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JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3600.
35me année.
TPB.BS, 31 Mars.
Aujourd'hui 31 Mars, notre société des
anciens Frères d'Armes de l'Empire Fran
çais, a rendu les derniers honneurs un
vieux soldat de l'Empire, membre de la
sociétédesanciensFrèresd'ArmesdeGand,
le sieur Jacques Gluckxberge, marchand,qui
depuis longues années est connu en ville.
Aussitôt qu'est venu la connaissance
de la société, l'état maladif de ce vieux
soldat, un membre a été chargé de prendre
soin de sa personne. Transporté l'hôpital
civil, rien n'a manqué au vieux brave qui
y a été l'objet des attentions les plus suivies.
Etranger notre ville, n'ayant ici ni parens
ni amis, il a dans les derniers moments de
la vie eu la satisfaction et la preuve, que
là, où il se trouvait de ses anciens compa
gnons d'Armes, il y avait aide, protection
et dévouement. De tels faits parlent au
cœur, et prouvent de quelle manière la
Société Yproise des anciens Frères d'Armes
comprend et exerce une philanthropie la
foismarlialeet chrétienne. Honneur elle!
Car ce qu'elle vient de faire est un titre de
plus ajouter l'estime et la considéra
tion publique dont elle se voit entourée.
FEUILLETON.
L'augmentation sans cesse croissante des
impôts et des charges publiques mécon
tente depuis longtemps les çontribuahles
dans notre pays. Le jeu des millions inau
guré par la politique Frère, jette surtout
l'irritation dans l'esprit de nos populations.
A chaque session de la Chambre, le minis
tère reclame des contributions nouvelles,
et la demande d'un crédit de quelques
cents mille francs, destinés telle ou telle
fin se fait avec une légèreté révoltante.
Encore ne se plaindrait-on pas si amère
ment, si les fonds qu'on accorde au minis
tère sur la caisse des contribuables n'étaient
souvent gaspillés pure perte. Mais quel
est l'emploi que font nos hommes d'Etat
des deniers publics? Où se perd l'argent
que le cultivateur, que l'artisan apportent
aux pieds du fisc, au prix des peines et des
privations de tout genre? On en jugera par
l'emploi que M. Rogier a fàit de francs
330,736-53 destinés maintenir l'ordre
par le travail, et soulager les classes ou
vrières. Voici les principaux articles du
compte de M. Rogier. Il a alloué:
VÉRITÉ ET JUSTICE.
ISc
SOUSCRIPTION POUR LE LUXEMBOURG.
Reçu antérieurement fr. 5 oo
Une Damei5 oo
Un Catholique5 oo
Une Damex5 oo
Une Demoiselleiâ oo
M. X. 10 oo
M. P. H10 oo
Total fr. y5 oo
Vendredi dernier, un gros chien malfaisant, que
l'on crut enragé rôdait entre Voormezeele et la
ville. Destiite une battue générale fut commencée,
et les villageois se groupaient en foule, armés de
UN HORRIBLE ASSASSINAT.
(suite.)
La voiture fut immédiatement entourée de per
sonnes qui la suivirent on courant jusqu'à la petite
place où se trouvait l'auberge de la poste; car
si, jusque'là, quelques habitans étaient restés dans
leurs maisons, ils en sortirent tous 'a cette heure et
ils se culbutèrent pour connaître l'affreux événe
ment. Le colporteur, le premier en tête, secouait
deux voyageurs, qui, tous les deux, venaient d'être
réveillés en sursaut, et ne savaient que penser de
se voir assaillis par une véritable émeute de curieux*
Comment répondre ce feu croisé de questions?
Les deux voyageurs restaient muets, quoique'Pun
fût un avocat et l'autre une demoiselle.
M. Higginbotham M. Higginbotham
Racontez-nous tout ce qui est arrivé M. Higgin
botham! Quel est le verdict du magistrat? Les
assassins sont ils arrêtés? La nièce de M. Higgin
botham a-t-elle toujours des attaques de nerfs?
fusils, de fourches et de bâtons, traquant l'animai
sans relâche, jusqu'à ce qu'il fut abattu sans acci
dent,après plusieurs coups de feu. Le sieur Destoop
de Voormezeele dirigeait les traqueurs avec autant
d'habilité que de prudence.
1. Aux sieurs De Boom et Van Langenhove,
pour établir un comptoir en Californie et exporter
des produits belges un prêt non rendu, malgré l'é
chéance du terme, fr. 100,000-00
2. A un agent belge la côte
d'Afrique, nous ignorons sous quel
prétexte. 2,000-00
5. Au sieur D., nommé vice-
consul Séville et qui voulait se
donner le plaisir de voyager en
Espague. 2,000-00
4. A un sieur C., pour se ren
dre Java. 2,000-00
M. Higginbotham M. Higginbotham
Le condncteur, pour toute réponse, jurait après
le palefrenier qui ne lui amenait pas les chevaux
de relais. L'avocat de la malle-poste, en homme
d'esprit qui ne parlait volontiers qu'avec ses
pièces l'appui, ayant compris de quoi il s'agissait,
commença par montrer aux questionneurs un large
portefeuille rouge, taudis que Dominique Pike, en
jeune homme poli et persuadé qu'une langue de
femme raconterait l'affaire aussi bien qu'aucune
langue d'avocat, ouvrait la portière et offrait la
main la demoiselle, pour l'aider mettre pied
terre. C'était une jeune et fraîche demoiselle, aux
yeux vifs, aux lèvres de rose, et si jolie que Do
minique aurait presque consenti lui entendre
raconter une tout autre histoire que celle d'un
horrible assassinat.
Ce fut l'avocat qui parla le premier:
Messieurs et mesdames, dit-il aux bouti
quiers, aux ouvriers et aux ouvrières, je peux vous
certifier que quelque méprise inexplicableou,
plus probablement, quelque fausseté volontaire,
malignement invitée pour nuire au crédit de M.
Higginbotham, a excité ce singulier tumulte.
Nous avons changé de chevaux Kimbalton
5. A un négociant de Ham
bourg, afin de le récompenser
d'avoir fait, en vue de ses propres
intérêts, une collection d'échantil
lons de produits belges. 3,000-00
6. Pour les ridicules exposi
tions carrotticoles de Bruges et de
Gand, qui ont coûté en tout 42
mille fr. 27,000-00
7. Aux écoles d'agriculture
dont chaque élève coûte aujour
d'hui 600 fr. par an l'Etat. 10,000-00
8. A la bonne presse, en sous
criptions et encouragements des
publications agricoles. 6,000-00
9. A l'industrie séricole et au
tres colles. 7,000-00
10. A un établissement horti
cole un prêt, garanti sur des
exemplaires qu'on n'a pu placer
d'un ouvrage relatif aux fleurs. 42,000-00
11. A un horticulteur gantois,
sous un prétexte que le Messager
de Gand pourrait probablement
expliquer. 20,000-00
12. A un établissement de po
terie. 5,ooo-oo
13. Pour une médaille frappée
en l'honneur de M. Rogier,
l'occasion de la pose Ixelles de
la première pierre d'une cité ou
vrière, tombée en quenouille. 285-5o
14. Pournnerrtbuneconsirulte
la même occasion. 275-00
15. Au sieur Schmit, architecte
Liège, pour impression d'un mé
moire sur les engrais et un voyage
qu'il a fait Lyon. 1,499-00
16. Pour achat de livres trai
tant de l'hygiène et reliure de
ces livres. 750-00
17. Aux membres du conseil
supérieur d'hygiène. 2,24g-8o
18. A un sieur Van Ham, em
ployé au ministère de l'intérieur,
ce matin, et assurément nous aurions été informés
de l'assassinat, si un assassinat avait été commis.
En tout cas, ce n'est pas M. Higginbotham qui a
été assassiné: j'en ai pour preuve négative son
double témoignage personnel, verbal et manuscrit.
Voici une note de sa main, relative un procès
qu'il a au tribunal de Connecticut: elle est datée
d'hier, dix heures avant minuit, et il me l'a re
mise lui même ce matin, au passage de la malle.
Ce disant, l'avocat exhiba la date et la signature
de la note, qui ne laissèrent plus que cette alter
native Dominique: ou ce méchant M. Higgin
botham vivait encore quand il l'avait écrite et quand
il l'avait remise; ou, ce qui aurait encore paru
probable quelques personnes aussi incrédules
qu'opiniâtres. M. Higginbotham fut un homme si
absorbé par l'intérêt de ses affaires, qu'il avait
continué les faire,' même après sa mort. Mais un
autre témoignage inattendu n'était pas loin. La
demoiselle, après avoir écouté l'interrogation cour
tois de Dominique, ne prit pas le temps de déplis
ser sa robe et de remettre en ordre les boucles de
sa chevelure, puis, s'avançant sur la porte de l'au
berge, elle indiqua modestement qu'elle désirait
être entendue.