ar
tisan, le fermier, le bourgeois en général
laissant un hésilage évaluée 1,000 francs,
ses enfants pour part respective, auront-
ils le sombre pressentiment, de (voir les
agents du fisc s'asseoir autour de leur cou
che mortuaire, pour partager avec leurs
enfants un modeste héritage? Le fils, la
fille laborieuses, après avoir travaillé pen
dant longues années aggrandir la petite
fortune de leur pères et mères, pour prix
de leur amour filialauront-ils jeter dans
le gouffre béant du fisc le produit de leur
dévouement et de leur activité. Le culti
vateur, l'industriel, le détaillant la dou
leur que leur cause la mort de leurs pa
rents chéris, verront-ils s'ajouter le cuisant
regret de voir inventorier, et vendre leurs
vaches, leurs instruments aratoires, leurs
marchandises, le lit funèbre même de ce
lui dont-ils déplorent la perle irréparable?
Quel sera le jugement du Sénat sur celte
criante affaire?
Quelqu'il soit, nous persistons dire
qu'il devrait être conforme aux vœux et
la volonté clairement et solennellement
exprimés par les contribuables dans les
FEUILLETON.
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élections du 27 septembre. 28,842 voix
contre 21,324, condamnèrent, en ce jour,
la malencontreuse conception de M. Frère.
La conduite suivie par le Sénat ne sau
rait être dès lors mieux tracée et plus pa
tente. Le pays s'est prononcé hautement,
et personne n'osera nier que sans la pres
sion indigne du ministère et de ses agents,
sans les manœuvres scandaleuses et les
démarches incessantes et tracassières pra
tiquées par les commissaires de district sur
les bourgmestres, et les secrétaires des
communes, un appoint de suffrages consi
dérable serait venu grossir encore le chif
fre des opposants l'odieuse loi des larmes.
Oui, nous oserions l'avancer, si le pays
avait pu agir librement, si les promesses
et les menaces du pouvoir n'avaient faussé
la volonté des électeurs; si chaque citoyen
avait pu émettre son opiriion franche,
spontanée et libre sur l'impôt dont il s'agit
les vois acquises au ministère seraient loin
d'atteindre les 5,000.
Les faits passés Gharleroi servent
confirmer notre assertion Là, deux séna
teurs MM. Spilaels et Dorledot, avaient
été élus sans opposition, le premier par
505, le second par 497 suffrages. La presse
ministérielle toujours prêle commenter
l'histoire en sa faveur, s'empressa d'insi
nuer que les voix acquises ces sénateurs
étaient exclusivement de» voix parties du
camp opposés l'impôt en ligne. Pour
mieux prouver leur dire, les ministériels
firent colporter une pétition revêtu de
signatures favorables la loi de Frère.
L'opposition de son coté fît circuler une
adresse dans le district, réclamant le rejet
de cette fiscalité immorale. Les deux piè
ces viennent d'être transmises au Sénat.
M. le baron Dellafaille en a fait rapport
dans la séance de jeudi. Il résulte de l'ana
lyse que les partisans de l'impôt, dans le
district de Gharleroi sont au nombre de
six cents, tandis qu'on compte quatorze cent
soixante huit signatures opposées.
Est-ce douter dès lors, si Charleroi
comme Ypres, Courtraiet par tout le
pays, les adversaires de l'impôt l'empor
tent sur les partisans? Nullement.
Espérons qu'en présence de la manifes
tation du pays, le Sénat saura comprendre
et remplir ses devoirs. Espérons qu'il ré
sistera aux intrigues ministérielles mieux
que ces députés esclaves qui ont vu flétrir
leur conduite servile par la majorité élec
torale de leur arrondissement, et qui ne
peuvent attendre que la résiliation de leur
mandai, pour la légèreté avec la quelle ils
votent des contributions nouvelles. Espé
rons enfin que sous peu un cri de joie et
de reconnaissance retentissant dans tout
le pays, annoncera notre délivrance du
despotisme et de la tyrannie fiscale du mi
nistère Frère.
A l'occasion de la fête de S19 Cécile, un
Salut grand orchestre sera chanté Lundi
5 heures S' Martin. Sainte Cécile était
une noble romaine, et vivait au troisième
siècle, au plus fort des persécutions impé
riales. Elle convertit son mari Valérien,
et son beau frère Tiburce. Ils furent arrêtés
avec un officier chrétien de leur connais
sance, condamnés mort du chef de pro
fession de Christianisme, et exécutés tous
les quatre sous le règne d'Alexandre Sé-
vere. Ce prince était enclin la clémence,
mais le jurisconsulte Ulpien son principal
ministre était l'ennemi acharné des chré
tiens. Ulpien mourut massacré parla garde
impériale.
Dans la séance du jeudi le Sénat a adopté
le projet de loi qui ouvre des crédits sup
plémentaires au budget de l'intérieur de
l'exercice 1851. Il a ouvert la discussion
sur l'ensemble du projet de loi relatif au
droit de succession. Un amendement a été
présenté par M. F. Spitaels.
L'amendement que je vais vous proposer
remplit ce but. Le voici
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PBIX DE L'ABOllEMEMT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° 25 c.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligne.)
Suite et fin.)
Pauvre enfant. v
Enfin, je puis t'e'crire, je puis te rassurer; car
tu as dûêtre bien inquiet de ta mère.Mon Dieu!
pourvu que tu sois encore vivant! pourvu qu'une
balle mortelle ne t'ait pas atteint Mais non, et
chasse ces tristes pense'es; chacun me rassure ici
sur ton compte... et puis, je suis trop joyeuse au
jourd'hui pour me tourineuter. M. Robert, le
bon ecclésiastique que tu connais, s'est tant em
ployé pour moi, que j'ai enfin l'espérance de te
revoir bientôt. Je ne devrais pas te le dire, mais
comment y résister? comment être heureuse sans
que mon enfant partage ma joie?Le digne M.
Robert a fait une demande, qu'il a chargé quel
qu'un de puissant de présenter l'empereur lui-
même... Il est impossible que l'empereur ne prenne
pas pilié de moi... Conçois-tu mon bonheur, main
tenant? Il m'a fallu une aussi douce espérance
pour me ramener la vie; car j'ai été bien ma
lade. Oh! ne va pas l'inquiéter: ce n'est plus rien
présent. Si In me voyais courir par la ville, aller
la poste chaque matin, espérant y trouver une
lettre de toi qui m'annonce ton retour, tu dirais:
Ma mère n'a jamais été en danger de mourir. Et
pourtant j'ai bien souffert après la cruelle sépara
tion Je ne sais ce qui s'est opéré en inoi, mais
ce n'est que depuis quelque temps que la raison
m'est revenue avec l'espérance. Le médecin dit
que j'ai eu un accès de folie... Il me semble que je
ne suis pas guérie encore, tant je suis joyeuse ce
matin. Cependant je ne serai tranquille que lorsque
je t'aurai près de moi... quoiqu'on me répète cha
que jour qu'il n'y a pas encore eu de bataille, et
que je n'ai pas craindre pour ta vie.
Surtout sois discret; ne parle a personne de
notre espoir, ce serait tout perdre... ce sarait tuer
ta mère car la pensée qu'elle t'embrassera bientôt
est la seule chose qui la soutienne.
Adieu, mon pauvre enfant, baise bien ma
lettre, tu n'y trouveras pas une place qui ne soit
couverte de mes baisers... Je ne me reconnais plus,
je ne pleure pas aujourd'hui... c'est que je vois
déjà le moment où je t'embrasserai, où je te ser
rerai dans mes bras.
Adieu, encore une fois... ou plutôt a revoir...
A revoir!... que de bonheur dans ce mot pour ta
pauvre folle mère qui l'aime et ne vil que pour
toi
Bonne mère! s'e'cria Victor en sanglotant,
quand la lecture fut achevée; la nouvelle de ma
mort la tuera.
Les juges se regardaient étonnés, et semblaient
vouloir annuler l'arrêt qu'ils venaient de rendre;
Raymond se promenait grands pas, pour se sous
traire la sensation pénible qu'il éprouvait; l'é
motion avait gagné tous les témoins de cette scène.
Malheureux jeune homme, dit enfin le gé
néral, je n'y puis rien... la loi militaire est là...
votre congé viendra trop tard.
Un aide-de-camp de Sa Majesté cria tout
coup un des officiers.
En effet, une ordonnance entra, couverte de