JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. No 3587. 35me année. fil II TPî^SS, 14 Février. LA FRANCE ET LOUIS-NAPOLEON BONAPARTE. Quand le thermomètre politique est élevé, le thermomètre de la religion est bas, et quand le thermomètre religieux est bas, le thermomètre politique, la répres sion politique, la tyrannie s'élève. Ceci est une !oiderhumaniié,une loi de l'histoire. Ainsi s'exprimait, il y a trois ans, devant les députés d'Espagne un illustre orateur, M. Donoso Corlès. Déroulant devant Son auditoire les fastes de l'humanité, il dé montra en fait et en raison l'exactitude de son assertion. Depuis lors, de nouveaux événements ont surgi sur la scène du mon de et confirmé les remarquables paroles que nous citons. C'est ainsi que la France, après avoir brisé un un les liens moraux de ses devoirs religieux et sociaux, a fini par tomber dans un véritable absolutisme. Un écrivain de renom, M. Droz, avait déjà prévu ce résultat, alors qu'il écrivait sous la Restauration les lignes suivantes, que M. de Montalembert, son successeur l'A cadémie, citait dernièrement avec éloge Qu'on nous donne la république, nous n'aurons pas un jour de liberté; nous au- rons deux jours de tyrannie l'un sous la populace, l'autre sous quelque des- pote. Édifier un système politique, où ni pou voir religieux, ni pouvoir monarchique n'entrassent pour rien; rompre totalement avec les principes du catholicisme et mé tamorphoser tout simplement le Prince en ordonnateur pacifique de fêtes de circon stance tel était le beau idéal des rêves politiques de la France. A l'exemple de la plupart de ses hommes d'État, l'unisson des mille journaux qui la berçaient de leur phraséologie redondante, elle encensait un vain fétiche décoré du mol de liberté; sans s'apercevoir que derrière sou idole se tenait caché l'hydre du socialisme. Encore quel ques jours, et le monstre s'élancera avec assurance sur sa proie; il broiera sous ses pieds cette nation idolâtre d'une vaine image, instruite alors il est vraimais trop lard! Un homme cependant a découvert le piège; un homme en qui l'ambition per sonnelle vient en aide la sagesse, et qui déjà signala son audace en plus d'une entreprise. Louis-Napoléon Bonaparte ne craint point de jeter bas dans la pous sière le fétiche de la liberté, et du même coup il dévoile la nation stupéfaite le socialisme qui s'abritait derrière l'idole. Pourquoi a-t-il fallu que pour sauver la France, Bonaparte lui imposa des entraves? Pourquoi la liberté eut-elle infailliblement dégénéré en licence et en subversion so ciale? Pourquoi Parce que le catholicisme n'était plus là pour imposer au peuple des liens salutaires, et que la foi se trouvant éteinte au sein des masses, ils ne conce vaient plus rien au-delà de leur bien-être matériel et de leurs appétits sensualisles. La France a donc rompu demi avec la liberté. Deux sanglantes révolutions, tant d'efforts, tant de sacrifices, tant de crimes ont abouti l'absolutisme impérial, sons peine d'aboutir la tyrannie du crime. Louis-Napoléon saura-t-il constamment se montrer digne du rang suprême où Dieu lui a permis de s'asseoir? Saura-t-il, avec plus de bonheur que le fils de S' Louis, guider la France, sinon en pasteur des peuples, au moins en maître vigilant et sage? Héritier de l'homme le plus extraor dinaire qu'aient produit les temps moder nes, il semble avoir pris lâche de marcher en tout sur ses traces. Au 19 brumaire, le premier consul chasse le corps législatif qui le gênait dans sa marche; le Président en agit de même, le 2 décembre, l'égard de l'assemblée et tous les deux après leur coup d'étal en appellent au peuple. Napo léon signale les premiers jours de son pou voir par la restauration du culte catholique; Louis-Napoléon signale Je commencement du sien par la restitution de l'église S1" Gé- neviève et par la circulaire-Morny touchant l'observance des jours fériés. Enfin la con stitution nouvelle dont la France s'est vû doter par son Président est en tout calquée sur la constitution de l'an Vlll. Nous voudrions terminer ici ce parallèle, avec l'espoir fondé que le neveu de Napoléon en succédant au pouvoir de son oncle ne par tagera jamais ses erreurs, et cependant qui pourrait dire où aboutira cet esprit d'imitation souvent servile dont Louis Bo naparte paraît animé l'égard de son il lustre parent? Pour nous, qui l'avons vu frapper la maison de Bourbon, en confis quant les biens de la branche d'Orléans, ainsi que son oncle l'avait frappée par l'assassinat de l'héritier des Gonde; nous, qui le voyons de même que Napoléon s'a liéner sans motif par cet acte et par d'au tres encore trop longs détailler, 011 grand nombre d'esprits qu'il aurait pu se conci lier; nous le disons avec regret le Président est encore un de ces politiques système, qui ne voyant dans les nations que des ma chines s'ingénient les faire fonctionner avec art. Son système luice n'est plus, il est vrai, la doctrine, ni quelqu'aulre rêve plus ou moins futile ou anarchique, c'est le système de son oncle le grand Empereur. Sans doute Louis-Napoléon peut grandir encore en puissance; mais il n'est pas de taille porter longtemps la couronne de Louis XIV, et si les fils de Saint-Louis doi vent perdre leur héritage, ce n'est pas, ce nous semble, au fils de la reine Hortense le revendiquer. Homme des circonstances, il n'est pas l'homme de l'avenir. Homme de circonstance, disons-nous; il l'est, parce qu'en lui se résume le droit du plus fort et le despotisme militaire, et que l'état d'anarchie et d'irréligion où vé gète une portion si notable des Français exige l'application decesyslèmerigoureux. Homme d'avenir; il ne l'est pas, puisque la seule idée qu'il représente, qu'il exprime, c'est l'idée de résistance et de compression idée conservatrice, si l'on veut, mais sla- lionnaire et négative. 0r, il appartient aux seuls génies créateurs, et c'est leur marque caractéristique, de combiner, d'harmo niser pour ainsi dire, la modération qui raffermit et conserve avec le progrès qui vivifie, de joindre le passé l'avenir, les traditions aux espérences. Tel est le rôle que sût remplir mieux que personne en France la race Capétienne, le rôle qui fit sa gloire et sa force; mais dans ces derniers temps, elle manqua d'énergie et se défia d'elle-même. Quoiqu'il en ait élé, nous au rons foi dans la fortune des Bourbons, ou nous désespérerons du salut de la France. NOUVELLE SOUSCRIPTION Une damefr. 5-00 Une servante. »-50 Une idem2 00 M"' veuve Leuridan5 00 Plusieurs demoiselles 21-00 fr. 33-50 VÉRITÉ ET IK8TICE. On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume. PRIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre, Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5 o. Uu u° 25 c. Le Propagateur païaît le 8AHEDI et le MERCREDI de chaque semaine. Insertions 1® centimes la ligne.) POUI L'ÉRECTION D'UNE ÉGLISE A GENÈVE. -0»0 T» M. le ministre de la guerre, par sa circulaire du 9 de ce mois, augmente «lé mû hommes les batail lons de nos régiments de ligne. Ce qui fera une augmentation de 4,900 hommes pour nos 36 ba taillons d'infanterie de ligue, nos 10 bataillons de chasseurs et 3 grenadiers. Celte mesure doit avoir reçu sou exécution pour le 18 de ce mois. On écrit de Paris 'a VExpress, journal de Lon dres, que le duc de Bassano, nouvel ambassadeur français en Belgique, est chargé de demander au gouvernement belge l'enlèvement du lion monu mental du champ «le La rai I le de Waterloo et la démolition «le la hutte pyramidale qu'il surmonte. On écrit de Merckera, le 9 février, que la rivière de l'Yser a débordé pour la troisième fois depuis juillet dernier; que l'inondation actuelle est aussi forte que les deux précédentes, et qu'elle embrasse une superficie de plusieurs milliers d'hectares sur un grand nombre de communes traversées par l'Yser, situées entre Rousbrugge et Dixiuude. On ajoute que les dégâts faits aux foins par l'inonda tion du mois de juillet s'élèvent h un million environ; que l'inondation du mois d'octobre a A l'appui de cette appréciatiou un peu dure, nous ferons remarquer que le système gouvernemental du Présidentbien que 11'ayaul pas abouti au despotisme, eu porte piofoudéuieut le caractère, puisqu'il est tout de répression.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Propagateur (1818-1871) | 1852 | | pagina 1