JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3575.
35me année.
CHEMIN DE FER. STATION D'YPRES.
L'année 1852 s'écoulera-t-elle sans que le
chemin de fer de l'arrondissement d'Ypres
soiten pleine exécution? Eloignons de nous
toute idée de défiance ou de décourage
ment, et croyons que les efforts de l'admi
nistration communale, de nos sénateurs
et représentants, de la chambre du com
merce, seront enfin efficaces. Persuadons-
nous que la voix des populations sera
finalement écoutée.
Des opérations préliminaires sur le ter
rain ont eu lieu diverses époques, elles
viennent d'être renouvelées, et doivent
avoir particulièrement pour but de déter
miner d'une manière décisive l'emplace
ment de la station d'Ypres.
Ap rès des hésitations entre le nord et le
midi de la ville, on parait tomber d'accord
préférer ce dernier parti, et fixer la
station l'extérieur de la porte de Lille.
Beaucoup de raisons militent enveffet en
faveur de cette idée.
Au nord de la ville, dans le voisinage du
bassin de commerce, il y aurait trop d'en
combrement.
Le canal et le chemin de fer n'auraient
qu'un seul débouché vers le centre de la
ville, par la rue de Dixmude. Cette rue est
beaucoup trop étroite pour servir cette
double destination. C'est peine si deux
voilures peuvent s'y croiser. Il faudrait
pour l'élargir une dépense si fabuleuse,
qu'il est impossible d'y songer. D'ailleurs
la porte de Dixmude présente une voûte
longue et obscure d'une construction très
remarquable. Ce serait dommage de la dé
molir, et s'exposer de fréquents accidents
que de la conserver. Les voitures et cha
riots devraient attendre longtemps chaque
fois qu'une voiture serait engagée en sens
inverse sous la porte, ce qui occasionne
rait des conflits, un ralentissement du
mouvement nécessaire, et un embarras
d'autant plus inévitable qu'il n'y a que peu
de terrain libre près de la porte.
La rue de Dixmude étant presque d'un
bout l'autre composée de deux rangées
de boutiques, cette circonstance et le dé
faut de largeur auraient deux autres incon
vénients.
En premier lieu, le va-et-vient continuel
l'entrée de toutes ces maisons de com
merce, entraverait la marche des voitures
et des chevaux, et causerait des accidents
aussi nombreux que faciles prévoir. Les
procès pour blessures par imprudence se
raient plus fréquents pour cette rue que
pour tout l'arrondissement.
En second lieu, les chalands éviteraient
l'abord dangereux de ces maisons: de sorte
que loin d'être favorable aux habitants du
quartier, le voisinage de la station leur se
rait insensiblement préjudiciable.
Rien de tel n'esta craindreea choisissant
la porte de Lille. Alors il y a vers la Grand'
Place une rue large, superbe, construite
comme exprès pour être la magnifique
avenue du rail-way.
11 faut reconnaître qtl'il manque main
tenant notre rue royale le mouvement
convenable: la rue serait dix fois plus
belle-si elle était plus animée. Ainsi, une
des rues les plus grandioses de toutes les'
villes de Relgique et de France, gagnerait
précisément ce qui lui manque, plus de
passage et de vie.
D'autres arguments bien plus graves se
présententencoreenfaveurdel'opinionque
nous émettons, nous les réservons pour
être le sujet d'un deuxième article.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRI\ DE L'ABOilNEHENT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Un n° 25 c.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions M 9 centimes la ligne.)
7PS.SS, 3 Janvier.
On se rappelle sans doute qu'une somme de 8,000
francs vient d'être allouée par le gouvernement au
couseil de fabrique de l'église de S1 Martin en cette
villepour la restauration de celte église. Nous ne
pouvons qu'applaudir un emploi aussi intelligent
des deniers publics. La paroisse, en effet, est re
gardée bon droit comme le vrai foyer de la plus
pure civilisation etdes plus hautes lumières; affecter
les ressources du trésor public la restauration du
sanctuaire, c'est donc coopérer la plus noble, la
plus moralisante des entreprises; c'est de plus un
cas peu près unique où l'or des contribuables se
trouve affecté un objet d'intérêt général.
Restauré par nos soins, le majestueux édifice que
nous légua un âge héroïque, passera dans toute sa
splendeur la postérité, en témoignage de la re
ligion de nos pères et de noire propre pîélé. Déjà
le transept sud et sou magnifique portail ont subi
d'importants travaux de restauration et d'aché-
veinent, et l'année courante verra sans doute se
parachever le plan gracieux qu'un savant architecte,
M. Dumont, a su tracer avec autant de goût que de
grandeur.
Nous osons revenir ici sur un avceu que déjà nous
avoDs exprimé il y a quelques mois. A cette époque
nous appelâmes l'attention sur le mauvais état des
voûtes dans plusieurs parties de l'église. Il est
nommément un endroit, vers le chevet du chœur,
au-dessus du inaiire-autel, où la voussure affraissée
semble d'un jour l'autre présager quelque siuistre,
surtout dans des moments de dégel. Nous ne dou
tons pas que MM. les membres de la commission
royale des beaux-arts qui, croyons-nous, est
confiée la direction des travaux), ainsi que MM. les
marguilliers, particulièrement intéressés dans la
question, n'aient étudié déjà le point important
sur lequel nous insistons ici. Si, en effet, il est des
travaux plus éclatants aux yeux du vulgaire que ces.
travaux de simple restauration il n'en est pas,
coup sûr, de plus utiles, de plus urgents sous tous
les rapports.
M'Delbeke, vicaire Moorslede, est nommé curé
Aertrycke, il est remplacé par Mr De Clerck, vi
caire Wynkel S' Ëloi.
Il a été convenu entre le gouvernement belge et
le gouvernement des Pays-Bas, qu'en attendant la
mise exécution du traité conclu le 20 septembre
i85i, le commerce et l'industrie belges continue
ront jouir dans les Pays-Bas des faveurs de tarif
et autres dont ils sont actuellement èn possession.
Pendant le même intervalle, le commerce et l'in
dustrie des Pays-Bas continueront jouir eD Bel
gique du régime qui leur est actuellement appliqué.
Les quantités de café, de tabac et autres mar
chandises dont l'importation aux droits réduits est
limitée, seront réglées par douzièmes et par mois.
[Moniteur.)
Tournai. Le 29, daDs l'après-midi, un
réfugié Français travaillait depuis quelque temps
dans une maison respectable de notre ville, lors
qu'une demande arriva de la justice de Lille au
procureur du roi de Tournai pour le faire arrêter.
Cet homme, la vue du commissaire, comprit de
quoi il s'agissait, saisit un pistolet et fit feu sur le
magistrat. Le commissaire fut blessé au bras, mais
il u'eu remplit pas moins son devoir; le réfugié
fut arrêté et conduit eu prisou eD attendant qu'il
soit livré edtre les main de la justice de France,
car il est un de ceux qui ont affaire en même temps
avec le procureur du roi et le capitaine rapporteur
du conseil de guerre.
Arcres. Un crime affreux a été commis la
semaiue dernière dans la commune d'Acres, près
de Grammont. La maison du cultivateur Gariou,
située proximité de l'endroit dit Acren Bosch
ainsi que les écuries et la grange ont été incendiées
dans la nuit du mercredi. Les incendiaires n'avaient
rien négligé pour que leur crime eût les résultats
les plus désastreux. Avant de mettre le feu l'ha
bitation ils avaient eu soin d'en barricader les por
tes et les fenêtres. En un clin d'œil l'incendie avait
fait des progrès effrayants. Les habitants ont pu
fort heureusement se soustraire ses ravages. Ga
rion qui fut le premier réveillé, trouvant les fe
nêtres barricadées, parvint enfoncer l'une d'en-
tr'elles et sauver ses enfants et sa femme enceinte
par les passage qu'il venait de se frayer. Cette
dernière se trouve dans un état alarmant par suite
de l'effroi que cet événement lui a causé. L'habi
tation, les écuries et la grange sont devenues la
proie des flammes; rien n'a pu être sauvé. Les
vaches, les porcs, la réconte entière de l'année,
tout a été anéanti. La maison seule était assurée.
La police se livre aux iovesligations les plus
actives pour décourir les auteurs de cet horrible
forfait.
Samedi dernier, la gendarmerie avait égale
ment arrêté dans un méchant hôtel de la ville,
l'ex-pair de France Victor Hugo, et l'a conduit au
parquet du procureur du roi comme prévenu d'a
voir pris en Belgique le faux nom de Lauvain,
compositeur. Il sera apparemment poursuivi cor-
rectioiinellement de ce chef.
Le 3o décembrevers dix heures du malin
un funeste accident est arrivé Vedrindans une
fosse mine de fer. Le nommé Autoiue Debaty,
jeune homme âgé de 22 ans, y était occupé rem
plir son panier lorsque tout-à-coup un bloc de
mine de plus de deux pieds cubes de diamètre, se
détacha de la paroi opposée et l'atteignit an dos.
Cet ouvrier put remonter seull'aide de sa cein
ture. On ne croyait pas le coup fort grave. Cepen
dant il en est mort le même jour vers trois heures
de l'après-midi.