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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3591.
35me année.
7PR3S, 28 Février.
IJHE PRÉDICTION ACCOMPLIE.
Il y a dix années peine, un citoyen
courageux dont la voix immortelle retentit
tant de fois, pour la défense de la société,
voyant les ravages que produisit dans l'âme
de la jeunesse de France, le système d'é
ducation impie suivi dans ce royaume,
grava sur le papier cette sentence prophé
tique:
Le monopole Universitaire en plon-
géant la jeunesse dans une indifférence
impie, dévore l'avenir de la France; il
change l'apostolat catholique en une
mission de scandale et de propagande
révolutionnaire pour l'Europe et pour
le monde entier. Et, si la colère divine
lui permet de consommer son œuvre....,
un demi siècle ne s'écoulera pas, sans
que la France ne soit devenue le scandale
des peuples, le fléau du monde, et sans
qu'elle ne tombe audessous de la berbarie!
Prononcées une époque, où la France
étourdje par les clameurs, d'écrivains aux
ga gès du vollairianisme, semblait fière de
marcher la conquête de cette prétendue
réforme sociale, que la Belgique libérale
pour sa honte et son malheur, vient d'i
naugurer son tour, c'est-à-dire, la sépa
ration de la religion d'avec l'enseignement
public; écrites sous la monarchie de Louis
Philippe,ces lignes,disons-nous,pouvaient
sembleraux masses,sinon ridicules, toutes
au moins téméraires, gratuites, exagérées.
Les événements récents, et les tragédies
épouvantables dont Paris et plusieurs dé
partements ont servi de théâtre indiquent
cependant combien étaient légitimes et ra
tionnels ces cris d'alarmes et ces signaux
de détresse.
Quand la foi meurt chez un peuple,
quand l'éducation religieuse fait place
un enseignement sceptique, matérialiste
et bâtard; quand, ainsi que le voulait
M. Thiers, (que la solitude de l'exil achè
vera d'instruire?) que la jeunesse soit
moulée l'effigie de l'Etat, lors même que
celui-ci ne témoigne aucune sympathie
pour les principes religieux alors, disons-
nous, des maximes destructives du bon
heur de la société, comme pour la famille
prennent bientôt racine chez celle nation,
et les gouvernements qui se montrent les
auteurs où les complices de pareilles doc
trines sentent tôt ou tard s'ébranler les
bases de leur autorité et de leur existence.
Évidemmentjl'éducaliona un triple but:
elle doit dévélopper l'intelligence de l'en
fant en lui donnant la vérité, rien que
la vérité; elle doit redresser, diriger, pu
rifier les penchants de son âme, les ten
dances de sa volonté; elle doit enfin former
les habitudes de sa vie, et le plier aux de
voirs qui l'attendent dans le monde.
Or, la Religion seule peut atteindre ce
but suprême; seule, elle peut fairéThomme
intelligent, l'homme social, l'homme fort
et vertueux. Sortez de la sphère religieuse
et vous faussez l'éducation en la rendant
incomplète, entièrement nulle.
La religion, avançons-nous, peut seule,
par l'intervention de ses augustes minis
tres, coordonner dans un système d'édu
cation, la vérité toute entière et vivifier
la fois les âmes et les intelligences. Et
pourquoi? pareeque la vérité pure, uni
verselle, incontestable ne se trouve que
dans les dogmes du catholicisme enseignés
par l'Eglise, et ces dogmes, foyers de toute
lumière, en même temps que régulateurs
dans l'empire des idées, nul n'a mission
de les enseigner si non ceux qui le Divin
Législateur a dit: Allez et enseignez toutes
les nations.
Le Clergé que l'on bafoue, que l'on in
sulte, que l'on conspue, le clergé est donc
seul en droit, il est seul même de faire
l'éducation intellectuelle des générations
naissantes, constituées membres de la so-
ciétécatholique. Prétendre lecontraire c'est
anéantir l'apostolat du sacerdoce.
Nous ajoutons que le clergé seul est ca
pable de faire l'éducation morale de la jeu
nesse l'homme naît naturellement vicieux,
naturellement enclin satisfaire ses ins
tincts originels. Or, pour arracher l'homme
ces tendances dépravées, il faut subju
guer en lui l'idolâtrie de lui-même, par la
suprême loi de Dieu, par la loi de la cha
rité et du sacrifice. Cette œuvre régénéra
trice est du domaine exclusif de l'inlluence
religieuse; son organe nécessaire est le
prêtre, son moyen est la grâce du Seigneur
déposée dans les sacrements, dans la prière,
dans la parole évangélique, en un mot dans
la véritable éducation chrétienne dont le
travail incessant suit l'enfant pas pas
dans le chemin de la vie jusqu'à ce qu'il
atteigne son but final.
En troisième lieu, nous prétendons que
la religion seule, peut donner la jeunesse
les habitudes généreuses et les principes
inaltérables de la vertu; qu'elle seule peut
l'initier la pratique des devoirs sans les
quels l'adolescence ne saurait se préparer
sa mission d'époux, de père, d'homme
public, de citoyen vertueux. Ces biens im
menses sont le fruit d'une éducation qui
émerge, qui sort tout entier de l'élément
religieux. Non, ces habitudes fortes, cette
grandeur d'âme indispensables l'affran
chissement moral du jeune homme ne
s'acquièrent que par une suite continuelle
et l'ascendant non interrompu des bons
exemples.
Et comment serait-il possible qu'ils ap
prissent leurs élèves pratiquer la vertu,
ces maîtres mercenaires qui n'ont souvent
d'autre but en se vouant l'enseignement
que de se faire une fortune; qui ne croient
souvent ni en Dieu ni au Ciel; pour qui le
dogme de la prière est tombé dans le dé
dain; qui la Confession, l'Eucharistie,
l'inviolabilité du mariage n'inspirent que
de sacrilèges railleries? Pères et mères,
dites-le nous, sous les yeux de pareils pré
cepteurs que deviendraient vos enfants?
livrés aux seuls instincts de la brute ils ne
vivraient que par le coté matériel de leur
existence. Des habitudes vicieuses, des
mœurs abominables voilà le caractère do
minant de ceux pour qui vous aurez épuisé
toute votre tendresse, si vous les confiez
des maîtres suspects, incrédules, liber
tins
Plus d'une foisl'expérience n'a-t-elle pas
démontré que des enfants simples comme
la colombe, timides comme l'agneau per
dirent leur innocence et apprirent par le
scandale, l'affreuse science du mal avant
qu'ils eussent passé deux années dans uu
mauvais collège?
Vous donc, chefs de familles qui avez le
bonheur d'avoir des enfants, songez l'im
portance qu'iFy a, de les bien élever. L'ho-
rison social est gros d'orages. Les vices
d'une mauvaise éducation ne sauraient que
compromettre davantage notre avenir. En
Belgique jusqu'ici nous ne voyons de l'en
seignement irréligieux quejqjuelques ronces
éparses; ailleurs nous avons vu l'arbre qu'on
s'efforce d'implanter dans notre sol, cou
vrir sous ses rameaux morbifiques toute
une génération révolutionnaire et scep
tique.
Dans un article de notre dernier n°, nous
présumions que le ministère n'étendrait
jamais le libre-échange d'autres produits
qu'aux produits ruraux, et que les fabri
ques, les manufactures, les charbonages,
la métal lu rgiecontinueraient dormir tran
quilles l'ombre de la protection doua
nière.
Celte opinion était certes fort légitime;
elle reposait entr'autres fondements sur la
vivacité qu'avait mise le camp ministériel
combattre la proposition-Coomans, par
laquelle l'honorable représentant de Turn-
hout demandait au nom de la justice rétri
bu tive l'extension modéréedu libre-échange
toutes les branches de l'industrie natio
nale; elle reposait encore sur ce que le
cabinet, après avoir depuis si longtemps
abrogé la protection agricole, avait main-
leuu au contraire les droits les plus exor
bitants (de 50 150 p. en faveur de
l'industrie proprement dite. Elle reposait
également, notre opinion, sur la grosse co
lère qu'il y a huit jours, VIndépendance, or-
gane reconnue du cabinet, avait déployé
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PHIX DE L'ABONNEMENT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu n° 25 c.
Le Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine, (insertions M 7 centimes la ligne.)
(i) On nous objectera peut-être que maints sujets pervers
sont sortis des Collèges ecclésiastiques. Ceci est vrai j mais
nous en concluons que si la vigilance du prêtre ue suffit parfois
pas former les cœurs au bien, ce danger est infiniment plus
craiudre dans des maisons où la surveillance, l'exemple et
l'autorité morale sont moins actifs.