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JOURNAL D'YFRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
No 3606.
35me année.
Deux choses ou deux mots ont contribué
pour une large part, rétablissement de
la politique libérale aux bancs du minis
tère, ce sont, le désintéressement et le bien-
être des masses.
Bien être matériel, désintéressement, tel
fut le pivot autour duquel roulaient, le
langage, les écrits, les actes, les principes
affichés, jusqu'au titre même du parti Ro-
gier- Frère.
Le bien-être matériel!
Les soi-disant libéraux seuls, lesenten-
dre, souhaitent sincèrement l'amélioration
jhysique du peuple; seuls ils connaissent
es remèdes infaillibles aux souffrances de
'industrie; seuls ils ont le secret de guérir
e pays de la plaie des impôts, d'opérer
e salut des populations; seuls ils ont les
moyens de procurer au commerce, des
consommateurs; l'agriculture de gros
bénéfices; au riche comme au pauvre le
contentement et la poule au pot. Mais, il
faut pour cela qu'ils soient au pouvoir;
c'est-à-dire qu'ils disposent des ressources
publiques.
Cl le désintéressement!
Qui donc, hormis les libéraux se van
taient tant de ne servir le pays que pour
l'honneur de le servir. Oh! oui, M. Rogier,
Frère,et leur troupeau d'esclaves y compris
certains commissaires d'arondisseraent, ils
veulent bien servir le pays, mais c'est tout
bonnement pro Deo; leur ambition c'est
tout simplement d'être utile au public; ils
aiment le pouvoir mais c'est pour sauver
leur patrie des griffes du vautour jésui
tique; ils recherchent les hauts emplois et
les gros traitements mais ce n'est que dans
la pensée qu'avec eux le peuple ne paiera
plus de contributions et que le gouverne
ment, au lieu de lever de gros impôts ac
cordera l'industrie et au commerce de
larges subsides.
Ne parlent-ils pas ainsi nos adversaires
devant le public trop souvent prêt croire
sur parole? et cependant en servant l'E
tat, ne se servent-ils pas de ses deniers
pour s'enrichir; ne s'adjugent-ils pas de
gros traitements? ne se distribuent-ils pas
tous les emplois, toutes les faveurs, et après
avoir rempli annuellement leurs poches,
leurs coffres et leurs mains, réalisent-ils
la promesse d'un gouvernement bon mar
ché?
Pour résoudre cette question il n'est
guère besoin de se livrer un long exa
men. Qu'il suffise de se demander, si la
Belgique a lieu d'être sasisfaite de la po
sition que lui font Rogier et Frère; et si
elle a marché dans une voie de progrès
matériel depuis l'avènement du libéralis
me.
Voyons quelle est la situation agricole,
industrielle, commerciale, et financièreque
l'ancienne administration a léguée en 1847,
la politique nouvelle, et comparant cet
état avec l'état des choses actuel, il sera
facile de juger de quel coté se trouve la
raison, le patriotisme véritable.
Depuis 1830, jusqû'en 1847, l'améliora
tion du revenu public était notable; loin
d'avoir dû recourir des impôts nouveaux,
on dégrèva les anciens; en est-il de même
aujourd'hui?
La richesse agricole avait considérable
ment augmenté, la progression dans le pro
duit des canaux, des chemins de fer, des
postes, indiquaient as^z les progrès réa
lisés. En dix-sept ansjle mouvement de
notre commerce général avait plus que
triplé et celui de notre commerce d'expor
tation avait plus que doublé. Notre transit
s'était élevé de huit millions de francs,,
chiffre de 1831, celui de 145 millions,
chiffre de 1847. Et tous les budgets anté
rieurs au 1" janvier 1848 se soldaient par
un boni de 600,000 fr.
Et maintenant, cet état du commerce,
de l'industrie, de nos finances est-il égale
ment satisfaisant et prospère? Y a-l-if pro
grès depuis que la Belgique voit briller M.
Frère et consorts aux fauteuils du pouvoir.
Progrès!
Oui sans doute il y en a, mais c'est un
progrès de dépenses, d'impôts, de charges,
c'est un progrès de craintes et de misères,
c'est un progrès vers le gouffre de la ruine
et du malheur.
O vous tous, qui contribuâtes au triom
phe du libéralisme; de l'épreuve que vous
subissez, et des souffrances publiques, ap
prenez connaître la gravité de la faute
que vous avez commise.
Sans vous, la passion ne siégerait point
au pouvoir, et nous ne verrions point toute
une série de nouveax impôts accabler la
propriété et la famille.
Voilà ce que l'imprudence, l'aveugle
ment, peut peut produire!
VÉRITÉ ET JUSTICE.
On s'abonne Ypres, rue de Lille, 10, près la Grande
Place, et chez les Percepteurs des Postes du Royaume.
PRIT DE L'ABONNEMENT, par trimestre,
Ypres fr. 3. Les autres localités fr. 3-5o. Uu u° 25 c.
Lé Propagateur paraît le SAMEDI et le MERCREDI
de chaque semaine. (Insertions 19 centimes la ligne.)
21 Avril.
actes officiels.
Par arrêté royal du i4 avril, la démission du
sieur B. Vermeersch, de ses fonctions de Notaire a
Neuve Église,arrondissement d'Ypres est acceptée.
La ville d'Ostende souffre en ce moment
d'une grande pénurie d'eau. Ce n'est pas seulement
une gêne, mais une source de sacrifices pour les
pauvres, qui doivent payer très cher l'eau qu'ils
consomment, ou perdre une partie de leur journée
en cherchant a s'en procurer.
Tous les jours des gendarmes d'Anvers pas
sent l'Escaut pour maintenir l'ordre sur les travaux
de la Tète de Flandre. Ce matin une quarautaine
d'ouvriers ainsi qu'un piquet de mineurs ont éga
lement passé l'Escaut.
On s'est plaint souvent des lenteurs de la
procédure criminelle en Belgique et en France. On
ne saurait adresser ce reproche a nos voisins d'outre
Manche, car voici ce que nous lisons dans la Ga
zette de Batli, sur les procédés expéditifs de leur
justice criminelle
Un meurtre a été commis dans la journée du
?6 mars dernier, et la mort de la victime a eu lieu
le lendemain. Le 28 examen post mortem du cada
vre. Le 29 on a fait subir h l'auteur du meurtre
une instruction préliminaire 'a la suite de laquelle
il a été renvoyé devant le juri. Conduit h la prison
de Taunton, le 3o mars, l'arrêt de renvoi a été
rendu le 5i mars, et, le 1" avril, il a comparu de
vant ses juges, qui, l'ayant déclaré coupable, l'ont
condamné la transportation perpétuelle.
Ainsi le crime, l'instruction préliminaire, le
jugement, la sentance et son exécution, tout cela
é'est accompli dans l'espace d'une semaine.
Les gendarmes ont passé hier h la Tête-
de-Flandre pour y comprimer un commencement
d'émeute parmi les ouvriers travaillant aux forti
fications qui s'y exécutent. Il parait qu'il y avait
réellement des craintes sérieuses qu'une émeute
n'éclatât, car le soir, un détachement de chasseurs-
carabiniers a été appelé pour maintenir l'ordre. Il
paraît que la cause gît dans le bas prix des jour
nées. Quoi qu'il en soit, il est certain qu'un
assez grand nombre d'ouvriers ont quitté ce matin
les travaux et sont venus en ville, qu'ils ont tra
versée en chantant. Précurseur
Nous apprenons que par exploit du i4 avril
courant, Mgr. l'évêque de Tournay a formé oppo
sition h la vente de sa maison de Mons, annoncée
pour le 19 de ce mois, et a fait assigner le do
maine de l'État comparaître par devant le tri
bunal de première instance de Mons pour entendre
déclarer que ladite maisoD est la propriété de la
Mense épiscopale de l'évêehé de Tournay.
On a remarqué la semaine dernière, dans le
lac de Varèse, un phénomène extraordinaire. Les
eaux se troublèrent et s'épaissireut au point qoe
les navites ne purent aborder. On ignore encore la
cause de cet incident extraordinaire. Toutefois,
l'analyse chimique de ces eaux a démontré qu'elles
avaient été troublées par une certaine quantité de
matières organiques végétales, et surtout d'albu
mine mélangée un abondant oxide de fer.
Gazette piémontaise.)
Pendant le mois de mars dernier, les officiers
dont les noms suivent sont décédés dans l'armée:
Le major C.-J.-F. Demeurs, officier d'ordon
nance du Roi, chevalier de l'ordre de Léopold, de
la légion d'honneur et de la Tour et de l'Épée de
Portugal, né a Rhode-Sainte-Génèsele 2-8 août
1799, décédé Bruxelles, le 23 mars.
Le lieutenant en non-activité J.-J.-G. Dawant,
né h Courcelles, le 11 mars 1S10, décédé au camp
de Beverloo, le 25.
Le sous-lieutenant officier-payeur A.-J. Har-
veng, du 2e régiment de ligne, né h Baudour, le 15
septembre 1812, décédé Namur, le 29 mars.
Une nouvelle et amère affliction vient d'é
prouver, dans son exil, la famille du roi Louis