NOUVELLES^ DE FRANCE. simple de la suppression de l'art. 11ne permettra pas au cabinet d'engager de nouveaux conflits, et la majorité, nous en avons le ferme espoir, n'ac ceptera sous aucune forme la reproduction de cet article. Si le ministère s'y laisse aller, il prouvera par là qu'il n'est plus maître lui-même de la situation et qu'il est débordé et entraîné par la minorité qu'on a vue voter contre le budget de la guerre. Émancipation Nous trouvons dans des correspondances fran çaises écrites le 1" décembre, la veille du coup d'Etat les nouvelles suivantes qui nous paraissent voir quelqu'iulérêt, comme pressentiments. Un petit fait assez piquant circulait aujour d'hui sur les bancs (*j M. de Turgot, encore mi nistre des affaires étrangères, feuilletait sans y prêter attention, quelques passeports diplomati ques, lorsqu'il est frappé du nom de Mm° de la Ferlé. Il croit devoir alors prêter plus d'attention ce qu'il signe, et voit le nom de M. Molé. Il pa raphe les deux précautions, et les adresse lui- même sous pli ce dernier avec un mot affectueux. M. Molé, plus émigré qu'il ne voulait, renvoie avec beaucoup d'humeur les deux passeports M. Tugot, en disant que c'était une erreur, mais le ministre des affaires étrangères ne s'est pas cru obligé la discrétion et les chefs du parti parle mentaire, très-défiants en ce moment l'égard de M. Molé, se racontaient ce trait avec force com mentaires. Un d'eux s'est contenté d'ajouter, Je ne croyais pas que M. Molé eût si peur du Sénat Paris, "2 Décembre. Tous les aboutissants du palais de l'Assemblée nationale sont cernés par la troupe. Une ligne d'infanterie s'étend depuis le quai d'Orsay jusqu'au pont delà Concorde; la cavalerie occupe la place de la Concorde jusqu'au Rond- Point, le quai de Billy et le pont. M. Dupin est retourné sou hôtel, rue du Bac, et a invité les représentants se réunir chez lui. Son hôtel est occupé millitairement. On nous annonce que les journaux le National, l'Opinion publique, le Messager, la République, YOrdre, Y Avènement sont suspendus; les locaux de ces journaux sont occupés millitairement. De Passemblée daus la dernière séance. m Allez, sotte reprit le maître d'école voix basse; puis il fit recommencer la répétition géné- rale, qui alla assez bien au gré de son désir. Le lendemain, maître Tom avait composé de sa main une superbe affiche où se pavanait ce beau titre Le combat de la langue et des cinq sens tragédie, par maître Thomas Beard, poete. Le principal rôle, qui est celui du toucher, sera rempli par le jeune Olivier. Cette affiche fut collée la porte de l'école; mais, malgré cette an nonce, malgré les invitations envoyées tous les parents, maître Beard eut le désappointement de ne voir arriver aucun spectateur. Enfin, l'heure avançant, il fit commencer, et courut chercher sa femme. Ce fut en vain qu'il pria, qu'il conjura; l'obstinée Kat refusa de venir, et le maître d'école fut forcé de se contenter de son public de tous les jours. La tragédie se joua; et le jeune Olivier, le fils du brasseur de bière, qui était chargé du prin cipal rôle, s'en acquitta merveille. Il y eut surtout un moment (le Mensongevieut lui offrir une cou ronne h lui, Toucheroù il fut sublime de dignité Au nombre des représentants arrêtés, nous ci terons les suivants MM. Chaugarnier, Baze, Thiers, Charras, La- Moricière, Roger, (du Nord), Cavaignac, Bedeau, Le Flô Baune, Greppo, Miot, Nadaud, Valentin. Le Président de la République, accompagné d'un nombreux état-major, est sorti cheval de l'Élysée-Nationnal. Il a été reçu par les acclamations de la foule et des troupes stationnées dans le Faubourg-Saint- Honoré. De la le Président s'est rendu sur la place de la Concorde, où il a passé en revue les troupes qui y étaient rangée en bataille et qui l'ont salué des cris de Vive Napoléon Ensuite, traversant le jardin des Tuileries pour aller visiter l'étal-major de l'armée de Paris, le Président s'est rendu par le Pont-National, sur la rive gauche de la Seine. Dans l'après-midi Louis-Napoléon a parcouru les quais au milieu de population et de l'armée. La salle provisoire où se tenaient les séances de l'Assemblée législative, n'existe plus. Ce matin un officier de paix, suivi d'un grand nombre d'ou vriers, s'y est rendu et a fait procéder la démo lition de ce qu'on appelait la salle de Carton. M. Crémieux a été arrêté dans la journée son domicile. M. Charles Lagrange, qui avait voulu pénétrer, malgré la consigne, dans le palais législatif, a été arrêté également. - rfoaar. - T. DÉPÈCHE TÉLÉGRAPHIQUE. Paius, 3 décembre (i i heures du malin Le triomphe de Louis-Napoléon se maintient jusqu'ici. Il a nommé un conseil consultatif com posé de 8o notabilités politiques et militaires. Des représentants, an nombre d'environ cent cinquante, se sont dirigés vers la mairie du 10" ar rondissement. Les représentants ont alors constitué une sorte de Parlement improvisé. On assure que la mise en accusation du Président de la République aurait été votée, et que le général Oudiuot aurait été nommé commaudant des forces militaires, en vertu du prétendu droit de réquisition directe. Pendant ce temps, un bataillon de chasseurs pied arrivait la mairie du io° arrondissement, s'en emparait et en gardait les abords. L'ordre est arrivé de transférer la caserne du quai d'Orsay, les représentants cernés dans la mai- et de noblesse. Il fut applaudi, et cette scène fit sur lui une vive impression. C'était un enfant d'un caractère enthousiaste, fort peu habitué aux succès dans ses classes, et qui, par cela même, se sentait le besoin d'une supé riorité quelconque sur ses camarades. Il avait déjà peu près celle de la force brutale, et il en abusait assez passablement pendant les récréations; mais il fut enchanté de ce triomphe, et ne cessait de ré péter aux autres écoliers, pendant le tumulte qui suivit la représentation Je suis votre roi, rappelez-le-vous... et mal heur au premier qui oublierait que ce soir j'ai reçu une couronne Ses camarades se moquèrent de lui; mais le jeune Olivier n'en retourna pas moins chez son père, le teint animé, les yeux brillants, et la tête pleine de rêves de grandeur et d'ambition. Cependant maître Tom jouissait du succès qu'il venait de s'arranger lui-même mais il n'en jouis sait pas en paix, grâce aux invectives dont mistress Beard ne cessait de l'accabler, et aux sinistres pré- rie, et ils y ont été conduits entre une double haie de chasseurs pied. Parmi les représentants arrêtés, on cite le gé néral Oudinol, le général Lauriston, MM. Berryer, Piscatory, Chapot, de Talhouet et Victor Lefranc. Nous apprenons aussi que, sur un autre point, le préfet de police a fait arrêter une réunion de représentants de la Montagne présidée par M. Cré mieux. Un assez grand nombre d'autres représentants sont venu faire acte d'adhésion l'Elysée et au mi nistre de l'intérieur. On a reçu successivement trois dépêches du département du Nord, tous trois s'accordent dire que les nouvelles de Paris ont été reçues avec joie. Ont été suspendus et cesseront provisoire ment de paraître les journaux Y Opinion publi que, Y Assemblée nationale, YOrdre, YUniun, le Journal des Filles et Campagnes, le Corsaire, la Mode, le Messager de V Assemblée, le Natio nal, Y Estafette, la République, la Voix de la vérité, la Révolution, la Démocratie pacifique, Y Illustration, la Semaine, la Feuille du Vil lage, Y Avènement, la République populaire et sociale. Les scellés ont été mis sur les presses de ces journaux, et leurs imprimiries sont occupées mili tairement. [Le Droit.) Au nombre des personnes conduites au quai d'Orsay se trouvaient MM. Benoist d'Azy, de Bro- glie, Berryer, Oudiuot, de Vatimesnil, Quentin Beauchard, Odiion Barrot, Paillet, de Brotonne, Laurislan, Chambolle et Laboulie. Il a été annoncé'aux représentants qu'ils n'é taient pas détenus et qu'ils pouvaient se retirer s'ils le jugeaient convenables; 25 d'entre eux se sont immédiatement retirés; 126 ont persisté rester réunis, mais dans la soirée ils ont dû quitter la caserne. Idem M. le Président de la République assistait aujourd'hui un grand dîner donné par M. de Turgot, Ministre des affaires étrangères, au corps diplomatique. Le local de l'Assemblée nationale a été oc cupé dans la nuit; M. Baze qui a fait résistance, a été saisi très-violemment et, dit-on, très-maltraité. M. Daru a harangué les soldats; il a trouvé une immuable résistance. M. A. de Kerdrel a été fort vif; quelques-uns ont voulu passer; il en est résulté une échauffourée où M. de Larcy, légiti miste, a été blessé au visage d'un coup de bayon- nelte. Les arrestations sont assez nombreuses. On nomme outre le général Cavaignac, le général dictions dont elle lui fatiguait les oreilles. Le lendemain, les écoliers revinrent, et, pendant la récréation, le jeune Olivier se promenait soli taire, en regardant ses camarades d'un air hautain. Ceux-ci s'en aperçurent, et l'accablèrent de sar casmes. Voyez donc Olivier, disait l'un, il se croit encore roi. Sa majesté daignera-t-elle jouer avec nons? fit un autre en riant. C'est pourtant moi qui l'ai couronné, re prit celui qui avait rempli le rôle du Mensonge dans la poétique allégorie du maître d'école;il devrait bien faire au moins une exception en ma faveur, et descendre jusqu'à me parler. Il faut lui faire une couronne de papier, dit un quatrième. Vive le roi cria un cinquième. Et tous se mirent poursuivre le fils du brasseur, en criant Vive le roi vive le roi [Pour être continué.)

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Le Propagateur (1818-1871) | 1851 | | pagina 2