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JOURNAL D7PRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3605.
Samedi, 17 Avril 1852.
35me année.
T??.SS, 17 AVRIL.
Plus d'une fois les amis de l'agriculture
et de la classe agricole ont dû se demander
par quel hasard les intérêts de trois mil
lions de Belges que constitue le peuple des
campagnes, n'ont obtenu du ministère de
la politique nouvelle comme gages de solli
citude que ces maigres et ridicules exhi
bitions généralement connues sous le litre
d'expositions de carottes et navels tandis que
la population urbaine que représente seu
lement un million de citoyens, obtient
souhait force chemins de fer aux frais
de l'Etat, force travaux d'embellissement,
force institutions utiles ou non utiles, mais
coûteuses en tous cas? Certes il s'en faut
de beaucoup que nous condamnions indis
tinctement les entreprises et les travaux
subventionnés par l'État au profit des vil
les; mais il nous semble que les campa
gnes qui participent largement aux impôts,
méritent bien de participer aux profits
qu'ils rapportent. Que leur valent en effet
ces railways, où s'engouffrent les capitaux
du pays? Que leur importe ce long réseau
d'établissements d'instruction moyenne
l'usage du libéralisme bourgeois, institués
en concurrence hostile avec les collèges
où, sous la direction du clergé, domine
l'esprit de religion?
L'industrie agricole, sans contrédit, est
la plus importante de toutes les industries,
non seulement parce qu'elle occupe in
comparablement le plus grand nombre de
bras, mais encore parce qu'elle constitue
la source la plus féconde de bien-être uni
versel, qu'elle alimente et vivifie toutes les
autres branches du travail national. Certes
on ne s'en douterait pas s'il ne fallait s'en
rapporter qu'à la politique commerciale du
cabinet Kogier-Frère. Car tandis que les
manufactures, les fers, les houilles s'abri
tent derrière des droits douaniers qui at
teignent jusqu'à 150 p. l'agriculture et
l'élève du bétail presque seules se trouvent
exposées, au nom des théories imprudentes
du libre-échange, la concurrence libre
des produits exotiques. Aussi nos fermiers
voient de jour en jour tarir leurs ressour
ces. Heureux encore si la dépréciation im
minente du sol fait baisser sans retard le
taux de leurs fermages; mais alors tant
pis pour le propriétaire foncier. Toutefois
le sort de l'éleveur dé bestiaux est encore
plusdéplorablë; journellement la Hollande
continue ses importations et comme cette
concurrence ruineuse pour la Belgique s'é
tend jusques sur les marchés français nos
propres élables ne se désemplissent pas.
En face d'un pareil état de choses, on
se demande avec raison comment au sein
d'une nation nommant elle-mêmeses man
dataires et ses législateurs les intérêts de
la grande majorité du peuple se voient
ainsi journellement sacrifiés où méconnus?
Mainte fois, il est vrai, d'énergiques pro
testations ont retenti au sein du parlement
et convaincu la politique ministérielle d'i
neptie et de partialité; mainte fois les
défenseurs des intérêts agricoles tels que
MM. Malou, DeTheux, Bodenbach, Van
Renynghe, De Haerne, Clep, etc. ont dé
montré les conséquences funestes que pré
parait au pays le système économique du
ministère; mais la majorité qui se vantait
de tenir son mandat de quelque grand
centre de population les laissait dire et
enlevait au vote les projets de lois du
cabinet. Eh, quoi d'étonnant? puisqu'en
abaissant le cens électoral des villes au
niveau de celui des campagnes, le parti
ministériel a conféré aux populations ur
baines qui ne constituent que le quart de
la population totale du pays une prépon
dérance décisive dans les élections parle
mentaires. Qu'en penserait le parti libéral
si quelque publiciste envisageant le clergé
et l'aristocratie comme autant d'éléments
constitutifs de l'ordre social, se permettait
de proner la restauration des anciens or
dres politiques dans le gouvernement. Eh
quoi, exclamerait-on au sein du parti qui
gouverne, quelques centaines de prêtres,
quelques milliers de nobles joui raient d'une
autorité égale celle de près de quatre mil
lions de roturiers? Nos meneurs en fré
miraient d'indignation, et ils tolèrent ou
plutôt ils font en sorte que trois millions
d'agriculteurs, qui certes constituent aussi
dans la société un élément puissant d'ordre
et de bien-être général, reçoivent complè
tement la loi de quelques milliers d'élec
teurs urbains!
Mais ce n'est pas le seul désavantage
dont pâlissent les populations rurales; car
tandis que l'habitant des villes trouve le
plus souvent le scrutin électoral établi au
lieu même de sou domicile le campagnard
doit pour jouir de ses droits électoraux
entreprendre un voyage et tout quitter
travaux et affaires.
Il est donc aussi juste qu'urgent d'ob
vier celte répartition par trop inégale des
droits de citoyen. La législation en vigueur
sous le régime de la politique modérée
avait consacré cette fin un cens électoral
différentiel. Aujourd'hui qu'on l'a aboli,
les notions les plus élémentaires de la jus
tice exigent au moins qu'on multiplie les
chefs lieux des districts électoraux en rai
son des mandataires qu'il faut élire, et
qu'en tous cas les électeurs ruraux n'aient
se rendre qu'au chef-lieu de canton.
Puissent ces vœux aussi modérés que
légitimes trouver de l'écho au sein de l'une
et l'autre Chambre!
C'est avec plaisir que nous annonçons
dans nos colonnes la nomination de Mr
Ramoen, lieutenant au corps des Sapeurs-
Pompiers de celle ville, au grade de che
valier de l'ordre de Léopold. La brillante
sérénade que lui a offert cette occasion
la musique du dit corps, n'a fait que cor
respondre l'unanime sympathie que lui
portent tous ses camarades.
Nous apprenons avec plaisir que par
arrêté royal du 51 mars dernier, notre
concitoyen Monsieur Hector Santy, est
promu conducteur des Ponts et Chaus
sées.
LES CLOCHERS D'ÏPRES.
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, iof piès la Grande
Place, et chei les Percepteurs «les Postes du Royaume.
PRIT DE L'ABONNEMENT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. TJti n° î5 c.
Le Propagateur païaît le NAM EDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligne.)
DE LA. CLASSE AGRICOLE ET DE SES DROITS.
Le gouvernement constitutionnel de Suède reconnaît
dans sa représentation nationale ou diète quatre ordres: les
nobles, le clergé, les paysans et les bourgeois.
Il est remarquable ou plutôt pitoyable qu'une
ville inte'ressanle par ses monuments et son histoire
comme Ypres, n'ait pas un seul clocher d'église
surmonté d'une flèche. Des quatre paroisses pas
une tour n'est complète. La tour de S1 Nicolas ne
se construit pas, la tour si basse de S' Pierre atteud
en vain uoe aiguille élancée, et même une croix,
la belle tour de S1 Jacques, reste inachevée, depuis
un temps immémorialet la maçonnerie achevée
de S' Martin demeure sans le couronnement aérien
qui lui est indispensable. La flèche des églises est
le doigt colossal qui indique h qui l'édifice est con
sacré, pourquoi l'on s'y rend, qu'elles espérances
il autorise. Au milieu du bruit des métiers, de
l'agitation et des souffrances de la vie, ou quand
la sueur ruisselle sur le front hâlé du cultivateur
de la banlieue, isolé et courbé sur son champ, le
temple qui s'élève au dessus des maisons, la tour
qui dépasse le temple, la flèche qui surmonte la
tour, la croix qui domine le tout, inspirent du
courage et de la patience, les idées d'envie et de
colère font place a une crainte salutaire et 'a une
énergie féconde. t
A peine la flêcbe de l'église de N. D. h Pope-
ringhe a— t—elle par vétusté dû être démolie, qu'on
s'empresse de la rebâtir, déjà les travaui sont en
pleine exécution. La ville d'Ypres restera-t-elle
en arrière de cette cité moins importante tous